En réaction aux émeutes qui ont éclaté en France après la mort de Nahel, des groupes d’extrême droite sont descendus dans les rues de plusieurs villes de France, parfois armés. Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême droite et des radicalités violentes, explique ces pratiques font en fait partie de l’ADN de l’extrême droite.
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00:00 En réaction aux émeutes qui ont éclaté en France après la mort de Naël, des groupes
00:12 d'extrême droite sont descendus dans les rues de plusieurs villes de France, parfois
00:15 armées.
00:16 Ils s'en sont pris à des manifestants ou à des émeutiers.
00:19 Ces groupes violents, ou potentiellement violents, la police les qualifie d'ultra droite.
00:23 Et des vidéos comme ça, où on les voit descendre dans les rues, il y en a depuis
00:27 des années.
00:28 Alors on a demandé à quelqu'un qui s'y connaît pourquoi et depuis quand l'extrême
00:32 droite utilisait la violence dans la rue.
00:33 Depuis toujours.
00:34 A partir du moment où il y a extrême droite, il y a activisme.
00:38 Et des périodes ont été plus violentes que d'autres.
00:40 Notamment pendant la guerre d'Algérie, avec des attentats et des ratonnades, des expéditions
00:45 violentes contre l'immigration, surtout algérienne.
00:48 L'organisation de l'armée secrète, c'est 71 morts en France dans ces actions, c'est
00:53 plus de 2000 morts dans les départements algériens.
00:55 Donc là on est évidemment en ce moment.
00:57 Jusqu'au début des années 1980, les membres de ces groupes violents sont plutôt des jeunes
01:02 hommes issus de classes aisées, bien implantés dans les universités.
01:05 A partir de 1982, le mouvement Skinhead venu du Royaume-Uni arrive en France, et amène
01:11 à l'ultra droite des jeunes, toujours des hommes, de milieux plus populaires.
01:15 Les années 90 ont ensuite été marquées par un recul de la violence.
01:18 Mais la crise des réfugiés et les attentats islamistes ont fait augmenter les actes anti-maghrébins
01:23 ces dernières années.
01:24 Il y a souvent cette réactivité à ces actualités qui vont aller désigner une cible sur laquelle
01:31 la violence se vocalise à ce moment-là.
01:32 Comme les jours passés, avec les émeutes et les manifestations après la mort de Nahel.
01:37 Aujourd'hui, l'extrême droite touche un public beaucoup plus large dans la société,
01:40 et il retrouve donc logiquement toutes les classes sociales dans l'ultra droite.
01:43 Mais du coup, à quoi ça leur sert de descendre dans la rue ?
01:46 Dans la ré-éducation des droites, il y a un slogan qui est utilisé depuis des décennies
01:50 qui dit "la rue appartient à celui qui y descend".
01:52 Il y a cette idée qui est absolument fondamentale que faire de la politique, c'est aussi tenir
01:57 la rue.
01:58 Et tenir la rue, c'est par exemple rétablir un ordre que la police ne serait pas capable
02:02 de maintenir.
02:03 Si le mode d'action violent est intemporel, les populations prises pour cibles par ces
02:06 groupes varient en fonction du contexte politique, avec un changement important au début des
02:10 années 80.
02:11 Jusqu'avant, les cibles sont plutôt des cibles juives ou communistes, mais d'abord
02:15 juives.
02:16 Après 1982, ça va devenir des cibles essentiellement maghrébines.
02:20 Aujourd'hui, la question centrale pour l'ultra-droite, c'est surtout celle de la sauvegarde d'une
02:24 culture européenne.
02:25 Et selon l'État, la menace qu'elle représente ne doit pas être prise à la légère.
02:29 Il y a tout à fait une conscience de la part des services de police et de renseignement
02:33 qu'aujourd'hui, l'ultra-droite est la seconde menace derrière le djihadisme.