• l’année dernière
Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, est l'invité du Grand entretien du 6/9 de l'été. Les résultats du premier semestre de l'entreprise automobile viennent de tomber et battent à nouveau des records, avec +12 % de chiffre d'affaires. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-26-juillet-2023-7392374

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Il règne sur 14 marques automobiles, de Peugeot, Citroën à Opel, de Fiat à Jeep et Alfa-Romeo.
00:06 270 000 salariés dans 30 pays, deuxième constructeur européen dans les tout premiers
00:11 rangs mondiaux aussi.
00:12 Notre invité ce matin est PDG du groupe Stellantis, né de la fusion entre le français
00:17 PSA et l'italo-américain Fiat Chrysler.
00:20 Bonjour Carlos Tavares.
00:21 - Bonjour.
00:22 - Bonjour à tous.
00:23 - Merci de nous répondre ce matin en duplex de votre siège d'Amsterdam.
00:27 Avec moi en studio pour vous interroger Maxime Deps, bonjour Maxime.
00:30 - Bonjour.
00:31 - Du service économie d'Inter.
00:32 Et je rappelle bien sûr aux auditrices et aux auditeurs qu'on attend leurs questions
00:35 au 01 45 24 7000 et sur l'application France Inter.
00:40 Alors Carlos Tavares, vos résultats du premier semestre viennent tout juste de tomber et
00:44 ils battent à nouveau des records.
00:45 Le chiffre d'affaires +12%, le bénéfice Nest +37%.
00:50 Alors que l'économie mondiale est plutôt à la peine, tout va bien dans le meilleur
00:54 des mondes pour Stellantis ?
00:55 - Je dirais que pour Stellantis les résultats sont effectivement réconfortants par rapport
01:04 aux efforts et à la concentration que les employés de Stellantis mettent dans l'exécution
01:11 de notre plan stratégique.
01:12 Ce qui est plutôt réconfortant c'est de voir que notre plan stratégique d'Air Force
01:16 2030 est maintenant en train d'être exécuté et que la mise en œuvre de ce plan produit
01:22 les résultats records que vous avez mentionnés.
01:24 Donc moi je veux surtout remercier les employés de Stellantis pour tout ce qu'ils font pour
01:28 leur entreprise.
01:29 Je trouve qu'ils sont admirables, ils sont à la tâche, ils sont concentrés, ils font
01:33 des choses difficiles, ils rencontrent parfois des succès, parfois des difficultés voire
01:37 des défaites mais ils se relèvent toujours et ils sont toujours repartis pour faire en
01:43 sorte que l'entreprise protège sa pérennité.
01:45 Donc tout ne va pas bien, il y a beaucoup de choses que nous ne faisons pas parfaitement
01:50 et donc ce sont autant d'axes d'amélioration pour l'avenir mais les résultats sont des
01:54 résultats qui montrent que nos employés font ce qu'il faut pour que l'entreprise
01:58 se porte bien.
01:59 Dans le détail, ils sont portés par quoi ces résultats ? Quel pays ? Quel modèle
02:02 de voiture ?
02:03 Nous avons des choses très intéressantes.
02:07 D'abord n'oublions pas que la part la plus importante du profit de Stellantis est réalisée
02:12 en Amérique du Nord.
02:13 Le premier contributeur en matière de profit c'est l'Amérique du Nord avec pas moins
02:18 de 8 milliards d'euros de profit.
02:20 Ensuite nous avons l'Europe qui arrive juste derrière avec 3,7 milliards d'euros et
02:29 nous avons pour ce premier semestre des résultats absolument remarquables sur le continent Afrique
02:35 et Moyen-Orient et sur l'Amérique latine.
02:36 Nous sommes et de loin les leaders dans le marché d'Amérique du Sud.
02:41 Nous sommes actuellement en deuxième position en Afrique et Moyen-Orient et nous avons fait
02:45 des progrès absolument spectaculaires sur ce marché.
02:48 C'est de ces trois composantes-là que vient le profit record de Stellantis au premier
02:53 semestre.
02:54 Vous l'avez dit à plusieurs reprises, votre objectif chez Stellantis c'est une marge
02:56 opérationnelle à deux chiffres.
02:58 On est à 14% au premier semestre.
03:00 Vous êtes l'un des constructeurs les plus rentables.
03:02 Quitte à privilégier la valeur sur le volume, ces dernières années c'est passé par une
03:06 augmentation des prix de vos voitures.
03:08 C'est quelque chose que vous assumez ?
03:09 Nous assumons pleinement la prise de toutes les décisions qui assurent la pérennité
03:16 de notre entreprise.
03:17 Et votre question qui est particulièrement pertinente, je voudrais la compléter en
03:21 éclairant le fait que nos facturations ont augmenté de 9% alors que notre chiffre d'affaires
03:28 a augmenté de 12%.
03:30 Mais nous avons augmenté et le volume et les marges.
03:33 Et donc vous voyez que piloter l'entreprise par les marges n'est pas contradictoire avec
03:38 l'augmentation de notre chiffre d'affaires et n'est pas contradictoire avec l'augmentation
03:42 du volume.
03:43 C'est simplement une manière de mesurer notre efficience économique.
03:46 Et vous voyez qu'on a augmenté de 9% les facturations, de 12% le chiffre d'affaires.
03:51 Dans le même temps, nous avons augmenté nos profits de manière très substantielle.
03:55 Pendant que l'on est dans les chiffres, ces résultats, Carlos Tavares, c'est aussi une
03:59 très bonne nouvelle pour vous à titre personnel.
04:01 Car si les objectifs sont remplis d'ici la fin de l'année, vous pourriez toucher plus
04:04 de 23 millions d'euros de rémunération.
04:06 Vous êtes en bonne voie de les décrocher ?
04:08 On fera le point à la fin de l'année.
04:11 Je suis sûr que nous ne manquerons pas d'observateurs pour porter un jugement là-dessus.
04:15 Comme nous le savons bien tous les deux.
04:17 Donc on fera le point.
04:18 Il est vrai que mon salaire est variable à 90%.
04:21 Il est à 90% indexé sur les résultats de l'entreprise.
04:25 Donc si l'entreprise va bien, le salaire de son dirigeant ira bien aussi.
04:31 Mais c'est la conséquence de ce qui a été décidé par le Conseil d'administration.
04:34 Mais vous, en un jour, 64 000 euros, c'est l'équivalent du salaire annuel moyen chez
04:39 Stellantis.
04:40 Vous comprenez que ça puisse interpeller, voire choquer ceux qui nous écoutent ce matin
04:43 ?
04:44 Chacun est libre.
04:46 Chacun est libre, surtout dans le monde occidental, d'avoir un avis sur la question.
04:50 Chacun peut avoir un avis sur cette question-là.
04:54 Comme moi, je peux avoir des avis sur bon nombre d'autres sujets.
04:56 Et donc chacun est libre de s'exprimer, de faire avancer ses arguments, y compris au
05:02 niveau sociétal.
05:03 C'est-à-dire que nous avons aujourd'hui des entreprises qui sont régies par des règles.
05:07 Ces règles sont très strictes.
05:09 Elles sont rigoureusement respectées par notre Conseil d'administration et par l'équipe
05:14 de management de l'entreprise.
05:15 Nous respectons les règles.
05:17 Si jamais la société, au travers des opinions des uns et des autres, veut modifier ces règles,
05:22 eh bien il existe un processus démocratique qui passe par le Parlement, par la réalisation
05:26 de lois qui permettent de modifier cela.
05:28 Et nous respectons, évidemment.
05:30 Et moi, à titre personnel, je respecte l'ensemble de ces règles.
05:32 Une question de Maxime Leps.
05:34 Les salariés, M.
05:35 Tavares, ils en verront la couleur aussi de ces bons résultats ?
05:38 Bien entendu.
05:39 Je vous donne juste un éclairage sur les chiffres de l'année dernière.
05:44 Nous avons redistribué en primes de performance à l'ensemble de nos salariés pas moins
05:48 de 2 milliards d'euros au titre des résultats de 2022.
05:52 Et nous avons évidemment versé des dividendes à nos actionnaires, y compris à nos actionnaires
05:57 salariés, pour un montant de 4,2 milliards d'euros.
06:00 Donc nous avons évidemment une redistribution qui est importante.
06:04 On peut toujours discuter de la manière dont cette redistribution s'effectue, mais elle
06:08 est très importante.
06:09 4,2 milliards de dividendes, 2 milliards d'euros de primes de performance pour nos salariés.
06:15 Je vous fais remarquer aussi au passage sur la question précédente que nos actionnaires
06:21 ont approuvé à 80% lors de l'Assemblée Générale la politique salariale de l'entreprise.
06:27 Contrairement à l'an dernier.
06:29 Contrairement à l'an dernier, en effet.
06:31 Une question pour les sous-traitants également.
06:34 Stellantis travaille avec nombre d'équipementiers qui se sont parfois plaints ces dernières
06:37 années de ne pas récolter les fruits de ses bénéfices, accusant par ailleurs le groupe
06:40 de les presser pour réduire les coûts sur les véhicules.
06:43 Ils ne réalisent pas exactement les mêmes marges que vous.
06:47 Est-ce qu'ils auront droit à quelque chose ?
06:49 Écoutez, c'est une question extrêmement intéressante.
06:54 Il faut prendre un peu de recul.
06:55 Depuis 25 ans, les constructeurs automobiles ont permis à l'ensemble de nos fournisseurs
07:01 de prendre une part très importante de valeur ajoutée dans ce qui représente la construction
07:06 d'une automobile.
07:07 Aujourd'hui, ce qui est confié à nos fournisseurs représente 85% du coût total de fabrication
07:13 de nos automobiles.
07:14 Nos fournisseurs en ont largement bénéficié depuis 25 à 30 ans.
07:18 Ils ont pu évidemment rémunérer leurs actionnaires, leurs salariés grâce à l'activité que
07:23 nous leur avons confiée.
07:25 Il se trouve que nous rentrons maintenant dans une période qui est difficile pour nous
07:28 tous, c'est-à-dire l'absorption du coût de l'électrification des véhicules.
07:33 Cet excédent de coût est de l'ordre de 40%.
07:36 Nous ne pouvons pas le passer à nos clients parce que les clients ne pourraient pas se
07:40 permettre d'acheter des voitures qui coûteraient 40% plus cher.
07:43 Donc, nous avons une responsabilité commune qui est d'absorber le surcoût de l'électrification.
07:47 Et donc, évidemment, nos fournisseurs ayant 85% de la valeur du coût de fabrication
07:52 totale d'un véhicule, ils devront contribuer, comme nous le faisons, à cette absorption.
07:57 Et donc, c'est effectivement quelque chose de difficile, mais c'est quelque chose qui
08:02 est indispensable pour faire face à l'offensive et la concurrence des constructeurs chinois.
08:07 - Carlos Tavares, vous l'évoquiez, Stellantis est en train de prendre massivement ce tournant
08:11 vers l'électrique.
08:12 Vous avez un objectif qui est 100% de véhicules électriques en Europe d'ici à 2030, donc
08:16 avant l'interdiction européenne des moteurs thermiques en 2035.
08:20 C'est un tournant que vous prenez avec conviction ou parce que l'Europe vous force la main ?
08:25 - Ce qui importe dans tout ça, ce n'est pas ma conviction ou le fait que l'Europe nous
08:31 force la main ou pas.
08:32 Ce qui importe, c'est est-ce que nous apportons une contribution significative et déterminante
08:37 à la résolution du problème du réchauffement climatique.
08:40 Je pense qu'il faut raisonner, non pas en conviction, voire en émotion des uns et des
08:44 autres, mais il faut raisonner quelle est la démarche la plus efficace, à moindre coût
08:49 pour la société, pour traiter le problème.
08:51 Les règles ont été définies, elles ont fait l'objet de débats au Parlement européen
08:55 où chaque sensibilité a été représentée.
08:58 À partir du moment où elles ont été discutées au Parlement européen, décidées et validées
09:02 par les instances européennes, ça devient un cadre à l'intérieur duquel nous nous
09:06 positionnons et à l'intérieur duquel nous courons et nous faisons la course avec nos
09:11 concurrents.
09:12 Donc la question de ce qu'il faut faire est déjà tranchée par le Parlement européen
09:15 et par les instances européennes.
09:17 Maintenant il s'agit à l'intérieur d'un cadre réglementaire qui a été décidé,
09:21 avec le soutien des citoyens.
09:22 Il s'agit maintenant de faire le meilleur travail possible à l'intérieur de ce cadre
09:26 et c'est exactement ce que nous faisons.
09:28 - Mais votre raison de vous intéresse aussi parce que vous avez émis plusieurs fois des
09:32 réserves sur le tout électrique, c'est un euphémisme.
09:35 Vous avez dit "on ne peut pas rester sur le dogme du tout électrique pour tous".
09:39 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on ne fera pas de voitures électriques pas chères
09:43 fabriquées en Europe par exemple ?
09:45 - Écoutez, en tout cas, ce qui est sûr c'est que nous avons une forme de crédibilité
09:51 en matière de véhicules électriques puisque nos ventes de véhicules électriques ont
09:56 cru au premier semestre de 24% essentiellement sur la base de nos ventes en Europe.
10:02 Donc nous vendons beaucoup de véhicules électriques très compétitifs et nous en sommes très
10:06 heureux.
10:07 Il peut y avoir un débat de société, il n'y a pas de débat à l'intérieur de Stellantis
10:11 mais il peut y avoir un débat de société sur ce que cela représente comme coût pour
10:16 l'ensemble des citoyens européens que de traiter le problème de cette façon.
10:19 Et il peut y avoir un débat de société sur la pérennité de ce que nous faisons compte
10:24 tenu de l'ensemble des défis qui se présentent devant nous sur l'approvisionnement des matières
10:28 premières, sur la nécessité d'avoir de l'énergie propre et surtout, et c'est le
10:32 point le plus important peut-être ce matin, sur la manière de garantir des véhicules
10:37 électriques qui puissent être achetés par les classes moyennes, c'est-à-dire à des
10:39 prix qui soient suffisamment bas pour que la classe moyenne de nos marchés puissent
10:46 être plus...
10:47 Aujourd'hui en Europe, pour des véhicules fabriqués en Europe, en dessous de 35-40
10:51 000 euros, on ne trouve pas.
10:53 Donc ce n'est pas tenable à long terme.
10:55 C'est la raison pour laquelle nous avons proposé au gouvernement français de procéder à
11:01 ce que nous appelons maintenant communément un leasing social.
11:06 Nous avons proposé cette idée-là, nous serons au rendez-vous notamment avec la Citroën
11:11 C3 électrique qui permettra donc de soutenir un leasing social aux alentours de 100 euros,
11:17 ce qui me paraît une somme raisonnablement abordable.
11:20 Et donc nous sommes, nous en première ligne, pour proposer à l'ensemble des États dans
11:26 lesquels nous avons une présence très forte, comme en France, des solutions.
11:29 Et nous sommes ici pour proposer des solutions, c'est-à-dire une mobilité propre, sûre
11:33 et abordable, et le abordable est peut-être en ce moment le défi le plus important.
11:38 C'est comment protéger la liberté de mouvement des classes moyennes avec des véhicules électriques
11:42 propres qui restent à un prix abordable.
11:44 Alors justement, cette idée de leasing portée par Emmanuel Macron pendant sa campagne concerne
11:49 des véhicules produits en Europe, voire en France.
11:53 Vous produisez aujourd'hui un peu plus de 600 000 véhicules en France, c'était
11:56 un million avant la crise Covid.
11:58 Il y a un bras de fer aujourd'hui autour de la Peugeot i208, votre modèle phare, que
12:03 le ministre de l'économie voudrait bien que vous fabriquiez en France.
12:06 Bruno Le Maire, il vous appelle à plus de patriotisme économique sur ce modèle i208
12:11 qui est aujourd'hui fabriqué en Slovaquie.
12:13 Vous lui répondez quoi ?
12:14 D'abord, je comprends très bien qu'il formule cette demande.
12:18 Je pense qu'il n'y a pas de problème à ce que la demande soit formulée.
12:22 Il faut simplement se dire que si nous voulons des véhicules électriques abordables, et
12:27 si nous voulons que cette offre soit pérenne sur le marché pour bien soutenir la liberté
12:31 de mouvement de nos citoyens, encore faut-il qu'on arrive à rendre ces véhicules abordables
12:36 et rentables de manière à ce que les choses soient pérennes.
12:40 Et donc toute décision qui conduirait à augmenter les coûts du véhicule électrique ne va pas
12:45 dans le sens de protéger la dimension abordable de cette offre au marché.
12:49 Et donc c'est là que se situe la qualité du dialogue que nous avons avec Bruno Le
12:54 Maire, qui est, je m'empresse de le lire, un dialogue profond, respectueux, sincère.
13:00 Ce sont des vrais arguments, on n'est pas en train de discuter de choses de deuxième
13:04 ordre.
13:05 Et donc cette discussion est importante.
13:06 On ne peut pas s'éloigner de notre objectif d'avoir une mobilité propre, sûre et abordable
13:13 en commençant par augmenter le coût des véhicules.
13:15 Merci.
13:16 Monsieur Tavares, l'État ne comprend pas dans ce contexte-là pourquoi Renault arrive
13:20 à assembler sa R5 à Douai.
13:22 Et je vous rappelle qu'il a volé au secours aussi de PSA en 2013 quand ça n'allait pas
13:27 du tout, quand on vous a aidé durant le Covid, plus que Renault.
13:30 Est-ce qu'il n'y a pas quelque part aussi un retour d'ascenseur nécessaire ?
13:34 Écoutez, d'abord, vous parlez de retour d'ascenseur.
13:39 Vous êtes dans une dimension un peu romantique, un peu romantique de l'industrie qui ne cadre
13:44 pas avec la brutalité que nous subissons.
13:46 Et il faut juste se rendre compte que ce qui est actuellement en train de se passer dans
13:51 l'industrie automobile mondiale et européenne est d'une brutalité extrême.
13:55 Et donc, il est normal que dans un contexte comme celui-là, non seulement je cherche à
14:00 protéger mes employés en leur offrant un modèle d'affaires qui assure la pérennité
14:06 de leur entreprise, il est aussi normal que je cherche à protéger le consommateur français
14:13 en lui offrant quelque chose qui soit à la fois abordable et pérenne compte tenu de
14:18 la rentabilité intrinsèque que porte ce projet.
14:21 Donc, c'est normal que cette question-là soit posée.
14:23 Notre réponse est 12 véhicules électriques fabriqués en France.
14:26 Notre réponse est une gigafactory de fabrication de batteries en France.
14:33 Notre réponse est une usine de fabrication de moteurs électriques.
14:36 Notre réponse est une usine de fabrication de transmissions électrifiées.
14:40 Et tout ça sur le sol français.
14:42 Justement, une autre question d'un auditeur.
14:44 On va aller au standard sur cette question du produire en France et de votre comportement
14:49 par rapport à celui des concurrents.
14:50 Bonjour Philippe.
14:51 Oui, bonjour.
14:52 Vous vous appelez d'Alsace.
14:53 Oui, exactement.
14:54 Allez-y.
14:55 Alors voilà, comment pouvez-vous expliquer que Peugeot, le groupe stélante, n'arriverait
15:04 pas à fabriquer un petit véhicule type 208 en France alors que Toyota fabrique à balanciène
15:13 depuis plus de 10 ans maintenant.
15:15 Ça y arrive et il y arrive très bien.
15:18 Surtout qu'en plus, il s'agit d'un modèle hybride, donc avec un moteur thermique et
15:25 que sur du thermique, le coût de la main d'œuvre est quand même plus élevé.
15:30 Merci Philippe.
15:31 Carlo Stavarez vous répond.
15:33 Écoutez, merci de poser cette question-là.
15:36 Elle me permet de clarifier un point important.
15:38 D'abord, comme vous l'avez dit et vous l'avez très bien observé, le véhicule qui est fabriqué
15:42 par notre concurrent japonais n'est pas un véhicule électrique.
15:45 Donc ça, c'est un élément important.
15:48 Ce n'est pas un véhicule électrique.
15:49 Nous avons également mentionné le cas de notre concurrent français qui va produire
15:56 des petits véhicules électriques en France.
15:58 Nous verrons dans les années qui vont suivre si ceci permet de soutenir la rentabilité
16:03 de ce concurrent français.
16:05 Et nous ne devons pas oublier une chose qui s'impose à nous tous et à moi le premier,
16:10 c'est que nous sommes maintenant confrontés à une offensive des constructeurs chinois
16:15 qui est extrêmement puissante.
16:17 Il faut que vous sachiez que la compétitivité de la structure de coûts du monde industriel
16:27 chinois leur permet de nous envoyer des véhicules qui arrivent sur le sol européen avec une
16:32 compétitivité des coûts de 25% meilleure que la nôtre.
16:36 C'est-à-dire qu'ils arrivent sur notre sol avec 25% de coûts de fabrication de moins
16:41 que nous.
16:42 C'est vis-à-vis de ces constructeurs-là que l'Union européenne nous demande de
16:46 faire la compétition, de faire la course.
16:48 Ils le font en gardant le marché européen grand ouvert vis-à-vis de concurrents chinois
16:55 qui arrivent avec un avantage coût de 25%.
16:57 Ensuite, on nous demande de faire face à ces constructeurs chinois qui ont un avantage
17:02 coût de 25% en commençant par augmenter le coût de nos véhicules électriques.
17:07 - Carlos Tavares, quelles conséquences sur l'emploi cette révolution de l'électrique,
17:12 ce chambardement comme vous le dites ? Vos effectifs en France, ils ont déjà fondu
17:17 depuis la fusion avec Fiat Chrysler.
17:19 On est passé de 53 à 47 000 salariés.
17:21 Est-ce qu'ils vont continuer à fondre ?
17:22 - C'est une question qu'il faut poser à Bruxelles.
17:28 Si nous gardons le marché européen grand ouvert aux importations de véhicules asiatiques
17:34 et que nous le faisons alors que nous savons, et tous les gouvernements européens le savent,
17:39 que les véhicules chinois arrivent sur le sol européen avec un avantage coût de 25%,
17:44 vous comprenez très bien que pour lutter contre ces constructeurs-là, il est très
17:48 difficile de maintenir une fabrication dans des pays avec des structures de coûts élevés
17:52 qui sont la conséquence du modèle social que nous avons choisi.
17:55 Et donc, vous voyez très bien qu'il y a là une forme de divergence qui ne peut être
18:00 traitée que dans les urnes.
18:02 Cette divergence qui est une discussion sur le modèle de société.
18:06 Il y a 20 ans, on ne se préoccupait pas beaucoup de l'industrie sur le sol européen.
18:12 Aujourd'hui, on s'en préoccupe parce qu'on a vu les conséquences de la globalisation
18:16 à tout va.
18:17 Et donc, cette question-là, c'est une question de modèle de société européen.
18:21 Ce n'est pas une question pour Stellantis.
18:22 - Donc là, vous dites, dans le contexte actuel, dans les conditions actuelles, il y aura des
18:27 suppressions d'emplois, forcément.
18:29 - Je dis, et je l'ai dit et répété, et je vous en ai fait l'écho, je vous en remercie,
18:34 c'est que le combat contre les constructeurs chinois va être d'une extrême brutalité.
18:39 C'est ça que je dis.
18:41 Et nous avons de nombreuses manières de les combattre, à commencer par notre technologie.
18:46 Nous avons présenté il y a quelques semaines notre plateforme Stella Medium qui va nous
18:52 permettre de porter sur le marché européen dès la fin de cette année des véhicules
18:55 avec 700 km d'autonomie pour des véhicules électriques, ce qui est exceptionnel.
19:00 Donc la première chose à faire pour se battre contre les constructeurs chinois, c'est de
19:04 mettre en avant notre technologie.
19:05 Ce que nous faisons avec Stellantis, puisque nous avons des moyens de recherche et développement
19:10 qui, comme vous l'imaginez, sont très puissants.
19:11 Et donc ça, c'est la première chose à faire.
19:14 La deuxième chose à faire, c'est de ne pas être dogmatique.
19:16 Si nous avons à faire face à des constructeurs qui ont un avantage coût de 25%, une des
19:21 manières de lutter contre leur invasion, c'est aussi d'utiliser les mêmes armes que,
19:25 c'est-à-dire ne pas hésiter à utiliser des partenariats stratégiques, y compris
19:28 à l'intérieur d'Europe, pour obtenir du coût plus compétitif et faire en sorte qu'on
19:32 puisse faire face à cette invasion.
19:34 Dans tous les cas, si on ne se donne pas les moyens de faire face à cette invasion des
19:39 constructeurs chinois, d'une manière ou d'une autre, la société européenne en
19:42 pâtira.
19:43 Et donc ce qui est important, c'est de s'organiser.
19:45 Ce qui est important, c'est de s'organiser autour de cette bataille.
19:51 Ça va être une extrême brutalité.
19:53 Après, quelles sont les formes que prendra cette brutalité ? Il est trop tôt pour le
19:58 dire.
19:59 Nous essayons de trouver les choses les plus efficaces possibles.
20:02 Je pense que pour l'instant, nous avons la bonne formule avec ce que nous sommes en
20:05 train de proposer au marché, puisque nous allons introduire la Citroën C3 électrique
20:09 à moins de 25 000 euros fin de cette année, début de l'année prochaine.
20:14 Donc nous sommes parfaitement dans le bon timing, avec les bons produits et dans la
20:17 bonne course.
20:18 Et nous essayons de le faire de la manière la plus humaniste possible.
20:21 L'électrique, c'est une voiture propre quand elle roule, mais pas quand on la fabrique.
20:25 Avant même d'être sur la route, c'est deux à trois fois l'empreinte carbone d'une thermique
20:29 à cause de la fabrication des batteries essentiellement.
20:31 Est-ce qu'on va pouvoir faire mieux là-dessus ?
20:33 Je pense qu'il y a évidemment beaucoup de choses qu'on peut améliorer, puisque la
20:39 technologie électrique reste une technologie balbutiante.
20:42 J'insiste là-dessus.
20:43 Alors que l'industrie automobile est dans un squeeze où nous devons nous transformer
20:50 dans un espace-temps très court sur une amplitude et une profondeur très élevée, quand on
20:54 démonte les voitures électriques du marché, et nous avons fait ça pour tous nos concurrents,
20:59 on voit que c'est une technologie balbutiante.
21:01 On voit que ce n'est pas une technologie qui est optimisée.
21:04 Il y a beaucoup de choses à faire, des choses par ailleurs excitantes pour l'ingénieur
21:08 que je suis.
21:09 Donc il y a un potentiel de progrès qui est très important pour réduire les coûts,
21:13 améliorer la qualité, la fiabilité, etc.
21:15 Tout ça, c'est extrêmement bien.
21:17 Maintenant, c'est aussi une technologie qui nécessite deux choses fondamentales.
21:21 La première, c'est de l'énergie propre.
21:23 Il faut que chacun sache qu'alors que le CO2 est un problème global, la France évidemment
21:29 met en avant sa spécificité nucléaire, ce qui est très bien, mais nous sommes en
21:33 train de traiter un problème global.
21:35 On n'est pas en train de traiter un problème France.
21:37 Et quand on pense électrique, ça nécessite également beaucoup de composants.
21:42 On a énormément de petites puces dans les voitures qui ont fait défaut ces derniers
21:48 mois, ces dernières années.
21:50 Est-ce que vous en voyez le bout de cette crise des semi-conducteurs ?
21:54 Oui, nous en voyons le bout.
21:56 Notre production est maintenant stable et raisonnablement bien organisée depuis au
22:03 moins six mois.
22:04 Donc cette crise des semi-conducteurs, elle est maintenant derrière nous.
22:08 Nous faisons actuellement et en particulier pendant les mois de juillet et août un effort
22:12 tout particulier pour honorer les commandes un peu anciennes qui ont été retardées
22:18 par ces différents dysfonctionnements de fournitures de puces électroniques.
22:22 Je voudrais en profiter pour remercier mes clients qui ont fait preuve d'une grande
22:26 patience.
22:27 Les remercier et m'excuser auprès d'eux pour la lenteur avec laquelle nous sommes
22:30 en train de les servir.
22:31 Et je les remercie vraiment du fond du cœur pour leur patience.
22:34 C'est une dernière question qui n'a pas grand-chose à voir avec les voitures, mais
22:37 beaucoup d'auditeurs nous la posent au standard concernant le club de foot de Sochaux
22:42 que vous avez vendu à des investisseurs chinois en 2015.
22:44 Aujourd'hui, il va très mal, il est menacé de disparition.
22:47 Sochaux, c'était un club intrinsèquement lié à l'histoire de la marque Peugeot.
22:51 Vous ne regrettez pas cette décision aujourd'hui quand vous voyez l'évolution de ce club ?
22:54 D'abord, je comprends très bien que les difficultés que rencontre ce club puissent
23:02 créer des émotions et des sollicitations.
23:05 Ce que j'observe, c'est que depuis 2015, le monde a beaucoup, beaucoup changé.
23:10 Depuis 2015, le monde a beaucoup changé.
23:13 Nous avons eu le Covid, nous avons les problèmes géopolitiques, nous avons la guerre, nous
23:17 avons l'électrification à tout va.
23:21 Le monde a beaucoup, beaucoup changé.
23:22 Et donc, effectivement, depuis 2015, PSA et maintenant Stellantis a fait du chemin.
23:27 Nous avons rationalisé nos investissements en matière de marketing et nous les avons
23:34 recentrés sur les outils qui permettent de mettre en avant la technologie.
23:38 La technologie de Stellantis et notamment la technologie d'électrification.
23:43 C'est la raison pour laquelle nous sommes maintenant très présents en sport automobiliste
23:48 grâce à la Formule E qui est un championnat mondial de course de véhicules électriques.
23:55 Et nous avons remporté ce championnat déjà à plusieurs reprises.
23:57 Donc les priorités sont différentes.
23:59 On l'a bien compris.
24:00 On va devoir s'arrêter là.
24:01 Merci beaucoup Carlos Tavares, PDG de Stellantis, invité d'Inter ce matin.
24:06 Merci à vous et bonne journée.

Recommandations