• l’année dernière
Ganesh Pedurand était mercredi l'invité de « L'Équipe du Soir ». L'ancien nageur et partenaire d'entraînement de Léon Marchand a commenté l'évolution et les performances de ce dernier durant ces Mondiaux 2023.

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Sport
Transcription
00:00 -Vous connaissez super bien ce gamin,
00:02 on a envie de dire, à 21 ans, c'est un gamin.
00:04 Est-ce que c'est pour vous déjà le plus grand nageur français ?
00:07 -Je pense que je partage un des avis qui a été donné,
00:10 peut-être pas encore,
00:12 parce qu'il y a eu de belles pages de la natation française
00:15 avec Florent Manoudou, Alain Bernard,
00:17 Laure Manoudou ou Yannick Agnel,
00:19 mais il est quand même amené à le devenir.
00:21 Il a déjà pas mal de titres de champion du monde,
00:24 4 pour l'instant, à seulement 21 ans.
00:26 Il a encore beaucoup d'épreuves,
00:28 et je pense qu'il est amené à le devenir très rapidement.
00:31 -On peut faire un petit comparatif ?
00:33 On parle pas des titres olympiques,
00:35 on parle des titres mondiaux.
00:37 -On a fait, donc, oui, les titres mondiaux uniquement,
00:40 mondiaux individuels et en Grand Bassin.
00:42 Et voilà ce qu'on voit, que Léon Marchand
00:45 fait partie des meilleurs, avec Camille Lacour.
00:47 Par exemple, Alain Bernard,
00:49 on donne les titres mondiaux individuels en Grand Bassin,
00:52 il y en a zéro.
00:53 Florent Manoudou, 2, Frédéric Bousquet, 2 également.
00:57 -Bon, alors, ça vous convainc pas ?
00:59 On parle que des titres mondiaux.
01:01 -Le Géo, le prime, plus que les...
01:03 -Il a 21 ans, il est en train d'y arriver.
01:05 -Il y aura dans un an.
01:07 -Dans un an, on pose la question.
01:09 -OK, d'accord.
01:10 Pour vous, c'était un grand oui, Bernard ?
01:12 -Oui, c'était un grand oui,
01:14 parce que, moi, il m'impressionne, tout d'abord,
01:17 et je suis pas un très bon nageur, donc ce qu'il fait...
01:20 -J'aurais pensé que si. -Ah non, non.
01:22 Il est fixe, ne nage pas.
01:23 Rires
01:25 -Il nage. -Il nage aussi.
01:26 Mais, ouais, ce qu'il fait, c'est impressionnant,
01:29 et on le voit en tête d'affiche, donc c'est top.
01:33 -Ganesh, vous avez été surpris de ses deux titres,
01:36 de ses chronos, surtout ?
01:37 Il leur met une tête et demie.
01:39 Vous êtes surpris ou pas ?
01:41 -Honnêtement, non, parce que, déjà, à 20 ans,
01:43 ce qu'il avait fait l'année dernière
01:46 en étant double champion du monde et vice-champion du monde
01:49 sur le 200 papillons, c'était astronomique,
01:51 avec des temps monstrueux.
01:53 Il s'était rapproché du record du monde de Michael Phelps
01:56 et, là, il a explosé ce record sur le 400 mètres catenage,
01:59 sachant que c'est peut-être l'épreuve
02:01 qui est la plus difficile, la plus complète.
02:04 Le fait qu'aujourd'hui, il arrive à être champion du monde
02:07 du 200 papillons, mais qu'il le sera sur le 200 catenage,
02:10 et peut-être, s'il arrive à terminer cette semaine
02:13 de la meilleure des manières avec le titre sur le 200 brasses,
02:16 il montre une polyvalence que très peu de nageurs ont
02:19 dans le monde et au niveau français, clairement.
02:22 -On ne sait pas sa spécialité.
02:23 -C'est vrai, on en parlait avec des potes,
02:25 on se disait que ce serait pas étonnant
02:28 qu'il arrive à gagner le 200 crawl ou le 100 nage libre,
02:31 peut-être un jour.
02:32 -C'est pour ça qu'il y a cette comparaison
02:34 avec le Michael Phelps, qui savait tout faire.
02:37 -Absolument. Il est dans la droite lignée,
02:39 non seulement parce qu'il est très fort,
02:42 parce qu'il a le même entraîneur,
02:44 parce qu'il est bon sur les mêmes épreuves.
02:46 C'est plaisant de voir un nageur français à ce niveau-là,
02:49 parce qu'on se dit qu'on va vivre de très belles années.
02:53 -Vous avez pu échanger avec lui ?
02:54 On a fait des textos ?
02:56 -Il est de la génération d'avant moi.
02:58 J'ai beaucoup échangé avec son père,
03:00 qui avait été mon mentor,
03:01 vice-champion du monde du 200 m 4 nages.
03:04 Il m'avait aidé à l'époque à travailler
03:06 mon virage dos-bras, etc.
03:07 Donc on échange pas mal avec le club, avec son père,
03:10 mais quand on se voit, on s'est vus
03:13 au championnat de France, à Rennes,
03:15 j'ai eu la chance de pouvoir commenter.
03:17 On a échangé quelques mots à l'issue de son 200 m bras
03:20 où il a battu le record.
03:22 -Combien de médailles peut viser ?
03:24 -Au JO ?
03:25 -On est au dernier.
03:26 -C'est la grande question.
03:28 L'année dernière, il s'était focalisé
03:30 sur 200 m 4 nages et 400 m 4 nages.
03:32 Cette année, il a un programme plus dense,
03:34 où il a 4 grosses épreuves où il peut gérer le titre.
03:37 Et puis peut-être qu'au JO,
03:39 à l'instar de Michael Phelps,
03:41 il aura pas les relais, je pense, américains,
03:43 derrière, mais il pourra viser 4 ou 5 médailles.
03:46 4, à mon avis, ce serait bien ambitieux.
03:49 -Il faut qu'il reste sur les épreuves ?
03:51 -Il participera au relais.
03:52 La seule chose que je dis, c'est qu'il a pas forcément
03:56 des coéquipiers qui lui permettront d'être champion olympique
03:59 ou d'être peut-être médaillable,
04:01 on verra sur le 4 x 200 m crawl,
04:03 peut-être sur le 4 x 100 m 4 nages aussi, c'est à voir.
04:06 Mais il a potentiellement 4 grands titres.
04:09 Après, il y aura le retour de Christophe Milak
04:12 sur le 200 m papes.
04:13 -Pourquoi il était pas là ?
04:14 -Honnêtement, je sais pas.
04:16 -Il sentait pas de s'aligner, cette année.
04:19 -Il a un peu de retard sur Milak, aujourd'hui ?
04:21 -Il a encore 2 secondes de retard.
04:23 Milak, c'est quand même un extraterrestre
04:26 du 200 m et du 100 m papillon,
04:28 donc à voir ce qu'il sera capable de faire.
04:30 Lui, il a une dynamique très ascendante,
04:32 il est encore très jeune,
04:34 donc plein de belles choses à faire.
04:36 On lui souhaite être plus rapide que lui, mais ça va être...
04:39 -Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres ?
04:42 On a bien compris qu'en coulée, il gagne une tête de plus.
04:45 Son approche, vous qui l'avez vraiment côtoyé,
04:48 ça vous fait la dif avec les autres ?
04:50 -Il a des qualités physiques hors normes,
04:52 ça se voit, il a des coulées impressionnantes,
04:55 il est bon, comme vous le disiez, sur l'ensemble des nages,
04:58 et ça, c'est pas forcément le cas de toutes les 4 nageurs.
05:01 Et après, moi, ce que je constate et ce que j'ai vu
05:04 depuis son plus jeune âge, c'est qu'il a un environnement sain,
05:08 c'est quelqu'un d'humble, c'est quelqu'un de modeste,
05:11 c'est quelqu'un qui est très concentré sur ce qu'il fait,
05:14 il a évidemment un père et une mère qui ont été Olympiens
05:18 tous les deux, donc avec un environnement très construit.
05:21 Il a un club aussi qu'il a accompagné à Toulouse
05:23 pendant de nombreuses années, où il y a ce double projet
05:27 entre les études et le sport de haut niveau,
05:29 et qu'il a accompagné de la meilleure des manières,
05:32 notamment avec Nicolas Castel, qui garde un fort lien avec lui.
05:35 Aujourd'hui, il est entouré aussi par les meilleurs
05:38 aux Etats-Unis avec Bob Bowman, qui a entraîné Phelps,
05:41 qui l'a emmené sur les plus hautes sphères mondiales
05:44 et qui a un nouveau extraterrestre.
05:47 -Votre essor, c'est lié à Bob Bowman ?
05:49 Est-ce qu'il y a eu un effet avant et après Bob Bowman ?
05:52 -Bah déjà, avant d'aller avec Bob Bowman,
05:54 il était déjà qualifié aux Jeux Olympiques
05:57 à seulement 19 ans en étant 6e en finale des Jeux
06:00 et en réalisant des temps qui n'avaient jamais été faits
06:03 par un Français depuis très longtemps.
06:05 -Il faut pas donner tout le succès à Bob Bowman.
06:08 -En revanche, c'est vrai que d'avoir un diamant
06:10 entre les mains et de pouvoir lui donner peut-être la touche
06:14 et les plus grandes heures de Michael Phelps,
06:16 c'est aussi peut-être un apport supplémentaire
06:19 de pouvoir gérer cette course et d'être au plus haut niveau
06:22 sur de nombreuses épreuves.
06:24 -On aurait espéré peut-être deux médailles dans ces mondiaux.
06:27 Il n'y en aura pas deux, c'est ça ?
06:29 -Oui, il a renoncé aujourd'hui aux 200 mètres Bras-Léon Marchand.
06:33 Les séries auraient été possibles,
06:35 parce que c'est demain matin, mais la demi est programmée
06:38 une dizaine de minutes avant la finale du 204 nage.
06:41 C'était trop tendu. Je vais me reposer,
06:43 je vais me faire un bon temps sur le 204 nage,
06:46 un bon temps qu'on prenait un record.
06:48 Je vais me concentrer sur ça.
06:49 C'est pas raisonnable de faire les deux
06:52 avec un 200 Bras 10 minutes avant.
06:54 -Il a eu raison. En termes de timing, c'était pas possible.
06:57 -Oui, vraiment, c'est très compliqué.
06:59 Le désavantage d'être sur autant de courses,
07:02 c'est qu'on n'est pas proactifs sur le programme.
07:04 On ne peut pas imposer à la fédération son choix.
07:07 En l'occurrence, le 200 Bras, c'est le 204 nage.
07:10 Historiquement, c'est pas des nages
07:12 où on a les mêmes nageurs.
07:13 La fédération le fait aussi en fonction des spécialités
07:16 de la grande masse de la population.
07:18 -Il faut penser autrement.
07:20 -On a vraiment été le genre.
07:22 -C'est un choix assez stratégique,
07:24 surtout que sur le 204 nage,
07:25 il peut être champion du monde,
07:27 se rapprocher du record du monde de Ryan Lochte en 1'54.00.
07:30 Je pense qu'il aura ça dans le viseur.
07:33 Il a déjà fait le record de France cette année
07:35 lors des championnats de France.
07:37 On verra comment sera le programme des JO.
07:40 -Il est programmé, ce gamin ?
07:41 -Il est programmé.
07:42 -Il a un nouveau coach.
07:44 -Un physique hors normes.
07:46 -Oui, pour 10 ans.
07:47 -Qu'est-ce qu'il a fait,
07:49 c'est de remporter le titre,
07:50 et même pas une demi-heure, moins d'une demi-heure après,
07:54 il remporte sa demi-finale en tête.
07:56 C'est hallucinant.
07:57 On a le droit d'être surpris ?
07:59 -Non, c'est scotchant.
08:00 La plupart des nageurs,
08:02 ils sont à fond sur une demi-finale ou une finale,
08:05 et ils donnent tout.
08:06 Avoir un nageur qui vient de faire,
08:08 en plus, pas n'importe quelle épreuve,
08:10 comme le nage de Papillon,
08:12 qui est l'une des épreuves les plus physiques du programme,
08:15 et derrière, en relâchant sur le dernier 50 m,
08:18 en gérant sa course et en étant à l'aise,
08:20 il vient signer le meilleur chrono des demi-finales
08:23 sur le 200 m 4 nage.
08:24 -Est-ce qu'il peut encore s'améliorer ?
08:27 C'est ça, qu'il a 21 ans.
08:28 Il y a des axes de progression.
08:30 Phelps lui parlait du crawl,
08:32 il y avait peut-être un axe de progression ?
08:34 -De toute façon, quand on a 21 ans,
08:37 on peut partir du principe
08:38 d'un axe de progression.
08:40 Sur les courses de 200 et de 400,
08:42 c'est peut-être moins le cas que sur des courses de 50 m,
08:45 où on voit des Florent Manedoux qui continuent
08:48 à progresser, à performer.
08:49 Néanmoins, l'âge d'or, c'est autour des 24-25 ans.
08:53 -Oh, là, on est large !
08:55 On a 30 ans !
08:56 -Il y a probablement de belles années.
08:58 Michael Phelps, il était champion olympique
09:01 jusqu'en 2016, donc...
09:03 Il a de belles médailles et de belles années devant lui.
09:06 -Ce qui est le plus impressionnant,
09:08 c'est la course, la coulée.
09:10 A chaque coulée, il gagne,
09:12 même s'il est en retard sur le 1er virage.
09:14 Au 2e virage, il est devant.
09:16 -Il défixe son scénarier.
09:17 Rires
09:18 -Il a pas aimé son surnom.
09:20 Ganesh, on va peut-être vous rappeler demain,
09:23 parce qu'il y a une autre finale,
09:25 la finale du... du quoi, déjà ?
09:27 -204 Nages. -Il s'est tout fait,
09:29 alors on a du mal à le suivre.
09:30 On était ravis de vous accueillir.
09:32 Vous revenez demain,
09:33 si il est champion du monde ? -Avec plaisir.
09:36 -Merci d'avoir été avec nous. Il était bon ou pas ?
09:39 -Parfait. -C'est meilleur que vous.
09:41 -Je donne des cours de natation.

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