Dans son édito du 21/07/2023, Agnès Verdier-Molinié revient sur le coût des arrêts maladie dans le privé et dans le public.
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00:00 Et nous sommes donc avec Agnès Verdier-Molinier, directrice de l'IFRAP.
00:03 Ça fait partie des réformes que va mener le nouveau gouvernement dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024,
00:09 qui sera discutée à la rentrée à l'Assemblée.
00:11 Faire des économies sur les arrêts maladie, il semblerait que ce soit une bonne nouvelle.
00:16 Oui, Anthony, sur le papier, on peut dire que c'est une bonne nouvelle,
00:19 mais le diable se cache souvent dans les détails parce que finalement,
00:22 les arrêts maladie qui coûtent 15 milliards d'euros à la Sécurité sociale, c'est clair, c'est trop cher.
00:26 Il y a trop d'arrêts de complaisance, mais en réalité, c'est une vision totalement hémiplégique.
00:31 Pourquoi hémiplégique ?
00:32 Hémiplégique parce qu'on parle de 15 milliards d'arrêts maladie de coûts pour le privé, mais on ne parle pas du public.
00:38 Donc 15 milliards, c'est pour 17 millions de travailleurs du privé,
00:42 alors que c'est 12 milliards pour le coût de l'absentéisme dans le public par an.
00:46 Et que si jamais on avait le même coût d'absentéisme pour le privé, pour le public que pour le privé,
00:52 eh bien, ça ferait 7 milliards de moins par an.
00:54 Ça ne ferait que 5 milliards. Et donc, on voit bien que les arrêts des agents publics,
01:00 ils passent sous les radars parce qu'ils ne passent pas dans les comptes de la Sécu.
01:04 Et le gouvernement n'y pense même pas parce que ça ne fait pas partie des indemnités journalières
01:08 de Sécurité sociale versées par la Sécurité sociale.
01:11 Et pourquoi les arrêts maladie des agents publics ne sont-ils pas comptés dans les indemnités journalières
01:16 versées par la Sécurité sociale ?
01:17 Parce que les arrêts maladie du public, en fait, ils sont pris en charge en auto-assurance
01:22 par les employeurs du public. Ils ne cotisent pas la Sécu pour ça.
01:26 Et en clair, les employeurs paient normalement les salaires et les indemnités n'existent pas.
01:32 Donc, on n'a pas ça dans les comptes de la Sécurité sociale.
01:34 Et donc, on n'a pas de baisse de salaire ?
01:36 Alors, pendant les trois premiers mois, il n'y a pas de changement de rémunération
01:39 pour les fonctionnaires d'État ou de la territoriale.
01:42 En revanche, il y a quand même un jour de carence qui est appliqué,
01:45 alors qu'on sait que dans le privé, c'est trois jours de carence.
01:49 Et le gouvernement veut augmenter le nombre de ces jours de carence
01:51 pour faire des économies sur les arrêts maladie, justement.
01:53 Oui, mais ils veulent faire que pour le privé en augmentant à sept jours de carence,
01:56 alors que dans le public, ils ne parlent absolument pas d'augmenter le nombre de jours de carence
02:00 et qu'on pourrait rester à un jour de carence dans le public
02:03 et passer à sept jours de carence dans le privé.
02:05 Alors, ce n'est pas tout à fait juste d'une certaine manière.
02:09 Et on peut se dire aussi qu'il y a beaucoup de petites entreprises
02:11 qui ne pourront pas les prendre en charge.
02:13 Donc, finalement, la CPEME avait fait une proposition qui était de dire
02:17 deux jours de carence pour tout le monde, pas pris en charge.
02:20 Mais là, on peut se poser la question, est-ce que le même gouvernement
02:24 qui veut augmenter à sept jours de carence dans le privé
02:27 serait capable de passer à deux jours de carence dans le public ?
02:30 Rien n'est moins sûr.
02:31 Agnès Verdier-Mollinier pour l'édito.
02:34 Agnès Verdier-Mollinier, directrice de l'IFRAP.
02:36 Merci à vous pour cet édito.
02:38 [Musique]
02:41 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]