Les secrets du grand banditisme en France dévoilés par un ancien commissaire du légendaire 36 Quai des Orfèvres.
Dans cette vidéo exclusive, nous plongeons au cœur des affaires les plus sombres et les plus intrigantes du grand banditisme français à travers le regard unique de Claude Cancès, ancien commissaire et figure emblématique de la Police Judiciaire de Paris. Avec plus de 40 ans de carrière, il a été au premier plan des enquêtes qui ont marqué l’histoire criminelle de la France, du proxénétisme à Pigalle jusqu’aux grandes affaires de braquage et de trafic.
Découvrez des anecdotes inédites sur des affaires qui ont défrayé la chronique, les stratégies employées pour traquer les criminels les plus redoutés, ainsi que les coulisses du 36 Quai des Orfèvres, ce lieu mythique de la police parisienne.
Au programme :
L’évolution du grand banditisme en France, de l’après-guerre à nos jours.
Des témoignages inédits sur les méthodes d’investigation à l’époque.
Le quotidien des policiers au service de la Crim’ et les défis rencontrés.
Comment les bandits de légende ont été neutralisés.
Les dilemmes et décisions cruciales au cœur des négociations lors de prises d’otages ou d’enlèvements.
Si vous êtes passionné par les enquêtes criminelles, l’histoire de la police ou simplement curieux de connaître les réalités derrière les faits divers, cette vidéo est pour vous.
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Qui est Claude Cancès ?
Claude Cancès a passé toute sa carrière dans l’un des services les plus redoutés et respectés de la Police Judiciaire française. De jeune inspecteur à chef du 36 Quai des Orfèvres, il a joué un rôle clé dans de nombreuses affaires qui ont marqué l’histoire criminelle de la France. Aujourd’hui, il partage son expérience et ses souvenirs avec une transparence rarement vue, nous offrant une immersion unique dans le milieu du crime organisé.
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Des témoignages inédits sur les méthodes d’investigation à l’époque.
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AmusantTranscription
00:00Je m'appelle Claude Francis, j'ai toute ma carrière au 36 quai des Enfers.
00:07J'ai dirigé cette maison alors que j'avais débuté comme dernier roue du carrossage.
00:13Mon service militaire m'a remis un petit peu du plomb dans l'aile.
00:16Je reviens en France, le rectorat me trouve une place de pion et en sortant du collège,
00:24je découvre sur la mairie de Beaucaire une grande affiche tricolore.
00:31La préfecture de Boulogne recrute des bacheliers.
00:34Il fallait que je bosse et puis je me suis dit on va tenter le coup.
00:38Je suis tombé dans l'anomalie du 36 quai des Enfers le 2 mai 1963 pour ne plus jamais en ressortir.
00:47Ma première affectation au 36 quai des Enfers, ce n'est pas au 36,
00:51c'est un service localisé qu'on appelait la brigade territoriale qui avait compétence sur Pigalle.
00:56Trois mois après, je suis affecté à la brigade mondaine.
01:00Le patron de la brigade mondaine était un type remarquable, très sérieux, très compétent.
01:05Il voulait mettre un petit peu de son oeuvre dans son service et il a recruté 3-4 jeunes qui venaient d'arriver.
01:12Il est cranché là les marches du 36 quai des Enfers pour arriver par la Créminelle à la Mondaine.
01:21La Mondaine qui était à l'étage de la direction, au deuxième étage.
01:25Le cœur battant.
01:27Et puis j'ai eu la chance, j'ai eu beaucoup de chance dans ma vie, il en faut,
01:30d'être pris sous l'aile protectrice de 2-3 flics.
01:36Trois !
01:37Qui tout de suite m'ont dit attention l'homme, tu ne vas pas sortir avec un tête,
01:40tu vas ressortir si t'amènes son toit, il ne faut pas dire que c'était un bois.
01:43Et voilà.
01:44Donc je suis resté 9 ans dans la brigade mondaine, alors là c'était l'école de laving.
01:47C'était un monde assez fascinant.
01:49Et puis pour les flics, on avait des indicateurs, on travaillait essentiellement bien sûr sur le proxénétisme,
01:57parce que la prostitution c'était quelque chose.
01:59Mais il y avait ce qu'on appelait des condés, des prostituées ou des macoros,
02:04qui étaient autorisés, un moyen d'échange.
02:08Ils nous donnaient d'autres voyous, des braqueurs qu'on arrêtait.
02:12On appelait la mondaine, qui s'appelait auparavant la brigade des mœurs,
02:17tout simplement parce qu'eux ont fréquenté le milieu des mondanités si je puis dire.
02:25A l'époque, lorsque j'étais jeune inspecteur à la mondaine,
02:29on assurait des soirées en smoking ou en habit,
02:33je peux vous dire que pour porter le flingue avec l'habit, c'est quelque chose.
02:37Il y avait des soirées notamment au cirque d'hiver, la soirée des artistes,
02:43qui étaient des mondanités extraordinaires.
02:46On était là pour la protection.
02:48On assurait même au pavillon d'Amman en vigne des fêtes organisées par des ministres ou des personnalités.
02:56Ce qui est curieux d'ailleurs, puisqu'on parle de la mondaine,
02:59on pouvait passer du port de l'habit au smoking à la tenue de clochard pour donner un condominium au stupe.
03:05Je me souviens, je parle de clochard parce que je me suis déguisé un jour en clochard
03:08du côté de la place des abbesses pour filocher des trafiquants de stupéfiants.
03:14A mon époque, le grand banditisme était bien structuré.
03:18On l'y connaissait tous.
03:20La fine fleur du banditisme français était fichée.
03:24Lorsqu'il y avait un règlement de compte, neuf fois sur dix, on savait qui avait tué qui.
03:31Le problème, c'était pour le prouver, ce n'était pas toujours facile.
03:34Il y avait une espèce d'école du banditisme.
03:37Le voyou commençait par les petits casses.
03:40Après, il montait au braquage.
03:42Puis après, on basculait dans le trafic de stupe.
03:46Dans cette école du crime, on apprenait à se servir des normes.
03:49Maintenant, cette jeune délinquance qu'on appelle la délinquance des voyous,
03:53qui monte avec des kalachnikovs sur des braquages,
03:56sans même savoir qu'on est en fonctionnement de l'arme,
04:01il arrive et puis il se tue.
04:03Après ces quatre ans à la brigade criminelle,
04:05on propose un poste au cabinet du directeur général chargé de mission.
04:08J'ai hésité parce que je quittais le terrain.
04:13Je savais que pendant quelque temps je quittais le terrain.
04:15Mais d'un autre côté, mon patron Pierre Tavelli,
04:17qui était très proche de lui,
04:19il m'a dit « Écoutez, il ne faut pas hésiter.
04:23Vous allez découvrir un autre monde, la police nationale. »
04:30J'étais chargé des relations avec la préfecture de police
04:33et les relations avec les policiers européens en matière de terrorisme.
04:38Dieu soit loué pour moi, l'Europe, c'était neuf filles.
04:41Au bout de trois ans, on me propose un poste de chef adjoint à la brigade criminelle.
04:45Je suis l'adjoint de Jacques Gential,
04:48qui était un ami d'enfance puisqu'on s'était connu en ampollier.
04:52Et là, j'ai vécu une année particulière.
04:56Pourquoi ? Parce que vous savez le rêve de tout flic de 36,
05:02quand il connaît un petit peu la brigade criminelle,
05:04ce n'est pas d'être le pachin, le directeur d'armes judiciaires,
05:06c'est d'être le patron de la crime, le maigré.
05:09Je l'ai été une fois, un mois, au mois d'août 82,
05:13parce que mon patron était en vacances.
05:15On a pris la figure.
05:18Des attentats presque tout au dénu.
05:20Les Corses, les Basques, les Palestiniens.
05:23Action directe.
05:25On a passé notre vie au 36.
05:29Que des enfers.
05:31Durant mon passage à la criminelle, dans les années entre 75 et 79,
05:37nous avons eu à connaître une série d'enlèvements,
05:40dont celle du Beron Rempens,
05:42qui est certainement restée dans les annales la plus connue.
05:46Pierre Ottavioli, patron de la crime, s'est rendu compte tout de suite
05:51que si on cédait aux malfaiteurs,
05:55nous allions connaître ce que connaissaient nos collègues italiens à l'époque.
05:59L'enlèvement avec demande de rançon était devenu une industrie.
06:04Les rançons étaient payées souvent par les familles
06:09à l'insu de la police.
06:11Et une fois sur deux,
06:13on découvrait, non seulement les rançons étaient versées,
06:16mais on découvrait un cadavre.
06:18Et Pierre Ottavioli a été très intelligemment,
06:21a réussi à persuader sa hiérarchie administrative,
06:25donc le ministre de l'Intérieur,
06:27et judiciaire, le procureur de la République,
06:29qu'il ne fallait pas céder.
06:30Donc on a dit, on ne payait pas.
06:33Et, en janvier 78,
06:35avec le premier message
06:37que les ramisseurs nous incitent à aller chercher
06:40dans une consigne à gardien,
06:42on trouve leur message
06:44et le petit auriculaire gauche du droit du baron Empin.
06:47Alors là, c'est une scène que je ne suis pas prêt d'oublier.
06:51J'étais souvent le commissaire à la criminelle,
06:53et on se dit, comment on va agir au patron ?
06:56Et il dit, on ne cèdera pas.
06:59Et on n'a pas cédé.
07:01L'enlèvement a duré trois mois.
07:04Il y a eu une intervention,
07:06au moment de la tentative de remise de rançon
07:08sur l'autoroute du Sud,
07:10au cours duquel un des voyous a été tué,
07:12et où on a eu deux inspecteurs blessés.
07:14Et depuis cette époque-là,
07:16la fine fleur du banditisme français
07:19a compris que ce n'était pas la peine
07:22de persévérer dans ce genre d'action,
07:24c'était tout.
07:25Alors ils se sont reconvertis dans la drogue,
07:28les trafics financiers, etc.
07:30Je suis très fier de ma première enquête à la criminelle,
07:33parce que c'était un jeune
07:36qui avait tué sa voisine
07:38dans une rue à proximité de l'Etoile,
07:41dans une chambre de bonne,
07:43et qui était interrogé toute la journée
07:46par mes collaborateurs.
07:48Et en fin de soirée, le chef du groupe me dit,
07:51tu sais, on n'avance pas,
07:53si tu es d'accord, on va faire une pause,
07:56on va lui amener un sandwich,
07:58chez nous on va manger un petit morceau en face,
08:00tu viens avec nous ?
08:01J'ai dit oui, mais avant je ne l'avais pas vu encore,
08:03je vais le voir.
08:04Tous les inspecteurs l'avaient tutoyé,
08:06ce que j'ai fait toute ma vie.
08:07Voyons, on tutoie, on se laisse tutoyer.
08:09Et là je ne sais pas pourquoi,
08:11le chef du groupe me présente un petit peu,
08:13d'une manière assez cérémoniale,
08:15et je me tourne vers ce suspect,
08:18et je lui dis, on va vous laisser vous reposer,
08:21même vous ne nous avez pas dit toute la vérité,
08:24je suis sûr qu'après vous être reposé,
08:26vous nous direz la vérité.
08:28Ah oui, vous me laissez me reposer monsieur le commissaire,
08:30je vous dirai toute la vérité.
08:32Oulala, tout de suite,
08:34on descend un étage dans mon bureau,
08:36et en tête à tête, je lui dis, allez-y maintenant,
08:38il faut vous mettre à table.
08:40La question qu'il me pose est très simple,
08:42il me dit, si c'est moi qui avais assassiné madame Tanguy,
08:45elle s'appelait madame Tanguy,
08:47pas assassinée, tuée,
08:49parce qu'il n'y avait pas de réhabilitation je pense,
08:51et il me dit, qu'est-ce que je risque ?
08:53Et je lui réponds avec beaucoup de franchise,
08:55je ne suis pas un jury d'assises,
08:57mais je pense qu'à travers ce qu'on connaît du dossier des constatations,
09:02tu pourras éventuellement bénéficier des circonstances atténuantes.
09:06Et il a voué.
09:08Et en début 1993,
09:11je suis nommé directeur du 36 qui les a refait.
09:15J'étais le patron de cette maison,
09:17donc je le répète, j'avais débuté le dernier rouleau de carrosse,
09:20et j'étais le grand patron.
09:22Et là j'ai vécu pendant trois ans,
09:25encore une période extraordinaire.
09:27L'affaire qui m'a le plus marqué,
09:29c'est l'affaire Yumonbon,
09:31la prise d'otage dans une école maternelle de Neuilly.
09:349 heures du matin, au mois de mai 1993,
09:38un individu cagoulé,
09:40porteur d'un casque, vêtu de noir,
09:43pénètre dans l'école maternelle à Charcot de Neuilly,
09:47et prend en otage dans une classe maternelle,
09:51une vingtaine de gosses.
09:52Il avait avec lui des documents,
09:54des messages qu'il a imprimés sur son ordinateur.
09:56En gros, il explique
09:59qu'il veut une rançon colossale de 100 millions.
10:03Si ses exigences ne sont pas satisfaites,
10:07il portera des coups aux enfants.
10:10La prise d'otage a duré 46 heures.
10:13Notre grosse hantise,
10:15c'est qu'il y avait un décalage énorme
10:17entre ce que réclamait l'auteur de la prise d'otage
10:20et les menaces qu'il proférait vis-à-vis des gosses,
10:23et décalageront entre son comportement vis-à-vis des gosses.
10:26On s'est rendu compte qu'il avait un comportement...
10:29Il ne donnait pas l'impression vraiment
10:31de vouloir faire du mal aux gosses,
10:33alors que sur les écrits, il avait écrit des choses énormes.
10:36Mais les ingénieurs du laboratoire,
10:40à travers les vitres, avaient vu
10:42qu'il était arrivé avec de l'explosif.
10:45Il avait mis des explosifs tout autour de la classe.
10:47Il avait une ceinture d'explosifs
10:49et qu'à tout pouvoir,
10:51il pouvait faire exploser l'école.
10:53On pensait qu'il n'allait pas volontairement appuyer
10:56sur le détonateur, le bouchon,
10:58mais sous l'effet de la fatigue,
11:00il pouvait à un moment donné acheter la pression
11:02et s'en pouvoir sauter.
11:03Et je peux vous assurer qu'à 7 heures du matin,
11:06lorsque le raid est intervenu,
11:08les derniers otages ont été libérés,
11:11ça a été un grand, grand, grand soulagement.
11:14Nous sommes tous plus ou moins pères de famille.
11:18Évidemment, il y a eu le problème
11:21de la mort de Jumman Bond.
11:23La polémique s'est instaurée,
11:25notamment avec le syndicat de la magistrature
11:28qui nous a accusés, accusé le raid,
11:30d'avoir assassiné Jumman Bond,
11:34alors que le collègue du raid
11:38qui a tiré au moment de l'intervention,
11:40c'est parce qu'en s'approchant de Jumman Bond,
11:44il a bougé la tête,
11:46mais évidemment, il a battu.
11:50Voilà, c'est une affaire qui m'a beaucoup marqué.
11:56Une question qui m'est souvent posée,
11:57comment vous avez tourné la page ?
12:00Quand on a vécu ce que j'ai vécu,
12:01on ne tourne pas,
12:02on ne peut pas tourner la page.
12:04Pourquoi ?
12:05Parce que tous les jours que Dieu sait,
12:09il n'y a pas un média qui n'évoque pas
12:11une affaire traitée par le transisque et les affaires.
12:13On ne dit plus le transisque et les affaires,
12:15c'est le transisque bastion.
12:16Il a déménagé, bien entendu,
12:17mais on dit la poli judiciaire parisienne.
12:19Et ça peut être un crime sur Paris,
12:22ça peut être un gros braquage sur le Val-de-Marne
12:26parce que la poli judiciaire est compétente.
12:28Elle était, elle est toujours compétente
12:30sur Paris-Entremerance
12:31et les trois départements dans la couronne.
12:32Et puis, pour être très franc,
12:34j'ai gardé, le cordon médical n'est pas coupé.
12:37D'abord, avec d'anciens collègues,
12:39il y en a de moins en moins,
12:40puisque vu mon âge,
12:41il y en a beaucoup qui sont partis à la retraite,
12:42mais j'ai quand même un cordon
12:45qui s'effacera peut-être,
12:47je l'espère,
12:48mais d'abord,
12:49c'est le jury libré du Quai des Orfèvres.
12:51Je suis, en tant qu'ancien directeur,
12:54membre du jury du Quai des Orfèvres.
12:56Tous les ans, je rencontre à deux, trois reprises
12:58tous les membres du jury,
13:00parmi lesquels figurent de nombreux collègues.
13:02Je suis rentré au transis,
13:03tout ça fait par hasard et par nécessité.
13:05Je ne vois pas ce que j'aurais pu faire
13:08comme métier aussi magnifique.
13:11Mais il y a d'autres métiers dans la vie.
13:14L'important pour les jeunes
13:17qui débutent dans la vie,
13:19c'est d'essayer d'avoir,
13:21si possible,
13:22de choisir un métier
13:26qui les passionne.
13:28C'est ça l'important de la vie,
13:29qu'ils soient passionnés par son boulot.
13:31Vous savez, quand on partait,
13:33et je pense que c'est pareil pour les collègues à l'actuel,
13:35quand on prenait le métro pour aller au bourg-boulot,
13:37dans le métro,
13:38les gens ne sont pas très souriants le matin,
13:40mais nous on partait,
13:41toujours avec la joie
13:45de vivre cette ambiance
13:47et de penser à la mission,
13:49tout simple,
13:50qui nous est impartie
13:52au service des citoyens
13:54et de l'État, bien entendu.