II a une voix qui porte au niveau national, et un projet pour 2027. Robert Ménard, maire de Béziers, soutient que : « la démocratie est menacée par les partis politiques, et elle peut être sauvée par les maires ». Entretien.
20230525 interview Robert Ménard, Maire de Béziers et Président de la Communauté d’Agglomération Béziers Méditerranée.
20230525 interview Robert Ménard, Maire de Béziers et Président de la Communauté d’Agglomération Béziers Méditerranée.
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00:00 Alors Robert Ménard, une première question.
00:01 Souvenez-vous, aujourd'hui, l'avenir est à l'ouest du département.
00:05 Vous aviez affirmé cela lors de l'inauguration du parc des expositions en 2021.
00:10 C'est toujours le cas avec Bézier ?
00:12 L'avenir est à l'ouest du département ?
00:15 C'est ici à Bézier que les choses bouffent le plus.
00:18 En plus, vous savez, on a eu longtemps un passé de ville ouvrière,
00:22 de ville manufacturière, industrielle, qui pesait comme un boulet pour la ville.
00:27 On avait l'impression que tout se jouait dans les capitales régionales,
00:31 tournées vers les universités et vers le tertiaire.
00:35 Et on s'aperçoit qu'aujourd'hui, avec ce qui se passe,
00:37 que l'indépendance d'un pays comme la France,
00:40 ça passe d'abord pour une indépendance industrielle.
00:43 Et on a ce savoir-faire ici.
00:46 Regardez Genviège, Schlumberger, ils sont allés chercher en Europe une ville, Bézier.
00:50 Donc je suis persuadé que l'avenir est à Bézier, d'autant plus à la sortie du Covid.
00:55 Il y a tout un tas de gens, j'en reçois sans arrêt ici,
00:58 des gens qui en ont marre des grandes villes ou des villes moyennes,
01:01 comme un certain nombre de villes voisines, que je ne citerai pas par charité chrétienne,
01:06 qui n'ont même pas le charme de grandes villes et tout l'inconvénient des grandes villes.
01:11 Il y a des embouteillages monstrueux, il y a une qualité de vie difficile à vivre.
01:17 Et donc nous, on est le contraire.
01:18 On est une ville moyenne qui a tout l'avenir.
01:21 La France, la France d'avenir, c'est la nôtre.
01:23 Alors, Robert Bénard, un peu d'histoire, d'histoire proche.
01:27 En 2020, vous avez été élu dès le premier tour avec plus de 68,7% des voix à mi-mandat.
01:33 Quel bilan vous pouvez déjà faire ?
01:36 Vous êtes toujours, selon vos mots, un maire qui fait des promesses et qui les tient.
01:40 Mais je crois que c'est pour ça qu'on est élu.
01:42 Je crois que c'est la ville où le maire est le mieux élu dans sa strata, de toute la France.
01:47 Pourquoi ? Parce que juste, je ne fais pas de démagogie,
01:51 parce que je dis un certain nombre de choses, je les fais.
01:53 Et un certain nombre de choses que je ne peux pas faire, qu'on ne peut pas faire, je le dis aussi.
01:57 Je le dis ici, je le dis nationalement, j'aspire à ce que la politique, ce soit ça.
02:02 Et puis, voilà, je pense que les gens sont contents ici.
02:05 C'est les gens. Qu'est-ce qu'ils me demandent ?
02:07 Ici, ils ne me demandent pas la programmation du théâtre, la programmation culturelle.
02:12 Cette population-là, on essaye de répondre à ses besoins.
02:15 Mais l'immense partie de la population, qu'est-ce qu'elle veut ?
02:18 Elle veut une ville qui est propre, elle veut une ville où il y a suffisamment de policiers pour que ça se passe bien.
02:24 Et elle veut une ville où il y a des animations pas trop chères pour pouvoir sortir avec ses enfants.
02:29 On leur apporte ça.
02:30 Je suis un maire qui aime sa ville, qui reçoit les gens, qui les voit tout le temps,
02:35 qui passe son temps et je pense que les gens sont contents de ça.
02:38 Oui, je crois que... Qu'est-ce que je crois ?
02:41 Je crois que je fais le job, mais je ne le ferai pas encore un autre mandat
02:45 parce que je l'aurai fait deux mandats et ça suffit.
02:48 Alors...
02:50 Vous avez défilé, entre autres avec Partic de Carolis, maire d'Arles,
02:55 et ex-président de la FD, d'ailleurs, sous la bannière des Maires unis pour la ruralité et les traditions.
03:01 Abézié, de quelle façon se définissent la ruralité et les traditions ?
03:05 D'abord, ça a commencé par la tourmachie. Il n'y a pas que la tourmachie, mais la tourmachie.
03:09 Ici, on a une ville taurine, d'ailleurs, je l'ai fait marquer à l'entrée de nos villes.
03:14 J'espère que d'autres villes vont le faire.
03:16 Juste, moi, écoutez, je ne suis pas du tout un fan de Corrida, par exemple.
03:19 Je n'aime pas trop ça.
03:20 J'y assiste parce que je suis le maire d'Abézié, qu'il manquerait bien,
03:23 il ne manquerait plus que je n'y aille pas.
03:25 Mais je n'ai pas de goût particulier pour la Corrida.
03:29 Mais ça fait partie de l'histoire de nos villes.
03:31 Abézié, c'est la Corrida comme c'est le vin, comme c'est le rugby.
03:36 Et ça, j'y tiens.
03:37 Alors, moi, je dis aux gens, vous n'aimez pas la Corrida, vous avez le droit.
03:40 Vous détestez la Corrida, vous avez le droit.
03:42 Mais vous arrêtez de nous emmerder.
03:44 Moi, je n'oblige personne à rentrer dans une arène voir une Corrida.
03:48 Alors, vous nous foutez la paix.
03:50 Et je pense que c'est ça qu'on demande.
03:52 On demande juste qu'on nous respecte avec nos différences.
03:55 Pardon, Abézié, ce n'est pas Strasbourg.
03:58 Je n'ai rien contre Strasbourg ni Lille.
04:00 On a une particularité, on a une langue ici qui est employée,
04:04 qui est enseignée dans un certain nombre d'écoles qui s'appelle l'Occitan.
04:08 On aime un certain, il y a une façon de vivre.
04:11 On a une histoire particulière.
04:13 On aime un certain nombre de choses qui sont nos traditions.
04:15 Alors, on veut les faire respecter.
04:17 Que ce soit Arles ou Bézié, mais dans d'autres villes et dans d'autres villages,
04:20 au moins, au-delà de nos différences politiques, on est d'accord là-dessus.
04:23 Et on l'a dit fortement, et on l'a dit en manifestant d'ailleurs ensemble,
04:27 vous le disiez à Montpellier.
04:29 Très bien.
04:31 Alors, on va parler d'un maire qui a appliqué une décision de l'État,
04:36 installé un centre d'accueil de demandeurs d'asile.
04:41 Ce maire, c'est Yannick Morez, maire de Saint-Brévin.
04:44 Quel regard vous portez sur sa démission ?
04:46 C'est terrible parce que je pense que depuis les dernières élections,
04:52 en 2020, en France, il doit y avoir presque 1500 maires qui ont démissionné.
04:57 C'est un danger, la démission des maires, pour la démocratie.
05:00 C'est les gens à Bézié qui connaissent.
05:03 Vous croyez qu'ils connaissent le conseiller général, même le député.
05:06 J'en parle, le député.
05:07 Oui, ils la connaissent plus parce que c'est aussi ma femme.
05:09 Mais d'abord, la personne qu'ils connaissent, ce n'est pas le sénateur.
05:13 C'est le maire, c'est leur interlocuteur.
05:16 Quand les maires démissionnent, c'est un problème pour la démocratie.
05:20 Et là, cette espèce de bande d'ultra-droites fou furieux qui vont foutre le feu,
05:27 enfin, il faudrait que je sois au conditionnel, faisons attention,
05:30 dont on pense qu'ils ont foutu le feu à ses voitures et à sa maison,
05:36 c'est des voyous, des criminels et leur place, elle est en prison.
05:42 Donc je suis évidemment solidaire, et je l'ai dit partout, du maire de Saint-Brévent.
05:47 Ce qui me sidère, par contre, c'est que tout le monde là est solidaire de ça,
05:53 mais quand c'est des maires de telle ou telle obédience,
05:56 vous savez, la mobilisation, elle l'est pour ceux qui sont de ton camp.
05:59 Je vous rappelle, juste pour vous souvenir, en 2018, je me retrouve à Saint-André de Cubzac,
06:05 c'est un petit village à côté, une petite ville à côté de Bordeaux.
06:09 Je suis invité par les élus du coin parce qu'ils voulaient savoir comment je m'occupais de Béziers,
06:14 où les choses se passent plutôt bien, vous voyez comment on est élu,
06:17 où Emmanuel est réélu à Béziers comme député.
06:21 Donc j'ai été jeté à terre, on m'a cassé la figure.
06:27 J'ai eu quatre jours, quatre journées, vous savez, totale,
06:31 je n'ai pas pu travailler, dit-été comme on dit.
06:36 Quel maire s'en est soucié ?
06:39 Il y a eu des protestations de maires, à part trois de mes copains, bien sûr que non.
06:43 Pourquoi je vous raconte ça ? Pas pour rappeler ça, je m'en fiche un tout petit peu,
06:47 même si j'avais été blessé par cette histoire-là.
06:50 Parce que je ne voudrais pas qu'on se mobilise que quand c'est son camp.
06:55 Moi, je mobilise, quel que soit le maire, quel que soit son étiquette politique,
07:00 je mobilise pour lui quand il est victime de quelque chose d'insupportable.
07:04 Voilà, j'aimerais qu'on retienne l'élan de solidarité,
07:07 mais qu'on retienne aussi demain qu'il faut se mobiliser.
07:11 Vous savez que ce soir, une infirmière, on l'a vu, tuée par un déséquilibré,
07:16 trois policiers tués par quelqu'un qui roule à contresens
07:20 et qui a consommé de l'alcool et des stupéfiants,
07:23 ou des maires qui sont menacés,
07:25 donc à chaque fois, il faut se mobiliser sans se soucier de l'étiquette politique des uns et des autres.
07:31 Alors, vous l'avez dit tout à l'heure, vous ne vous représenterez pas,
07:35 en revanche, vous avez, en tant que maire de Béziers, une voix qui porte au niveau national.
07:40 Vous êtes un peu le promoteur de l'Union des Droites, voire l'arbitre de cette Union des Droites.
07:45 Est-ce que vous avez envie d'un destin national ?
07:48 Je ne sais pas si ça se pose comme ça.
07:51 D'abord, vous l'avez dit, maire encore trois ans, je ne serai plus candidat, je l'avais dit dès le début.
07:57 Vous savez, je suis essoré de mon boulot de maire.
08:00 Je suis fantastiquement heureux, c'est un mandat incroyable d'être maire.
08:06 Vous faites des choses, vous changez concrètement la vie des gens, vous changez la ville.
08:11 Vous m'aimez ou vous ne m'aimez pas, Béziers, en dix ans, aura changé de visage
08:16 et tout le monde le reconnaît, à part quelques personnes de mauvaise foi.
08:20 Donc d'abord j'ai ça.
08:22 Ensuite, j'ai appris un certain nombre de choses de mon métier de maire.
08:25 J'ai appris un pragmatisme, je le suis bien plus que je l'ai été au début de mon mandat.
08:29 J'ai dit moi-même publiquement qu'un certain nombre de choses, je regrettais de les avoir dites ou de les avoir faites il y a quelques années.
08:37 J'ai appris ça.
08:38 Est-ce que cette expérience-là, elle peut être utile à un autre niveau ?
08:43 Je le pense.
08:44 Et je pense que demain, je ne sais pas si c'est moi ou avec quelqu'un d'autre,
08:48 il faut faire en sorte que ce soit les maires qui aient le pouvoir dans ce pays.
08:52 Parce que c'est les seuls que les gens aiment vraiment,
08:55 et c'est ceux qui sont le plus à même de parler des souhaits des gens loin de la politique et des partis politiques.
09:01 Je pense qu'aujourd'hui la démocratie en France, elle est menacée par les partis politiques,
09:05 et elle peut être sauvée par les maires.
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