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« De l’invisible au visible » avec Thierry Gautier, tailleur de pierre, géologue de formation, accompagné d’Alice Berger et de Jean-Bernard Catella de France Bleu Drôme Ardèche, ou comment le sous-sol a façonné nos paysages, notre agriculture, notre industrie, nos modes de vie, notre habitat.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:02 -De l'invisible au visible.
00:04 Sur un plateau, dans une vallée,
00:07 quel est le seul lien qui unit la végétation, le relief,
00:11 les matériaux de construction, le type d'agriculture ou l'industrie ?
00:16 C'est l'invisible.
00:17 La géologie des sous-sols, celle des roches et des sables
00:22 que les hommes ont su exploiter.
00:24 ...
00:31 Thierry, on est en vallée du Rhône.
00:34 J'aimerais que tu nous parles de cette terre rouge,
00:37 cette terre qui est très présente ici, dans cette vallée.
00:42 -Cette terre rouge est étonnamment rouge.
00:45 Elle nous dit que dedans, il y a de l'argile.
00:48 C'est la façon de déterminer de l'argile.
00:51 Les terres de la vallée du Rhône, ce sont des limons,
00:55 et certaines parties de ces limons possèdent des argiles.
00:58 On a fait des tuiles avec,
01:01 parce que c'est une argile de très bonne qualité.
01:04 Mais ici, on a fait autre chose avec cette argile.
01:07 On a fait des maisons.
01:09 Des maisons en pisé,
01:11 qui sont une particularité du Dauphiné,
01:14 mais qu'on trouve beaucoup au nord.
01:16 C'est une technique très originale.
01:20 Une construction en pisé, c'est une construction en terre.
01:24 Pas besoin de chaux, pas besoin de pierres de taille.
01:27 On prend la terre d'un champ, un champ un peu argileux,
01:31 on peut creuser une cave aussi.
01:33 Avec cette terre, on se trompe même sur le matériau,
01:37 entre deux planches, on banche, en quelque sorte.
01:41 On va mettre de la terre sur 40 cm de large,
01:44 20 cm de haut.
01:45 On va compacter et faire des couches
01:48 en pisé.
01:49 -C'est la terre qu'on récupère autour de la maison,
01:53 au plus près.
01:54 C'est une technique qui est arrivée tardivement chez nous.
01:58 -Les premières époques, c'est le XVIIe siècle.
02:01 Mais l'essor du pisé, c'est la Révolution française.
02:05 On a libéré l'accès à la terre.
02:07 La terre était réservée aux nobles.
02:10 Les paysans n'avaient pas accès à la terre.
02:13 Ils n'avaient le droit que de la travailler.
02:17 C'est une sorte de technique sociale.
02:19 Pour construire une maison en pisé, il faut du monde.
02:23 On ne peut pas travailler tout seul.
02:25 C'est lié à un aspect collectif, communautaire.
02:29 On a pu faire des maisons qui, au XVIIIe siècle,
02:32 coûtaient 5 fois moins cher qu'une maison en pierre.
02:36 Cette maison avait sa place au XVIIIe siècle,
02:39 mais peut-être qu'elle a sa place de nouveau.
02:43 On rappellera aussi qu'elle a des vertus
02:46 au niveau température.
02:48 Elle a une sorte de température constante, d'isolant.
02:52 Et puis, c'est une maison qui ne brûle pas facilement.
02:56 Si vous brûlez de la terre, vous aurez de la brique,
02:59 mais toujours une maison qui tiendra.
03:02 Cette technique a disparu avec la Première Guerre mondiale.
03:06 Ceux qui guidaient ces groupes d'hommes,
03:09 qui se mettaient ensemble,
03:11 sont hélas morts dans la terre des tranchées en 1418.
03:15 Au XXIe siècle, cette technique du piser revient.
03:19 On est vraiment dans l'actualité de l'isolant, de chauffer peu,
03:24 d'avoir des maisons tempérées, permeables,
03:27 qui ne sont pas des maisons avec des blocs.
03:31 Cette maison a tout d'une maison moderne,
03:34 bioclimatique.
03:37 Sous-titrage Société Radio-Canada
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03:48 [SILENCE]

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