• l’année dernière
Elle est médecin généraliste, violoncelliste, diplômée en économie et se mobilise pour lutter contre les déserts médicaux au sein l’association Médecins Solidaires.

A 28 ans, Clémentine Labouré fait partie de ces médecins qui exercent une semaine par an dans la Creuse et elle nous explique pourquoi ça compte pour elle.

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Transcription
00:00 On propose de remettre du soin là où ils en avaient plus,
00:02 et c'est pas la solution miracle,
00:04 mais c'est apporter un peu sa pierre à l'édifice.
00:07 Et en même temps, on ne demande pas un engagement sur 30 ans à des médecins.
00:11 Pas accro aux désirs médicaux, mais je trouve ça hyper intéressant,
00:21 donc j'aime bien y aller faire un tour.
00:22 Médecins solidaires, c'est un collectif de 150 médecins généralistes
00:29 engagés sur le territoire français
00:31 pour venir exercer une semaine par an, au minimum, dans un désert médical.
00:35 J'ai fait ma première semaine à Agen en février 2023
00:38 et j'ai tellement aimé cette expérience que je retourne là en décembre
00:42 dans le nouveau centre qui a ouvert à Bellegarde-en-Marche en juin,
00:45 et j'apporte une copine généraliste avec moi.
00:48 On est logés dans des gîtes,
00:53 on a une voiture de fonction pour faire des visites à domicile s'il y en a,
00:55 on a une secrétaire sur place, tout l'administratif,
00:58 on n'a rien à faire de ce côté-là.
00:59 Tous les frais sont pris en charge par l'association Médecins solidaires.
01:02 Donc tout est mis en place pour qu'on puisse vraiment
01:04 être 100% médecins généralistes pour de vrai.
01:06 Ce projet, ce qui m'a séduit, c'est que c'est très compliqué,
01:12 les déserts médicaux, il y a plein de questions,
01:14 et c'est pas la solution miracle, mais ça fait partie de la solution,
01:18 c'est apporter un peu sa pierre à l'édifice,
01:20 et en même temps, on ne demande pas un engagement sur 30 ans
01:23 à des médecins, ce qui est compliqué.
01:28 On peut dire que le patient creusant est un petit peu plus reconnaissant
01:31 que le patient par exemple.
01:31 Quand on compare les zones urbaines aux zones rurales,
01:34 on a à peu près deux ans d'espérance de vie en moins
01:36 pour les patients qui sont en zone sous-dense.
01:38 On propose de remettre du soin là où ils en avaient plus,
01:41 redonner un parcours de soins, de les réintégrer à une prise en charge.
01:45 Quand j'étais à Agen, le nombre de patients qui m'ont dit
01:47 "mais merci d'être ici", c'est hyper touchant, c'est bleu garçon.
01:50 Parfois, on reprend des dossiers de patients qui n'étaient pas suivis,
01:56 donc au niveau des prises en charge médicales, c'est hyper intéressant.
01:59 On a des maladies qui peuvent être un petit peu plus évoluées
02:01 que parfois dans des zones où on n'a plus accès aux soins.
02:04 Et puis, ça remet vraiment la place,
02:06 ça généralise vraiment au centre de la prise en charge.
02:08 Ça nous permet aussi d'avoir 100% de l'exercice médical
02:11 et zéro administratif, ce qui est super agréable.
02:13 Par exemple, je pense à un patient qui a été pris en charge
02:20 un petit peu tardivement d'un cancer du pancréas qui était multistasé,
02:23 que je suis allée voir en visite à domicile chez lui
02:26 pour instaurer un système de hospitalisation à domicile de soins palliatifs,
02:29 histoire de faciliter un petit peu les choses
02:31 et qu'il soit plus confortable dans cette fin de vie.
02:34 Et ça, c'était marquant.
02:35 Il y a déjà beaucoup de médecins qui sont totalement débordés,
02:41 même s'ils aimeraient, ils ne peuvent pas dégager une semaine par an.
02:44 Après, je pense qu'il y a un pool de médecins qui peut être mobilisable,
02:47 même pour eux, c'est tellement super
02:49 que je pense que tous les médecins devraient nous rejoindre.
02:54 J'aime vraiment la médecine générale de terrain,
02:56 c'est vraiment plus pour moi que dans un bureau.
02:58 La nature, d'où la creuse et l'intérêt pour les déserts médicaux, peut-être.
03:04 Non.
03:08 J'aimerais pas avoir ce poste, ça doit être tellement compliqué.
03:12 Je pense que ça apporte une façon différente d'aborder la chose
03:18 et ça nous permet aussi de réfléchir un peu à sa pratique quotidienne,
03:21 et ça, c'est important.
03:22 Par exemple, quand j'ai fait ma summer school à Harvard,
03:24 c'était sur l'économie de la santé,
03:25 donc ça permet d'être peut-être un petit peu plus alerte
03:28 en tant que médecin sur le coût de ce qu'on prescrit,
03:31 les prises en charge et tout ça.
03:32 Vivaldi, définitivement.
03:37 Pas du tout.
03:42 Juste curieuse, je pense.
03:44 Il y a une phrase que j'aime bien de l'abbé Pierre,
03:49 "On est tous responsables ensemble,
03:51 responsables de nous-mêmes, responsables des autres,
03:54 et c'est en cela que l'on est homme."
03:55 [Musique]

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