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Yazdan Yazdanpanah, infectiologue et directeur et l’Agence ANRS/Maladies infectieuses émergentes, revient avec Christophe Martet, président de l’association Vers Paris sans sida, sur la lutte contre le VIH, après la confirmation d'un sixième cas de rémission longue.

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Transcription
00:00 Le Grand Entretien qui ose, ce matin, poser cette question.
00:04 Touche-t-on du doigt la possibilité de mettre fin à l'épidémie de SIDA ?
00:08 Deux invités autour de cette table.
00:11 Le professeur Iazdor Iazdampana, bonjour.
00:14 Bonjour.
00:15 Vous êtes le directeur de l'Agence Nationale de Recherche sur le SIDA, les hépatites et
00:19 les maladies infectieuses émergentes.
00:20 Et Christophe Martey, bonjour.
00:23 Bonjour.
00:24 Vous êtes le nouveau président de l'association Vers Paris sans SIDA.
00:27 Merci beaucoup à tous les deux d'avoir accepté cette invitation.
00:30 La science avance et on en a eu une nouvelle preuve cette semaine avec ce sixième cas
00:37 de rémission longue après une grève de moelle osseuse.
00:40 Le patient qui a été soigné à Genève en Suisse vivait avec le VIH depuis plus de 30
00:46 ans.
00:47 Professeur Iazdampana, ce cas est encore plus encourageant que les précédents.
00:51 Pour quelle raison ?
00:52 Oui, effectivement.
00:53 On a maintenant, avant ce patient de Genève, on avait cinq autres patients vivant avec
01:01 le VIH qui étaient en rémission prolongée, même on parle parfois de guérison.
01:06 Probable guérison.
01:07 Probable guérison.
01:08 Il s'agissait tous des patients qui avaient des cancers de sang, des leucémies graves
01:14 qui étaient transplantés et qui, après leur transplantation, après leur grève de
01:20 moelle osseuse, s'étaient débarrassés du virus de VIH.
01:25 Là, c'est le sixième cas avec une différence majeure.
01:27 C'est que les cinq autres patients étaient greffés avec un donneur qui avait une mutation
01:34 et dont les cellules souches, qui sont des cellules cibles de VIH, étaient en gros résistants
01:40 au VIH.
01:41 Ces cellules étaient bloquantes, c'était comme un mur pour le VIH en quelque sorte.
01:45 Exactement.
01:46 C'était une mutation rare.
01:47 Ici, le patient donneur n'a pas cette mutation.
01:50 Donc, du coup, c'est vraiment différent des autres cas.
01:54 C'est une avancée majeure.
01:55 Mais attention, ça ne veut pas dire qu'on va pouvoir greffer tout le monde.
01:59 On l'a bien compris, vous l'avez dit, il faut être atteint d'un cancer.
02:02 D'une maladie grave.
02:03 Malheureusement, on ne le souhaite à personne.
02:05 Il faut avoir une grève de moelle osseuse.
02:06 Donc, ce n'est pas transposable à grande échelle.
02:09 Non, par contre, ça permet de comprendre sur le plan physiopathologique un certain nombre
02:14 de choses pour pouvoir avancer dans la recherche sur les traitements qui permettent la guérison
02:22 du VIH.
02:23 Je reviens rapidement à ce cas du patient de Genève.
02:25 S'il n'avait pas cette mutation, cette barrière protectrice, comment est-ce qu'on
02:29 explique qu'il soit dans le cas d'une rémission, d'une probable guérison aujourd'hui ?
02:33 C'est une bonne question.
02:35 Il y a probablement plusieurs raisons, on ne sait pas exactement lesquelles.
02:38 Au moment de la grève, on change les cellules immunitaires, on met le patient en immunodépression
02:46 profonde, on met le patient sous un certain traitement immunosuppresseur.
02:51 C'est probablement l'ensemble de ces éléments qui sont à l'origine de cette rémission
02:57 prolongée.
02:58 Lequel ? Laquelle ? On ne le sait pas.
03:00 Mais c'est justement ça qu'on est en train de chercher, qui nous permet vraiment d'avancer
03:04 et d'approcher la guérison.
03:06 Le traitement immunosuppresseur qui permet de faire accepter une grève dans le corps
03:11 d'un patient, ça pourrait venir de ce traitement.
03:14 Ça fait partie des hypothèses.
03:15 Quand vous faites une grève, finalement il y a quelque chose d'étranger qui rentre
03:20 dans votre corps pour que votre corps ne le rejette pas.
03:23 Vous injectez ou vous donnez des traitements immunosuppresseurs pour empêcher ce rejet-là.
03:28 Est-ce que ces éléments vont vous permettre aussi de vous débarrasser, de vider les réservoirs
03:33 du VIH ? C'est l'hypothèse.
03:35 C'est passionnant.
03:36 On le disait quand même à l'instant, il faut rester prudent.
03:39 Ce n'est pas transposable à grande échelle.
03:42 Christophe Martey, c'est tout de même des recherches que vous suivez, qui vous donnent
03:48 de l'espoir.
03:49 A vous ? Oui, en tant que personne séropositive, bien
03:52 sûr, on espère qu'un jour on aura la guérison.
03:55 On a quand même aujourd'hui ce qu'il faut dire.
03:57 Moi, séropos depuis maintenant 1985, j'ai un traitement qui me permet de vivre une vie
04:03 quasiment normale.
04:04 À part le fait de ce matin prendre mes cachets et d'en reprendre demain matin et d'en
04:08 reprendre tous les jours parce qu'il ne faut pas s'arrêter.
04:10 Mais sinon, la vie suit son cours.
04:13 Il faut vraiment marteler le fait que le traitement marche très bien.
04:17 En France, quand les gens sont mis sous traitement, 97% ont une charge virale indétectable.
04:23 C'est-à-dire que le virus est contrôlé.
04:24 On ne peut plus le détecter.
04:27 Pas de contamination possible.
04:29 C'est-à-dire qu'ils ne peuvent plus transmettre le virus.
04:31 Ça veut dire qu'une femme peut faire des enfants.
04:33 Toute la vie reprend son cours, si je puis dire.
04:36 Et moi, ce dont je rêve surtout, c'est que les 10 millions de personnes qui actuellement
04:41 n'ont pas accès à un traitement dans le monde, faute de moyens, puissent avoir accès
04:44 à ce traitement.
04:45 - Et des traitements qui sont plus légers, quand même, aujourd'hui, par rapport à
04:48 ce que vous avez connu par exemple vous-même il y a quelques années.
04:50 - Bien sûr, j'ai tout connu.
04:51 C'est sûr que j'ai tout connu.
04:52 Les monothérapies, les trucs qui ne marchaient pas, les trucs qui étaient toxiques.
04:56 Mais aujourd'hui, on a des traitements qui fonctionnent.
05:00 Et surtout, avec les bagarres qu'on a menées, que ce soit la NRS, que ce soit les associations,
05:05 les prix ont considérablement baissé.
05:07 Donc, le prix des traitements dans les pays du Sud, ils restent élevés en Europe, mais
05:12 dans les pays du Sud, ils sont très bas.
05:14 Et donc, ce n'est pas acceptable qu'aujourd'hui, on puisse encore voir que 10 millions de personnes
05:21 n'ont pas accès à ces traitements.
05:22 - On va revenir dans un instant sur l'Afrique du Sud, où aujourd'hui, il y a la majorité
05:28 de nouvelles infections.
05:29 Mais professeur Yazdan Yazdanpana, c'est bien sur les traitements qu'il faut se concentrer,
05:32 comme le dit Christophe Martey.
05:33 - Je pense que Christophe Martey l'a dit très justement.
05:36 Oui, les patients de Genève, ces guérisons sont très importantes pour l'avancée dans
05:40 la recherche.
05:41 Aujourd'hui, on a des moyens, des traitements pour la prévention et pour le traitement,
05:47 pour quasiment éliminer le virus de VIH.
05:50 Par contre, il n'y a pas d'implémentation correcte.
05:53 Il y a 39 millions de patients vivant avec le VIH dans le monde.
05:57 Il y a 29 millions qui sont sous traitement.
05:59 Ça veut dire 10 millions ne le sont pas.
06:01 Alors qu'on a des traitements simples, faciles.
06:04 - Presque 10 millions de personnes qui ne sont toujours pas en traitement, alors qu'on sait
06:07 qu'il permet d'avoir une vie normale.
06:09 Aujourd'hui, vous pouvez en témoigner, Christophe Martey.
06:12 - Oui, c'est ça.
06:13 On sait que la réponse contre le VIH a toujours été sous-financée.
06:19 On sait aujourd'hui que le Fonds mondial contre le sida, qui avait été mis en place
06:24 en 2002, nécessiterait d'avoir beaucoup plus de moyens.
06:29 Parce que ces personnes-là, elles savent qu'elles sont séropositives.
06:31 On ne parle pas des gens qui ne sont pas dépistés.
06:33 Mais là, on parle des gens qui savent qu'ils sont séropositifs et sans traitement.
06:37 En revanche, leur qualité de vie, évidemment, est amoindrie et leur espérance de vie est
06:41 diminuée.
06:42 - C'est un rapport de l'ONU Sida qui vient d'être publié.
06:44 Là sûr, on peut mettre fin à l'épidémie du sida d'ici à 2030, comme menace pour
06:49 la santé publique.
06:50 C'est l'expression.
06:51 Mais c'est un choix politique, financier, Christophe Martey, en manque de volontarisme
06:56 politique ?
06:57 - Alors, il faut du volontarisme politique parce qu'on sait bien que ce n'est pas qu'une
07:00 question médicale.
07:01 Il s'agit aussi d'une question de droits humains.
07:03 Il faut permettre aux personnes, aux populations les plus touchées.
07:07 Je parle des personnes LGBT, je parle des gays en particulier, mais je parle aussi des
07:11 travailleurs du sexe, des personnes migrantes.
07:13 En France, si on prend le cas de la France, il faut que ces personnes soient impliquées,
07:18 soient prises en compte et il faut que leurs droits soient reconnus.
07:21 On ne peut pas faire accepter aux gens des mesures de santé s'ils n'ont pas les moyens
07:29 de vivre, s'ils ne sont pas reconnus dans la société.
07:32 - C'est encore facteur de discrimination ?
07:35 - Bien sûr.
07:36 - Encore aujourd'hui ?
07:37 - C'est mon trait du doigt.
07:38 Il y a une image du VIH qui est peut-être un peu ancienne.
07:41 Il faut aujourd'hui annoncer les bonnes nouvelles qui sont qu'effectivement le traitement marche.
07:45 Quand vous avez une vie sexuelle, faites le test.
07:48 Et si on vous annonce une séropositivité, certes ce n'est pas la super bonne nouvelle,
07:53 mais c'est une bonne nouvelle parce que vous savez qu'on peut vous donner un traitement,
07:57 vous savez que vous allez pouvoir vivre avec le VIH et vous savez que vous n'allez plus
08:00 le transmettre.
08:01 C'est important parce que c'est comme ça qu'on va casser les chaînes de transmission.
08:05 - Un tiers des personnes contaminées n'ont pas été dépistées.
08:08 Ça c'est un chiffre de Sida Info Service.
08:10 Comment on fait ? Il y a un problème dans le dépistage, professeur Yazdampana ?
08:13 - Alors oui, il y a un problème dans le dépistage, y compris en France.
08:20 En moyenne, une personne vivant avec le VIH se fait dépister plus de trois ans après
08:25 l'infection.
08:26 - Donc elle a le temps d'avoir progressé.
08:29 - Et voilà, ce n'est pas bien pour lui, ce n'est pas bien pour les autres.
08:32 Et du coup, de nouveau, Christophe l'a dit, l'importance de dépistage, l'importance
08:38 de faire un test.
08:39 Aujourd'hui, on peut aller le faire chez son médecin, on peut aussi aller dans un
08:43 laboratoire et demander un test sans aucune ordonnance, il faut le rappeler.
08:47 Et le dépistage, c'est la base.
08:49 Si vous êtes du coup positif, vous avez un traitement et en plus ça empêche la transmission.
08:55 Si vous êtes négatif et si vous êtes à risque, vous pouvez aussi avoir un traitement
08:59 pour éviter l'infection, c'est la PrEP.
09:02 Donc c'est vraiment la base et il faut le rappeler.
09:04 - La PrEP, c'est la prophylaxie pré-exposition, c'est la pilule préventive pour les personnes
09:10 exposées au VIH.
09:11 Elle est sous-utilisée, Christophe Martin ?
09:14 - En France, les personnes gays ont pas mal accès, on est à peu près à 50 000 personnes
09:19 qui prennent la PrEP aujourd'hui, donc ces gens ne peuvent plus eux-mêmes contracter
09:24 le VIH.
09:25 En revanche, les femmes migrantes, notamment, qui constituent aussi une population très
09:28 vulnérable et très touchée par le VIH en France, elle n'est pas encore assez accessible.
09:32 Mais parce qu'il faut aussi travailler sur des représentations, la sexualité des femmes
09:40 qui est encore assez mal publicisée, on en parle peu, et donc il faut pouvoir aussi faire
09:48 reculer ces discriminations qui touchent les personnes les plus vulnérables.
09:53 - Est-ce qu'avec votre association, vous avez des actions prévues pour développer l'utilisation
09:59 de la PrEP ?
10:00 - Oui, tout à fait.
10:01 Par exemple, on a fait des brochures auprès des médecins généralistes, parce qu'aujourd'hui
10:05 elle peut être prescrite par les médecins généralistes.
10:07 On a fait des brochures en plusieurs langues.
10:09 On essaye de travailler toujours avec les personnes concernées, avec leurs associations.
10:14 Nous, à Paris Sans Sida, le but, c'est pas de dire "on a la solution", c'est de dire
10:18 "on va la trouver ensemble".
10:20 C'est un petit peu ce qui nous a manqué dans le Covid, c'est de faire travailler la société
10:24 civile et d'aller vers et de faire travailler les communautés les plus concernées.
10:28 Nous, ce qu'on fait, c'est de travailler avec ces communautés pour les inclure.
10:33 On est en 1983, et en 1983, il y avait cet appel des personnes vivant avec le VIH qui
10:41 disaient "jamais rien pour nous sans nous".
10:43 Mais voilà, c'est inclure toutes les personnes, c'est inclure toutes les communautés pour
10:47 qu'elles puissent s'accaparer ces outils de prévention, comme l'a dit Yazdan, qui
10:51 aujourd'hui existent et qui marchent.
10:53 Mais dans le dépistage, c'est Paris Sans Sida qui a mis en place ce labo sans ordre
10:56 d'eau et qui maintenant est dans toute la France.
10:59 Vous parliez du Covid à l'instant, il a quand même ralenti, le dépistage du VIH.
11:05 Alors effectivement, il y a eu, surtout en 2020 et début 2021, compte tenu des confinements
11:16 etc. et le fait que le système de santé était surchargé, une diminution des dépistages.
11:23 D'ailleurs, ce n'est pas que le VIH, c'est pour l'ensemble probablement des maladies
11:28 chroniques.
11:29 Mais on a rattrapé le taux de dépistage maintenant et vraiment c'est important.
11:32 Encore une fois, on a les outils.
11:34 Il faut juste, et pour ça, pour qu'on puisse les utiliser, pour que les personnes puissent
11:41 les utiliser, le travail entre les chercheurs, le décideur, le communautaire et le patient,
11:49 c'est très important.
11:50 C'est comme ça qu'on a travaillé pendant des années la NRS avec les associations et
11:56 les communautés.
11:57 Christophe l'a dit, Paris Sans Sida et la NRS, ils ont l'expérience de labo sans
12:01 ordonnance qui est une avancée majeure.
12:04 Ils l'ont fait ensemble et c'est vraiment maintenant, il faut qu'on travaille tous
12:07 pour essayer d'implémenter les outils qu'on a déjà.
12:10 Christophe Martey, vous confirmez que aller au labo sans ordo, ça fonctionne ?
12:15 Oui, ça fonctionne.
12:16 On a vu qu'à Paris, dans cette étude qui avait été menée aussi avec la NRS, ce qu'on
12:19 veut c'est faire des actions qui soient basées sur la science, qui soient basées sur des
12:22 choses vérifiées.
12:23 Et on a constaté, c'est France Lertin, la présidente de Paris Sans Sida, la première
12:28 présidente que je veux saluer, parce qu'elle avait fait un rapport extrêmement fourni
12:31 sur cette question.
12:32 Ça a montré qu'il y avait 8% de plus de dépistage à Paris et notamment sur des personnes
12:39 éloignées du dépistage, notamment des hommes hétérosexuels.
12:41 Donc on voit l'intérêt de ce labo sans ordo.
12:44 Simplement, il faut mieux faire connaître ces opérations.
12:47 On vous remercie justement de nous inviter parce qu'elles ne sont pas suffisamment connues.
12:50 Parler du Covid à l'instant m'amène à cette question.
12:54 Professeur, est-ce qu'on peut attendre bientôt un vaccin ? On sait qu'il a été développé
12:59 très vite pour le Covid.
13:00 Pour le VIH, on l'attend toujours ?
13:02 Oui, alors la première chose, c'est que le virus de VIH, ce n'est pas le virus de
13:07 Covid, ce n'est pas simplement un hasard ou ce n'est pas simplement parce qu'on a
13:12 mis plus de moyens sur Covid qu'on a trouvé le vaccin pour le Covid si rapidement.
13:17 Le virus de VIH, c'est un virus très variable qui change très rapidement avec le temps
13:23 et malheureusement, effectivement, on tarde.
13:27 Ce qui s'est passé autour de Covid va quand même aider.
13:31 Notamment les travaux sur la RN ?
13:33 Notamment la RN messager, mais ce n'est pas parce qu'on a eu un vaccin RN pour Covid
13:39 qu'on aura, mais ça va quand même impacter.
13:41 En France, il y a les chercheurs de l'Inserm et l'Université de Crétev et Eric qui sont
13:48 un vaccin qui a des phases précoces, mais il y a de la recherche autour de ça.
13:53 Il ne faut pas lâcher, mais c'est vrai qu'on est à des phases précoces.
13:58 Encore une fois, le vaccin c'est important, on va continuer à travailler, mais on a les
14:03 moyens aujourd'hui pour faire beaucoup plus.
14:05 On a une question sur l'appli France Inter de CELI qui nous demande si la recherche sur
14:10 les traitements actuels se concentre sur tous les variants du VIH ?
14:14 Oui, oui.
14:15 Aujourd'hui, je pense que c'est bien parce qu'avec le Covid, la population connaît
14:23 beaucoup plus sur la possibilité que les virus y aient des variants.
14:26 Mais là, le traitement actuel, les traitements standards qu'on a, marchent sur l'ensemble
14:34 des variants, à quelques exceptions près, mais qui sont rares.
14:39 Et on ne l'a pas dit, il faut dire aussi qu'il y a des traitements simples à prendre
14:44 une fois par jour, mais aussi il y a des traitements maintenant à durée longue.
14:49 On peut faire des injections tous les deux mois et ne pas prendre des comprimés tous
14:56 les jours.
14:57 Et ça va même aller en s'améliorant probablement bientôt tous les six mois.
15:02 Et donc les avancées sur le traitement sont majeures.
15:04 Question pratique, on parlait de la PrEP tout à l'heure, Emmanuel nous demande si c'est
15:08 un traitement qui est remboursé par la Sécurité Sociale.
15:10 Oui, tout est pris en charge.
15:11 Et l'intérêt de ce traitement, c'est que tous les trois mois, vous allez faire des
15:14 tests de dépistage des IST, du VIH, dont vous êtes aussi dans une forme de suivi qui
15:19 est très intéressante.
15:20 Et tout ça est gratuit.
15:21 Bien sûr, on s'est battu pour que ce soit gratuit.
15:23 Alors, l'enjeu est important en France, évidemment, il l'est aussi en Afrique.
15:28 Je le disais tout à l'heure, c'est en Afrique subsaharienne que vivent 65% des personnes
15:33 séropositives.
15:34 Et ce qui freine les progrès là-bas, c'est le financement.
15:39 Et Christophe Martey, c'est aussi la criminalisation encore des personnes qui vivent avec le VIH
15:46 ou exposées à un risque de contamination.
15:47 Ça existe encore ?
15:48 Bien sûr.
15:49 En ce que je disais tout à l'heure, les droits humains sont...
15:51 Pour se battre contre le VIH, il faut se battre pour les droits humains.
15:54 Et bien sûr qu'il y a toujours des pays où les personnes séropositives sont discriminées.
16:01 Mais ça va aussi dans le sens...
16:03 La difficulté qu'on a, c'est par rapport notamment en Afrique, mais pas seulement.
16:08 Je pense aussi en Russie.
16:09 Quand vous avez une loi contre la propagande homosexuelle, comment vous faites pour parler
16:13 du VIH chez les personnes homosexuelles ?
16:16 Donc il faut aussi lutter contre ces lois scélérates et qui discriminent les personnes
16:23 qui sont vulnérables.
16:24 Vous êtes d'accord.
16:25 Oui.
16:26 Il y a aussi, parce que Christophe a fait allusion à l'Europe de l'Est, dans les régions
16:34 où l'épidémie avance, il y a l'Europe de l'Est et l'Asie centrale.
16:38 Parce que justement, il n'y a pas cette volonté politique.
16:43 Parce qu'il y a la guerre probablement.
16:45 Et donc ça c'est aussi très important.
16:47 On parle beaucoup d'Afrique, d'Asie, de Sud-Est, mais il y a aussi l'Europe de l'Est.
16:51 Et je pense qu'il ne faut pas l'oublier.
16:53 Ce ne sont pas les mêmes chiffres, mais l'épidémie progresse.
16:55 Et vous pensez que cela vient aussi en partie de la criminalisation des personnes transgenres
17:01 par exemple ?
17:02 Absolument.
17:03 Alors Christophe peut beaucoup moins parler de ça, mais oui, ça fait partie des choses
17:06 très importantes.
17:07 Mais ce qu'il faut dire, c'est que dans des pays d'Afrique, justement, on atteint les
17:10 fameux 3,95.
17:11 Donc 95% des personnes dépistées, 95% en traitement, 95% en charge virale indétectable.
17:18 Et il y a des pays, je ne les ai pas tous en tête, mais en tout cas je peux parler
17:21 du Botswana notamment, qui ont atteint ces objectifs-là.
17:24 Donc c'est possible.
17:25 On ne parle pas encore du...
17:27 Encore une fois, on n'est plus du tout dans la même période où on se disait "mais qu'est-ce
17:29 qu'on peut faire parce qu'on n'a pas de traitement, on ne sait pas vraiment comment travailler
17:35 avec les personnes, etc."
17:36 Aujourd'hui, on a tous les outils et on a les moyens de se battre.
17:40 Donc il faut montrer aussi ces exemples, ces bonnes nouvelles, si je puis dire, pour que
17:46 les personnes ne se disent pas "on est dans un truc fatalité, on avait un peu cette image
17:49 du sida fatal, etc."
17:51 Non, aujourd'hui, on sait justement le contraire.
17:54 Et moi, évidemment, mon espoir, c'est ça, c'est de me dire "en tant que personne de
17:57 séropos, je suis arrivé à Paris en 82, j'ai fait le test 185, pour moi Paris, c'est
18:04 une ville qui est effectivement marquée par le VIH, c'est la ville qui a eu le plus de
18:07 cas de sida dans toute l'Europe, dans toutes les villes européennes.
18:12 Si on peut atteindre cet objectif en 2030 de se dire "il n'y aura pas l'épidémie,
18:16 c'est vraiment sous contrôle", c'est formidable.
18:19 Qu'est-ce qui a changé, diriez-vous, dans la vie avec le VIH aujourd'hui, en 2023,
18:25 par rapport à 83 ?
18:26 Parce qu'il y a un traitement, parce que les personnes justement atteintes se sont
18:33 investies, ont montré que par leurs témoignages, par leur combat, c'est quand même une des
18:39 rares maladies où c'est le combat des malades eux-mêmes qui a permis des avancées.
18:44 Je rappelle souvent que les droits des patients hospitalisés à l'hôpital, c'est un combat
18:50 qui a été mené à l'époque.
18:52 Parce que moi, quand vous alliez à l'hôpital à l'époque, vous étiez infantilisé dans
18:54 les années 80-90.
18:56 On vous disait "nous, on sait ce qu'on doit faire, vous n'avez rien à demander".
19:01 Les droits des patients hospitalisés, c'est aujourd'hui quand vous allez à l'hôpital,
19:03 vous avez une petite brochure qui vous donne vos droits et vos devoirs.
19:07 Mais ça c'est très important pour tous les malades.
19:09 Le fait qu'on ne puisse plus expulser des personnes malades, quelle que soit leur pathologie,
19:13 ça aussi c'est un acquis des luttes contre le sida.
19:17 Annie nous envoie ce message sur l'appli de France Inter.
19:19 Elle nous le dit qu'elle a lu le livre "Les enfants endormis" que vous connaissez sûrement
19:23 d'Anthony Passeron.
19:25 Très touchée par ce livre très documenté, écrit-elle, elle trouve qu'en France, on
19:29 a baissé la garde sur la prévention du sida et que ce sont les malades qui font bouger
19:34 les choses.
19:35 Est-ce que c'est votre avis aussi, monsieur ?
19:37 En tout cas, je sais que la DRS est hyper mobilisée.
19:41 Ce qu'il faut c'est que les personnes séropositives, en tout cas moi c'est ce que je veux faire,
19:46 c'est de… On est là en fait.
19:48 Il y a quand même des dizaines, des centaines, des cent cinquante mille, des cent soixante
19:52 dix mille personnes séropositives en France.
19:54 Le combat n'est pas terminé.
19:55 Il faut qu'on le mène ensemble mais c'est clair qu'il est aujourd'hui plus difficile
20:02 d'en parler parce qu'il y a encore des discriminations.
20:05 Moi j'ai la chance de vivre à Paris, d'être dans un milieu, dans le milieu de la vie associative
20:12 donc c'est plus facile d'en parler.
20:14 J'ai des soutiens, j'ai une équipe formidable.
20:16 C'est vrai que ça aide mais quand vous êtes isolé, vous avez peut-être moins de possibilités
20:22 d'en parler.
20:23 Les éditeurs sont assez actifs sur l'appli France Inter en ce moment et vous parlez de
20:28 Paris.
20:29 Virginie s'interroge et se demande s'il n'y a pas une inégalité entre Paris et
20:32 le reste de la France.
20:33 Professeur Yass Dampana, je vous vois caissé.
20:34 Probablement, oui.
20:35 Probablement il y a un certain nombre de régions où pour se faire dépister, etc., on a moins
20:45 de moyens dans les zones rurales qu'à Paris.
20:49 Là aussi il y a des problèmes.
20:52 C'est à Paris que l'épidémie est la plus importante en France.
20:55 En Ile-de-France, en Seine-Saint-Denis.
20:57 Parce que j'ai parlé de Paris mais il se trouve que le programme qu'on mène c'est
21:00 vers Paris et la Seine-Saint-Denis sans sida.
21:04 Vers Paris sans sida mais avec la Seine-Saint-Denis.
21:06 C'est vrai qu'il faut parler de l'Ile-de-France.
21:08 Professeur Yass Dampana, vous partez juste après un pour Brisbane en Australie.
21:14 C'est là que s'ouvre la conférence de la Société Internationale du Sida qui s'ouvre
21:18 dimanche.
21:19 L'équipe qui a soigné le patient de Genève présentera ses travaux.
21:23 L'Institut Pasteur, on ne l'a pas dit, mais il a participé.
21:26 Est-ce qu'on peut espérer d'autres annonces, d'autres avancées ?
21:29 On va voir.
21:31 C'est le lieu où l'ensemble des avancées scientifiques sont discutées.
21:37 Il y a effectivement le patient de Genève avec nos collègues de Genève avec qui on
21:40 travaille beaucoup, notamment Alexandre Acalmi et nos collègues d'Institut Pasteur et
21:46 d'autres nouvelles j'espère.
21:47 On va rester sur ces notes positives.
21:49 Merci beaucoup messieurs, professeur Yass Dampana qui est venu nous voir sur le plateau
21:54 de France Inter et Christophe Marté, le président de l'association Vers Paris sans Sida.
21:59 Merci beaucoup d'avoir été les invités de France Inter.

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