8ème édition des Rencontres de la Transition Industrielle.
Décarboner l’industrie de l’acier et de l’ammoniac à 2050 : Restitution finale des deux Plans de Transition Sectoriels
Les secteurs de la sidérurgie et de l’ammoniac sont deux secteurs stratégiques à décarboner. Leurs perspectives de demande sur le marché domestique ne semblent pas en forte croissance et ces deux secteurs sont fortement exposés à la concurrence internationale. Des solutions technologiques basées en partie sur la production d’hydrogène renouvelable et/ou sur du captage et stockage de CO2 pourraient constituer une réponse à la nécessaire décarbonation des procédés. Dans chacun de ces plans de transition sectoriels, différents scénarios de décarbonation contrastés sont explorés, avec pour objectif d’atteindre une réduction d’émissions de CO2 de -81% en 2050 par rapport à 2015, objectif fixé par la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Ce webinaire de 3 heures est destiné aux industriels, fédérations professionnelles, financeurs, consultants, think tanks, ONGs, pouvoirs publics et élus de territoires industriels.
Les Rencontres de la Transition Industrielle - concept
L’ADEME vous propose une série de webinaires pour décrypter les enjeux de la transition industrielle. Ces rencontres digitales couvrent de nombreux sujets autour de la transition industrielle.
Chapitres :
- Introduction
- 17 min : méthodologie
- 21 min : PTS Acier
- 1h20 min : PTS Ammoniac
- 2h10 min : Interventions France Chimie et A3M
: « Avertissement : les résultats présentés pour la partie consacrée au plan de transition sectoriel de l’acier sont des résultats provisoires ; vous pouvez retrouver les résultats consolidés dans la synthèse et le rapport complet qui seront publiés début de l’année 2024. »
Décarboner l’industrie de l’acier et de l’ammoniac à 2050 : Restitution finale des deux Plans de Transition Sectoriels
Les secteurs de la sidérurgie et de l’ammoniac sont deux secteurs stratégiques à décarboner. Leurs perspectives de demande sur le marché domestique ne semblent pas en forte croissance et ces deux secteurs sont fortement exposés à la concurrence internationale. Des solutions technologiques basées en partie sur la production d’hydrogène renouvelable et/ou sur du captage et stockage de CO2 pourraient constituer une réponse à la nécessaire décarbonation des procédés. Dans chacun de ces plans de transition sectoriels, différents scénarios de décarbonation contrastés sont explorés, avec pour objectif d’atteindre une réduction d’émissions de CO2 de -81% en 2050 par rapport à 2015, objectif fixé par la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Ce webinaire de 3 heures est destiné aux industriels, fédérations professionnelles, financeurs, consultants, think tanks, ONGs, pouvoirs publics et élus de territoires industriels.
Les Rencontres de la Transition Industrielle - concept
L’ADEME vous propose une série de webinaires pour décrypter les enjeux de la transition industrielle. Ces rencontres digitales couvrent de nombreux sujets autour de la transition industrielle.
Chapitres :
- Introduction
- 17 min : méthodologie
- 21 min : PTS Acier
- 1h20 min : PTS Ammoniac
- 2h10 min : Interventions France Chimie et A3M
: « Avertissement : les résultats présentés pour la partie consacrée au plan de transition sectoriel de l’acier sont des résultats provisoires ; vous pouvez retrouver les résultats consolidés dans la synthèse et le rapport complet qui seront publiés début de l’année 2024. »
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00:00:00 Donc bienvenue à tous à cette 8e édition des rencontres de la transition industrielle
00:00:04 consacrée aujourd'hui à la restitution de deux plans de transition sectoriel,
00:00:08 celui sur l'acier et celui sur l'ammoniaque.
00:00:10 Donc au programme de cette matinée, tout d'abord une introduction de l'webinaire et un ton d'actualité
00:00:17 par Baptiste Perri-Saint-Faber.
00:00:19 Ensuite une première partie qui sera consacrée à la restitution du plan de transition sectoriel
00:00:24 de l'acier.
00:00:25 On aura une pause à peu près vers 10h40.
00:00:28 Ensuite une deuxième partie dédiée à la restitution du plan de transition sectoriel
00:00:33 de l'ammoniaque.
00:00:34 Et enfin pour terminer, on donnera la parole à Franck Chimie et à Atroazel.
00:00:38 Donc je laisse tout de suite la parole à Baptiste,
00:00:42 donc directeur général délégué par intérim de l'ADEME et directeur exécutif de l'expertise
00:00:47 et des programmes.
00:00:48 Merci beaucoup Adeline.
00:00:51 Bonjour à toutes et à tous.
00:00:53 Je vois qu'il y a encore des gens qui arrivent dans le webinaire.
00:00:57 Moi je suis très heureux d'introduire ce webinaire et ces huitièmes rencontres de la transition
00:01:02 industrielle qui sont devenues des moments un peu incontournables pour tous ceux qui veulent
00:01:09 travailler au futur de l'industrie.
00:01:10 Et je pense que ça c'est ce qu'on a un peu gagné collectivement,
00:01:14 c'est qu'aujourd'hui la décarbonation ce n'est plus le signe de la fuite et de la perte d'industrie
00:01:22 en France, bien au contraire on a aujourd'hui des politiques publiques très ambitieuses qui
00:01:26 veulent faire de la décarbonation un levier de réindustrialisation.
00:01:30 Et je pense que grâce aussi à ce travail très collectif qu'on a fait entre industriels et
00:01:36 experts de la décarbonation, on a réussi à se former tous ensemble la conviction que la
00:01:44 décarbonation ça pouvait être un levier de réindustrialisation, un levier de souveraineté
00:01:49 industrielle.
00:01:50 Je crois que ces espaces qu'on a créés avec les plans de transition sectoriels sont vraiment
00:01:55 très précieux pour que industriels, décideurs publics, décideurs économiques, collectivités,
00:02:02 on arrive à partager, on va dire à faire converger nos anticipations vers des chemins de transition
00:02:08 possibles.
00:02:09 Et donc c'est ça qui va permettre ensuite de créer des bonnes politiques publiques qui ne
00:02:13 soient pas hors sol, bien cohérentes avec les besoins des industriels et puis aussi les bonnes
00:02:19 chroniques d'investissement côté industriel pour atteindre les objectifs ambitieux qui sont
00:02:24 fixés.
00:02:24 Voilà, ces rencontres elles sont très très précieuses.
00:02:28 Pour ceux qui avaient suivi les premières, on a eu un temps sur le ciment, ensuite on a eu
00:02:34 l'aluminium cet hiver.
00:02:35 Aujourd'hui, on va vous restituer, comme l'a dit Adeline, les résultats sur l'acier et l'ammoniaque.
00:02:42 Viendront plus tard le sucre, papier, carton, sans doute en novembre.
00:02:48 Ensuite le verre en février l'année prochaine et puis on finira par la chimie en avril prochain.
00:02:54 Comme ça on aura couvert les neuf secteurs les plus énergo-intensifs de l'industrie.
00:03:03 Alors peut-être quelques mots quand même, même si vous êtes déjà maintenant très
00:03:07 familier avec ces grands chiffres, mais je pense que c'est quand même toujours bon pour
00:03:11 fixer un peu le décor de les rappeler.
00:03:13 Évidemment l'industrie, 18% des émissions françaises, c'est environ 78 millions de
00:03:19 tonnes de CO2 équivalent par an, c'est aussi 3 millions d'emplois.
00:03:24 Ces émissions sont très concentrées, deux tiers des émissions de l'industrie sont issues
00:03:35 des neuf secteurs énergo les plus énergo-intensifs et les 50 plus grands sites émettent 55%
00:03:43 de ces émissions.
00:03:44 Donc on voit qu'il y a une très forte concentration de ces émissions, concentration territoriale
00:03:52 aussi pour les grands centres industriels et oportuaires, Dunkerque bien sûr, l'Axe-Seine,
00:04:00 Fosse et puis la vallée de la chimie.
00:04:03 Donc cette forte concentration c'est aussi une bonne nouvelle, ce qui veut dire que si
00:04:06 on s'y met pour de vrai, on peut en concentrant nos efforts avoir des résultats rapides et
00:04:15 spectaculaires je dirais.
00:04:17 Alors l'actualité est assez riche sur la décarbonation de l'industrie, vous avez sans
00:04:25 doute entendu la première ministre la semaine dernière qui a présidé un conseil national
00:04:31 de l'industrie vendredi dernier au salon du Bourget.
00:04:35 Ce conseil national de l'industrie, il intervenait donc sept mois après le moment à l'Élysée
00:04:44 en novembre l'année dernière réuni par le président de la République avec les engagements
00:04:51 qui ont été demandés aux 50 plus grands sites émetteurs.
00:04:55 A l'époque les engagements qui avaient été pris étaient de réduire de 30% les émissions
00:05:01 de ces sites et le président avait demandé dans le contexte de Feed for 55 au niveau
00:05:08 européen de rehausser l'ambition de ces engagements à au moins 50%.
00:05:13 Donc il y a tout un travail qui a été réalisé sur chacun des sites avec des feuilles de
00:05:19 route qui ont été élaborées avec un travail très étroit entre l'administration, nous
00:05:26 l'ADEME on a été en soutien grâce notamment à l'expertise qu'on a développée à travers
00:05:30 ces plans de transition sectoriels et puis les industriels.
00:05:33 Et donc lors de ce conseil national de l'industrie la semaine dernière c'était l'occasion
00:05:38 de faire le point sur l'état d'avancement de ces feuilles de route et la bonne nouvelle
00:05:43 c'est que les engagements ont bel et bien été grâce à ce travail d'élaboration
00:05:48 des feuilles de route ont été rehaussés puisque sur chacun des sites on a des engagements
00:05:52 qui sont entre 48% et 53% de réduction d'émissions.
00:05:57 Donc ça c'est quand même le signe qu'on a bien avancé collectivement.
00:06:03 Ensuite pour rehausser ces engagements le cocktail je dirais est un peu toujours le
00:06:10 même, il faut les ingrédients suivants, il faut mobiliser de la biomasse et ça on
00:06:16 sait et l'ADEME on est bien placé pour le savoir puisque déjà de nombreux dispositifs
00:06:23 mobilisent de la biomasse et il n'y en aura pas pour tout le monde donc il va y avoir
00:06:27 un gros enjeu de priorisation des usages de la biomasse mais en tout cas dans tous les
00:06:33 scénarios de décarbonation on a besoin de mobiliser de la biomasse, on a besoin d'électrification
00:06:39 et là aussi on sait qu'on a un gros enjeu et vous êtes sans doute mobilisés aussi
00:06:43 dans les travaux en cours d'élaboration de la PPE, un gros sujet de production d'électricité
00:06:50 puisqu'on doit en gros d'ici 2050, 2055, renouveler intégralement notre parc de production
00:06:58 d'électricité mais pour décarboner l'industrie on a besoin d'électrifier.
00:07:04 Un autre ingrédient c'est le recyclage qui va être un levier critique de décarbonation
00:07:12 et puis on va avoir besoin d'hydrogène renouvelable et décarboné et sans doute
00:07:17 aussi pour les émissions résiduelles de stockage de carbone de CCS ou de CCUS si on
00:07:24 trouve des usages pertinents et donc hydrogène, CCUS dit aussi nouvelles infrastructures qu'il
00:07:33 va falloir mettre en place et avec des sujets de foncier aussi qui vont devoir mettre dans
00:07:40 la boucle aussi les collectivités avec des sujets aussi de gouvernance de ces infrastructures
00:07:46 bref on voit bien que là on a un énorme chantier devant nous.
00:07:49 Donc les leviers sont connus, ils ont été identifiés dans ces feuilles de route, maintenant
00:07:56 on doit passer à l'exécution et la première ministre a aussi annoncé de nouveaux moyens
00:08:02 pour accompagner l'exécution de ces feuilles de route avec notamment une enveloppe de 1
00:08:07 milliard d'euros supplémentaires avec deux poches, une poche sur les projets de très
00:08:14 grande ampleur avec 750 millions d'euros et une poche à 250 millions d'euros sur les
00:08:20 projets d'ampleur intermédiaire.
00:08:21 Donc ça ce sont les nouveaux moyens qui sont mis sur la table par l'état pour accompagner
00:08:29 le rehaussement des engagements des industriels.
00:08:32 Donc ça c'est pour l'industrie concentrée, les 50 plus grands sites, pour le reste de
00:08:39 l'industrie, l'industrie plus les émissions, ce qu'on appelle les émissions diffuses,
00:08:45 qui représentent quand même plus d'un quart des émissions de l'industrie, ce sont 30
00:08:49 000 PMI et ETI industriels qui sont concernés.
00:08:54 Là on a d'autres dispositifs dans le cadre d'un partenariat entre opérateurs de l'état
00:09:01 donc avec l'ADEME, BPI France, CCI, CMA qui vont proposer des programmes d'accompagnement
00:09:08 et de conseils avec des diagnostics.
00:09:11 Ces opérateurs vont financer une partie de ces diagnostics et des dispositifs de financement
00:09:19 que vous connaissez peut-être déjà, les prévers, les garanties vertes, etc.
00:09:24 Et puis côté ADEME et AT2E, on déploie un programme C2E, le certificat d'économie
00:09:33 d'énergie de très grande ampleur là.
00:09:35 C'est un programme qui est doté de 50 millions d'euros qui s'appelle Pacte Industrie.
00:09:40 Donc là on commence simplement à faire de la communication sur ce programme, on a tout
00:09:45 mis en place, maintenant c'est prêt à être déployé.
00:09:48 Donc ça c'est vraiment un programme qui vise l'efficacité énergétique et la décarbonation
00:09:54 de l'industrie via le financement massif de formation, d'études et de coaching.
00:10:01 Donc en fait c'est un programme qui vient prendre la suite d'autres petits programmes
00:10:05 C2E qui étaient un peu dispersés, là qu'on a tous réuni dans ce programme Pacte Industrie
00:10:12 et donc qui propose un peu de passer la vitesse supérieure sur la formation, l'offre d'accompagnement,
00:10:19 à la fois pour créer ces nouveaux métiers au sein des sites industriels d'énergie
00:10:26 manager entre guillemets, mais aussi pour former les directeurs financiers à ces sujets.
00:10:32 C'est vraiment important que ce soit un sujet qui soit pas simplement un sujet technique,
00:10:39 mais un sujet qui rentre dans l'évolution aussi des business plans et la façon d'apprécier
00:10:47 la performance de ces sites industriels.
00:10:49 Donc je vous invite vraiment à aller regarder sur notre site ce programme Pacte Industrie
00:10:55 qui vise à accompagner plus de 2000 entreprises, donc c'est massif.
00:11:01 Voilà pour le diffus, maintenant si j'en viens peut-être à ce qui nous réunit aujourd'hui,
00:11:14 c'est Rencontre de la transition industrielle avec la restitution des travaux sur l'acier et l'ammoniaque.
00:11:23 Donc quelques grands chiffres, l'acier c'est le secteur le plus émetteur,
00:11:30 plus de 20 millions de tonnes de CO2 avec une géographie industrielle où on a 3 grands hauts fourneaux,
00:11:40 mais puis une quinzaine de sites de recyclage de ferraille, donc assez concentré.
00:11:48 Et puis sur l'ammoniaque, c'est encore plus concentré, c'est 10 fois moins important en termes d'émission de CO2,
00:11:55 c'est 2,75 millions de tonnes équivalent CO2 pour l'ammoniaque.
00:11:59 Et là on a deux grands groupes installés sur 4 sites.
00:12:05 Alors nous on espère vraiment que ces travaux qu'on restitue vont vraiment alimenter les travaux de planification
00:12:14 qui sont en cours avec les 4 comités stratégiques de filière,
00:12:19 CSF chimie, CSF agroalimentaire, CSF ciment et puis mine et métallurgie,
00:12:25 qui vont aussi rendre public dans les prochaines semaines leur feuille de route de décarbonation à horizon 2030 et 2050.
00:12:35 Donc aujourd'hui ça va permettre aussi d'apporter un éclairage complémentaire sur ces scénarios de décarbonation.
00:12:44 Je ne vais pas révéler, on va rentrer, c'est bien le but de ce webinaire,
00:12:49 dans les détails des scénarios pour l'acier et l'ammoniaque, mais peut-être quelques messages clés.
00:12:55 D'abord dans chacun des scénarios qu'on a instruits, les technologies hydrogène et CCS,
00:13:05 on doit faire appel aux technologies hydrogène et CCS avec des choix assez rapides à prendre
00:13:12 entre l'une ou l'autre des technologies si on veut être au rendez-vous 2030 et 2050.
00:13:19 Ensuite il y a un gros enjeu sur le commerce international avec la question de savoir
00:13:25 est-ce qu'on veut retrouver de l'indépendance et de la souveraineté industrielle,
00:13:31 notamment pour la production d'engrais décarbonés et la production d'acier également,
00:13:37 ou est-ce que finalement on se dit que cette industrie partira ailleurs
00:13:43 et que pour répondre à notre demande on continuera à importer.
00:13:48 C'est un gros sujet qui ne peut pas être tranché dans le cadre de ces plans de transition sectorielle,
00:13:54 mais en tout cas nous avons mis sur la table les enjeux liés au commerce international.
00:13:59 Ensuite troisième message clé, l'importance du recyclage et de bien préserver les gisements de ferraille
00:14:07 contre l'export pour le secteur de l'acier.
00:14:11 C'est important puisque c'est un levier très important de décarbonation.
00:14:19 Ensuite le PTS ammoniaque montre qu'il est urgent d'améliorer notre indépendance énergétique
00:14:29 vis-à-vis des énergies fossiles et en particulier l'importation de gaz naturel
00:14:37 avec une très forte dépendance aujourd'hui du secteur de l'ammoniaque à ces importations.
00:14:43 Et puis enfin, dernier message clé, et ça c'est un message un peu constant qu'on a à la DEM,
00:14:50 c'est le besoin très important de planification en infrastructure sur les territoires.
00:14:56 Quand on parle d'hydrogène, de CCS ou même d'électrification avec le besoin de renforcement des réseaux,
00:15:04 on a vraiment besoin d'une planification territoriale de ces infrastructures qu'il va falloir mutualiser.
00:15:12 Il ne faut pas qu'on envisage la décarbonation des sites en silos,
00:15:16 on ne va pas décarboner site par site, on va décarboner des zones.
00:15:19 C'est vraiment la philosophie des appels à projets ZBAC dont vous avez sans doute entendu parler et qu'on a lancé.
00:15:28 Il faut qu'on dialogue avec collectivités, industriels, Etats pour mutualiser des infrastructures d'hydrogène, de chaleur
00:15:40 et qu'on anticipe les besoins de renforcement des réseaux électriques en fonction des scénarios qui seront choisis à l'échelle de ces zones.
00:15:51 Ça c'est très important et ça veut dire qu'il faut faire rentrer dans la gouvernance les collectivités,
00:15:56 qu'il va y avoir un sujet défoncié dans le contexte en plus d'objectifs de zéro artificialisation nette.
00:16:02 Tout ça doit être planifié finement.
00:16:06 Je ne vais pas être plus long dans la présentation des résultats des PTS Ammoniac et Acier qui vont vous être présentés.
00:16:16 Avant de laisser la place aux prochains intervenants,
00:16:20 je voudrais vraiment remercier encore toutes les parties prenantes,
00:16:24 tous les industriels qui ont contribué à l'élaboration de ces plans de transition sectoriel,
00:16:29 en particulier à France Chimie et à l'alliance Minerais, Minéraux et Métaux qui vont aussi intervenir au cours de ce webinaire.
00:16:39 Merci à tous pour vos contributions tout au long de ces longs mois d'élaboration de ces plans de transition sectoriel.
00:16:46 C'est vraiment ce travail collectif qui fait qu'aujourd'hui ces scénarios vont avoir de la valeur pour guider les politiques publiques et puis les investissements des industriels.
00:16:56 Merci beaucoup Baptiste pour ces premiers mots d'introduction de ces deux plans de transition sectoriel
00:17:06 et puis de ce petit rappel des actualités récentes sur le sujet de la décarbonation d'industrie.
00:17:12 Je vous propose maintenant qu'on passe à la première partie de ce webinaire sur les plans de transition sectoriel.
00:17:19 Tout d'abord, avant de passer aux plans de transition sectoriel de l'acier,
00:17:23 je vais me permettre juste de faire un rappel sur la méthodologie des plans de transition sectoriel qui sont élaborés aujourd'hui par l'ADEME.
00:17:30 Un élément de contexte, la stratégie nationale bas carbone,
00:17:35 qui est la feuille de route de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050,
00:17:39 impose un objectif de moins de 81% en 2050 de baisse d'émissions pour le secteur de l'industrie par rapport à 2015,
00:17:46 avec un objectif intermédiaire de moins de 35% en 2030.
00:17:50 Donc la scène baissée ne fixe que l'objectif, mais pas le chemin à suivre pour l'atteindre.
00:17:55 Et ça, ça va être l'objectif, en fait, un peu de nos plans de transition sectoriel.
00:17:59 Pour rappel aussi, les plans de transition sectoriel élaborés par l'ADEME sont réalisés dans le cadre d'un projet européen qui s'appelle Finance Climat,
00:18:07 financé par la Commission européenne, qui est un projet pour développer la finance durable en France et en Europe.
00:18:14 Et donc, si j'en viens un peu au plan de transition sectoriel,
00:18:18 nous, on a tendance à dire que ça a une vision à 360 degrés,
00:18:24 dans le sens où on va regarder, en fait, tout d'abord les aspects technologiques,
00:18:27 donc quelles sont les technologies de décarbonation qui vont permettre de décarboner mon secteur industriel.
00:18:33 Donc on va regarder les différents leviers existants au avenir.
00:18:37 On va regarder aussi les aspects marché, donc comment va évoluer ma demande jusqu'en 2050.
00:18:42 Alors là, c'est un vrai exercice de prospective, on ne fait pas de la prévision, on reste vraiment, on émet des hypothèses.
00:18:49 On va regarder aussi comment il va évoluer jusqu'en 2050 en faisant pareil de la prospective le commerce international,
00:18:55 pour pouvoir regarder aussi à l'avenir comment vont évoluer nos capacités de production en France.
00:19:01 On va aussi regarder l'aspect finance, c'est-à-dire combien va coûter nos différents scénarios de décarbonation,
00:19:06 quelle va être la facture, donc on va regarder à la fois les CAPEX, mais également les OPEX,
00:19:10 comment sont construits nos coûts de production.
00:19:14 On va regarder aussi les coûts d'abattement des différentes technologies.
00:19:17 Et donc avec ces trois aspects, ça va nous permettre d'avoir une vision assez exhaustive pour établir différents scénarios.
00:19:23 Et la dernière partie du plan transition sectoriel, c'est l'élaboration de pistes d'action public-privé.
00:19:29 Donc aujourd'hui, on réalise les PTS à l'échelle française uniquement,
00:19:34 sur les secteurs les plus émetteurs, les secteurs énergo-intensifs,
00:19:37 qui représentent à peu près deux tiers des émissions de l'industrie.
00:19:41 Donc quels sont ces secteurs-là ?
00:19:43 Là, vous avez à peu près le poids de chaque secteur dans les émissions globales de l'industrie.
00:19:48 Et donc si on regarde les deux PTS sur lesquels on va parler aujourd'hui,
00:19:51 mais Baptiste l'a bien rappelé en introduction, c'est le secteur de la sidérurgie et de l'ammoniaque.
00:19:56 Le secteur de la sidérurgie est le secteur le plus émetteur de l'industrie aujourd'hui,
00:19:59 avec à peu près 21 millions à 22 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an.
00:20:04 Et également le secteur de l'ammoniaque,
00:20:06 avec à peu près dix fois moins d'émissions que le secteur de la sidérurgie.
00:20:12 Donc je laisse toute, à dix pas avant,
00:20:14 quand même un point de vigilance sur l'usage et l'interprétation des scénarios
00:20:18 qu'on va vous présenter aujourd'hui lors de la restitution de ces deux plans de transition sectoriel.
00:20:25 Aujourd'hui, les scénarios permettent avant tout d'approprier les principaux enjeux
00:20:30 et les conditions de décarbonation d'un secteur industriel.
00:20:34 Mais comme je l'ai dit auparavant, cela reste un exercice prospectif
00:20:37 avec des hypothèses qui ont été sélectionnées.
00:20:40 On ne fait pas de la prévision, donc les scénarios,
00:20:43 il y a le champ des possibles qui peuvent être élaborés,
00:20:45 on a fait des choix pour sélectionner certains scénarios.
00:20:48 Enfin, ces scénarios ne sont pas une traduction de la stratégie des industriels,
00:20:53 cela reste un exercice adhère.
00:20:55 Donc ça nous semblait important aujourd'hui que vous puissiez avoir cette clé de lecture
00:21:00 avant d'aborder les différents scénarios que nous allons vous présenter.
00:21:04 Donc je laisse la parole à mes trois collègues,
00:21:07 donc Elliott Marie, ingénieur au service industrie,
00:21:10 Sylvain Sourisseau, économiste au service industrie,
00:21:12 et Quentin Lignier, chargé d'études prospectives au service industrie
00:21:16 qui vont vous présenter les résultats du plan de transition sectoriel de l'ACI.
00:21:21 Merci beaucoup, Adeline.
00:21:22 Je reprends la main maintenant désormais pour entrer dans le vif du sujet.
00:21:28 Au menu du jour, on va passer sur les principaux enjeux de l'industrie de l'acier.
00:21:32 Cela va être important parce que cela va permettre de bien comprendre
00:21:36 et de bien interpréter les résultats qui viendront après.
00:21:38 Ensuite, on va vous introduire aux différents scénarios qu'on a construits,
00:21:42 enfin résultats et discussions, et puis une conclusion.
00:21:48 Donc pour entrer directement dans le vif du sujet,
00:21:50 vous avez ici le parc industriel français de l'acier en 2015,
00:21:54 en tout cas tel qu'on l'a considéré, tel qu'on l'a approché dans le plan de transition sectoriel.
00:21:59 Vous avez un parc industriel qui est composé de nombreux sites,
00:22:04 notamment deux gros sites historiques qui sont ArcelorMittal Fos et ArcelorMittal Dunkerque.
00:22:09 Ils produisent de l'acier par la filière Ruffourneau.
00:22:11 Il y a un autre site de filière Fourneau qui est le site de Saint-Gobain-Pamme,
00:22:14 dans le Grand Est, qui ne produit pas de l'acier, mais qui produit de la fonte nuctile,
00:22:18 destinée au marché des canélisations, qui est un peu différent.
00:22:22 Et ensuite, à côté de ça, vous avez à peu près une quinzaine de sites
00:22:27 de la filière électrique qui sont répartis sur le territoire,
00:22:30 qui eux sont une filière de recyclage qui fonctionne avec 100% de ferraille.
00:22:37 Et enfin, vous avez des sites de production de ferroaliages.
00:22:40 Les ferroaliages sont des ingrédients qui rentrent dans la composition des alliages en acier.
00:22:50 En termes de répartition des émissions, vous voyez ici sur ce graphique
00:22:54 que les émissions sont dominées par la filière fonte.
00:22:58 C'est en général sur cette filière-là qu'on se concentre quand on parle de décarbonation de l'acier,
00:23:03 en tout cas dans les feuilles de route internationales.
00:23:06 Nous, dans le cadre de ce projet, on s'est focalisés sur la filière fonte,
00:23:09 mais aussi sur les émissions de la filière électrique.
00:23:11 Ça nous semblait important de les prendre en compte,
00:23:13 notamment parce que la filière électrique française représente aujourd'hui
00:23:16 une grosse part de la production d'acier, à peu près un tiers.
00:23:19 Ça représente des enjeux aussi très importants du point de vue du recyclage et des consommations de ferraille.
00:23:26 On n'a pas tenu compte, on n'a pas fait de modélisation sur la décarbonation
00:23:31 de la partie ferroaliage ou les sites de première transformation non intégrés,
00:23:34 parce que c'est des procédés qui sont un peu différents
00:23:38 et des bouchées de marché qui sont un peu différentes.
00:23:40 Donc, ça sera éventuellement, idéalement, pour un futur travail.
00:23:46 Je vais passer maintenant sur la description,
00:23:48 rentrer plus en détail sur la description des procédés et les différentes voies de décarbonation.
00:23:52 Donc, vous le savez peut-être, je viens de vous le dire,
00:23:56 la production d'acier se fait en France selon deux grandes filières historiques.
00:24:00 Vous avez d'abord la filière fonte traditionnelle,
00:24:03 qui, elle, passe par la production de fonte via des hauts fourneaux.
00:24:07 Le haut fourneau, on va lui charger du minerai aggloméré et du coque.
00:24:13 Et en fait, son rôle, il va en avoir deux.
00:24:16 Le rôle du haut fourneau, ça va vraiment être de procéder à la réduction des oxydes de fer
00:24:20 qui sont contenus dans le minerai,
00:24:22 vraiment aller arracher l'oxygène qui est chimiquement lié au fer.
00:24:26 Donc, ça, c'est le premier rôle du haut fourneau.
00:24:27 Et le deuxième rôle, ça va être de mettre en fusion le métal.
00:24:31 Et c'est pour ça qu'à la fin, après, on va retrouver,
00:24:33 on va obtenir un produit qui s'appelle de la fonte liquide,
00:24:37 qui est du fer mélangé avec du carbone, à peu près 4 à 5% de carbone.
00:24:42 Et pour obtenir de l'acier, il faut réduire cette teneur en carbone dans la fonte.
00:24:47 Donc, pour faire ça, on le charge dans un convertisseur à oxygène
00:24:52 et on va injecter de l'oxygène pour brûler une partie du carbone
00:24:55 et réduire la teneur en carbone jusqu'à ce qu'on obtienne à l'acier la nuance désirée.
00:25:00 Donc, ça, c'est pour la filière fonte.
00:25:02 Et à côté de ça, en parallèle, on a aussi la filière électrique qui s'est développée,
00:25:05 qui, elle, comme je le disais, est une filière qui repose sur l'utilisation de ferraille.
00:25:10 En tout cas, on pense exclusivement à des ferrailles.
00:25:13 Et pour mettre en fusion ces ferrailles, on va utiliser de l'électricité,
00:25:18 mais aussi du gaz naturel et du charbon.
00:25:20 Le charbon, lui, va servir aussi dans le procédé à faire mousser le laitier,
00:25:24 ce qui est une mesure courante d'efficacité énergétique sur les sites de fours arquelectriques.
00:25:31 Dans les deux cas, on produit de l'acier liquide
00:25:33 et on a ensuite une série d'étapes qui vont constituer la première transformation de l'acier,
00:25:39 qui, en général, la plupart du temps, sont intégrées au site de production.
00:25:45 Et je vous parlais tout à l'heure des ferroaliages.
00:25:48 En l'occurrence, les ferroaliages vont intervenir à ce moment-là
00:25:52 et, utilisés en petite quantité, ils vont permettre de conférer certaines propriétés voulues aux alliages,
00:25:58 puisqu'il y a des milliers de nuances d'acier différentes.
00:26:02 Donc, on va chercher à améliorer la résistance à la compression
00:26:06 ou la résistance à la corrosion, par exemple.
00:26:09 Donc ça, c'est pour la filière telle qu'elle existe aujourd'hui.
00:26:12 Et maintenant, je vais vous présenter les levées de décarbonation,
00:26:15 en tout cas ceux qu'on a considérés dans le plan de transition sectoriel.
00:26:18 Le premier d'entre eux, et dont on va beaucoup parler par la suite,
00:26:21 et dont vous avez peut-être déjà entendu parler,
00:26:23 c'est la filière de réduction directe qu'on abrège DRIEAF.
00:26:28 C'est une filière qui existe déjà à l'échelle mondiale,
00:26:30 qui fonctionne aujourd'hui essentiellement sur du gaz naturel.
00:26:34 On sait le faire fonctionner sur du gaz naturel.
00:26:38 Et l'idée de cette filière-là,
00:26:42 c'est aussi de pouvoir injecter,
00:26:44 substituer le gaz naturel progressivement par de l'hydrogène
00:26:47 pour à la fin obtenir un procédé 100% hydrogène,
00:26:51 se servir de l'hydrogène comme seul agent réducteur.
00:26:54 Donc c'est en général de ça dont on parle
00:26:58 quand on parle de l'acier à l'hydrogène.
00:27:01 La filière de réduction directe, elle produit du minerai de fer préréduit,
00:27:04 qui est abrégé DRI en anglais, qui est un matériau solide,
00:27:09 et qui va ensuite être mis en fusion dans un four à arc électrique,
00:27:12 ou qui peut aussi éventuellement être mis dans le convertisseur à oxygène.
00:27:17 Ça c'est la première grande filière.
00:27:18 La deuxième filière d'électrification de l'acier primaire,
00:27:22 dont on parle moins parce que c'est une filière qui est encore en développement,
00:27:25 c'est l'électrolyse directe du fer.
00:27:28 Finalement, comme on a besoin d'un agent réducteur
00:27:30 pour réduire les oxydes de fer,
00:27:32 on peut imaginer se servir directement de l'électricité, des électrons,
00:27:36 pour aller arracher l'oxygène aux oxydes de fer.
00:27:39 Dans ce cas-là, on obtient du fer solide,
00:27:41 qui lui a le même destin que le minerai de fer préréduit,
00:27:44 qui va être mis dans un four à arc électrique,
00:27:47 et qui va ensuite permettre de produire de l'acier par ailleurs.
00:27:53 Je m'attarderai un peu plus en détail sur cette filière
00:27:56 d'électrolyse directe du fer dans la slide suivante.
00:27:59 On a aussi la technologie de capture du CO2 sur l'éophore qui est envisageable,
00:28:04 l'augmentation du pourcentage de ferraille en substitution de la fonte
00:28:07 dans le convertisseur à oxygène,
00:28:09 qui permet de réduire la production de fonte et donc les émissions de CO2.
00:28:13 En substitution du charbon pulvérisé,
00:28:15 on peut injecter plusieurs choses différentes,
00:28:19 comme du gaz naturel ou du gaz de coquerie,
00:28:21 qui vont permettre de réduire aussi les émissions.
00:28:25 Dans les fours à arc électrique,
00:28:26 on a considéré l'utilisation de biocharbon et de plastique
00:28:30 en substitution du charbon.
00:28:33 Et sur la partie première transformation,
00:28:35 on a aussi une série de leviers qui sont essentiellement
00:28:40 des leviers d'efficacité énergétique, d'électrification directe,
00:28:44 ou aussi l'utilisation de la capture et séquestration du CO2
00:28:48 sur la partie réchauffage des domaines produits.
00:28:54 Vous avez là la plupart, la grande majorité des leviers de décarbonation
00:28:58 qu'on a considéré dans le cadre de ce plan de transition sectoriel.
00:29:04 Quelques mots maintenant sur l'électrolyse directe du fer.
00:29:08 Quand on fait la comparaison,
00:29:09 vous avez ici un tableau qui vous compare selon certains critères,
00:29:12 la voie d'RIH2 et la voie de l'électrolyse du fer.
00:29:16 Je précise que c'est à périmètre équivalent.
00:29:20 Et ce que vous constatez, c'est que sur certains critères,
00:29:23 l'électrolyse directe du fer, en tout cas sur le papier,
00:29:27 elle a plusieurs avantages.
00:29:28 Je peux notamment citer la capacité d'effacement électrique,
00:29:32 ou encore sa capacité à être construite de façon modulaire.
00:29:35 C'est-à-dire que dans le cadre de la voie d'RIH2,
00:29:37 on est en général contraints de designer des usines
00:29:41 de capacité de plusieurs millions de tonnes pour avoir un design efficace.
00:29:45 Dans le cadre de l'électrolyse directe du fer,
00:29:46 on peut envisager de développer des plus petits modules
00:29:48 de l'ordre de dizaines à centaines de kilotonnes de capacité installée.
00:29:52 Et ça, c'est une propriété dont on va se servir par la suite dans un des scénarios.
00:29:57 La voie d'RIH2, elle, par contre,
00:30:00 elle a clairement l'avantage de l'expérience, du retour sur expérience.
00:30:04 C'est la raison pour laquelle on a une littérature abondante dessus.
00:30:06 On sait se servir de la voie d'RIH2,
00:30:09 on sait la faire fonctionner avec du gaz naturel.
00:30:11 On a des acteurs, des fournisseurs de technologies qui sont déjà installés.
00:30:15 Contrairement à l'électrolyse directe du fer,
00:30:17 qui, elle, est une technologie qui est encore en cours de développement.
00:30:22 Et sur laquelle la littérature reste quand même assez limitée.
00:30:25 Donc, en fait, si on utilise un peu l'électrolyse directe du fer dans un des scénarios,
00:30:28 ça reste un pari.
00:30:30 Je vais maintenant passer la main à mon collègue Sylvain,
00:30:36 qui va nous introduire aux enjeux de marché.
00:30:40 Bien, merci beaucoup, Eliott, pour tous ces éléments
00:30:43 sur les procédés de production de l'acier.
00:30:48 De mon côté, effectivement, je vais maintenant vous présenter
00:30:52 les enjeux de marché de cette filière.
00:30:55 Alors, ce que vous avez sur cette slide,
00:30:58 c'est donc le diagramme des flux de l'acier en 2014,
00:31:04 et donc qui partent de l'intrant principal,
00:31:06 qui est le minerai de fer, jusqu'à l'acier en fin de vie,
00:31:09 qui correspond au ferraille.
00:31:10 Donc, vous voyez d'ailleurs qu'une partie est exportée.
00:31:13 Quoi retenir sur cette slide un peu complexe ?
00:31:17 On a essayé de faire ressortir trois éléments clés.
00:31:20 Le premier élément, c'est la complexe traçabilité de l'acier.
00:31:25 On voit bien tous les flux d'acier dans les différents secteurs consommateurs,
00:31:32 qui, finalement, complexifient fortement la traçabilité des flux,
00:31:36 en tout cas au niveau statistique.
00:31:38 Et derrière toute cette traçabilité de l'acier,
00:31:41 il y a aussi, en termes statistiques,
00:31:43 il y a aussi un tas d'acteurs qui transforment,
00:31:45 retransforment l'acier pour en faire des produits finis.
00:31:48 Donc, ça, c'est un premier sujet.
00:31:51 Le deuxième concerne la façon dont les produits sont, entre guillemets, transformés.
00:31:59 Elliot l'a indiqué, il y a deux filières principales,
00:32:02 la filière électrique et la filière fonte.
00:32:04 Et nous, pour aborder les enjeux marchés,
00:32:06 on a sélectionné trois, entre guillemets, produits.
00:32:09 Les produits plats, qui sont considérés comme uniquement sortis de la filière fonte,
00:32:15 et puis les produits long carbone et les inox et alliés,
00:32:19 qui sont, eux, issus de la filière électrique.
00:32:24 Alors, c'est un constat que l'on fait aujourd'hui,
00:32:26 mais qui peut éventuellement changer dans les années à venir,
00:32:28 où on peut voir que peut-être la filière électrique se mettra à produire des aciers plats,
00:32:33 et inversement, la filière fonte pourrait produire des aciers longs.
00:32:35 Mais pour le moment, ce sont les parties prix, en fait,
00:32:38 que l'on a fait pour simplifier l'analyse aussi de marché.
00:32:43 Et enfin, le troisième élément que l'on voulait faire ressortir,
00:32:47 c'est la place du commerce international.
00:32:49 Ça a été évoqué par Baptiste en début de webinaire.
00:32:53 On voit à la fois la place du commerce international sur les produits,
00:32:58 donc comme les produits plats,
00:33:00 mais aussi sur les déchets, en l'occurrence les ferrailles.
00:33:03 On a une grande partie des ferrailles collectées qui sont aujourd'hui exportées.
00:33:07 Donc derrière, c'est un enjeu aussi pour l'alimentation
00:33:10 de toute une filière sur le territoire en ferraille.
00:33:13 Maintenant, je vais revenir sur ces deux sujets d'un point de vue un peu plus fin.
00:33:17 Ici, vous avez la répartition de la production entre filière électrique et filière fonte.
00:33:23 Le proxy que nous allons faire, la simplification que nous avons faite,
00:33:29 concerne donc les produits plats issus de la filière fonte.
00:33:33 Et donc, comme on peut le voir, les débouchés de ces produits plats,
00:33:36 ils sont assez dispersés entre les secteurs du bâtiment,
00:33:41 les baies, qui sont les biens d'équipement et de consommation,
00:33:43 mais aussi le transport.
00:33:45 Donc, on a des débouchés qui sont assez diversifiés et qui peuvent évoluer à 2050.
00:33:52 Donc, ce sera l'objet de la prospective qu'on évoquera juste après.
00:33:55 Et puis, la deuxième approximation qu'on a choisi de faire,
00:33:58 c'est les consommations de produits longs carbone issus des fourrages électriques,
00:34:04 dont on voit que les débouchés en termes de marché sont assez différents,
00:34:11 parce que là, on a une filière qui repose grandement sur l'activité du BTP.
00:34:17 Et donc, ça, ça pose aussi des questions de dépendance à l'activité du BTP,
00:34:21 qui est illustré d'ailleurs dans nos scénarios.
00:34:24 Et enfin, on a un troisième type de produits,
00:34:29 que sont les inox et fortement alliés,
00:34:33 donc là, on a des produits plats et des produits longs,
00:34:35 plutôt à destination des secteurs transport et énergie,
00:34:38 pour des produits à plus forte valeur ajoutée.
00:34:42 Alors, en matière de commerce international,
00:34:45 ce que l'on a souhaité mettre en évidence,
00:34:48 on l'observe déjà concernant les produits plats ici.
00:34:52 Vous avez sur les bâtons de gauche les niveaux d'importation,
00:34:56 et à droite, ce sont les niveaux d'exportation.
00:34:59 Ce qui s'est passé entre 2014 et 2019 est illustré par le fait qu'on a une petite barre verte ici,
00:35:05 qui correspond au fait qu'on a été exportateur net de produits plats en 2014,
00:35:10 et progressivement, on a basculé vers un sol qui est devenu importateur.
00:35:14 Donc désormais, nous sommes importateurs nets de produits plats.
00:35:18 Donc là, il y a eu un basculement entre 2014 et 2019.
00:35:21 Et concernant les produits longs,
00:35:23 donc désolé pour ces petits décalages de forme,
00:35:27 ici on observe qu'il y a eu un creusement du solde des produits longs entre 2014 et 2019,
00:35:35 avec l'agrandissement de cette petite zone rouge entre les deux années.
00:35:39 Donc on se sert aussi de ces tendances-là pour justifier nos hypothèses
00:35:44 sur le commerce international des scénarios.
00:35:47 Et là, vous avez tracé sur ce graphe la baisse des soldes
00:35:51 pour les produits plats et pour les produits longs,
00:35:55 et on a également affiché la tendance finalement assez stable du solde des inox et allié.
00:36:01 Donc c'est vraiment une autre tendance.
00:36:03 En termes de localisation des exportations et des pays de provenance des importations,
00:36:09 on observe aussi, selon les statistiques,
00:36:11 que c'est quand même essentiellement au niveau européen que ça se passe.
00:36:16 Pour les produits plats, on a 80% des imports et des exports
00:36:19 qui sont en provenance et à destination des pays européens.
00:36:24 Pour les produits longs, on est sur 90% d'imports et 75% d'exports.
00:36:28 Et pour les inox et alliés, c'est dans les mêmes ordres de grandeur que les produits longs carbone.
00:36:32 Alors ici, il y a juste une petite parenthèse sur le fait que les statistiques peuvent aussi masquer
00:36:38 des pays de transit, c'est-à-dire qu'on va avoir statistiquement des importations
00:36:41 en provenance d'un pays européen,
00:36:42 mais il est possible que finalement, ça soit uniquement un pays de transit
00:36:46 et que les importations ne proviennent pas, par exemple, de Belgique ou des Pays-Bas,
00:36:51 mais peut-être de Russie ou d'Afrique du Nord.
00:36:53 Donc ce sont des biais statistiques que l'on n'a pas réussi à explorer.
00:36:59 Maintenant, je vais laisser la parole à Eliott sur les scénarios,
00:37:04 qui va vous expliquer les contextes de transition et quelques hypothèses.
00:37:08 Merci beaucoup, Sylvain, je reprends la main.
00:37:11 Avant de vous introduire au scénario, je vais juste dire quelques mots
00:37:14 sur la méthodologie qu'on a utilisée pour construire ces scénarios, justement.
00:37:19 Ce qu'on a commencé par faire, c'est qu'on a listé tous les facteurs
00:37:23 qui nous semblaient structurants pour la filière sidéologique,
00:37:27 et on a essayé de les placer de façon relative les uns par rapport aux autres
00:37:32 sur deux grands axes, un axe ZAP6 qui donne l'impact potentiel de ce facteur
00:37:39 sur la décarbonation, un axe ZONE qui donne son degré de probabilité.
00:37:43 Donc plus on est en haut à droite, plus le facteur est potentiellement impactant
00:37:46 et probable, donc il faut tenir compte.
00:37:50 Donc tous ces facteurs, comme je vous le disais, on les a listés.
00:37:54 Ce qu'on retient en particulier, dans tous les facteurs en haut à droite,
00:37:58 ce qu'on retient comme facteur structurant, c'est notamment la question
00:38:03 de la disponibilité d'électricité bas carbone à un groupe compétitif,
00:38:08 et plus généralement, la disponibilité en un train bas carbone
00:38:13 à un groupe compétitif, dans lequel je mets également les ferrailles.
00:38:19 En se basant sur ces facteurs-là en particulier, en se focalisant là-dessus,
00:38:24 on a tenté de décliner trois différents scénarios qui donnent
00:38:30 trois différents chemins de décarbonation pour la sidérologie.
00:38:36 Et ces trois scénarios, vous avez ici sur cette slide leur petit nom,
00:38:41 donc de gauche vers la droite, le premier s'appelle compétitivité dégradée.
00:38:45 C'est le scénario dans lequel on a, c'est véritablement le scénario
00:38:50 non entendable aujourd'hui de la délocalisation.
00:38:53 Le scénario que nous on appelle central, c'est le scénario Paris hydrogéné,
00:38:58 je vous expliquerai plus en détail par la suite pourquoi ces petits noms.
00:39:02 Et le dernier scénario, il s'appelle le scénario sobriété et diversification.
00:39:08 L'idée de ce scénario, c'est d'essayer de pousser un maximum
00:39:13 la souveraineté de la France dans ce scénario-là,
00:39:21 et de diminuer au maximum les risques de rupture d'approvisionnement.
00:39:25 En termes de déploiement technologique, finalement, quel que soit le scénario,
00:39:30 à horizon 2030, on a à peu près les mêmes trajectoires technos.
00:39:35 La vraie différenciation se fait après, à horizon 2050.
00:39:41 En l'occurrence, dans le scénario compétitivité dégradée,
00:39:44 s'il y a une technophare à citer, c'est le DRI, le DRI-UEF,
00:39:49 au gaz naturel avec du CCS.
00:39:51 Dans le scénario Paris hydrogéné, comme son nom l'indique,
00:39:54 c'est le DRI qui fonctionne à 100% d'hydrogène.
00:39:57 Et dans le dernier scénario, comme je vous l'indiquais,
00:39:59 on va chercher à diversifier les technologies.
00:40:01 Si on peut en citer trois, il y a le DRI-H2, il y a l'électrolyse du fer,
00:40:05 et il y a le haut fonds amélioré.
00:40:07 Je vais rentrer un peu plus dans le détail dans chacun des temps.
00:40:11 Je vais commencer par le scénario qu'on a appelé scénario Paris hydrogéné,
00:40:15 qui pour nous était un des premiers scénarios qu'on a construits.
00:40:18 On l'a construit comme un prolongement des annonces d'investissement
00:40:22 qui sont faites aujourd'hui par les grands groupes idéologiques
00:40:26 à l'échelle européenne, qui désignent deux grands piliers technologiques.
00:40:30 Vainqueurs, en tout cas pour décarboner l'acier,
00:40:33 qui sont la réduction directe à l'hydrogène et le recyclage avec l'utilisation de la ferraille.
00:40:41 Pour pouvoir advenir, on est ici dans un scénario où on est obligé
00:40:44 de supposer la disponibilité en hydrogène bas carbone et compétitif,
00:40:48 et donc l'électricité bas carbone à un coût compétitif.
00:40:51 C'est un scénario dans lequel on a une production qui reste assez centralisée,
00:40:56 structurée autour de hubs industriels.
00:40:59 Pour pouvoir émerger cette filière de réduction directe,
00:41:04 on doit aussi supposer la création d'un marché de l'acier vert avec un premium.
00:41:10 C'est-à-dire que les acteurs aval qui vont acheter l'acier
00:41:14 sont prêts à mettre le prix, à payer un premium sur ce fameux acier vert.
00:41:21 C'est aussi un scénario dans lequel on laisse une grande part au recyclage,
00:41:27 et aujourd'hui les quelques tendances de tension sur l'approvisionnement au recyclage
00:41:32 deviennent une réalité dans ce scénario-là.
00:41:34 C'est pour ça qu'on a aussi potentiellement une concurrence entre groupes,
00:41:38 entre régions, entre filières sur l'approvisionnement en ferraille.
00:41:44 Sur le second scénario, le scénario compétitivité dégradée,
00:41:48 c'est le scénario de la délocalisation.
00:41:52 C'est le scénario dans lequel on laisse se jouer les avantages comparatifs à l'échelle mondiale,
00:41:56 c'est-à-dire que l'acier et le dérit bas carbone seront produits
00:42:00 dans des régions qui ont accès facilement à des sources d'énergie décarbonées
00:42:07 et potentiellement aussi à du minérat de fer,
00:42:09 tant que ce soit aussi du minérat de fer de bonne qualité.
00:42:12 Il y a des régions aujourd'hui qui sont très bien identifiées pour ça.
00:42:15 Il y a par exemple, je peux citer le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Australie,
00:42:20 pourquoi pas aussi les États-Unis.
00:42:23 Et l'Europe et la France, dans ce scénario-là, se contentent d'importer le dérit et aussi de l'acier
00:42:30 pour pouvoir satisfaire ces besoins.
00:42:33 Comme on a un monde aussi qui reste assez ouvert,
00:42:37 on a une tendance qui se poursuit, une tendance sur l'exportation des ferrailles qui se poursuit.
00:42:44 Et c'est le scénario dans lequel on suppose qu'en France,
00:42:48 on n'a pas accès à une électricité bas carbone compétitive
00:42:52 et donc on a l'absence d'une filière d'H2 pour l'acidérologie bas carbone et compétitive.
00:42:57 Clairement, aujourd'hui, c'est un scénario qui n'est pas du tout entendable.
00:43:00 Par contre, quand on discute avec les industriels et quand on regarde en détail la littérature,
00:43:04 c'est un scénario qui reste complètement vraisemblable encore aujourd'hui.
00:43:09 Et enfin, le dernier scénario qui est un peu à l'opposé du spectre,
00:43:13 c'est le scénario peut-être le plus original qu'on a essayé de construire.
00:43:17 C'est le scénario de la réindustrialisation.
00:43:20 On essaie de minimiser un maximum les risques de rupture d'approvisionnement,
00:43:24 on essaie de maximiser le niveau de souveraineté.
00:43:27 Et pour faire ça, on est aussi dans un univers où on a accès à une électricité renouvelable et compétitive,
00:43:34 et donc à un H2 renouvelable et compétitif.
00:43:36 C'est un scénario dans lequel on a une diminution assumée de la demande.
00:43:40 Le levier de sobriété étant l'un des leviers pour aussi améliorer la souveraineté du pays.
00:43:46 Et je vous dirai aussi par la suite comment est-ce qu'on utilise par petite touche la technologie d'électrolyse du fer.
00:43:54 Et enfin, c'est un scénario dans lequel on a une production un peu plus décentralisée au niveau des territoires.
00:43:59 On essaie d'apporter de la flexibilité, notamment au réseau électrique.
00:44:03 On essaie de soulager le réseau électrique avec les différentes technologies.
00:44:10 Voilà ce que je pouvais dire sur les scénarios.
00:44:13 Vous avez ici une slide qui vous résume sur la forme d'étoile.
00:44:17 Chacun des scénarios, ça permet surtout de voir le contraste sur plusieurs aspects.
00:44:23 Ce qu'on peut notamment citer, c'est que concernant le développement de la filière H2,
00:44:30 comme prévu, il est maximal dans le scénario central, dans le scénario pari-hydrogéné.
00:44:35 Il est minimal dans le scénario compétitivité dégradée.
00:44:38 Et en ce qui concerne la réindustrialisation de certaines filières aval,
00:44:44 il est maximal dans le dernier scénario sobriété et diversification,
00:44:49 et il reste minimal dans le scénario compétitivité dégradée.
00:44:52 Je ne vais pas passer en revue chacun des facteurs,
00:44:57 mais sachez par contre que derrière toutes ces histoires qu'on vous raconte,
00:45:01 il y a des hypothèses chiffrées sur les trajectoires de marché et les trajectoires techniques.
00:45:07 Parlons de technologie, justement.
00:45:12 En ce qui concerne les hypothèses de déploiement, vous avez une cité qui résume
00:45:16 les principales hypothèses de déploiement technologique,
00:45:20 en tout cas celles qui ont un véritable, un gros impact sur les émissions de CO2.
00:45:25 Je ne vais pas toutes les passer en détail, peut-être deux ou trois seulement.
00:45:30 Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que dans les deux premiers scénarios,
00:45:33 compétitivité dégradée et pari-hydrogéné,
00:45:36 à horizon 2050, on n'a plus d'eau fourneau.
00:45:39 On ferme tous les eaux fourneaux, contrairement au dernier scénario,
00:45:42 sobriété et diversification, dans lequel on maintient un eau fourneau,
00:45:46 justement sur lequel on fait du CCS,
00:45:49 notamment pour cette question de diversification technologique.
00:45:52 La deuxième chose que je peux dire, c'est qu'en termes de production de DRI en France,
00:45:58 dans le scénario compétitivité dégradée, on en a un peu,
00:46:02 on a l'équivalent de la production d'un réacteur DRI en France, à horizon 2050.
00:46:07 Dans le scénario central pari-hydrogéné, on a l'équivalent de trois réacteurs DRI à horizon 2050.
00:46:13 Et dans le scénario sobriété et diversification,
00:46:16 on a l'équivalent de deux réacteurs DRI à horizon 2050.
00:46:20 Dans le DRI, mise à part dans compétitivité dégradée,
00:46:26 on monte progressivement à un taux d'injection d'hydrogène de 100%.
00:46:30 Dans le scénario compétitivité dégradée, pour les raisons que j'ai expliquées tout à l'heure,
00:46:34 on ne met pas d'hydrogène électrolytique, on reste sur du gaz naturel.
00:46:38 Par contre, pour décarboner ce DRI-là, on va faire du CCS par-dessus.
00:46:43 Et enfin, un petit mot aussi sur l'électrolyse directe du fer,
00:46:50 dans le scénario sobriété et diversification.
00:46:52 C'est uniquement dans ce scénario-là qu'on met un peu d'électrolyse directe du fer.
00:46:57 Et on le fait, on suggère de le faire en plaçant des petits modules de production
00:47:03 de fer électrolysé de façon décentralisée dans les territoires,
00:47:07 de manière à fournir aux EF historiques un peu de fer vierge.
00:47:12 L'hypothèse qu'on fait dans ce scénario, c'est que pour pouvoir avoir accès aux ferrailles
00:47:18 et notamment pouvoir maintenir les ferrailles de qualité inférieure sur le territoire français,
00:47:23 ce qu'on a supposé, c'est qu'une des idées intéressantes,
00:47:27 ça pourrait être de remettre un peu de fer vierge dans le circuit,
00:47:30 dans le mix des intrants matière, défauts archélectriques.
00:47:33 La façon de faire ça, c'est notamment avec du fer électrolysé.
00:47:37 C'est pour ça qu'on a développé ce concept de mini-cluster sidéologique.
00:47:43 On a des petits modules de production d'électrolyse du fer
00:47:46 qui sont dispersés sur le territoire, qui vont fournir certains EF à proximité.
00:47:53 Chacun de ces modules a une petite capacité d'environ 150 kT de production par an.
00:48:00 Voilà comment la technologie d'électrolyse directe du fer,
00:48:04 on l'utilise dans le scénario sobriété et diversification.
00:48:08 Je repasse la main à mon collègue Sylvain,
00:48:11 qui va maintenant vous introduire aux hypothèses technologiques de marché.
00:48:16 Merci, Eliott, pour toutes ces précisions.
00:48:21 L'intérêt des PTS, c'est à la fois de proposer des itinéraires technologiques,
00:48:27 mais aussi d'explorer différentes évolutions de marché.
00:48:32 Tout simplement parce qu'on ne peut pas arriver à une baisse de l'intensité CO2 à 2050,
00:48:37 mais bien à une baisse des émissions de CO2 dans l'absolu.
00:48:40 On se projette sur différents univers de marché qui peuvent exister.
00:48:47 En l'occurrence, on s'appuie assez fortement sur,
00:48:51 pour traduire les univers en hypothèses et donc en résultats de modélisation,
00:48:55 on s'appuie beaucoup sur les hypothèses de transition 2050,
00:48:59 dont vous avez un échantillon sur la gauche.
00:49:03 On a essayé de flécher les différents scénarios de transition 2050 sur nos scénarios PTS.
00:49:09 En l'occurrence, le compétitivité, le sobriété et diversification
00:49:16 est plutôt sur un S2 alors que le compétitivité dégradée est plutôt sur un S4.
00:49:21 Si je vais directement au résultat, parce qu'il y a tout un jeu d'hypothèses
00:49:26 sur lesquelles je ne vais pas revenir, il n'y en a plus de 100.
00:49:29 Voilà les résultats de la modélisation.
00:49:32 On voit bien l'effet de la sobriété qui est un peu plus dans le S2 de transition 2050
00:49:38 sur la filière de l'acier avec un niveau de demande qui est à -18%,
00:49:43 alors que sur le scénario compétitivité dégradée,
00:49:48 on a abouti à une demande qui augmente de 7%,
00:49:53 notamment tirée par le transport et l'énergie.
00:49:56 Alors que pour le sobriété et diversification,
00:49:59 on a plutôt une réduction significative des besoins d'acier
00:50:03 liés à la chute de l'activité du BTP, modélisé.
00:50:07 Pour arriver à une trajectoire de production,
00:50:10 au-delà des effets de la demande domestique,
00:50:13 on rajoute derrière les effets du commerce international.
00:50:16 On a donc sélectionné des paramètres pour capter une politique industrielle
00:50:21 ou un niveau de souveraineté plus ou moins ambitieux.
00:50:24 Les hypothèses sont donc inscrites dans les variables du taux d'importation
00:50:28 et d'exportation que vous avez en bas à gauche,
00:50:31 la définition en tout cas des taux que vous avez en bas à gauche.
00:50:33 Concernant le compétitivité dégradée,
00:50:36 Elliot l'a déjà souligné sur le fait qu'ici on a des règles de l'offre
00:50:41 et de la demande au niveau mondial qui se poursuivent et qui s'accentuent.
00:50:45 Et donc les flux se développent sur la base d'un avantage comparatif déterminant
00:50:51 qui est celui de l'accès à l'énergie bas carbone et compétitive.
00:50:55 Donc les étoiles traduisent en fait une absence de politique industrielle
00:51:00 ambitieuse en termes de relocalisation en tout cas.
00:51:03 Et on l'observe, il y a un petit bug sur les animations,
00:51:09 les résultats sont divulgués sans que je m'y attendais.
00:51:13 On voit sur les graphs, les courbes histogrammes orange,
00:51:18 on voit finalement une diminution sur l'acier qui est exporté de -56%
00:51:26 et une augmentation de l'acier importé
00:51:28 en raison de la perte de compétitivité de l'acier d'énergie en France
00:51:33 mais également en Europe.
00:51:35 Il y a aussi une petite parenthèse sur ce que l'on considère comme l'acier indirect.
00:51:40 Dans la mesure où finalement les secteurs aval sont également fortement importateurs,
00:51:47 si on augmente la demande domestique par exemple en ENR
00:51:51 mais que ces ENR sont produites hors des frontières de l'UE et hors de France,
00:51:55 ça va alimenter une production d'ENR à l'étranger
00:51:59 et donc on ne va pas importer de l'acier sous forme brute
00:52:04 mais on va apporter des produits qui contiennent de l'acier.
00:52:07 C'est ça qu'on a voulu capter par "acier indirect".
00:52:09 C'est illustré par la barre de gauche,
00:52:12 on a une augmentation de l'acier indirect liée à l'augmentation des importations
00:52:17 je prenais l'exemple des ENR,
00:52:19 parce qu'on n'a pas fait d'hypothèse sur la relocalisation de ces activités en aval.
00:52:23 Concernant le pari hydrogéné,
00:52:25 on a maintenu une forme de stabilité des échanges
00:52:30 et on a mis surtout l'accent sur une politique industrielle
00:52:34 driveée par l'accès à l'hydrogène bas carbone.
00:52:40 D'où des niveaux d'importation et d'exportation qui restent assez stables
00:52:45 et qui se basent sur l'état des lieux en 2019.
00:52:49 De l'autre côté du spectre, on a notre scénario sobriété et diversification
00:52:54 qui met en avant une ambition en matière de relocalisation
00:53:03 beaucoup plus poussée, notamment sur les ENR.
00:53:07 La relocalisation des ENR alimente aussi une demande
00:53:10 pour les industries sidérurgiques françaises.
00:53:15 On a une réduction des importations d'acier
00:53:20 et on a aussi une réduction des exportations d'acier.
00:53:24 Pourquoi ? Parce que dans cet univers,
00:53:26 on considère qu'on n'est pas les seuls à vouloir faire un peu de souveraineté
00:53:29 mais que les pays limitrophes, les voisins,
00:53:32 s'orientent également sur ce type de politique.
00:53:37 Et si on met bout à bout nos évolutions de marché domestiques
00:53:43 et nos évolutions d'import et d'export,
00:53:45 on arrive donc à une trajectoire de production sur les différents scénarios.
00:53:50 Ces trajectoires, encore une fois, ne sont pas des trajectoires de prévision
00:53:58 mais ce sont bien des projections basées sur tout un jeu d'hypothèses
00:54:02 et elles ont surtout tendance à refléter des évolutions de marché
00:54:07 ou des évolutions de production d'entreprises ou de filières.
00:54:11 Sur le scénario compétitivité dégradée,
00:54:14 on voit une baisse généralisée et significative de la production
00:54:18 sans surprise en lien avec la baisse de la compétitivité.
00:54:24 Sur le scénario Paris hydrogéné,
00:54:27 on a stoppé un peu le creusement du solde commercial
00:54:32 et donc on a des niveaux de production
00:54:35 qui dépendent fortement de la demande domestique.
00:54:39 En l'occurrence, sur les produits non carbone,
00:54:42 on a une baisse de l'activité du BTP
00:54:45 ce qui fait qu'on est à -7% dans la production
00:54:48 alors que dans la filière fonte et les inox et alliés,
00:54:52 on a plutôt une production qui augmente.
00:54:55 Et enfin, sur le scénario sobriété et diversification,
00:54:59 on a l'effet de sobriété qui joue très clairement,
00:55:02 sobriété sur le BTP et les transports notamment,
00:55:05 avec les hypothèses du S2 notamment.
00:55:08 En revanche, l'effet de la relocalisation qui a été modélisé,
00:55:12 alors là c'est un parti pris, il a été fléché sur les ENR,
00:55:17 on a choisi de relocaliser la production d'ENR
00:55:20 et cela profite aux inox et alliés,
00:55:23 donc on a une forte production des inox et alliés
00:55:27 en lien avec cette demande en ENR sur le territoire.
00:55:31 Voilà pour moi, je vais maintenant passer la parole à Quentin
00:55:37 pour les résultats de ces scénarios.
00:55:40 Merci Céline.
00:55:43 Effectivement, passons aux résultats de nos scénarios PTS-ACIER
00:55:48 avec tout de suite les résultats du Paris Hydrogéné,
00:55:52 où on observe 94% de réduction d'émissions directes
00:55:57 dans l'acidiérérogie française au global.
00:56:00 Si on prend le temps d'observer ce graphique,
00:56:04 on a ici les effets cumulés de chacune des évolutions
00:56:08 qu'on a prises en compte dans le scénario,
00:56:11 cumulés sur une année,
00:56:14 et donc on voit que l'élément déterminant de la décarbonation
00:56:18 dans ce scénario Paris Hydrogéné, c'est la conversion des hauts fourneaux
00:56:21 vers la voie des RIE-EAF,
00:56:24 et ce qu'on observe ici, c'est qu'il y a deux mouvements
00:56:29 quand on fait cette conversion des hauts fourneaux,
00:56:31 il y a d'abord le fait que la filière des RIE,
00:56:34 ce n'est pas que la filière hydrogène, c'est aussi une filière EAF,
00:56:37 qui consomme des ferrailles,
00:56:39 et la conversion des hauts fourneaux en EAF,
00:56:42 en filière acier électrique,
00:56:45 réduit l'essentiel des émissions,
00:56:48 toute la partie qui est jaune,
00:56:51 et on a également hypothétiquement pris en compte
00:56:55 le fait que cette conversion vers le DRI-EAF
00:56:59 peut se faire avec du DRI produit à partir de gaz naturel,
00:57:04 c'est-à-dire qu'on a également un effet haussier
00:57:06 qu'on a pris en compte ici en HUR sur le dessus,
00:57:09 qui correspond au fait que ce DRI aurait pu être produit
00:57:13 à partir de gaz naturel, et il est compensé par la barre bleue
00:57:16 qu'on retrouve en dessous,
00:57:18 qui donne la conversion progressive des réacteurs DRP
00:57:24 produisant le DRI, du gaz naturel, vers l'hydrogène.
00:57:28 On a ensuite pris en compte également des technologies
00:57:31 qui interviennent avant 2035, lorsque subsistent des hauts fourneaux,
00:57:35 qu'on retrouve ici en rouge,
00:57:38 d'intégration de ferrailles dans le convertisseur du haut fourneau,
00:57:41 qui abat déjà un certain nombre d'émissions avant 2035,
00:57:45 et d'injection de gaz de coquerie.
00:57:47 Dans les derniers effets qu'on retrouve,
00:57:49 on a l'effet de production d'acier,
00:57:52 qui est limité dans ces scénarios par hydrogène,
00:57:55 qui est un des facteurs du maintien global de la production d'acier.
00:57:59 Et l'apparition en bleu foncé du CCS,
00:58:02 de la cape du captage de CO2 sur le laminage,
00:58:05 et enfin d'autres technologies prises en compte,
00:58:07 notamment sur les EF, la filière EF historique.
00:58:10 Je passe maintenant au scénario compétitivité dégradée,
00:58:14 dans lequel on retrouve à nouveau l'importance,
00:58:18 même s'il n'y a qu'un DRP qui est mis en oeuvre dans ce scénario,
00:58:23 on a des conversions des eaux fourneaux vers des EF,
00:58:28 mais de manière un peu plus modeste,
00:58:31 puisque l'évolution de la production d'acier
00:58:37 va diminuer beaucoup plus drastiquement les émissions de l'acidérogène dans ce scénario-là,
00:58:43 et on atteint 96% de réduction d'émissions dans ce scénario.
00:58:48 On retrouve également l'injection de gaz de coquerie,
00:58:51 et l'intégration de farine dans le convertisseur sur l'eau fourneau.
00:58:54 Ce qui varie par rapport au précédent scénario présenté,
00:58:58 c'est à la place de la conversion du gaz naturel en hydrogène,
00:59:04 là on reste sur le gaz naturel,
00:59:06 pour les problématiques de compétitivité de prix de l'électricité,
00:59:08 comme on a dit tout à l'heure,
00:59:09 et on va abattre les émissions du DRP en faisant du CCS,
00:59:15 donc ici sur la partie sélective,
00:59:17 c'est le sélectif et non sélectif des CO2 qui sort de ce DRP.
00:59:22 Ensuite sur le scénario sobriété et diversification,
00:59:27 on a une réduction un peu plus modeste,
00:59:29 mais tout de même au-delà des objectifs SNBC2,
00:59:32 de 88% d'émissions directes, hors pubgéniques,
00:59:36 mais la partie pubgénique, comme on le verra dans quelques instants,
00:59:38 est tout de même assez modeste.
00:59:40 Et donc on retrouve l'éventail technologique de ce scénario,
00:59:45 donc de diversification,
00:59:47 dans lequel on a à nouveau la partie de conversion des hauts fourneaux en EAF,
00:59:54 une limitation de la production d'acier significative
00:59:57 qui est liée à ce levier de sobriété qui est mis en action,
01:00:01 et une importance plus grande des leviers appliqués sur les hauts fourneaux
01:00:06 qui se maintiennent dans ce scénario,
01:00:08 avec toujours l'intégration de ferraille,
01:00:10 toujours l'intégration de gaz de coquerie,
01:00:12 mais également les technologies de recirculation des gaz sidérurgiques,
01:00:17 dans lesquelles on va avoir également une boucle de captage de CO2,
01:00:21 en plus du captage sur le laminage.
01:00:23 Je passe maintenant à quelques éléments de comparaison entre ces scénarios.
01:00:29 Alors là on retrouve en creux les effets de décomposition de la baisse d'émissions
01:00:36 qu'on présentait tout à l'heure,
01:00:37 mais ceci on voit les émissions résiduelles et on regarde où est-ce qu'elles se situent.
01:00:41 Donc on retrouve sur ce scénario Paris hydrogéné,
01:00:46 les deux moments de décarbonation qui consistent à l'apparition des DRP,
01:00:53 la conversion en voie DRI-EAF et la fermeture des hauts fourneaux,
01:00:57 et ici la baisse de ce ventre qui correspond à la conversion progressive
01:01:04 du gaz naturel qui va dans les DRP en hydrogène,
01:01:09 qui fait baisser les émissions de cette filière DRI-EAF.
01:01:12 À gauche sur le compétitivité dégradée,
01:01:15 on retrouve l'apparition de la première conversion de hauts fourneaux en DRI-EAF,
01:01:21 à la place du hydrogène, c'est le CCS qui va combler ce ventre d'émissions.
01:01:26 Et c'est quelque chose qui est important à dire,
01:01:29 c'est ici le manque de compétitivité, c'est la délocalisation,
01:01:33 c'est la fermeture d'un haut fourneau qui fait baisser les émissions à horizon 2035 dans ce scénario-là.
01:01:40 Ce qu'on ne retrouve pas dans le scénario diversification décentralisée,
01:01:44 donc c'est la sobriété diversifiée, une petite erreur sur le nom ici,
01:01:48 où on a le maintien de ces hauts fourneaux,
01:01:51 donc avec des améliorations technologiques sur ces hauts fourneaux,
01:01:55 et d'ailleurs on retrouve ici la part biogénique, comme je disais tout à l'heure, qui est assez modeste.
01:02:00 Si on se penche maintenant sur le gros enjeu de la décarbonation de la sidérurgie française,
01:02:08 qui est la consommation d'électricité,
01:02:11 cette slide montre assez clairement la problématique,
01:02:18 c'est-à-dire que dans le pari hydrogéné, où on va au-delà des annonces de développement d'hydrogène,
01:02:23 on a un poids de la consommation d'électricité qui est quintuplé en sous-tirage sur le réseau,
01:02:29 et en plus toute cette partie hachurée qui correspond aux électrolyseurs,
01:02:33 correspond à des consommations localisées sur les zones industrielles à la priori,
01:02:39 parce qu'on n'a pas d'hypothèse sur l'origine de l'hydrogène,
01:02:43 on suppose que c'est fait sur site,
01:02:45 et donc on met en avant un risque de ce scénario en poussant l'hydrogène aussi nettement,
01:02:52 d'avoir des enjeux de renforcement du réseau localement à Dunkerque et à Fos,
01:02:57 à hauteur d'un quintuplement de sous-tirage électrique sur le réseau, jusqu'à 39 TWh.
01:03:05 Dans le scénario sobriété et diversification,
01:03:09 on retrouve de manière plus limitée cet appel en électricité sur le réseau
01:03:15 pour fabriquer de l'hydrogène lié à la voie des RH2,
01:03:20 et on retrouve également le développement de l'électrolyse directe du fer
01:03:28 sur la partie verte en haut du graphique, qui est progressive,
01:03:32 et qui, c'est à noter, cette partie d'électricité consommée,
01:03:36 de même que la partie bleue en dessous qui correspond aux EAF historiques,
01:03:40 c'est une consommation d'électricité qui est décentralisée,
01:03:43 qui a l'avantage par rapport à la partie hachurée de se répartir sur le territoire
01:03:47 et de tirer de l'électricité de manière moins intense
01:03:51 du point de vue du renforcement des réseaux électriques localement.
01:03:55 Enfin, sur le scénario compétitif et dégradé,
01:03:59 on voit clairement qu'on retrouve quelque chose d'assez stable par rapport à aujourd'hui.
01:04:05 On a -22% de sous-tirage électrique sur le réseau dans ce scénario.
01:04:14 Du point de vue des consommations de ferraille par filière et selon ces scénarios,
01:04:20 c'est quand même un message important.
01:04:22 On dit qu'on passe à cette filière des RIH2, mais ce n'est pas que des RIH2,
01:04:26 c'est des EAF, et un EAF, un cours à arc électrique, c'est un consommateur de ferraille.
01:04:32 Et il ne compte que des RIH2 dans le cadre de la part de ferraille hydrogénée.
01:04:43 Il n'y a pas que des RIH2 qui rentrent dans l'EAF, également 40% de ferraille.
01:04:48 Dans l'ensemble de nos scénarios, à 2030, on a une consommation de filière à EAF,
01:04:53 et ensuite une réduction de cette consommation de ferraille dans le compétitivité dégradée
01:04:58 du fait de la diminution de production, et dans sobriété et diversification
01:05:04 du fait de la substitution de 25% de ferraille par du fer vierge,
01:05:07 qui peut être apporté par du fer vierge en complément du dairy.
01:05:15 Si on regarde ce qui se passe sur ce nœud 2030, on se rend compte qu'on a un manque de ferraille.
01:05:27 Si on prend en compte les hypothèses de marché développées par Sylvain tout à l'heure,
01:05:33 en prenant en compte aussi l'acier indirect importé, on a un gisement de ferraille qui a été chiffré,
01:05:40 et sur lequel en 2030, en prenant les mêmes hypothèses d'export et d'import,
01:05:44 on se retrouve avec un déficit qui va de 1 à 2 Mt de ferraille sur le pari hydrogéné.
01:05:51 La question qui se pose c'est comment faire pour s'approvisionner en ferraille ?
01:05:55 Il y a trois questions.
01:05:57 Premièrement, on peut se dire qu'on exporte beaucoup de ferraille,
01:06:00 donc on peut essayer d'aller sur ce gisement-là en réduisant les exportations,
01:06:04 sinon on augmente les importations.
01:06:07 Si on augmente les importations, on a aussi un enjeu, y compris pour limiter la fuite des ferrailles,
01:06:13 de limiter l'impact de la hausse de demande sur le prix.
01:06:17 Tout le monde, sans doute, en 2030, va se saisir de cette ferraille pour décarboner sa filière hydrogène.
01:06:22 Pas qu'en France, le prix de la ferraille risque d'augmenter.
01:06:25 Donc, il se pose la question de comment limiter l'impact de ces hausses de prix.
01:06:29 Enfin, il y a également l'enjeu d'ajuster la qualité des ferrailles,
01:06:33 puisque tous les gisements de ferraille n'ont pas les mêmes qualités.
01:06:36 Donc, il se pose à l'industrie siderologique de choisir ses approvisionnements
01:06:39 en fonction des débouchés qu'elle veut faire et en fonction des technologies qu'elle a à disposition.
01:06:43 Je passe maintenant sur le volet économique de ces scénarios.
01:06:49 Je vais passer rapidement sur les CAPEX.
01:06:53 Ce qu'il faut retenir, c'est qu'on a quand même deux grands moments d'investissement,
01:06:56 notamment dans le bar hydrogéné, où on a 7 milliards d'investissements au global,
01:07:00 un d'ici 2026 et un vers 2035 pour la conversion,
01:07:06 et c'est ce qui crève les yeux, c'est l'essentiel des investissements,
01:07:09 pour la conversion des eaux fourneaux en DRI/EAF.
01:07:14 Donc, on a moins d'encomptabilité dégradée, puisqu'on ne fait qu'un seul DRP,
01:07:20 et de manière également plus modeste en diversification des centralités,
01:07:24 dans lequel on a des CAPEX sur l'évolution des eaux fourneaux qu'on retrouve en violet,
01:07:34 sur la recirculation des gaz siderologiques et leur captage.
01:07:38 Je vais passer rapidement sur cette slide qui redit la même chose de manière agrégée,
01:07:43 où on retrouve le point important de la filière des DRI/EAF dans ces CAPEX,
01:07:48 et également, c'est notable, des CAPEX assez importantes pour le talon d'électrification de la filière EAF historique.
01:07:56 Désormais sur les OPEX, comme on l'a dit, tout l'enjeu de ce scénario,
01:08:01 c'est l'accès à une électricité bas carbone compétitive, ou à un hydrogène bas carbone compétitif.
01:08:06 Donc, on retrouve également dans la structure des coûts de production,
01:08:12 un poids de l'électricité qui devient bien plus important dans Paris Hydrogené et dans sobriété et diversification,
01:08:20 c'est la partie bleue, et un poids également des ferrailles qui augmente naturellement
01:08:26 du point de vue des évolutions qu'on a décrites.
01:08:28 C'est quand même significatif. Ici, on est en bas 100 en 2022,
01:08:33 et dans Paris Hydrogené et sobriété et diversification,
01:08:36 on a plus de 40% d'augmentation du coût de production dans ce scénario.
01:08:42 A savoir, c'est qu'on a pris des hypothèses de prix ici qui sont fixes.
01:08:47 On a pris les mêmes prix de l'électricité, des ferrailles et du gaz qu'en 2022,
01:08:55 et donc on a cette évolution-là.
01:08:57 Le message derrière, et ce que va développer Sylvain tout de suite après,
01:09:00 c'est que si on veut faire advenir ces scénarios, on a besoin de faire quelque chose.
01:09:06 Soit avoir une évolution du prix et faire en sorte que ce soit accessible
01:09:12 pour les consommateurs de prix de l'acier final, soit de trouver un moyen de faire baisser le prix
01:09:18 d'électricité par rapport à aujourd'hui, ou des ferrailles,
01:09:21 de manière à rendre ces scénarios plausibles du point de vue économique dans le contexte mondial.
01:09:27 Donc voilà, j'en ai fini, je laisse la parole à Sylvain.
01:09:31 Une dernière parenthèse économique dans ce PTS,
01:09:43 concernant la notion de coût d'abattement, qu'on considère comme un indicateur économique
01:09:48 d'une technologie de décarbonation.
01:09:50 Il y a en gros deux objectifs.
01:09:52 Il vise à la fois à mesurer le coût associé au déploiement d'une technologie
01:09:57 pour abattre une tonne de CO2, mais on peut aussi l'utiliser pour identifier
01:10:02 des niveaux de prix à partir duquel l'investissement peut être amorti
01:10:07 par les économies en énergie, CO2, matières premières, etc.
01:10:10 C'est symbolisé par la petite formule simplifiée que vous avez,
01:10:13 lorsque le bloc bleu est supérieur au bloc rouge, là on a un coût d'abattement
01:10:18 qui peut être négatif et ça "rend" la technologie compétitive.
01:10:23 Lorsque le coût d'abattement est égal à zéro, on a les économies d'OPEX
01:10:27 qui compensent l'investissement initial.
01:10:30 Comment ça se traduit dans le secteur de l'acier ?
01:10:34 On a fait des petits calculs, il y a plein de paramètres qui peuvent jouer
01:10:39 sur cette valeur de coût d'abattement.
01:10:41 Sur la technologie DRI 100% H2, on a pris en compte un niveau de CAPEX
01:10:47 de 8 milliards d'euros, on a fait tourner le modèle avec des valeurs de prix
01:10:53 qui sont en 2021, donc vous avez certains niveaux en bas pour le gaz 30 euros,
01:11:03 et on arrive à un coût d'abattement de 16 euros par tonne de CO2 abattu.
01:11:07 Il faut savoir que de ça on peut prendre plein de tests de sensibilité.
01:11:12 Si on prend les prix de 2015, on est à 42 euros par tonne de CO2.
01:11:16 On voit bien l'impact des prix sur le coût d'abattement d'une technologie.
01:11:22 On le voit d'autant plus si on fait varier nos hypothèses de prix
01:11:27 par rapport au coût d'abattement.
01:11:28 En ordonnée, vous avez le coût d'abattement, et en abscisse, vous avez des prix
01:11:33 soit du CO2, du gaz ou de l'électricité.
01:11:36 Qu'est-ce que l'on peut retenir de ce graphique, de cette sensibilité ?
01:11:42 Déjà, plus le prix de l'électricité est élevé, moins la technologie est compétitive,
01:11:49 et inversement pour le prix du CO2.
01:11:51 On l'observe avec la tendance des courbes pour l'électricité.
01:11:56 On voit bien que plus l'abscisse est élevée, plus le coût d'abattement est élevé.
01:12:01 C'est assez naturel compte tenu des caractéristiques de la technologie
01:12:07 des RIEO-F 100% H2.
01:12:09 Et puis, le dernier message que l'on peut observer ici, c'est que par exemple,
01:12:14 pour que le coût d'abattement soit égal à zéro, pour que les économies d'OPEC couvrent
01:12:19 l'investissement initial, il nous faut un prix d'électricité qui est de 48 euros
01:12:24 par MWh, alors qu'aujourd'hui il est à 60 euros dans nos estimations,
01:12:28 ou alors il nous faut un prix du CO2 qui est à 48 euros la tonne de CO2.
01:12:33 Alors qu'aujourd'hui, en tenant compte des quotas gratuits reçus par la filière,
01:12:37 c'est plutôt autour de 5-10 euros.
01:12:39 Donc voilà, il y a ces sensibilités du coût d'abattement qui peuvent être faites
01:12:45 pour chaque technologie.
01:12:46 Et enfin, un dernier élément, c'est une comparaison.
01:12:49 On a souhaité opposer le DRI EF 100% H2 et le DRI EF gaz nat CCS.
01:12:56 Ce que l'on observe, c'est que là on retrouve la droite bleue qui était
01:13:00 dans la slide précédente, et on a rajouté la droite orange,
01:13:04 qui est le DRI EF gaz nat CCS, qui est logiquement croissante
01:13:09 avec le prix du gaz.
01:13:10 Plus le prix du gaz est élevé, moins vous avez intérêt à déployer
01:13:13 cette technologie.
01:13:15 Et on voit que finalement, arriver à un certain niveau de prix du gaz,
01:13:18 ça devient même, il y a un coût d'abattement qui est positif.
01:13:24 En revanche, pour un prix du gaz inférieur à 80 euros par MWh,
01:13:30 cette technologie semble intéressante.
01:13:33 On fait la même sensibilité avec le prix de l'électricité.
01:13:36 Et là on voit que la technologie DRI EF 100% H2 semble relativement
01:13:42 moins compétitive par rapport au DRI EF gaz nat CCS, avec un prix
01:13:47 de l'électricité supérieur à 21 euros par MWh.
01:13:50 Donc là, c'est le passage finalement, c'est ce qui est symbolisé
01:13:53 par le rond bleu, lorsque la trajectoire en bleu est supérieure
01:13:56 à la trajectoire en orange.
01:13:58 Donc voilà le genre de test de sensibilité.
01:14:01 Vous retrouverez d'autres tests à la fois dans la synthèse et dans le rapport,
01:14:04 parce qu'il y a plein de paramètres sur lesquels on peut jouer.
01:14:07 Mais attention, là aussi c'est important d'avoir en tête que ce sont
01:14:10 des estimations basées sur une usine de référence, et qui ne reflètent
01:14:14 pas nécessairement des conditions réelles de déploiement des technologies,
01:14:18 à la fois sur la proximité des infrastructures électriques
01:14:22 ou des infrastructures CCS.
01:14:24 Donc ça, ça peut modifier les valeurs, et donc modifier les coûts
01:14:29 d'abattement et l'intérêt de déployer telle ou telle technologie.
01:14:34 Et puis, par exemple, sur le CCS, il y a aussi d'autres facteurs
01:14:38 qui sont moins captés par le coût d'abattement, qui est notamment
01:14:41 l'approvisionnement en gaz.
01:14:43 Donc ça, c'est une variable un peu plus qualitative, et qui n'est pas
01:14:47 captée par cette notion de coût d'abattement.
01:14:50 J'en reste là, mais il y a plein d'autres tests qui seront proposés
01:14:56 probablement dans le rapport.
01:14:58 Je passe maintenant la main à Aylaud pour la dernière partie.
01:15:03 Oui, je vais conclure, et je vais finalement, je me rends compte,
01:15:06 répéter pas mal de choses que Baptiste a déjà dites en introduction.
01:15:10 Donc tant mieux, merci Baptiste, tu m'as facilité le travail.
01:15:14 Nous, en tout cas, en ce qui concerne les quatre enseignements clés
01:15:17 qu'on retient de cet exercice de plan de transition sectoriel,
01:15:20 c'est finalement des enseignements qui, pour deux ou trois d'entre eux,
01:15:24 sont impliquables aussi à tous les autres secteurs industriels,
01:15:29 la plupart des autres secteurs industriels qu'on couvre,
01:15:32 dans le cas de Financilimact.
01:15:34 Le premier, c'est la question, c'est évidemment la question
01:15:37 de la compétitivité et du risque de délocalisation.
01:15:40 Aujourd'hui, les technologies de décarbonation de l'acier,
01:15:43 elles sont identifiées, les trajectoires ont du sens.
01:15:46 Par contre, la vraie question, c'est est-ce qu'on va produire
01:15:49 cet acier décarboné en France, ou est-ce qu'il sera produit
01:15:52 à l'étranger et la France et l'Europe se contenteront d'en porter ?
01:15:56 Donc ça, c'est vraiment ce gros risque qu'on veut mettre en avant.
01:15:59 La deuxième, c'est la question du recyclage qui apparaît
01:16:01 comme absolument incontournable, quelles que soient les hypothèses,
01:16:04 quels que soient les scénarios qu'on retient finalement.
01:16:08 Et ça, ça veut dire qu'il faut anticiper ce besoin,
01:16:12 il faut absolument anticiper ce besoin en ferraille,
01:16:14 et faire tout en oeuvre pour mettre à disposition les gisements de ferraille
01:16:17 pour les industriels, que ce soit par l'amélioration
01:16:21 des techniques de tri, de collecte, ou encore, ce qu'on avait suggéré,
01:16:26 c'est de remettre un peu de fer vierge aussi dans les ferrailles
01:16:29 de qualité inférieure.
01:16:32 Le troisième point, c'est la question des infrastructures,
01:16:35 la planification des infrastructures électriques,
01:16:37 Baptiste l'a déjà dit, pour les industriels,
01:16:40 et je ne parle pas forcément que pour le déploiement d'hydrogène,
01:16:43 ça concerne aussi des projets d'électrification directe,
01:16:48 forcément sur des plus petits sites,
01:16:51 la question du raccordement électrique, elle est absolument déterminante
01:16:55 dans le timing des projets des industriels.
01:16:59 Et la dernière chose, Sylvain en a parlé quand il a mentionné
01:17:04 les filières à val, dans le cas d'une potentielle baisse
01:17:08 de la demande dans certains secteurs,
01:17:11 et je pense notamment aux bâtiments,
01:17:14 il faut se poser la question de qui va subir cette baisse de la demande,
01:17:17 est-ce que c'est nos importations qui vont diminuer,
01:17:19 ou est-ce que c'est la production française qui va diminuer ?
01:17:23 Et pour pouvoir dérisquer un peu cette baisse de la demande,
01:17:29 une façon de faire, ce serait de trouver des nouvelles débouchées,
01:17:32 de relocaliser des filières stratégiques,
01:17:35 pour trouver des nouvelles débouchées pour les industriels,
01:17:38 et je pense en particulier à la filière des énergies non-verbales
01:17:41 que Sylvain a déjà citée.
01:17:45 Ça conclut ici notre présentation sur le plan de transition sectoriel de l'acier,
01:17:50 maintenant on va continuer à répondre au maximum aux questions,
01:17:54 et je vais peut-être en prendre deux à l'oral,
01:17:57 quelques-unes à l'oral,
01:17:59 et les autres collègues n'hésitez pas aussi si vous avez des questions
01:18:02 sur lesquelles vous voulez intervenir.
01:18:05 Alors je vais prendre en l'ordre, dans la dernière question,
01:18:07 en ce qui concerne l'H2, est-ce que l'H2 sera utilisé par les sites,
01:18:11 sera produit par les sites sidérurgiques eux-mêmes ?
01:18:14 C'est vrai que c'est une question qui se pose aujourd'hui,
01:18:17 ce qu'on constate c'est que ça ne va pas forcément être le cas,
01:18:20 ça reste deux métiers différents, le métier de sidérurgiste
01:18:24 et la production d'hydrogène par électrolyse.
01:18:28 Ce qu'on constate dans les projets,
01:18:32 c'est qu'on se rend plus dans une configuration
01:18:34 où le sidérurgiste va acheter l'hydrogène auprès d'un acteur
01:18:38 qui en a l'expertise, dont c'est le métier.
01:18:42 Après nous, dans la modélisation,
01:18:45 on a considéré que cet hydrogène-là,
01:18:47 il était traité comme une variable interne,
01:18:50 comme si finalement le sidérurgiste produisait lui-même l'hydrogène.
01:18:54 Ça ne change pas grand-chose au niveau des émissions,
01:18:57 par contre en termes de structure et de coût,
01:18:59 oui clairement ça peut avoir un impact.
01:19:03 Il y a une question aussi sur les émissions de CO2 incompressibles
01:19:09 et le CCS.
01:19:11 Je vais commencer par dire que le CCS,
01:19:14 quand on le déploie dans les scénarios,
01:19:17 on ne va pas forcément le déployer sur les émissions incompressibles,
01:19:23 à moins que les émissions du fond d'eau sont incompressibles,
01:19:30 ça se débat,
01:19:32 mais en l'occurrence on met du CCS sur le fond d'eau,
01:19:35 sur le laminage, parce que c'est des endroits
01:19:37 où ça peut avoir du sens et être techniquement faisable.
01:19:41 Les vraies émissions incompressibles,
01:19:43 elles, pas trop de doute,
01:19:45 elles sont surtout au niveau des fours arctiques
01:19:47 qui eux consomment du charbon,
01:19:52 le charbon est utilisé pour plusieurs raisons,
01:19:55 notamment pour faire mousser le laitier,
01:19:58 et aussi le CO2 qui est issu de la consommation
01:20:01 des électrodes dans les EF,
01:20:03 et enfin une forme de CO2,
01:20:07 une process qu'on pourrait peut-être qualifier d'incompressible,
01:20:09 c'est les émissions de CO2 qui sont dues à la décarbonisation
01:20:12 des fondants comme la castine et la magnésie,
01:20:16 mais sur laquelle on ne fait pas de CCS dans les trajectoires.
01:20:24 Voilà, le webinaire avec la présentation cette fois-ci
01:20:29 du plan de transition sectoriel de l'Ammoniac,
01:20:32 avec Antoine Devozière, ingénieur au service industrie,
01:20:36 et Sylvain Sourisseau, économiste au service industrie.
01:20:39 Je vous rappelle juste au préalable les petites consignes
01:20:42 de ce webinaire, donc vos micros et vos caméras sont coupés.
01:20:46 Pour ceux qui le peuvent, n'hésitez pas à poser vos questions
01:20:48 dans le Q&R et ceux qui ne peuvent pas dans la conversation.
01:20:52 Et pour rappel, ce webinaire est enregistré
01:20:54 et vous pourrez le retrouver sur le site
01:20:58 Agir pour la transition de l'ADEME,
01:21:00 vous avez remis le lien dans le tchat.
01:21:03 Je laisse la parole à mes collègues.
01:21:05 Je vais prendre le contrôle.
01:21:12 Bonjour à tous, je suis très heureux de vous présenter
01:21:15 aujourd'hui les résultats finaux du plan de transition
01:21:17 sectoriel de l'Ammoniac.
01:21:20 Et sans plus tarder, on a déjà un peu de retard,
01:21:22 on va commencer direct dans le vif du sujet
01:21:24 avec l'Ammoniac en France.
01:21:26 Alors, l'idée, c'est de vous faire un petit panorama
01:21:29 de la production d'Ammoniac en France,
01:21:31 quel est l'état du parc actuel aujourd'hui,
01:21:33 avec la carte.
01:21:35 La production d'Ammoniac en France est assurée par 4 sites,
01:21:38 1 de Yara au Havre et 3 de Borealis à Grande-Cuvillie,
01:21:41 Grand-Puy et Haute-Marseille,
01:21:42 pour une capacité de 1,5 million de tonnes.
01:21:45 La production d'Ammoniac en France est environ
01:21:47 à 1,1 million de tonnes.
01:21:50 11 MWh par tonne d'Ammoniac,
01:21:53 ce qui correspond à environ 20-25% des meilleures techniques disponibles.
01:21:58 Et donc, ça montre qu'on a un parc qui est déjà un petit peu vieillissant
01:22:02 et que des mesures d'efficacité énergétique sont possibles déjà à court terme.
01:22:06 C'est 2 tonnes de CO2 par tonne de NH3,
01:22:09 ce qui correspond à peu près à 25% du benchmark EUETS,
01:22:14 donc là aussi avec déjà un certain retard dans la décarbonation de ce secteur.
01:22:20 Et c'est 2,5 millions de tonnes de CO2 sur les 4 sites
01:22:24 qui sont présentés sur la carte.
01:22:26 J'avoue que je ne vois pas beaucoup.
01:22:31 Désolé, j'ai un petit problème technique.
01:22:34 Je n'arrive pas à déplacer un peu mieux ce qui est écrit.
01:22:39 55% c'est la part de l'Ammoniac qui est utilisée pour la production d'engrais
01:22:45 et 45% environ pour le reste, pour les autres marchés, pour la chimie.
01:22:49 Et 74% c'est le taux d'import d'engrais azotés en France
01:22:55 donc on est extrêmement importateur d'engrais
01:22:57 et la production d'Ammoniac n'assure pas nos besoins de consommation et d'engrais azotés.
01:23:05 75% c'est la part de l'énergie dans le coût de production,
01:23:09 donc l'Ammoniac est vraiment dépendant du coût de l'énergie,
01:23:12 enfin le prix de l'Ammoniac est très dépendant du coût de l'énergie.
01:23:15 Et enfin c'est 916 emplois directs sur les 4 sites de production d'Ammoniac.
01:23:20 Après ce petit panorama, on va rentrer dans le vif du sujet
01:23:24 avec comment est-ce qu'on produit de l'Ammoniac.
01:23:27 Sur les 4 sites qu'on vous a présentés sur la carte,
01:23:31 on a deux procédés, on a d'abord le vaporoformage
01:23:35 qui va transformer du méthane issu du gaz naturel en hydrogène
01:23:38 et un procédé Haber-Bosch qui va transformer l'hydrogène en Ammoniac.
01:23:43 Sur ces 4 sites intégrés, on va aussi faire une première transformation de l'Ammoniac
01:23:48 en acide nitrique, HNO3, en nitrate d'ammonium et en urée.
01:23:53 Avec l'urée sur le site de Yara et l'acide nitrique et les nitrates d'ammonium
01:23:57 sur les sites de Boréalis.
01:24:00 Les marchés visés et les marchés de ces produits sont le marché des engrais,
01:24:06 on en a parlé, avec en particulier l'ammonitrate qu'on produit en France
01:24:12 pour l'agriculture et le marché de la chimie,
01:24:15 où là on retrouve de nombreuses molécules qui sont utilisées dans ce secteur
01:24:19 pour la production de nylon, pour la pharmacie, l'agroalimentaire
01:24:23 et aussi pour l'AdBlue qui sert à la réduction de l'oxe des moteurs diesel.
01:24:29 Aussi on a énormément d'imports, on retrouve les 74% d'imports d'urée
01:24:35 et de solutions azotées à destination des engrais.
01:24:39 On apporte aussi de l'Ammoniac et d'autres produits azotés pour la chimie.
01:24:43 En termes d'émissions, c'est 2,5 millions de tonnes sur la première brique,
01:24:47 donc les 4 sites avec le vaporoformer, Aberbosch et la transformation de produits.
01:24:52 Et on a quelques autres sites en France qui sont dédiés à la transformation d'Ammoniac
01:24:56 qui comptent pour 0,15 millions de tonnes de CO2.
01:24:59 Ça c'est à comparer, enfin on peut le comparer, avec les 13 millions de tonnes de CO2
01:25:03 issues à l'usage de ces engrais azotés.
01:25:06 Donc c'est pas juste ceux qu'on produit en France, c'est aussi ceux qu'on importe,
01:25:10 mais c'est quand même un ordre de grandeur important à avoir en tête
01:25:12 lorsqu'on parle de la filière des engrais azotés,
01:25:14 avec leur production qui maîtrise aussi leur utilisation.
01:25:18 Dans la suite de ces résultats, nous on s'intéresse uniquement à la décarbonation
01:25:24 des 4 sites qui ont été présentés au premier slide,
01:25:26 donc ceux avec le vaporoformer et Aberbosch,
01:25:29 tandis que les autres sont considérés dans une analyse plus marché,
01:25:33 dont Sylvain vous présentera les résultats tout à l'heure.
01:25:37 Trois enjeux de décarbonation majeure pour la production d'Ammoniac,
01:25:42 alors pour ça on va rentrer un petit peu dans le détail
01:25:44 et dans le process de production d'Ammoniac.
01:25:46 Donc d'abord on a la première brique de vaporoformage,
01:25:49 donc le vaporoformage c'est ce qui va permettre de transformer le méthane en dihydrogène.
01:25:54 Pour ça on a besoin de méthane, on a besoin d'eau et on a besoin d'air,
01:25:58 et on va générer ainsi des émissions de procédés,
01:26:01 c'est vraiment le CO2 issu de la réaction chimique,
01:26:04 et donc se retrouve dans les tuyaux avec le produit,
01:26:07 donc avec le dihydrogène, pour 1,3 millions de tonnes de CO2 équivalent.
01:26:11 Cette réaction est extrêmement endothermique,
01:26:13 donc on a besoin de gaz naturel supplémentaire pour alimenter le four
01:26:17 et monter en température cette réaction.
01:26:19 Une fois qu'on a le dihydrogène, on a un procédé Haber-Wash qui lui n'émet rien,
01:26:25 et qui va transformer le diazote et le dihydrogène en NH3,
01:26:30 et enfin la transformation de l'Ammoniac qui lui va émettre 0,3 millions de tonnes de CO2.
01:26:35 Ces émissions sont liées à la production d'acide nitrique
01:26:38 qui va émettre des N2O, qui est un gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement.
01:26:43 C'est ça, très important.
01:26:44 Enfin, on est dans un site chimique, donc tout est très intégré thermiquement,
01:26:49 avec des échanges de chaleur entre tous les équipements.
01:26:53 Là, c'est vraiment un schéma simplifié,
01:26:55 mais dans le vapeur au fromage, on a plusieurs équipements,
01:26:57 dans Haber-Wash, on a des boucles de synthèse,
01:26:59 et tout ça est très intégré thermiquement,
01:27:01 et donc on a un équilibre vapeur
01:27:03 qui sous-tend tous les procédés de production,
01:27:09 et avec des chaudières aux auxiliaires aussi,
01:27:11 qui comptent pour 0,38 millions de tonnes de CO2.
01:27:14 Trois enjeux de décarbonation majeure,
01:27:17 une fois qu'on a un petit peu le paramètre, le fonctionnement technologique,
01:27:20 d'abord, c'est que les émissions sont vraiment localisées
01:27:23 sur la production d'hyrogène,
01:27:25 avec à la fois les émissions de procédés du vapeur au fromage,
01:27:27 mais aussi les émissions pour alimenter cette réaction
01:27:31 avec le four de vapeur au fromage.
01:27:33 Ensuite, on a des émissions qui sont déjà capturées et concentrées,
01:27:38 donc ces émissions de procédés,
01:27:40 dans le vapeur au fromage, à un moment,
01:27:42 on a une brique qui va nous permettre d'aller absorber ces émissions de CO2,
01:27:46 et au final, on se retrouve avec des émissions de CO2
01:27:48 qui sont assez concentrées, voire pures,
01:27:51 et qui sont aujourd'hui un petit peu valorisées
01:27:53 pour l'industrie agroalimentaire,
01:27:54 mais surtout relarguées dans l'atmosphère.
01:27:55 Donc on a vraiment un flux d'émissions
01:27:57 qui compte à peu près pour la moitié des sites,
01:27:59 pour 50%, d'émissions de CO2 qui sont pures et concentrées,
01:28:04 et qui peuvent donc être assez propices
01:28:08 à un envoi en zone de captage et de stockage de carbone.
01:28:12 Enfin, le dernier enjeu de décarbonation,
01:28:15 c'est ce réseau de vapeur qui, on a dit,
01:28:18 assure l'équilibre thermique de tout le site chimique,
01:28:21 et donc c'est tout ça pour dire que lorsqu'on va faire des gros investissements,
01:28:26 on va forcément bouger cet équilibre vapeur,
01:28:28 et donc ça va nécessiter des études importantes
01:28:30 pour voir si le site est toujours en mesure de fonctionner,
01:28:33 et si les investissements dans la décarbonation
01:28:35 ne vont pas trop bouger ces équilibres vapeur
01:28:37 et donc les équilibres chimiques qu'ils soutenent.
01:28:40 Donc voilà les trois enjeux de décarbonation majeurs
01:28:43 de la production d'ammoniaque.
01:28:47 Trois petits leviers.
01:28:50 Premier levier de décarbonation,
01:28:51 d'abord c'est des leviers d'efficacité énergétique,
01:28:54 on en a parlé,
01:28:55 le Parc français doit tendre vers les meilleures techniques disponibles,
01:29:00 alors c'est pas un bloc très graphique,
01:29:02 il y a juste quelques exemples de mesures d'efficacité énergétique,
01:29:06 on peut noter le réformer à échangeur de chaleur,
01:29:09 le pré-reformage adiabatique,
01:29:10 le changement de solvants d'extraction pour le CO2,
01:29:13 et donc on a calculé un gisement d'efficacité énergétique
01:29:16 qui est de 2 MWh par tonne de NH3,
01:29:19 soit 0,40 millions de tonnes de CO2 sur le Parc français.
01:29:23 Un deuxième levier de décarbonation,
01:29:25 c'est l'électrification des machines tournantes.
01:29:28 L'électrification des machines tournantes,
01:29:29 ce qu'elle va avoir comme effet,
01:29:31 c'est de moins consommer de vapeur,
01:29:33 et donc de moins appeler le réseau de vapeur,
01:29:36 et donc de moins faire fonctionner les chaudières.
01:29:38 En fait, l'électrification des équipements en aval
01:29:41 fait qu'on va moins consommer de gaz naturel dans les chaudières,
01:29:44 et on va aussi gagner un petit peu d'efficacité matière
01:29:46 dans le vapore reformage,
01:29:47 et donc on va aussi diminuer nos émissions
01:29:50 et nos consommations de gaz naturel.
01:29:51 Là aussi, on a un gisement de l'ordre de 2 MWh par tonne de NH3
01:29:55 pour la même quantité de réduction de gaz à effet de serre.
01:29:58 Enfin, le dernier levier de décarbonation,
01:30:01 enfin, dans les premiers leviers de décarbonation,
01:30:05 c'est l'abattement de N2O
01:30:06 sur l'atelier de transformation d'ammoniaque en acide nitrique,
01:30:09 avec aujourd'hui une recombination
01:30:11 qui est seulement secondaire sur la plupart des ateliers,
01:30:14 qui permet de recombiner jusqu'à 90 % de ce N2O,
01:30:18 mais il existe une technologie qu'on appelle la recombinaison tertielle
01:30:20 qui va permettre d'aller encore plus loin dans l'abattement de N2O
01:30:23 et de monter jusqu'à 98 %.
01:30:26 Là, sur le parc français,
01:30:27 on a un gisement qui est estimé à 0,17 million de tonnes de CO2.
01:30:31 Au total, si on additionne les trois gisements,
01:30:33 alors on ne peut pas vraiment les additionner,
01:30:34 en particulier l'efficacité énergétique et l'électrification
01:30:37 qui ne sont pas directement cumulables,
01:30:39 parce que si on fait des investissements
01:30:43 dans l'efficacité énergétique,
01:30:44 c'est des gisements en moins d'électrification qu'on a,
01:30:46 et vice versa.
01:30:47 Mais au total, le gisement est calculé à 0,86 million de tonnes de CO2,
01:30:53 soit une baisse des émissions de seulement 34 %.
01:30:56 On se rend bien compte qu'avec seulement ces trois premiers leviers
01:30:59 qui sont activables à court terme,
01:31:04 on n'atteint pas des objectifs de décarbonation assez ambitieux.
01:31:08 C'est pour ça que pour la production d'ammoniaque,
01:31:11 il y a vraiment deux voies qui ressortent comme des technologies du futur
01:31:15 et qui vont permettre de décarboner plus profondément
01:31:17 la production d'ammoniaque.
01:31:18 D'abord, c'est la voie hydrogène.
01:31:20 La voie hydrogène, qu'est-ce qu'elle permet de faire ?
01:31:22 En fait, elle permet d'aller substituer l'hydrogène produit par le vaporoformer
01:31:27 par de l'hydrogène électrolytique.
01:31:29 C'est-à-dire qu'on va produire de l'hydrogène ailleurs,
01:31:31 avec des électrolyseurs.
01:31:32 L'apport en diazote est assuré par une unité de séparation d'air.
01:31:39 Donc, finalement, on n'a plus besoin du four de vaporoformage.
01:31:42 Alors, on n'en a plus besoin.
01:31:43 On peut commencer à faire une approche hybride avec un four de vaporoformer
01:31:47 qui fonctionne à 10, 15, peut-être jusqu'à 20 %.
01:31:52 Enfin, pardon, on peut intégrer jusqu'à 20 % d'H2 externes
01:31:55 tandis que le four de vaporoformage marche.
01:31:57 Et ensuite, c'est un rétrofit complet qu'il faut faire,
01:31:59 c'est-à-dire qu'il faut fermer le four de vaporoformage
01:32:01 et passer à du 100 % H2 externe.
01:32:05 La deuxième voie, c'est la voie captage et stockage du carbone
01:32:09 et qui, là, va permettre d'aller capter les émissions de procédés
01:32:12 et les émissions de combustion du site.
01:32:14 Donc, on a vu, les émissions de procédés sont assez faciles à aller capter
01:32:18 parce qu'elles sont déjà concentrées et elles sont déjà, on va dire, disponibles,
01:32:21 tandis que pour les émissions de combustion,
01:32:23 c'est des nouveaux équipements de captage qu'il faudra mettre en place sur le site.
01:32:26 Et ensuite, une fois qu'on a capté, il faut purifier, liquéfier
01:32:30 et envoyer en zone de stockage ces émissions.
01:32:34 Ces deux voies, elles sont bien sûr exclusives sur un même site,
01:32:37 c'est-à-dire que si on va sur une voie à 100 % H2,
01:32:40 on n'a plus de CO2 à aller capter, donc le CCS n'est pas utile dans cette voie-là.
01:32:44 Et au contraire, si on fait des investissements dans du CCS pour aller capter du CO2,
01:32:48 on n'a pas besoin d'aller acheter des électrolyseurs
01:32:51 parce qu'on va juste décarboner deux fois la même chose et dupliquer les investissements.
01:32:55 Donc, c'est dans une voie à 100 % H2 ou 100 % CCS,
01:32:59 du coup, c'est bien soit l'un ou soit l'autre.
01:33:04 Et maintenant, je vais passer la parole à Sylvain
01:33:06 qui va vous présenter les enjeux marchés du plan de transition sectorielle de l'ammoniaque.
01:33:11 Merci Antoine.
01:33:12 Donc, effectivement, pour celles et ceux qui ont suivi la partie acier,
01:33:16 là, ça va être un peu la même mécanique,
01:33:18 avec en premier lieu la présentation des flux de la filière de l'ammoniaque,
01:33:24 des importations d'ammoniaque jusqu'à la consommation finale.
01:33:27 Pour en retenir de ce diagramme de Sanké sur les données de 2015,
01:33:32 la première chose, c'est, Antoine l'a mentionné,
01:33:35 la part vraiment importante du commerce international.
01:33:38 On voit qu'il y a déjà quasiment la moitié de l'ammoniaque consommée qui est issue d'importation
01:33:44 et la situation, elle est encore pire, si je puis dire, sur les engrais azotés,
01:33:49 où on a même quasiment 100 % des solutions azotées sont importées.
01:33:53 Donc, c'est un vrai enjeu pour la filière et pour la décarbonation.
01:33:57 Et puis, le deuxième élément qu'on voulait mettre en avant ici,
01:34:01 c'est la part importante aussi du secteur de l'agriculture dans la consommation finale d'ammoniaque.
01:34:06 En l'occurrence, on a 70 % de la consommation d'ammoniaque en France qui est issue de l'agriculture.
01:34:12 Maintenant, je vais revenir sur ces deux éléments.
01:34:15 L'azote comme ingrédient indispensable à la croissance et à la qualité des cultures,
01:34:20 c'est une évidence.
01:34:22 Un déficit en azote aboutit à amoindrir la fertilité des sols et les rendements,
01:34:27 mais un excédent d'azote est déjà source d'inefficacité économique.
01:34:31 Et puis, cet excédent peut aussi générer des fuites dans les eaux et dans l'air.
01:34:38 Donc, il y a un enjeu pour les agriculteurs de bien calibrer le besoin d'azote
01:34:42 en fonction des plantes et des cultures.
01:34:44 Comment maintenant cet azote est apporté ?
01:34:47 Il y a plusieurs manières, dont les engrais azotés de synthèse,
01:34:50 qui aujourd'hui représentent 64 % de l'apport en azote,
01:34:55 et plus concrètement, derrière les engrais azotés de synthèse,
01:34:59 on a différentes formes,
01:35:01 comme l'amonitrate, le purée, les solutions azotées,
01:35:04 et les autres types d'engrais azotés.
01:35:06 Ce mix-engrais, si je puis dire,
01:35:09 les valeurs sont moyennes,
01:35:11 et ensuite il y a un arbitrage en fonction des cultures,
01:35:14 de la période de l'année, de la disponibilité,
01:35:16 des intrants et aussi de contraintes réglementaires.
01:35:20 En parallèle de cet apport en azote issu des engrais azotés de synthèse,
01:35:24 on a aussi de l'engrais organique,
01:35:26 à hauteur de 24 % qui est apporté dans les cultures,
01:35:29 et puis de l'azote symbiotique,
01:35:31 comme les légumineuses,
01:35:33 les légumineuses captent l'azote de l'air
01:35:36 pour le réinjecter dans les sols.
01:35:39 Donc on a un apport d'azote ici qui est naturel.
01:35:42 Ce que l'on perçoit ici,
01:35:44 c'est que si la part des engrais organiques et de l'azote symbiotique augmente,
01:35:48 on peut avoir une baisse de la demande en engrais azotés de synthèse,
01:35:52 et c'est donc un impact sur la demande en ammoniac.
01:35:56 Maintenant, ce que vous avez également sur cette slide,
01:36:00 c'est la répartition un peu géographique
01:36:02 de la production des produits azotés consommés.
01:36:05 Les trois bâtons de gauche concernent les engrais azotés évoqués.
01:36:10 On voit bien déjà la part importante aussi
01:36:13 des importations en provenance de pays de l'Union européenne,
01:36:17 mais on voit aussi notamment pour l'URE,
01:36:19 une part importante de pays orueux.
01:36:21 Ici, pour 2015, on a quasiment 30% des importations qui proviennent d'Algérie,
01:36:26 mais ces valeurs, ces provenances peuvent varier d'une année sur l'autre.
01:36:31 En l'occurrence, aujourd'hui, on importe davantage d'URE de Tunisie que d'Algérie.
01:36:35 Mais ça donne quand même une image sur la provenance de ces importations.
01:36:43 On voit pour l'ammoniac, on retrouve notre 47% d'importation d'ammoniac,
01:36:48 et ça signifie qu'aujourd'hui, on produit 53% de l'ammoniac qu'on consomme.
01:36:53 Une fois le décor planté, comme pour l'acier,
01:36:59 on a fait nos hypothèses, on a construit des scénarios
01:37:04 pour pouvoir explorer différentes voies de décarbonation pour l'industrie de l'ammoniac,
01:37:09 selon, encore une fois, des contextes qui sont volontairement contrastés
01:37:15 et qui reflètent l'incertitude d'un travail de prospective.
01:37:19 On a sélectionné des facteurs, en l'occurrence, on les a déjà évoqués,
01:37:23 il y a l'agriculture, le commerce international et le déploiement de technologies.
01:37:28 Ici, vous avez les noms des différents scénarios retenus.
01:37:33 Concernant le premier scénario, qui est le scénario tendanciel et décarbonation incrémentale,
01:37:38 celui-ci s'apparente finalement comme un scénario de référence
01:37:42 où on n'a pas souhaité être trop disruptif sur les marchés, ni sur les technologies.
01:37:50 On voit les curseurs qui sont positionnés au milieu,
01:37:53 on se situe à l'intermédiaire de choix forts en matière de souveraineté et de modèle agricole.
01:38:01 La contrepartie, le résultat de notre modélisation,
01:38:05 c'est qu'on n'atteint pas la cible de la SNBC de -81%, mais ce nombre de -65%.
01:38:10 Raison pour laquelle on a construit deux autres scénarios,
01:38:13 on a essayé de les rendre les plus cohérents possibles
01:38:17 en fonction du déploiement technologique et du contexte de marché.
01:38:20 On a positionné nos scénarios selon les différents paramètres que vous voyez sur les barres,
01:38:27 sur lesquels je vais revenir plus près.
01:38:30 Le résultat de ces deux scénarios est positif,
01:38:34 on atteint l'objectif de la SNBC de -80% de baisse d'émission de GES en 2050 par rapport à 2015.
01:38:42 Voilà les trois scénarios,
01:38:44 je vais revenir sur les contextes de transition, les hypothèses de chacun d'entre eux.
01:38:50 Concernant le scénario résilience et ammoniacs renouvelables,
01:38:54 sur le volet agriculture, on a poussé le curseur vers des changements de régime alimentaire et de modèle agricole.
01:39:02 On a donc dans ce scénario moins de besoin en engrais de synthèse,
01:39:07 et on a plus de consommation d'engrais organiques et d'azote symbiotique.
01:39:12 C'est marqué par une forte poussée de l'agroécologie.
01:39:17 On a également un label engrais renouvelables qui implique que l'ammoniac produit soit à base d'hydrogène renouvelable.
01:39:24 Cela implique une stratégie hydrogène électrolytique renouvelable.
01:39:32 Côté commerce international, on a supposé qu'il y aurait une régionalisation des flux,
01:39:38 parce que les tarifications carbone ne sont pas harmonisées.
01:39:43 Le MACF a un impact qui est celui de faire une barrière aux échanges.
01:39:53 On a des flux qui sont concentrés au niveau européen.
01:39:57 Cela profite aussi à la filière de l'ammoniac.
01:40:01 Concernant le scénario mondialisation et engrais bas carbone,
01:40:05 sur le volet agriculture, on a des régimes alimentaires et des modèles agricoles qui ne sont pas trop modifiés.
01:40:12 La consommation d'engrais azotés de synthèse reste globalement constante.
01:40:18 On a aussi des parts de marché sur les engrais renouvelables prises par des concurrents hors Union européenne,
01:40:28 dû au fait qu'ils ont des capacités de production d'hydrogène renouvelable beaucoup plus importantes et compétitives.
01:40:35 Pour ceux qui ont suivi l'acier, on retrouve un parallèle avec le compétitivité dégradée de tout à l'heure.
01:40:42 Ces importations d'ammoniacs et d'engrais azotés sont facilitées par le fait que les tarifications carbone sont harmonisées.
01:40:49 Le MACF ne joue pas du tout le levier de barrière aux échanges.
01:40:55 Voilà un peu le contexte global de chacun de ces scénarios.
01:41:00 Comme pour tout à l'heure, derrière les contextes, il y a des hypothèses.
01:41:06 Sur le volet agriculture, on a sélectionné différents paramètres.
01:41:12 Ces paramètres tentent d'illustrer le type d'agriculture qu'il va y avoir en 2050.
01:41:19 On voit bien la différence entre le scénario de référence et le scénario résilience et ammoniacs renouvelables,
01:41:27 où on pousse la progression des régimes flexitarien et végétarien,
01:41:32 la hausse de la part des cultures en bas de niveau 1.30 synthèse, dont l'agriculture biologique,
01:41:37 et la part des ammonitrates dans le mixe en graie.
01:41:41 Tout cela est dans le scénario résilience et ammoniacs renouvelables,
01:41:44 et pas dans le mondialisation et l'engrais bas carbone.
01:41:47 Vous avez à droite les hypothèses qui se cachent derrière nos scénarios.
01:41:51 Ces hypothèses sont issues des travaux de transition 2050.
01:41:58 En plus de ces hypothèses sur l'agriculture, on a ajouté des hypothèses sur les nouveaux usages,
01:42:05 en l'occurrence sur l'utilisation de l'ammoniaque dans le transport maritime, et sur la chimie.
01:42:11 Pour être transparent, sur la chimie, c'est plus difficile de tracer les flux d'ammoniaque consommés.
01:42:17 On a choisi d'être relativement conservateurs,
01:42:21 et surtout de ne pas prendre de parti pris fort sur le secteur de la chimie concernant la consommation d'ammoniaque.
01:42:28 Passés ces modalités d'hypothèses, voici les résultats de la demande en ammoniaque pour chacun des scénarios.
01:42:36 On voit l'impact de l'agriculture sur cet histogramme,
01:42:42 avec la part verte pour le scénario résilience et ammoniaque renouvelable, qui est beaucoup plus faible.
01:42:47 On a donc un -28% pour le résilience et ammoniaque renouvelable,
01:42:51 contre -23% pour le mondialisation et engrève à carbone.
01:42:56 Ensuite, comme pour tout à l'heure, à ces niveaux de consommation domestique,
01:43:02 on rajoute un contexte de commerce international,
01:43:06 qui est capté par ces trois paramètres ici.
01:43:10 L'effet du MACF sur la baisse des importations, la volonté politique à la relocalisation,
01:43:16 puis un effet transport dans la baisse des imports-exports.
01:43:19 On imagine que les difficultés de logistique peuvent freiner des éventuelles importations et exportations.
01:43:29 On retrouve ce contraste assumé dans les scénarios,
01:43:35 et ces divergences s'observent aussi sur les résultats du volume d'importation d'ammoniaque,
01:43:42 que vous avez représenté sur le graphe à droite,
01:43:45 avec ici deux choses à retenir.
01:43:48 La première, c'est la baisse générale du volume importé en 2030,
01:43:53 qui n'est pas trop divergente entre les scénarios,
01:43:57 qui est plutôt liée à une baisse de la consommation.
01:44:00 On a une baisse de la consommation et donc une baisse des importations associées.
01:44:04 On n'a pas trop modifié les leviers d'import-export.
01:44:08 En revanche, là où on voit une divergence entre les scénarios,
01:44:12 c'est en 2050, où dans le mondialisation et le gré bas carbone,
01:44:18 on a une réduction du volume d'ammoniaque importé de 14%,
01:44:23 alors que dans le scénario où on régionalise un peu plus les flux,
01:44:27 on relocalise les chaînes de valeur,
01:44:30 on a une réduction du volume d'ammoniaque importé de 38% par rapport à 2005.
01:44:37 Sur cette slide, vous avez le résultat de la combinaison
01:44:42 entre la consommation domestique et les import-export.
01:44:46 Ici, on observe une réduction des niveaux de production pour les trois scénarios,
01:44:53 mais des réductions qui sont quand même assez divergentes,
01:44:57 dans le sens où pour le scénario résilience et ammoniaque renouvelable,
01:45:01 on voit que la production à 2050 résulte d'une baisse de la consommation d'ammoniaque
01:45:09 due à la baisse de la consommation d'engrais azotés,
01:45:13 mais elle est compensée ici par une relocalisation des chaînes de valeur
01:45:18 et donc par le fait qu'on importe moins d'engrais azotés.
01:45:21 Donc si on importe moins d'engrais azotés,
01:45:23 c'est finalement une demande qui est adressée à nos industriels français.
01:45:26 Donc ça vient compenser cette baisse de la consommation domestique.
01:45:29 En revanche, on a pris un parti différent pour le scénario mondial de l'élection
01:45:35 et engrais bas carbone.
01:45:37 Et là, on voit qu'il y a deux effets,
01:45:39 à la fois la baisse de la consommation d'ammoniaque
01:45:42 et puis la hausse des importations,
01:45:49 qui joue comme un effet négatif pour la production d'ammoniaque à l'horizon 2050,
01:45:54 d'où la réduction de 35 % par rapport à 2015.
01:45:58 Alors que pour le scénario ammoniaque renouvelable,
01:46:01 résilience et ammoniaque renouvelable, nous sommes à -6 %.
01:46:04 Voilà pour ces résultats en termes de demande et production.
01:46:09 Je passe maintenant la main à Antoine pour le volet technologie.
01:46:13 Merci Sylvain.
01:46:15 Donc pour finir sur les hypothèses qu'on va prendre dans ce scénario,
01:46:19 on représente les trois colonnes avec le scénario de référence
01:46:22 ammoniaque renouvelable et bas carbone
01:46:24 et les différents leviers qu'on va implémenter en pourcentage
01:46:28 avec quelques hypothèses en annexe de ces slides.
01:46:30 En ce qui concerne l'efficacité énergétique et l'électrification,
01:46:34 on voit en fait que dans une stratégie...
01:46:38 Peut-être qu'il faut commencer par l'H2 électrolytique et le CCS,
01:46:41 puisque tout découle de là.
01:46:42 Le H2 électrolytique, donc dans résilience et ammoniaque renouvelable,
01:46:46 on est dans le scénario où les souverainetés
01:46:50 et l'accompagnement de la filière et des prix compétitifs de l'électricité
01:46:54 font qu'on arrive à passer à 100% de H2 électrolytique dans ce scénario,
01:46:59 tandis que dans le scénario mondialisation et engrêpe à carbone,
01:47:03 on a pris des hypothèses où on n'avait pas un accès compétitif à l'hydrogène
01:47:08 et donc c'était plus compétitif de se tourner vers le captage et le stockage de CO2.
01:47:12 Dans le scénario de référence, en revanche,
01:47:15 on a gardé un mix de solutions avec à la fois 15% de H2
01:47:19 et puis du CCS sur les émissions de procédés.
01:47:21 En ce qui concerne la recombinaison de N2O,
01:47:24 si on remonte les leviers,
01:47:25 là c'est indépendant de stratégie de décarbonation et des scénarios,
01:47:29 c'est un levier qui s'applique vraiment en fin de production,
01:47:32 enfin des procédés,
01:47:33 et c'est quelque chose qui est vraiment pertinent à faire dans tous les scénarios.
01:47:37 Et enfin, dans efficacité énergétique et électrification,
01:47:41 donc il faut bien comprendre qu'il y a une sorte de cohérence
01:47:44 dans les leviers d'efficacité énergétique et d'électrification
01:47:46 à amener en fonction de l'implémentation de H2
01:47:49 et de captage et de stockage de CO2.
01:47:51 En effet, si demain on fait un rétrofit complet des sites,
01:47:55 c'est-à-dire qu'on va fermer le four de vaporeau-formage
01:47:57 et tous les équipements,
01:47:58 ce n'est pas utile de faire des grands investissements
01:48:01 dans l'efficacité énergétique de ce four qui va donc amener à être fermé.
01:48:04 Et on va plutôt se concentrer sur l'électrification des procédés
01:48:08 qui sera nécessaire au rétrofit de ces fours de vaporeau-formage.
01:48:12 Au contraire, dans l'endiarrhéalisation et engrêpe à carbone,
01:48:16 c'est l'efficacité énergétique qui est poussée bien plus fortement
01:48:20 pour accompagner les mesures et l'implémentation du CCS.
01:48:24 Pour la suite, on va maintenant vous présenter les résultats
01:48:35 de ces trois scénarios, les résultats technico-financiers.
01:48:38 On fera une dernière partie sur les résultats économiques.
01:48:40 D'abord, pour le scénario de référence,
01:48:44 on retrouve la baisse des émissions par levier.
01:48:51 On retrouve le levier présenté par Sylvain
01:48:54 sur la baisse des émissions qui est liée à la production.
01:48:58 Là, c'est une production qui est en baisse de 10 % en 2050,
01:49:01 avec un léger effet du MACF de 2030 à 2035,
01:49:05 qui compte pour une petite partie de la décarbonation
01:49:09 de la production d'ammoniaque.
01:49:11 Ensuite, on a un mix des leviers qui est finalement assez équilibré
01:49:14 entre efficacité énergétique, électrification,
01:49:17 le levier N2O et enfin le CCS et le H2.
01:49:22 Ce qu'on peut voir, c'est d'abord qu'on n'arrive pas
01:49:25 dans ce scénario aux objectifs de décarbonation de la SNBC,
01:49:28 ni même à des objectifs de décarbonation qui soient ambitieux
01:49:30 pour la filière, avec seulement -65 % de réduction des émissions
01:49:34 en 2050 par rapport à 2015.
01:49:36 On voit quand même qu'on arrive à nos objectifs intermédiaires
01:49:39 en 2030 grâce à l'implémentation à la fois du CCS sur les émissions
01:49:43 de procédés et aussi de 10 % de H2,
01:49:46 qui va augmenter à 15 % un petit peu plus tard.
01:49:49 Ce scénario, il est là pour montrer qu'on ne peut pas décarboner
01:49:54 la production d'ammoniaque juste avec les petits leviers
01:49:56 à disposition, c'est-à-dire l'efficacité énergétique,
01:49:58 l'électrification et un mix de CCS et de H2.
01:50:01 Il est là aussi pour montrer le risque d'un verrouillage technologique
01:50:04 des émissions qui existe vraiment si on considère
01:50:08 que sur un même site, on peut à la fois faire du H2 et du CCS.
01:50:12 Parce que de ce cas-là, on va investir dans des équipements
01:50:15 qui sont totalement différents, par exemple un gros liquefacteur
01:50:18 pour le CCS et des électrolyseurs pour le H2.
01:50:21 Et ces investissements, il va falloir attendre qu'ils soient amortis
01:50:24 pour passer ensuite à une voie 100 % CCS ou 100 % H2.
01:50:27 Donc ce scénario présente vraiment le risque d'avoir une vision
01:50:32 trop court-termiste et de se dire, je vais juste optimiser ma réduction
01:50:35 des émissions à court terme sans penser sur une vision long terme
01:50:39 de la baisse des émissions pour la production d'ammoniaque.
01:50:43 On a quand même regardé la facture en termes de CAPEX
01:50:47 que représentait un tel scénario et on est déjà à 800 millions d'euros.
01:50:51 C'est deux fois le niveau d'investissement classique
01:50:55 de la filière de l'ammoniaque avec une concentration
01:50:59 des investissements qui se fait avant 2035, en particulier
01:51:02 sur les électrolyseurs. La voie H2, pour seulement 10 à 15 %
01:51:07 de décarbonation, c'est 300 millions d'euros et sur l'électrification.
01:51:11 Finalement, la voie CCS est assez peu chère dans ce scénario
01:51:15 parce qu'on se concentre sur des émissions qui sont déjà capturées,
01:51:18 seulement les émissions de procédés. Donc on n'a pas d'équipement
01:51:20 de captage à acheter, dans lequel investir pour la décarbonation.
01:51:25 C'est une décarbonation qui est finalement assez peu chère
01:51:28 dans ce scénario-là.
01:51:31 Pour avoir une décarbonation plus profonde, on a besoin
01:51:34 de se positionner dans des scénarios qui sont un peu plus contrastés.
01:51:37 On va commencer par le scénario résilience et ammoniaque renouvelable.
01:51:41 Dans ce scénario, ce qui choque déjà, c'est qu'on arrive
01:51:45 à une réduction quasi totale des émissions de réduction
01:51:47 de -98 % en 2050 par rapport à 2015.
01:51:51 On voit qu'il y a quand même une rupture de pente
01:51:53 qui est assez importante aux alentours de 2035.
01:51:57 Ce qui se passe, c'est qu'avant 2035, on considère que la filière
01:52:01 n'est pas prête à passer au 100 % H2.
01:52:03 Ce sont des investissements qui sont trop forts et ça se prévoit en avance.
01:52:06 Le rétrofit H2 ne peut se faire qu'à partir de 2035,
01:52:11 vraiment dans un cas très optimiste, et jusqu'à 2040.
01:52:14 On considère que dans ces cinq ans, on aura la capacité
01:52:19 de faire un rétrofit au H2 des 4 vapeurs au formeur en France.
01:52:24 Avant ça, il faut faire quelques leviers d'efficacité énergétique,
01:52:28 mais pas trop sur le 4 vapeur au formeur,
01:52:30 on en a parti, plus sur la production d'ammoniaque
01:52:32 et la transformation qui s'en suit, et commencer l'électrification,
01:52:36 en particulier de la boucle de synthèse de la production d'ammoniaque.
01:52:39 Ça, c'est une lente décarbonation, on en a parlé,
01:52:46 qui est corrélée du coup au fait que la filière n'est pas prête
01:52:51 à passer au 100 % de H2.
01:52:53 En termes d'investissement, c'est un scénario qui est 2,5 fois supérieur
01:52:59 au scénario de référence, avec en particulier des investissements
01:53:03 qui sont vraiment colossaux sur les électrolyseurs nécessaires.
01:53:06 On considère qu'il faut 1300 MW d'électrolyseur dans ce scénario-là.
01:53:10 Des investissements qui sont aussi très importants
01:53:12 sur le rétrofit des vapeurs au formeur entre 2035 et 2040.
01:53:16 Et ces investissements sont vraiment directs,
01:53:19 ils ne sont pas juste à la charge des producteurs d'ammoniaque,
01:53:24 ils ne prennent pas en compte les investissements indirects
01:53:27 qu'il faut faire dans le renforcement du réseau électrique
01:53:32 ou dans les nouvelles productions électriques,
01:53:35 si on veut renforcer le réseau français.
01:53:37 Le dernier scénario, mondialisation et engrais bas carbone.
01:53:45 Comme l'a expliqué Sylvain, c'est bien les -35% de production
01:53:49 qui font une grosse part de la décarbonation.
01:53:52 Dans ce scénario-là, on n'a pas activé le levier H2,
01:53:55 sauf sur un site qui n'est pas éligible au CCS.
01:54:00 Et on active des leviers d'efficacité énergétique,
01:54:02 d'électrification et de N2O, comme on l'a présenté dans les hypothèses.
01:54:06 Ce qui fait l'autre grosse partie de la décarbonation,
01:54:09 c'est à la fois le CCS sur les émissions de procédés et de combustion
01:54:12 sur les deux sites normands de l'axe Senn.
01:54:14 Mais c'est surtout une fermeture d'un site.
01:54:17 Ce scénario est là pour montrer le risque d'une mondialisation
01:54:20 qui continue d'augmenter, des taux d'import d'engrais et d'ammoniaques
01:54:23 qui continuent d'augmenter, en particulier d'ammoniaques renouvelables.
01:54:27 Il y a de plus en plus de projets qui naissent partout dans le monde
01:54:29 avec des annonces avec un prix d'ammoniaques renouvelables très compétitif.
01:54:34 Ce scénario montre le risque pour la production française
01:54:38 de se décarboner simplement avec la fermeture de sites en France.
01:54:43 Et donc un risque pour notre souveraineté et aussi pour la sécurité agricole et alimentaire, etc.
01:54:49 En termes d'investissement, ce scénario, c'est le moins cher,
01:54:54 mais on vient d'en parler, c'est aussi un scénario dans lequel on n'investit plus
01:54:57 forcément dans un site qui est amené à fermer.
01:55:00 Et les investissements sont concentrés sur le CCS.
01:55:03 Il n'y a pas la légende, mais c'est les mêmes couleurs qu'avant,
01:55:07 avec orange en CCS, très peu d'investissement sur le jaune
01:55:10 et l'électrification en bleu avec les caisses mécaniques en bleu clair.
01:55:14 C'est en effet le scénario au plus faible coût en termes de CAPEX,
01:55:20 mais avec un coût social bien plus important et bien sûr un coût pour notre souveraineté
01:55:25 qui n'est pas directement calculable en euros et comparable à ces CAPEX.
01:55:31 Quelques messages clés, enfin pas message clé tout de suite,
01:55:36 mais quelques analyses comparatives de ces trois scénarios.
01:55:39 La production est en baisse dans tous les scénarios, on l'a vu,
01:55:42 mais ce n'est pas tout à fait le même facteur qui va faire la baisse de production.
01:55:46 Dans un scénario ammoniaque et renouvelable, la baisse de production
01:55:49 est massivement due à la baisse de la consommation d'engrais,
01:55:52 mais elle est très fortement compensée par la relocalisation.
01:55:56 Tandis que dans mondialisation et grain bas carbone,
01:55:58 on est pourtant dans un scénario avec une consommation d'engrais
01:56:01 qui reste assez élevée, mais c'est bien sûr la mondialisation
01:56:04 et le taux d'import de ces engrais et de l'ammoniaque renouvelable
01:56:07 qui fait la baisse de production en France.
01:56:10 Dans tous les scénarios, on a aussi des gros changements
01:56:14 sur les consommations énergétiques qui sont en baisse dans le scénario
01:56:17 de référence et dans le mondialisation et en grain bas carbone,
01:56:20 en partie dû à la baisse de la production.
01:56:22 Et dans résilience et ammoniaque, on a vraiment une véritable transition
01:56:26 de ce mix énergétique qui passe d'un 100 % en gaz quasiment aujourd'hui
01:56:30 à un 100 % électrique demain.
01:56:33 En termes d'émissions de gaz à effet de serre,
01:56:36 on a vu que le scénario de référence n'était pas assez ambitieux
01:56:39 et qu'on va se concentrer seulement sur les deux scénarios
01:56:42 les plus ambitieux en termes de décarbonation.
01:56:44 On a quand même un talon d'émissions dans le scénario mondialisation
01:56:47 et en grain bas carbone, en particulier pour les sites
01:56:50 qui seraient non éligibles au CCS et dont la production d'hydrogène
01:56:54 serait toujours trop peu compétitive.
01:56:57 Et on voit qu'en termes d'émissions évitées,
01:57:00 accumulées quand même sur la période 2015-2050,
01:57:03 c'est assez similaire entre les deux scénarios.
01:57:06 Et enfin, les investissements qui sont remis ici,
01:57:10 donc les 800 millions d'euros pour le scénario de référence
01:57:12 et la facture bien plus importante pour le scénario de résilience
01:57:17 et ammoniaque renouvelable, qui est quasiment du coup
01:57:21 quatre fois supérieur aux investissements actuels
01:57:24 de la filière de l'ammoniaque.
01:57:30 Je vais passer la parole à Sylvain pour l'analyse économique
01:57:33 de ces scénarios.
01:57:36 Merci Antoine.
01:57:37 Donc, deux volets qui seront abordés sur ces éléments
01:57:41 d'analyse économique, à la fois le coût de production
01:57:44 et les coûts d'abattement.
01:57:45 Sur les coûts de production, donc ici, on a fait le choix
01:57:48 de reprendre certaines trajectoires de prix.
01:57:50 Donc, vous avez ici les sources et les valeurs en 2030 et en 2050.
01:57:56 Alors, ces hypothèses sont, en tout cas, on les met sur la table.
01:57:59 Bien sûr, elles peuvent être challengées.
01:58:00 Il y a des tests de sensibilité à faire, mais en tout cas,
01:58:03 elles nous ont permis d'observer.
01:58:05 Ce sont les mêmes hypothèses de prix pour tous les scénarios,
01:58:09 bien qu'on comprend vite que les prix seront différents
01:58:12 d'un scénario à l'autre en réalité, compte tenu des contextes
01:58:16 dans lesquels ces scénarios sont projetés.
01:58:18 Alors, ce qui se passe, c'est qu'en 2015, on a...
01:58:22 Ah, petit problème d'animation.
01:58:24 Tant pis, on va faire avec tout le graphe.
01:58:27 En 2015, ce que l'on observe, c'est...
01:58:29 Donc, ça a déjà été mentionné par Antoine que le coût de production
01:58:34 dépend fortement de l'énergie.
01:58:37 On voit la part de la barre bleue.
01:58:39 En 2030, ce qui se passe, c'est qu'on a finalement un coût de production
01:58:43 qui augmente de manière assez significative déjà,
01:58:47 parce qu'il prend 80 % dans tous les scénarios.
01:58:50 Et puis surtout, c'est qu'il est similaire à un scénario sans investissement,
01:58:53 dans le sens où on voit bien la part jaune, notamment.
01:58:56 Bah oui, s'il n'y a pas d'investissement dans la décarbonation,
01:58:59 il y a une hausse de la part du carbone dans ce coût de production.
01:59:05 C'est le sens de la barre jaune.
01:59:07 À l'inverse, dans les autres scénarios, on a cette barre jaune
01:59:09 qui est un peu plus réduite.
01:59:11 Si on se projette maintenant à 2050, c'est là où on voit de fortes divergences.
01:59:16 On a déjà une évolution du coût de production
01:59:18 qui est un peu plus contrastée entre les scénarios.
01:59:21 Et puis, ce qui retient aussi de l'attention,
01:59:23 en tout cas, c'est là où on aimerait que vous reteniez des choses,
01:59:27 c'est vraiment la structure du coût de production,
01:59:29 qui est complètement différente entre le résident céamoniaque renouvelable,
01:59:33 qui dépend fortement du prix de l'hydrogène.
01:59:40 On voit ça, c'est la barre verte.
01:59:41 Donc, on voit bien la part importante du prix de l'hydrogène
01:59:44 dans le coût de production,
01:59:46 versus le mondialisation des engrais décarbonés,
01:59:49 dont la structure de coût dépend de plusieurs prix,
01:59:53 et notamment le gaz, le CO2,
01:59:56 mais aussi le coût du transport et stockage du CO2.
01:59:58 Donc, c'est vraiment deux trajectoires différentes
02:00:01 à la fois sur les procédés,
02:00:03 mais aussi deux évolutions de compétitivité complètement différentes,
02:00:08 de part la structure du coût qui diverge.
02:00:11 Sur le coût d'abattement,
02:00:14 je ne vais pas revenir sur les objectifs du coût d'abattement,
02:00:17 ça a été abordé précédemment,
02:00:19 et vous retrouverez aussi ces éléments dans la synthèse à venir.
02:00:23 Il y a un exemple,
02:00:25 l'exemple sur le CSC,
02:00:27 technologie de captage et stockage de carbone,
02:00:30 sur la base, encore une fois,
02:00:32 d'hypothèses que l'on affiche ici,
02:00:35 dont un prix du gaz à 20 euros/méga-wattheure,
02:00:38 et d'autres hypothèses,
02:00:40 on a un coût d'abattement de 12 euros par tonne de CO2 abattu.
02:00:44 Cette valeur est ce qu'elle est,
02:00:47 mais ce qui est intéressant derrière le coût d'abattement,
02:00:50 c'est aussi les tests de sensibilité qu'on peut sortir derrière,
02:00:53 avec des évolutions de prix.
02:00:55 C'est le sens de la figure sur la droite,
02:00:58 où on voit l'évolution du prix du gaz CO2 et ELEC,
02:01:02 et le coût d'abattement en ordonnée.
02:01:05 Il y a deux messages à retenir,
02:01:07 comme tout à l'heure, on voit déjà que l'intérêt de déployer le CSC,
02:01:10 il décroît à mesure que les prix de l'électricité et du gaz augmentent,
02:01:13 et ça, ça illustre l'impact de la pénalité énergétique.
02:01:17 Pour aller capter le CO2,
02:01:19 vous allez devoir dépenser davantage d'énergie,
02:01:22 et donc si le prix de l'énergie augmente,
02:01:24 derrière, l'intérêt de déployer cette technologie est réduit.
02:01:27 En revanche, plus le prix du CO2 augmente,
02:01:30 plus ça devient intéressant de déployer cette technologie.
02:01:34 En l'occurrence, pour un coût d'abattement égal à zéro,
02:01:37 pour une situation où les économies d'OPEX viennent compenser l'investissement initial,
02:01:42 il faudrait que le prix du CO2 soit à 30 euros la tonne de CO2.
02:01:47 Aujourd'hui, on est sur entre 5 et 10 euros,
02:01:50 en tenant compte de l'existence des quotas gratuits.
02:01:54 Maintenant, le dernier test de sensibilité qu'on a souhaité mettre en avant,
02:01:59 c'est la comparaison entre la technologie CCS
02:02:03 et le 100% H2 dans les sites de production d'ammoniaque.
02:02:08 Là, on retrouve notre trajectoire de la site précédente
02:02:12 pour l'évolution du coût d'abattement pour le CCS en orange,
02:02:16 et ici, on retrouve les trajectoires de coût d'abattement
02:02:20 qui sont sensibles au prix du gaz.
02:02:23 Ce que j'ai oublié de dire, c'est que sur ce graphe,
02:02:25 c'est la sensibilité des coûts d'abattement au prix du gaz,
02:02:28 et donc ce que l'on observe, c'est que finalement,
02:02:30 plus le prix du gaz augmente,
02:02:32 plus le coût d'abattement de la technologie 100% H2 diminue.
02:02:37 C'est le sens ici du premier élément.
02:02:41 Et de manière plus précise, on a aussi fait varier le prix de l'H2,
02:02:46 parce que cette technologie, le 100% H2, dépend aussi du prix de l'H2.
02:02:51 Et on voit que pour un prix de l'H2 à 5 euros au kilo,
02:02:54 la technologie 100% H2 devient même plus compétitive que le CSC
02:02:58 lorsque le prix du gaz est de 73 euros le mégawatt-heure.
02:03:02 C'est lorsque la droite en bleu est inférieure,
02:03:07 elle est plus basse que la droite en noir.
02:03:10 Et puis cette valeur qu'on appelle la valeur pivot,
02:03:12 elle diminue au fur et à mesure que le prix de l'hydrogène se réduit.
02:03:16 Donc pour un prix de l'hydrogène à 3,50 euros le kilo,
02:03:19 la valeur pivot du gaz est plus de 53 euros par mégawattheure.
02:03:25 Là aussi, les précautions à l'usage du coût d'abattement,
02:03:29 on insiste assez là-dessus,
02:03:31 parce que ce sont des estimations basées sur une usine de référence,
02:03:34 donc qui ne reflètent pas des conditions réelles de déploiement des technologies.
02:03:39 Il y a des éléments qualitatifs aussi,
02:03:41 qui ne sont pas reflétés dans ces coûts d'abattement.
02:03:43 On peut faire plein de tests de sensibilité,
02:03:45 mais attention aux interprétations.
02:03:48 Maintenant, je passe la main à Antoine pour les mots de conclusion de ce PTCS.
02:03:55 Merci Sylvain.
02:03:56 En effet, quelques mots de conclusion.
02:04:01 Si on a vraiment trois enseignements à retenir de ce plan de transition sélectoriel de l'ammoniaque,
02:04:06 d'abord c'est que la structure de la chaîne de valeur va être amenée à changer.
02:04:11 On a vu certainement un shift de marché de l'ammoniaque en France,
02:04:15 en particulier avec une chimie qui devrait rester environ stable.
02:04:20 Ce qui va être en effet par contre plus significatif,
02:04:23 c'est le changement de marché entre agriculture et les nouveaux marchés de la transition énergétique,
02:04:28 comme le transport maritime.
02:04:30 Donc, il y a vraiment un shift des marchés de la chaîne de valeur de l'ammoniaque,
02:04:35 qui est en s'inspire en France,
02:04:37 dans des conditions de souveraineté qui peuvent être complètement différentes.
02:04:41 On a vu que si on laisse une sorte de mondialisation
02:04:46 avec beaucoup d'import d'ammoniaque renouvelable depuis l'étranger,
02:04:50 surtout hors Union européenne,
02:04:53 ça pose un risque sur le parc industriel français et sur notre souveraineté.
02:04:58 Donc, par rapport à ça, on a un accompagnement à fournir à la filière
02:05:02 qui doit être cohérent et proportionnel avec les stratégies industrielles françaises.
02:05:06 C'est-à-dire que si demain on veut que l'ammoniaque soit produit en France
02:05:10 pour des usages spécifiques à haute valeur ajoutée,
02:05:13 c'est certainement un accompagnement plus fort qu'il faudra apporter à cette filière,
02:05:17 d'autant plus fort que si on est sur une stratégie un peu plus allemande
02:05:20 où on va importer de l'hydrogène, importer de l'ammoniaque renouvelable.
02:05:24 Pour ça, quelques pistes d'action.
02:05:26 D'abord, ça passe par la favorisation des ammonitrates,
02:05:29 qui sont quasiment la grande majorité des engrais qui sont produits en France.
02:05:34 On a vu que si on diminue notre consommation d'engrais,
02:05:37 rien ne nous empêche de trouver des mesures
02:05:40 ou de travailler sur des mesures qui peuvent favoriser les ammonitrates
02:05:43 et donc augmenter leur part dans le mixe engrais
02:05:45 et in fine ne pas trop diminuer notre production d'engrais sur notre plan national
02:05:50 et seulement diminuer nos imports d'engrais.
02:05:52 On a aussi d'autres initiatives qui peuvent être intéressantes,
02:05:55 c'est les labels qui peuvent permettre d'aider à la transition
02:05:58 de ces marchés de bas carbone, de ces marchés d'engrais renouvelables.
02:06:03 Et enfin, il serait intéressant de faire une sorte de plan de transition
02:06:07 du transport maritime pour connaître quel est le véritable potentiel de l'ammoniaque
02:06:11 en tant que carburant par rapport à d'autres solutions concurrentes.
02:06:14 Le deuxième enseignement, c'est qu'il y a un choix entre CCS et H2,
02:06:20 arbitraux plutôt, pour éviter le risque d'actifs échoués.
02:06:24 On a vu l'hybridation de ces solutions, c'est une solution qui est assez optimisée à court terme,
02:06:30 mais qui n'est pas une solution de long terme
02:06:32 si on se projette vraiment dans une décarbonation ambitieuse à horizon 2035-2040.
02:06:39 Et ce choix de technologie va aussi driver les stratégies industrielles,
02:06:43 parce que si on choisit la voie 100% H2, on sera capable de fournir de l'ammoniaque dite renouvelable
02:06:49 en fonction de la fourniture d'électricité et donc de la couleur de l'hydrogène.
02:06:54 Et ce n'est bien sûr pas le même marché et pas la même valeur ajoutée
02:06:57 que l'ammoniaque juste bas carbone s'il était adossé à une brique CCS.
02:07:01 Pour ça, c'est vraiment important d'accompagner la filière dans cette transition, évidemment,
02:07:07 et dans la suite peut-être de l'exercice qui a été porté par la Direction générale des entreprises,
02:07:13 qui était de faire des feuilles de route de ces 50 sites,
02:07:16 prendre en compte ces considérations et peut-être travailler sur des scénarios
02:07:20 qui sont plus ambitieux et qui apportent plus de visibilité aux industriels
02:07:24 pour une décarbonation profonde à horizon 2035-2040.
02:07:28 Et enfin, c'est bien sûr un besoin de planification territoriale.
02:07:33 On va dire que depuis le début, on est très focus sur la filière et sur le secteur de l'ammoniaque,
02:07:37 mais en particulier sur l'axe Seine, voire même aussi sur le site Haute-Marzanne dans l'Est.
02:07:45 Ces sites font vraiment partie d'un écosystème industriel,
02:07:47 ils sont sur des grandes zones industrielles.
02:07:49 Et en fait, le choix entre CCS et H2, il doit vraiment se penser dans l'écologie territoriale.
02:07:55 Et donc, les décisions d'investissement pour une voie ou plutôt que l'autre
02:07:59 doivent vraiment être anticipées en fonction des enjeux de décarbonation de chacune des zones industrielles.
02:08:04 C'est-à-dire, est-ce qu'on considère que c'est intéressant pour chacune des zones industrielles
02:08:09 de devenir un grand hub de l'hydrogène ou de devenir un grand hub du CO2,
02:08:12 par exemple pour faire des écarburants.
02:08:15 Donc, il y a vraiment une sorte de cohérence territoriale à adjoindre, on va dire,
02:08:22 à ces résultats et à ces stratégies de décarbonation de l'ammoniaque en France.
02:08:27 Pour ça, on a l'appel à projet ZeeBak dont l'ADEME est opérateur,
02:08:31 qui va commencer à faire des études de décarbonation de chacune des zones industrielles.
02:08:35 Et ça, c'est vraiment la première brique qui doit permettre d'apporter un dialogue
02:08:39 à la fois entre les industriels, les opérateurs de réseau, les énergéticiens et les pouvoirs publics,
02:08:43 pour vraiment comprendre les enjeux de décarbonation de chacune de ces zones
02:08:47 et mettre en place les bonnes infrastructures, soit CCS, soit H2, soit un peu des deux,
02:08:51 si on considère que c'est pertinent.
02:08:53 Mais en tout cas, bien dimensionner ces infrastructures-là en avance et avec de la visibilité.
02:08:59 Et aussi, en plus de ces enjeux territoriaux et de gouvernance,
02:09:04 c'est bien sûr des injonctions réglementaires qui peuvent, on va dire,
02:09:09 driver la décarbonation, soit vers le CCS, soit H2, et en particulier vers l'H2,
02:09:14 avec en ce moment la révision de la directive énergie renouvelable au niveau Europe,
02:09:20 qui a été, je ne sais pas quel est le mot, mais en tout cas,
02:09:24 ce n'est pas adopté, mais qui a été validé dernièrement.
02:09:27 Et j'imagine qu'on en parlera pendant l'intervention avec Monsieur Le Net, juste après.
02:09:33 Du coup, je pense que c'est le bon moment pour conclure cette présentation.
02:09:37 Je redonne la main à Adeline, qui va... parce qu'on a des questions d'ailleurs.
02:09:43 Merci.
02:09:45 Je remets juste ma caméra.
02:09:48 Merci beaucoup Antoine et Sylvain pour cette présentation.
02:09:52 Donc les questions qui ont été posées, on y a répondu en fait pendant la présentation.
02:09:56 Donc normalement, il ne reste pas de questions, sinon on est en train de répondre à la dernière.
02:10:00 Donc merci beaucoup pour cette présentation.
02:10:03 Je vous propose qu'on passe maintenant à un moment d'échange.
02:10:09 Et je vais donner la parole notamment aux deux fédérations qui représentent les industriels
02:10:15 des deux secteurs que nous venons de présenter, que sont l'acier et l'ammoniaque.
02:10:19 Donc Monsieur Le Net, qui est responsable des politiques énergie et changement climatique à France Uni.
02:10:25 Et Monsieur Jacquemin, directeur général de l'Alliance Minéraux et Métaux à Trois-Èmes.
02:10:32 Donc pour commencer, je vais peut-être vous poser quelques questions
02:10:37 pour pouvoir driver un peu cet échange.
02:10:39 Et la première question que je vais vous poser, c'est sur les plans de transition sectoriel.
02:10:44 Si vous pouvez nous dire une chose que cet exercice de plan de transition sectoriel a apporté à la filière
02:10:50 que vous représentez, donc les points positifs, mais surtout aussi les pistes d'amélioration.
02:10:54 Je vais peut-être donner tout d'abord la parole à Monsieur Jacquemin sur l'acier,
02:10:59 puis après je laisserai s'exprimer Monsieur Le Net.
02:11:02 Merci beaucoup Madame Pinette, très bien.
02:11:05 Écoutez, merci déjà pour cet excellent webinaire depuis ce matin, extrêmement riche en informations.
02:11:11 Effectivement, nous on est au niveau de la filière sidérurgie, à Trois-Èmes regroupe l'ensemble des opérateurs
02:11:18 du cycle des métaux français, de l'extraction à la transformation et au recyclage,
02:11:25 qui a été largement à l'honneur ce matin et c'est formidable, dont évidemment la partie sidérurgie.
02:11:30 Et je dirais que pour nous, l'exercice du PTS, qui est un exercice effectivement
02:11:35 avec lequel on travaille et avec nos adhérents depuis déjà quelques années.
02:11:41 On a eu une longue période de travail avec vous, c'est extrêmement intéressant,
02:11:45 c'est extrêmement stimulant pour permettre effectivement de réfléchir
02:11:50 dans une période forte d'incertitude, forte de pression de diverses natures.
02:11:56 Donc voilà, pour nous c'est un exercice extrêmement stimulant, avec ces limites qui ont été rappelées.
02:12:01 On a des stratégies industrielles derrière, on a une vision très française et pas toujours européenne ni mondiale.
02:12:08 Il y a des enjeux effectivement d'applicabilité ou de mise en opération des technos
02:12:14 sur lesquels on a encore beaucoup d'incertitudes.
02:12:17 Voilà, ça fait partie du jeu, mais en tout cas la modélisation telle qu'elle est présentée,
02:12:21 je dirais, si je raisonne un petit peu avec un écosystème, permet de jouer.
02:12:27 Ça permet vraiment de travailler et d'éclairer l'exercice, voilà, avec les réserves que j'ai citées.
02:12:33 Merci beaucoup, merci beaucoup Monsieur Zacquemin.
02:12:36 Du coup, je vous laisse la parole Monsieur Le Nett.
02:12:39 Oui, bonjour à tous, merci.
02:12:42 Tout d'abord, je souhaiterais saluer le travail de l'ADEME,
02:12:46 en particulier celui d'Antoine Desboisiers, Sylvain Sourisseau et Adeline Filet.
02:12:50 Je trouve qu'ils ont fourni un travail tout à fait remarquable
02:12:53 et pertinent dans le cadre du débat sur la transition énergétique,
02:12:57 avec une approche scientifique et objective,
02:13:01 sans idée préconçue et avec des résultats très contrastés.
02:13:06 Donc, merci beaucoup.
02:13:08 Je tenais à saluer votre contribution.
02:13:11 Sur l'intérêt de cet exercice des plans de transition sectoriels,
02:13:15 je dirais d'abord que c'est de faire de la pédagogie.
02:13:18 Ça permet de faire connaître l'industrie, sa contribution à l'économie
02:13:22 et les problématiques auxquelles elle est confrontée,
02:13:25 notamment la problématique de décarbonation.
02:13:28 Et second intérêt, c'est l'objectivation du débat.
02:13:31 Ça apporte sa pierre à l'édifice dans le débat sur la transition écologique
02:13:38 et apporte un éclairage différent et complémentaire
02:13:41 par rapport à d'autres exercices de planification écologique,
02:13:44 tels que celui qu'on mène dans le cadre des faits des relations sectorielles
02:13:48 sur les transitions du secteur ou la trajectoire de décarbonation
02:13:53 des 50 sites les plus émetteurs en France.
02:13:56 Voilà, donc c'est les principaux intérêts avec des conclusions
02:14:01 qui sont souvent convergentes.
02:14:03 Parfois, on a des écarts assez sensibles,
02:14:05 mais je trouve que globalement, on a des conclusions convergentes.
02:14:09 Donc, c'est très intéressant.
02:14:12 Merci beaucoup, monsieur Le Nett.
02:14:15 Une autre question peut-être qui concerne la compétitivité.
02:14:18 C'est vrai qu'avec les dernières crises liées, notamment Covid-19,
02:14:21 à la guerre en Ukraine, on constate que des impératifs de souveraineté
02:14:25 sont à peu à peu venus s'ajouter à ceux de la décarbonation de l'industrie.
02:14:29 Or, par exemple, les stratégies industrielles de la Chine et des USA,
02:14:33 notamment avec l'Iraq, sont très agressives aujourd'hui.
02:14:36 Par ailleurs, des projets d'hydrogène, d'acier, d'ammoniaque décarbonée
02:14:39 naissent partout dans le monde et plusieurs pays européens aussi,
02:14:42 dont l'Allemagne, les intègrent dans leur stratégie de décarbonation.
02:14:45 Donc, on voit une compétition intra-européenne qui est forte,
02:14:49 avec des avantages différents entre les pays de nord,
02:14:52 qui peuvent avoir accès, par exemple, à de l'hydraulique et du CCS,
02:14:54 les pays du sud, avec des énergies renouvelables.
02:14:57 Donc, ma question, c'est dans ce contexte,
02:15:00 quels atouts peuvent faire valoir la France pour pousser son modèle
02:15:02 de décarbonation de l'industrie sidérurgique et de l'industrie chimique
02:15:05 pour qu'elle soit compétitive et souveraine ?
02:15:08 En clair, quels sont les chantiers prioritaires à mener en France
02:15:11 pour que ces industries puissent être compétitives ?
02:15:13 Je vais peut-être donner la parole à M. Jacquemin sur cette question-là.
02:15:17 Oui, c'est une question essentielle.
02:15:19 Je dirais que pour nous, on est dans un triptyque réindustrialisation,
02:15:25 souveraineté et lutte contre le réchauffement climatique.
02:15:28 Ça a été posé de manière extrêmement claire par le président de la République,
02:15:32 d'ailleurs, comme étant un des enjeux majeurs auxquels notre pays a se confronté.
02:15:37 La France a, pendant des années, mis de côté un peu son industrie lourde.
02:15:44 On a vu, effectivement, l'attrition de ce secteur,
02:15:49 en particulier dans la sidérurgie et la métallurgie.
02:15:53 Là, on prend conscience qu'effectivement,
02:15:55 on a besoin d'avoir un socle industriel important.
02:15:59 Je dirais que c'est aussi ce qui ressort de la part,
02:16:02 dans les éléments qu'on a vu présentés avec brio par Eliott-Marie en particulier.
02:16:08 C'est qu'on a effectivement un enjeu de chaîne de valeur.
02:16:11 On a vu que dans l'acier en particulier, on a des éléments de transformation.
02:16:15 On s'est arrêté à l'analyse des émissions sur la partie acierée,
02:16:22 mais on a aussi tout ce qui se passe dans la partie laminage et la partie par achèvement,
02:16:27 avec des jeux aussi européens et mondiaux qui sont importants,
02:16:31 avec un point important aussi des émissions importées.
02:16:35 Il ne faut pas oublier que quand on importe de l'acier, y compris de l'acier électrique,
02:16:40 on importe aussi des émissions parce que la France a ce mix énergétique partie
02:16:44 qui lui donne effectivement cet avantage comparatif.
02:16:47 Donc, l'enjeu pour nous aujourd'hui, c'est effectivement de se battre
02:16:52 pour avoir une sidérurgie compétitive et décarbonée.
02:16:56 On a tout ce qu'il faut en France pour se faire.
02:17:00 Mais elle est indispensable, je le répète ici,
02:17:03 à l'ensemble des éléments de transition énergétique et numérique qui ont été exposés.
02:17:08 On aurait pu ajouter effectivement, je réagis comme ça,
02:17:12 sur l'évolution de la baisse potentielle de la consommation du bâtiment pour l'acier.
02:17:17 Si demain on développe fortement le modulaire, la construction hors site,
02:17:23 vous allez favoriser, autrement dit l'industrialisation de la construction,
02:17:27 vous allez sans doute favoriser la construction métallique.
02:17:29 Donc, vous voyez, on a aussi des éléments qui sont extrêmement importants
02:17:33 à intégrer dans cette révolution-là.
02:17:37 Donc, pour nous, effectivement, on a un enjeu majeur pour fournir à l'industrie,
02:17:42 à l'économie au sens large de la transition énergétique et numérique,
02:17:46 la matière première, en particulier acier, dont elle va avoir besoin.
02:17:50 On a vu aussi l'enjeu de maîtrise du scrap, de la ferraille, de l'acier usagé.
02:17:57 C'est bien de réaffirmer ici qu'effectivement, on a plus de 30%
02:18:02 de la production d'acier française qui est faite avec de l'acier cyclé.
02:18:05 C'est un mix assez faible par rapport à la moyenne mondiale,
02:18:10 mais qui est en train de se rééquilibrer pour des raisons évidentes
02:18:12 qui ont été exprimées ce matin.
02:18:14 Et donc, on a un enjeu effectivement de maîtriser notre accès à la ferraille.
02:18:18 Ça va être un enjeu majeur pour cela, de maîtriser cet accès,
02:18:22 de les traiter, de les garder sur notre territoire français et européen,
02:18:25 en particulier européen, pour éviter de la donner à nos concurrents
02:18:30 ou à nos compétiteurs, qui non seulement sont des compétiteurs
02:18:32 sous le niveau prix, mais travaillent dans des conditions carbone
02:18:36 largement différentes des nôtres et dans des conditions environnementales
02:18:39 aussi largement différentes des autres.
02:18:41 Donc, on a un vrai enjeu sans sous-estimer effectivement
02:18:45 l'impact que représente pour nous l'accès aux nouveaux besoins
02:18:48 dont on va avoir, tu dirais, une exigence forte à exprimer.
02:18:57 On a parlé de CCS, on a parlé de biocarbone, on a parlé de biométhane,
02:19:01 on a parlé effectivement de DRI ou d'hydrogène.
02:19:04 On a vu effectivement que notre industrie est répartie
02:19:06 sur le territoire national de manière assez spécifique.
02:19:09 Comment on arrive à construire effectivement les infrastructures
02:19:12 de transport de ces différentes nouvelles ressources
02:19:17 qu'on va avoir à développer, comment on arrive à les organiser
02:19:21 aux échelles territoriales, on a de sacrés enjeux devant nous.
02:19:25 Merci, Monsieur Jacquemin.
02:19:27 Du coup, je vous laisse la parole, Monsieur Le Nez, pour compléter.
02:19:31 Oui, je crois que ce qu'on met en évidence dans les scénarios du PTS ammoniaque,
02:19:37 c'est qu'il n'y a pas de réponse facile à la transition énergétique,
02:19:41 en particulier en ce qui concerne l'ammoniaque.
02:19:46 Tous les scénarios montrent qu'il existe aujourd'hui des technologies
02:19:49 qui permettent de décarboner le procédé de production,
02:19:52 même si ça représente plusieurs défis de mise en œuvre opérationnel,
02:19:55 les technologies existent.
02:19:57 En revanche, tous les scénarios impliquent des investissements considérables,
02:20:02 des risques très importants et des coûts de production, au final,
02:20:06 qui sont bien supérieurs aux coûts actuels et encore plus par rapport
02:20:11 aux coûts ailleurs dans le monde.
02:20:14 Aujourd'hui, il n'existe pas de modèle économique pour l'ammoniaque bas carbone
02:20:18 et pour la transition énergétique de l'ammoniaque.
02:20:22 Il va falloir faire évoluer ça, faire émerger ce modèle économique.
02:20:26 Pour ça, on a quand même des avantages, en France, je pense,
02:20:29 sur lesquels on peut s'appuyer, notamment un mix électrique
02:20:33 particulièrement compétitif et décarboné.
02:20:36 En tout cas, jusqu'à une date récente, on a bénéficié d'une électricité
02:20:40 particulièrement compétitive et fondée sur un mix de production bas carbone.
02:20:45 Et puis, en plus de ça, on a un réseau qui est particulièrement solide
02:20:50 et performant.
02:20:51 Ça a permis à la France quand même de faire émerger une industrie
02:20:55 électrointensive exportatrice telle que le PVC Chlore-soudre.
02:20:59 Aujourd'hui, la moitié de la production de PVC est exportée.
02:21:02 C'est quand même assez remarquable dans le contexte industriel
02:21:05 qu'on connaît en France.
02:21:07 La France représente 25 % de la production européenne de PVC.
02:21:11 C'est quand même beaucoup.
02:21:12 Et conjugué avec un outil de production qui est particulièrement performant,
02:21:17 on a une production de PVC en France qui affiche une empreinte carbone
02:21:22 deux fois plus faible qu'en Allemagne ou aux USA, et neuf fois moins performante
02:21:28 qu'en Chine.
02:21:30 Donc, la production de PVC en France et son exportation participent
02:21:34 à baisser l'empreinte carbone de la consommation de PVC chez ses clients.
02:21:39 Donc, voilà, on a une contribution et puis on peut s'appuyer sur ce parc
02:21:44 de production et ce mix de production compétitif et bas carbone.
02:21:49 Et dans un contexte où la transition énergétique de la chimie,
02:21:52 de l'ammoniaque et puis de l'ensemble de l'industrie passent par une forte
02:21:56 électrification des procédés, si on se montre capable de maintenir
02:22:03 cet avantage compétitif, voire de le renforcer, on peut conjuguer
02:22:08 la performance économique et la performance environnementale.
02:22:11 On va basculer vers des procédés électro-intensifs plutôt que
02:22:15 gazo-intensifs pour ce qui est de l'ammoniaque.
02:22:20 Et puis, donc, il faut absolument conserver cet avantage compétitif.
02:22:25 Donc, l'approvisionnement d'électricité bas carbone compétitive sera l'enjeu
02:22:29 clé pour la décarbonation de la chimie et de l'ammoniaque,
02:22:33 pour sa compétitivité et sa décarbonation.
02:22:36 Donc, on a besoin de meilleure efficacité de notre économie,
02:22:40 d'une accélération du déploiement des énergies renouvelables,
02:22:43 d'un accroissement de la production de notre parc nucléaire,
02:22:48 donc au moins à court terme dans un parc nucléaire qui ne va pas se développer
02:22:55 en puissance, mais il faudrait en améliorer le fonctionnement.
02:22:59 Et puis, avoir un cadre contractuel compétitif pour avoir un accès
02:23:04 long terme à cette électricité bas carbone.
02:23:08 Merci beaucoup, Monsieur Le Nett.
02:23:12 Je vous propose de passer à la question suivante,
02:23:16 donc sur une question sur l'accélération de la décarbonation.
02:23:21 C'est vrai que durant cette matinée, nous avons pu parler d'appellations
02:23:24 de produits bas carbone, de produits renouvelables.
02:23:27 Ce sont des dénominations qui pourraient donner naissance à des nouveaux marchés
02:23:30 à plus haute valeur ajoutée, où l'État, par sa commande publique,
02:23:34 ainsi qu'une partie des consommateurs seraient prêts à payer le coût
02:23:36 de la décarbonation et le « made in France ».
02:23:39 Ainsi, est-ce que la mise en place d'affichages environnementaux associés
02:23:42 à la production des premières tonnes d'ammoniaque et d'acides bas carbone
02:23:45 ou renouvelables est nécessaire ?
02:23:47 Comment les filières se préparent à l'arrivée de ces nouveaux produits
02:23:51 qu'on appelle un peu « green premium » ?
02:23:53 Je vais peut-être changer du coup.
02:23:54 Peut-être que M. Le Net, vous pouvez commencer par répondre à la question.
02:23:58 Volontiers.
02:24:00 En Europe, on a fait quand même le choix de taxer le carbone
02:24:03 et les émissions de désaffaite sale historiquement.
02:24:07 C'est un choix qui a une logique plus politique, économique.
02:24:13 En tout éclat de cas de cause, ça ne suffit pas à faire émerger
02:24:16 un marché pour les produits bas carbone et donc à faire émerger
02:24:20 un intérêt économique à décarboner la production.
02:24:24 Si on compare dans le monde, il y a eu plusieurs philosophies
02:24:27 qui ont été mises en œuvre.
02:24:28 Soit on subventionne les projets de décarbonation ou les produits bas carbone
02:24:32 pour qu'ils deviennent compétitifs, et c'est le choix qu'ont fait
02:24:35 les États-Unis avec l'Iran, l'Inflation Reduction Act,
02:24:39 ou la Chine avec son programme Made in China 2025.
02:24:43 Soit on fait payer la facture aux consommateurs à travers une prime
02:24:47 à l'achat de produits bas carbone.
02:24:49 Aujourd'hui, c'est une tendance qui est émergente,
02:24:52 notamment sur des produits à forte valeur ajoutée.
02:24:56 La prime est alors assez modérée par rapport au prix final du produit,
02:25:02 et le consommateur est souvent plus disposé à payer plus cher
02:25:06 pour le même service, mais avec un bénéfice environnemental.
02:25:09 C'est peut-être pour se donner bonne conscience,
02:25:12 mais ça ne coûte pas très cher.
02:25:14 On le voit déjà dans la chimie, en tout cas pour ce qui concerne
02:25:17 les matériaux de spécialité, les cosmétiques, parfums, savons,
02:25:21 ou les principes actifs, où là, il y a des fois,
02:25:24 les consommateurs sont prêts à payer un premium
02:25:28 pour avoir des produits bas carbone.
02:25:30 Toutefois, c'est beaucoup moins courant sur les produits de commodité,
02:25:33 comme l'ammoniaque, qui s'adresse à des marchés
02:25:37 qui sont beaucoup plus exposés à la conférence internationale,
02:25:40 et donc beaucoup moins ouverts à la perspective de prix
02:25:43 plus élevés pour un service équivalent.
02:25:45 C'est le cas de l'ammoniaque et de l'agriculture.
02:25:48 Si les agriculteurs devaient absorber un doublement,
02:25:52 voire un triplement du prix de l'ammoniaque et des endroits azotés,
02:25:56 ce serait très compliqué.
02:25:58 Il faudrait qu'ils puissent répercuter eux-mêmes
02:26:01 le prix sur leurs produits, ce qui est très difficile,
02:26:05 déjà dans un contexte international très compétitif,
02:26:09 enfin, très forte concurrence.
02:26:12 Et puis, d'une manière absolue, faire passer ça dans les prix,
02:26:17 ça veut dire augmenter le prix du paquet de pâtes,
02:26:19 de la baguette de pain.
02:26:21 Je vous laisse imaginer ce que ça veut dire en termes sociaux.
02:26:24 Merci, M. Le Nen.
02:26:27 Je crois que je reçois l'avancée.
02:26:28 M. Jacquemin, si vous souhaitez compléter sur la partie,
02:26:31 vous êtes plutôt axé.
02:26:32 Oui, bien sûr.
02:26:33 Autant on était très en phase avec Sylvain
02:26:35 sur le contexte industriel lourd
02:26:37 par rapport aux enjeux d'investissement
02:26:39 et de contexte international,
02:26:41 mais à ce point-là, on est peut-être un petit peu différent
02:26:43 dans la mesure où, effectivement,
02:26:45 on peut considérer que l'acier bas carbone existe déjà
02:26:49 et qu'il est sur le marché,
02:26:51 il commence à répondre à une demande,
02:26:54 que ce soit de l'acier fonte, voie fonte,
02:26:56 ou de l'acier voie électrique.
02:26:57 On voit bien qu'il y a un début de demande.
02:26:59 Après, évidemment, la question au cœur du sujet,
02:27:02 c'est qui paye et qui paye effectivement ce surcoût,
02:27:04 parce qu'évidemment, quand on le voit,
02:27:07 la souveraineté a un coût, la résilience a un coût.
02:27:10 Donc la question, c'est qui va payer et qu'est-ce qui va payer ce coût ?
02:27:13 Ce qu'on peut déjà se dire,
02:27:16 c'est en regardant aussi ceux qui ne payent pas
02:27:19 le vrai prix de leurs produits.
02:27:21 Et aujourd'hui, on a quand même des importations
02:27:24 de produits, notamment acier,
02:27:26 avec des charges de carbone
02:27:28 qui sont largement sous-évaluées.
02:27:31 Donc, un des bons exemples de ça, c'est l'inox.
02:27:35 Quand vous regardez la part d'émission de CO2
02:27:39 importée par rapport au nôtre,
02:27:41 on est dans un rapport de 1 à 15.
02:27:43 Et pourtant, l'industrie inox européenne s'est largement,
02:27:47 je dirais, effondrée.
02:27:52 En tout cas, elle s'est largement diminuée depuis 20 ans.
02:27:55 Donc, on a un vrai enjeu pour remonter effectivement la pente par rapport à ça.
02:27:58 Donc, le marché va être tiré par le consommateur.
02:28:01 Il va être tiré par des nouveaux usages.
02:28:03 Dans beaucoup de produits, l'acier servant à la fois du produit grand public,
02:28:07 mais aussi du produit B2B.
02:28:09 Et étant souvent dans ces produits,
02:28:12 comme beaucoup de marchés de commodité,
02:28:14 une part assez faible, effectivement, de la valeur finale du produit,
02:28:18 est-ce que demain, le consommateur acceptera de payer 100 euros, 200 euros de plus
02:28:23 de sa voiture si l'acier avec lequel il est produit est un acier totalement vert ?
02:28:28 C'est ça, l'un des vrais enjeux auxquels on va être confronté.
02:28:31 Il ne faut pas négliger aussi les impacts liés aux infrastructures
02:28:35 et donc à la commande publique, parce qu'on aura sans doute un grand besoin
02:28:39 à un moment donné de tirer aussi cette production par la commande publique
02:28:44 à partir du moment où effectivement nos produits,
02:28:47 et c'est le cas également je crois dans la chimie,
02:28:50 alimentent un grand nombre de filières à val.
02:28:54 Merci beaucoup, Monsieur Jackmin, pour votre réponse.
02:28:58 Je vous propose une dernière question.
02:29:00 Alors, plutôt avec ces territoires maintenant,
02:29:02 après avoir fait des trajectoires sectorielles, des trajectoires site,
02:29:06 est-ce que l'échelon territorial est à présent de bon niveau de gouvernance
02:29:09 pour lancer une dynamique de décision d'investissement
02:29:12 de décarbonation profonde à l'horizon 2030,
02:29:15 notamment en prenant en compte les risques physiques
02:29:18 et donc quelles sont les prochaines étapes pour le rendre opérationnel ?
02:29:22 Monsieur Lenech, je vous laisse la parole.
02:29:25 Pour les entreprises, pour des entreprises internationales
02:29:29 telles que celles qui opèrent dans l'ammoniaque,
02:29:32 et pour le climat aussi d'ailleurs,
02:29:35 le bon niveau de réflexion, c'est le niveau mondial,
02:29:37 c'est une échelon internationale.
02:29:39 Les entreprises investissent là où c'est le plus facile,
02:29:42 le plus rapide de décarboner.
02:29:44 Donc aujourd'hui, on a des grandes multinationales
02:29:46 et des champions même européens
02:29:48 qui vont plutôt investir sur la décarbonation en Chine.
02:29:52 Enfin, voilà, ils n'oublient pas que c'est partout dans le monde
02:29:55 qu'il faut investir.
02:29:58 Donc les objectifs des entreprises,
02:30:01 ils sont adoptés et ils sont fixés à l'échelle de l'entreprise,
02:30:07 sur tous ces territoires, pas site par site.
02:30:09 En revanche, dans une optique de planification des infrastructures,
02:30:13 là, il est indispensable d'engager une réflexion
02:30:17 au niveau local et régional.
02:30:20 Par exemple, pour déployer le réseau électrique nécessaire
02:30:24 à l'électrification des procédés, à la production d'hydrogène,
02:30:27 forcément, il faut prévoir ça au niveau régional ou national.
02:30:31 Et donc, c'est là que prend tout l'intérêt des travaux de planification
02:30:36 lancés par l'État avec les fédérations
02:30:38 ou lancés par l'ADEME, le cadre du CPTS.
02:30:42 Donc, ça a un grand intérêt pour assurer la cohérence
02:30:45 entre ces deux niveaux de réflexion.
02:30:48 Merci beaucoup, monsieur Le Nen, pour votre réponse.
02:30:52 Je laisse la parole à monsieur Jacquemin.
02:30:55 En fait, on voit bien que, comme le dit Sylvain,
02:30:58 l'échelle internationale, parce que nos groupes
02:31:01 sidérurgiques ou métallurgiques sont aussi à l'échelle internationale,
02:31:04 et évidemment, qu'on parle des avantages comparatifs,
02:31:06 les marchés, les accès à l'énergie ou aux solutions de décarbonation,
02:31:10 évidemment, et puis aussi, je dirais, les impulsions
02:31:15 ou les injonctions publiques qui sont effectivement
02:31:18 particulièrement fortes en Europe.
02:31:19 Donc, il faut arriver à, je dirais, à mixer à la fois
02:31:21 la vision stratégique que vont avoir nos industriels
02:31:24 et qui, effectivement, réfléchissent à l'échelle mondiale
02:31:26 avec la vision territoriale où va s'opérer, finalement,
02:31:29 la mise en œuvre de cette stratégie.
02:31:30 Et c'est bien là qu'on a un enjeu majeur,
02:31:33 c'est comment, effectivement, les enjeux territoriaux
02:31:36 vont permettre d'être soit des freins, soit des accélérateurs
02:31:38 de la mise en œuvre de cette stratégie.
02:31:40 On a des sujets sur lesquels le fait d'organiser
02:31:44 à l'échelle territoriale est un vrai avantage
02:31:46 pour utiliser des accès à des ressources,
02:31:48 à du biomethane, à de la biomasse, par exemple,
02:31:52 avec là aussi des enjeux de concurrence d'usage,
02:31:55 comment on va faire avec des ressources dont on sait
02:31:57 qu'elles vont être insuffisantes pour les répartir
02:31:59 en termes de hiérarchies, en termes de priorité
02:32:00 par rapport à la chirurgie, à l'agroalimentaire,
02:32:02 à la chimie, au verre, comment on va faire par rapport à ça
02:32:05 si on a des concurrences d'usage.
02:32:06 On va aussi avoir sur le territoire des concurrences
02:32:10 et des enjeux liés à la formation des compétences
02:32:12 disponibles sur ces territoires.
02:32:16 Si je prends l'exemple du Dunkerquois, par exemple,
02:32:18 c'est extraordinaire pour nous de voir un territoire
02:32:21 qui a été un des fleurons de l'excellence industrielle française
02:32:25 à la fin du 19e et après une traversée du désert
02:32:29 assez dramatique pendant quelques décennies,
02:32:31 avoir devant lui des perspectives formidables
02:32:33 de déploiement et de redéploiement,
02:32:37 mais comment allons-nous attirer les 15 000 ou 20 000 compétences nouvelles
02:32:40 dont on va avoir besoin sur ce territoire,
02:32:42 sans se faire de concurrence entre industrielles.
02:32:44 Donc on a des vrais enjeux, si vous voulez,
02:32:46 qui nécessitent effectivement de travailler à toutes les strates du territoire,
02:32:51 mettre en œuvre tous les acteurs, les collectivités locales,
02:32:54 les acteurs états, les industriels,
02:32:56 construire des choses qui soient attractives dans la durée.
02:32:59 Le challenge est quand même tout à fait majeur,
02:33:01 mais on ne peut pas s'absoudre d'une réflexion
02:33:06 très opérationnelle à l'échelle territoriale
02:33:08 et travailler avec les acteurs locaux,
02:33:10 même si on aurait tendance à imaginer
02:33:13 qu'on peut se focaliser sur nos secteurs,
02:33:18 sur le Dunkerquois, sur Fos-sur-Mer, en tout cas pour l'acier.
02:33:21 On voit bien que c'est là que ça se passe,
02:33:22 mais pas que. J'insiste sur ce point-là.
02:33:24 Demain, on a aussi des enjeux majeurs ailleurs, sur d'autres territoires.
02:33:28 Merci beaucoup, Monsieur Jacquemin, pour votre retour.
02:33:31 Je vais vous remercier tous les deux,
02:33:34 déjà pour votre disponibilité pour répondre à ces questions.
02:33:37 Merci beaucoup d'avoir participé à ce webinaire.
02:33:41 Je vous propose qu'on conclue.
02:33:43 En effet, on arrive au bout de notre webinaire.
02:33:46 Quelques informations avant de clore.
02:33:50 La synthèse ammoniaque sera disponible dans les prochains jours
02:33:55 sur la librairie ADEME et sur le site Finance Climat.
02:33:58 Vous pourrez y retrouver tous les éléments
02:34:00 qui vous ont été présentés aujourd'hui.
02:34:03 Le rapport complet de ce PTS sera disponible plus tard,
02:34:09 courant automne.
02:34:11 En ce qui concerne l'acier, la synthèse sera publiée pour l'automne,
02:34:14 ainsi que le rapport complet qui présente le résultat du PTS acier.
02:34:18 Pour rappel, le replay de ce webinaire sera disponible
02:34:23 sur le site de l'ADEME dès cette semaine,
02:34:26 ainsi que les slides qui vous ont été présentés aujourd'hui.
02:34:28 On vous a rappelé le lien dans le chat.
02:34:31 Il reste encore quelques PTS à sortir,
02:34:33 notamment le sucre, le papier carton, le verre, l'éthylène et le chlore.
02:34:38 Ils seront publiés entre octobre prochain et avril 2024.
02:34:42 Nous ne manquerons pas de vous informer de leurs sorties
02:34:45 et des webinaires de restitution de leurs résultats.
02:34:49 Avant de conclure, nous vous permettons également
02:34:52 de faire la promotion du prochain congrès biennal à l'ISSE,
02:34:55 dédié à la décarbonisation de l'industrie,
02:34:57 en association avec l'ADEME,
02:34:59 qui se tiendra le 19 et 20 octobre prochain.
02:35:02 À noter dans vos agendas.