• l’année dernière
On le surnomme le Serpent. Son histoire, effarante, a fait l’objet d’une série à succès sur la BBC puis Netflix. Condamné pour deux meurtres commis dans les années 70, le Français Charles Sobhraj a été libéré de prison en décembre 2022 après avoir passé plus de 40 ans derrière les barreaux en Inde ou au Népal. Nous avons confronté les récits glaçants qu’il nous a livrés aux témoignages de plusieurs de ses anciennes victimes. Elles racontent comment elles sont parvenues à échapper au venin du Serpent. Une série en trois épisodes signée Pauline Revenaz, Etienne Grelet, Alexandre Funel et Philippe Orlinski.

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Transcription
00:00 - Il se passait des choses bizarres, oui, que tous les gens qui passaient par cet appartement tombaient malades.
00:04 Je lui ai dit d'ailleurs, un jour tu leur jettes un sort ou quoi.
00:06 Tous ces gens qui passent, ils tombent malades.
00:08 Il m'a dit oui, mais tu sais, s'ils mangent n'importe quoi dans la rue, ils font pas attention.
00:13 Donc ils tombent malades.
00:15 Il avait toujours réponse à tout.
00:17 Dominique Renauld Lowe, lui, est toujours hébergé ou plutôt retenu par Charles Saubrage.
00:28 Il se pose aussi des questions, car dans cet appartement de Canit House,
00:31 Dominique croise plusieurs personnes qu'il ne reverra jamais.
00:35 - Première, c'est Teresa Nolton, une associatée américaine, très, très, très vivante, marrante, gentille et tout.
00:41 Teresa qui s'en va, donc après le lendemain, normalement à Kathmandu.
00:49 On passait la soirée avec elle.
00:55 On est une petite dizaine dans l'appartement.
00:58 Alors, c'est vrai qu'en plus, elle était toujours à côté de moi.
01:01 Elle dit j'ai jamais fait l'amour avec un Français.
01:03 Très gentille, mais en fait, bon, elle s'est un petit peu énervée.
01:10 Elle a peut être un petit peu bu ce soir là, mais en plus, mais bon, je pense qu'elle a eu droit aussi à sa dose.
01:14 Et donc, à un moment donné, en fin de soirée, Saubrage dit à Teresa, on va continuer la soirée, on va aller faire la fête dans un bar.
01:23 Moi, je dis, je vais aller avec vous.
01:26 Il me dit non, tu dois te rester là.
01:28 Je vais avec Adjaye et puis Teresa.
01:30 Adjaye Choudhury, c'est l'homme de confiance de Charles Saubrage.
01:36 Un Indien qu'il a recruté pour lui ramener des clients et qui devient son assistant.
01:56 L'an dernier matin, quand ils reviennent, je leur demande avec Teresa hier soir, ça s'est bien passé.
02:00 Elle est où? On est à la Pataillard, pas très loin de Bangkok, enfin, il y a un petit peu de route quand même.
02:05 On est à la Pataillard et puis elle a voulu rester là bas.
02:08 Donc, elle est restée là bas.
02:09 Bon, je trouve ça un peu bizarre.
02:13 Enfin bon, OK.
02:14 Autre disparition inquiétante, un couple de jeunes routards, des Hollandais.
02:26 Cornelia Emker et Henricus Bintanja.
02:29 Charles Saubrage les a invités à passer quelques jours chez lui à Canitaus.
02:34 Nadine se souvient de les avoir croisés et de cette inquiétude pour eux.
02:39 - Les deux Hollandais n'étaient pas malades quand je les ai vus.
02:42 Je pense qu'ils venaient d'arriver.
02:43 Mais le lendemain, je suis monté et j'étais à discuter avec Monique et j'ai entendu des grognements, des plaintifs.
02:50 Et je dis qu'est ce qui se passe?
02:53 C'est les Hollandais, ils sont malades.
02:55 C'est dans la chambre à côté.
02:56 - Saubrage nous explique qu'on n'a pas accès à leur chambre, qu'on ne peut pas aller dans leur chambre parce qu'ils sont fatigués, ils sont malades.
03:03 Il ne faut pas rentrer, il ne faut pas...
03:04 Ça dure, je dirais deux jours, pas plus.
03:09 Oui, pas plus.
03:10 Et deux jours plus tard, ils ne sont plus là.
03:20 En lieu et place des Hollandais, Dominique Renolau découvre des éléments inquiétants.
03:25 Comme si Charles Saubrage voulait le prendre à témoin.
03:28 - Je rentre le matin et sur le réfrigérateur, il y a un tuyau à gaz qui est là.
03:33 Bizarre. J'approche du tuyau à gaz, il sent l'essence.
03:38 Je fais la remarque et Saubrage me dit non, là, ça, c'est pour jeter.
03:48 Sur le fauteuil ou sur le canapé, je ne sais pas si c'est le fauteuil, il y a le pantalon de Saubrage qui est étendu, couvert de boue.
03:54 Ce qui n'arrive jamais.
03:56 Et là, il fait attention que je vois bien son pantalon.
04:01 Une fois que je l'ai vu, il me dit ça, il va falloir qu'on le fasse nettoyer.
04:05 Ça perturbait, c'est bizarre quand même.
04:09 Et je demande où sont les Hollandais.
04:11 Ah oui, c'est parti.
04:12 C'est parti.
04:17 Vous, vous vous méfiez moins?
04:18 Oui, absolument.
04:20 J'avais 22 ans.
04:22 On est naïf.
04:26 Naïf, on ne peut pas imaginer des choses qui sont inimaginables.
04:32 Et pourtant, quelques semaines plus tard, Dominique Renaulo croit voir sa dernière heure arriver quand Charles Saubrage, allié à Salin Gauthier, le convoque.
04:45 - À minuit, ça frappe à la porte et c'est Adjaye, je suis Adjaye, on ouvre.
04:49 Elle dit, il y a Alain qui veut vous voir.
04:54 Maintenant, oui, oui, oui, on va se faire un tour, Adjaye, de toute façon, on n'a pas trop le choix avec Adjaye, c'est ça où tu t'en prends une.
05:01 La mise en scène est soignée.
05:05 - Dans le hall de l'entrée, il fait très, très sombre.
05:10 Il a mis une petite table avec une bougie, avec une paire de menottes, avec un couteau.
05:15 Il est assis là.
05:16 Il me dit, assis toi.
05:19 Je m'assois, sauf qu'Adjaye se met derrière et ça, par contre, c'est compliqué.
05:24 Il me dit, Dominique, écoute, on va discuter parce que si tu veux, je te laisse rentrer en France.
05:29 Si tu rentres en France, tu vas raconter là bas à tout le monde ce qui se passe ici.
05:32 Et ça, je ne peux pas, je ne peux pas te laisser faire.
05:39 Je dis, écoute, non, je n'en ai rien à foutre.
05:40 Ce que tu fais là, c'est ton problème.
05:42 Moi, je rentre en France, ce que je veux, c'est rentrer en France et je t'oublie.
05:45 Je ne parle pas de toi, je t'oublie.
05:46 Mais Dominique, je ne peux pas te croire.
05:48 Je ne te crois pas.
05:49 Non, c'était pour moi, tu étais un ami et je ne peux pas te laisser partir.
05:52 Je t'assure, ça m'est égal, ce que tu fais là.
05:56 Non, moi, je veux rentrer, c'est tout.
05:58 Non, écoute, Dominique, non, je ne te laisse pas partir.
06:01 Tu peux redescendre.
06:07 Condamné à rester dans les griffes de cet homme qui lui a confisqué son passeport et tout son argent.
06:12 Dominique Renolau est désemparé.
06:15 - La seule différence entre des gens qui sont pris en otage et qui sont renfermés, c'est que nous, on n'est pas renfermés.
06:20 On peut sortir la journée.
06:22 C'est la seule différence.
06:24 Mais autrement, le résultat est le même.
06:28 Mais comme on n'a pas d'argent, pas de passeport, qu'est ce qu'on peut faire?

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