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La rédaction du JDD a refusé mercredi 5 juillet de rencontrer Geoffroy Lejeune, journaliste d'extrême droite imposé par la direction du groupe Lagardere, et reconduit pour 24 heures la grève débutée le 22 juin.

"Nous demandons toujours à la direction du groupe de renoncer à la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD et d'offrir à la rédaction des garanties d'indépendance juridique et éditoriale. Pour toute réponse, nous avons été conviés à le rencontrer mercredi 5 juillet, à 11h15 pour qu'il nous expose son projet. Rencontre que la rédaction a refusée", ont expliqué les porte-paroles de la rédaction du média, réunis ce matin devant le siège du groupe Lagardère news.

"La ligne qui est la sienne va à l'encontre de l'identité du JDD. (...) On ne le reconnaît pas comme directeur de la rédaction", a affirmé Bertrand Greco, coprésident de la SDJ du Journal du Dimanche, dont le discours a été accueilli par des applaudissements.

Une quarantaine de personnes se sont rassemblées devant les locaux du groupe Lagardère, au moment où Geoffroy Lejeune est venu s'adresser à la rédaction. Tous portaient un badge "JDD en grève".

En parallèle, la rédaction a reconduit pour 24 heures sa grève pour son 13e jour consécutif. Au total, 94% des votants se sont exprimés pour sa poursuite.

Le JDD n'est pas paru à l'occasion des deux derniers dimanches, une première dans l'histoire du journal. La précédente grève, en 2016, avait touché un seul dimanche.

Nombre d'observateurs voient dans l'arrivée de Lejeune à la tête du journal, très suivi par les milieux politique et économique, la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions ultra-conservatrices.

Ce dernier pilote le groupe Vivendi, mastodonte des médias en France, qui compte dans son giron le groupe Canal+ et ses chaînes C8 et CNews ainsi que Prisma, premier groupe de presse magazine, et le groupe d'édition Editis.

La nomination de Geoffroy Lejeune est survenue juste après le feu vert donné sous conditions par la Commission européenne à Vivendi pour absorber Lagardère, groupe auquel appartient également Paris Match, Europe 1 et le leader de l'édition, Hachette.

Une caisse de grève a été ouverte pour soutenir le mouvement et une pétition a été lancée. Elle avait recueilli mercredi près de 37.500 signatures.

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Transcription
00:00 13e jour de grève pour les journalistes du JDD qui ne baissent pas les bras.
00:03 Ils se trouvent ici devant le siège de La Gardère News
00:05 pour protester contre l'arrivée de Geoffroy Lejeune, journaliste d'extrême droite,
00:09 à la direction de la rédaction.
00:11 Alors pourquoi ici ?
00:12 Eh bien parce que c'est en prenant le contrôle du groupe La Gardère
00:15 que Vincent Bolloré a mis la main sur le JDD pour y imposer ce choix.
00:18 À 11h15, Geoffroy Lejeune était censé rencontrer ses supposés futurs collègues,
00:21 mais la rédaction du JDD en a décidé autrement.
00:24 Nous, rédaction du Journal du Dimanche,
00:27 entamons ce matin, après un vote à 94%,
00:31 notre 13e jour de grève,
00:33 qui a entraîné la non-parution historique
00:36 de deux numéros consécutifs du journal.
00:39 Cette décision est un déchirement pour chaque membre de cette rédaction,
00:43 alors que nous ne pouvons pas couvrir les actualités majeures
00:46 qui secouent aujourd'hui le pays.
00:50 Mais notre détermination reste intacte.
00:54 Nous demandons toujours à la direction du groupe
00:56 de renoncer à la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD
01:01 et d'offrir à la rédaction des garanties d'indépendance juridiques et éditoriales.
01:07 Pour toute réponse, nous avons été conviés à le rencontrer ce matin à 11h15
01:11 pour qu'il nous expose son projet, rencontre que la rédaction a refusé.
01:16 En effet, pourquoi écouter et donner du crédit au projet de quelqu'un
01:21 dont les objectifs et les méthodes sont clairs et affichés depuis le début de sa carrière ?
01:26 Chacun connaît la ligne éditoriale d'extrême droite qu'il a développée à Valeurs Actuelles,
01:30 allant jusqu'à la condamnation du titre pour injure publique à caractère raciste.
01:35 Geoffroy Lejeune a toujours promu un journalisme d'opinion décomplexé
01:40 tout en affichant un soutien politique manifeste à Éric Zemmour.
01:44 La ligne qui est la sienne va à l'encontre de l'histoire et de l'identité du journal du dimanche.
01:50 Son passage à Valeurs Actuelles s'est par ailleurs achevé
01:53 par une contre-performance économique marquée par la chute des ventes et des recettes publicitaires.
01:59 Au regard de ce parcours, nous ne voyons pas comment
02:02 Geoffroy Lejeune pourrait nous présenter un projet compatible avec notre journal.
02:07 Il n'y a rien à attendre de quelqu'un qui a lui-même déclaré,
02:10 en parlant de la ligne de Valeurs Actuelles dans une interview publiée sur le site de l'ICEP,
02:15 l'école fondée par Marion Maréchal,
02:18 "Nous avons une vraie volonté de conquête.
02:20 Nous essayons de faire progresser nos idées dans le débat public.
02:24 Nous qui faisons le JDD quotidiennement,
02:27 nous n'avons qu'un seul message à transmettre à Geoffroy Lejeune aujourd'hui,
02:31 qu'il renonce, raisonnablement et de lui-même, à cette nomination."
02:35 Nos opposants, entre guillemets, nous parlent de pluralisme.
02:41 Mais si quelqu'un veut créer un journal d'extrême droite, c'est son droit.
02:44 On peut le faire en France.
02:46 Pourquoi venir piétiner un journal qui a une histoire vieille de 75 ans,
02:51 qui défend des valeurs qui ne sont pas celles de l'extrême droite ?
02:55 Si M. Lagardère ou quelqu'un d'autre veut créer un journal qui porte ces valeurs-là, libre à lui.
03:02 Pourquoi s'emparer d'un titre, le piétiner, casser toute sa ligne éditoriale,
03:06 et au passage rendre notre travail très difficile au quotidien ?
03:11 Il y a déjà beaucoup de sources qui nous disent qu'elles ne nous parleront plus.
03:14 Comment va-t-on faire ce journal avec un changement de ligne éditoriale comme ça ?
03:19 Les conséquences seraient catastrophiques, parce que le JD est pas n'importe quel journal.
03:24 C'est le quotidien du 7ème jour, c'est un journal qui est très influent,
03:29 qui est peut-être pas connu par tout le monde dans le grand public,
03:32 mais qui est extrêmement lu dans la profession.
03:36 C'est un journal prescripteur, que tous les journalistes connaissent,
03:39 et tous les décideurs de tous les partis poétiques, de tous les horizons,
03:46 lisent attentivement, c'est la lecture du dimanche.
03:50 Et si ce média tombe entre les mains de l'extrême droite,
03:53 c'est un signe très très fort sur l'emprise de cette idéologie sur la société française.
03:59 Les journalistes du JDD qui craignent pour leur liberté éditoriale
04:02 ont demandé des actions concrètes, et ont poursuivi leur manifestation à 14h,
04:06 devant le siège du groupe de Vincent Bolloré.
04:08 On l'a eu à ITL, on l'a eu à Europe 1,
04:11 malheureusement en l'état, on se dirige vers le même phénomène au JDD.
04:15 C'est-à-dire, on nomme un directeur de la rédaction,
04:18 qui est rejeté par 99% des gens de cette rédaction,
04:22 le résultat, c'est que c'est les gens de la rédaction qui doivent partir.
04:25 C'est totalement inacceptable.
04:27 Sachez qu'a été envoyé ce matin un courrier commun de Marie-Lise Léon,
04:33 secrétaire générale de la CFDT,
04:35 et de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT,
04:38 à Mme Borne, concernant la situation du JDD.
04:42 Puisque pour nous, le ministère de l'Agriculture,
04:44 pour l'instant, n'est pas un interlocuteur qui nous permet d'avancer.
04:47 Nous espérons que l'interpellation des deux secrétaires généraux,
04:51 des deux premiers syndicats de France,
04:53 aura un poids dans cette affaire.
04:56 [Bruits de la foule]

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