• l’année dernière
Marwane Ben Yahmed, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, livre son analyse du bras de fer entre le président sénégalais – qui vient d’annoncer son intention de ne pas briguer un nouveau mandat - et son principal opposant.
La Chronique de Jeune Afrique, à retrouver chaque semaine sur France Inter.
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#MackySall #Senegal #OusmaneSonko

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Transcription
00:00 Le rendez-vous Afrique, avec vous Marwan Benyamet, bonjour.
00:04 Bonjour.
00:05 Directeur de la publication du mensuel Jeune Afrique.
00:07 Gros plan ce matin sur le Sénégal, un pays stable, d'ordinaire.
00:12 Or, depuis quelques semaines, l'impitoyable guerre que se livre le chef de l'État, Makisal,
00:17 et son principal opposant, Ousmane Sonko, a plongé le pays dans le chaos.
00:21 Oui, le tragique embrasement survenu à la suite de la condamnation à deux ans de prison
00:27 de Ousmane Sonko au début de juin, qui a causé quand même plus d'une quinzaine de morts
00:32 et de nombreux dégâts dans la capitale, ne laisse pas d'inquiéter, comme en mars
00:37 2021 d'ailleurs, lors de l'arrestation de l'opposant, à chaque fois, l'étincelle
00:41 Sonko a mis le feu aux poudres, comme jamais dans l'histoire contemporaine de la démocratie
00:45 sénégalaise, paralysant tout un pays et provoquant l'effroi d'une population qui
00:49 n'a d'autre choix lors de ces prurites de violence que de se calfeter chez elle en
00:53 priant pour que le pire soit évité.
00:55 Ce funeste scénario, on le doit à la conjonction de deux ingrédients principaux.
01:00 Tout à fait.
01:01 D'un côté la personnalité et la stratégie jusqu'au boutiste de l'ovni politique
01:05 qui est devenu Sonko.
01:06 Et de l'autre, la supposée volonté du chef de l'état Makisal de briguer un troisième
01:10 mandat contesté par ses adversaires, au premier rang desquels, donc, Ousmane Sonko,
01:15 qui en a fait son fonds de commerce, le levier de son ascension fulgurante, il était quasi
01:19 inconnu il y a quelques années, mais aussi son collier d'immunité face à une justice
01:23 qui ne lui a laissé aucun répit ces derniers mois, qu'il s'agisse de la plainte pour
01:27 viol d'une masseuse body-body appelée Hadji Sahr ou de celle en diffamation du ministre
01:32 Mombay Nyang.
01:34 Sonko prétend que les magistrats sont aux ordres du pouvoir, que ces affaires ont été
01:37 montées de toutes pièces pour l'empêcher de devenir président.
01:40 Il entend donc s'y soustraire, y compris en incitant ses troupes à l'insurrection
01:45 à chacune de ses convocations devant les policiers ou les juges.
01:48 Que ses contempteurs au sommet de l'état tentent par tous les moyens d'exploiter
01:52 ses dossiers judiciaires pour l'abattre ne fait évidemment aucun doute.
01:55 Cela signifie-t-il pour autant qu'il n'a rien à se reprocher ou qu'il n'a aucun
01:58 compte à rendre, une sorte de citoyen à part sur les 18 millions que compte le pays.
02:03 Il a en tout cas été condamné et semble donc inéligible lors de la prochaine présidentielle
02:07 qui arrive à grands pas en février prochain.
02:09 Depuis, le trublion de Casamance et maire de Ziegenchor s'est mué en véritable berserk,
02:15 ce guerrier de la mythologie nordique qui entrait dans une fureur sacrée au moment
02:19 du combat et que seule la mort pouvait stopper.
02:21 « Soit Macky Sall recule, soit on le déloge du palais.
02:25 J'appelle toute la jeunesse à faire face et en finir avec lui et son régime », a-t-il
02:28 déclaré.
02:29 Difficile de faire plus clair.
02:30 « Je suis prêt au sacrifice ultime », a-t-il aussi ajouté.
02:34 « Ou encore j'ai fait mon testament.
02:35 Si Macky Sall ne recule pas, soit il nous tue, soit nous le tuons », prophétisait-il
02:40 en janvier.
02:41 Sous n'importe quel autre ciel africain, l'opposant serait aujourd'hui en prison
02:44 après avoir préféré de telles menaces, ce qui avait d'ailleurs fait dire un jour
02:47 à Macky Sall lui-même.
02:48 Si le Sénégal n'était pas une authentique démocratie, croyez-moi, le sort d'Ousmane
02:53 Sonko aurait été réglé depuis longtemps.
02:54 Alors ce trouble entre Macky Sall et Ousmane Sonko, on en est arrivé là comment ?
03:00 Très tôt, la bataille entre les deux hommes a pris des allures de vendetta à la sauce
03:04 arachide, cette sauce sénégalaise.
03:06 Tout a commencé en 2016.
03:08 Sonko était alors un quasi inconnu.
03:10 Inspecteur des impôts et des domaines, il dénonce les malversations financières de
03:14 personnalités politiques ou d'hommes d'affaires.
03:16 Le coup prêt tombe en août de la même année.
03:18 Ousmane Sonko est radié de la fonction publique pour manquement à l'obligation de discrétion
03:22 professionnelle.
03:23 C'est là, l'acte de naissance du politicien qu'il est devenu.
03:26 Il est élu député l'année suivante, arrive troisième à la présidentielle de 2019 et
03:31 devient l'opposant numéro un du pays.
03:34 Rivalité politique et ethnique, personnalité, parcours, tout oppose les deux hommes.
03:38 Sonko est vindicatif, radical et s'est à merveille utilisé les réseaux sociaux pour
03:42 se mettre en scène et communiquer, se rendre omniprésent et s'est rigé en martyr alors
03:46 que dans les faits il se comporte en bout de feu.
03:48 Sale, lui, donne l'impression d'être débonnaire et taiseux, se soucie comme d'une
03:52 guigne de sa communication et de son image, même si les événements de début juin et
03:57 les critiques qui pleuvent depuis, notamment à l'international, l'ont affecté.
04:00 Tous deux ont engagé un duel à mort qui fait craindre le pire à ceux nombreux qui
04:04 se soucient de la stabilité du Sénégal, dans une région déjà suffisamment ébranlée
04:08 par nombreux coups d'État tout autour de ce pays.
04:11 Puissent-ils se rendre compte de l'immense responsabilité qu'est la leur et se hisser
04:16 à la hauteur de l'histoire du pays de la Teranga, ce qui signifie l'hospitalité.

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