Le ministère de l'Intérieur a recensé 352 incendies sur la voie publique, 297 incendies de véhicules et trois blessés parmi les forces de l'ordre, au cours de la nuit de dimanche à lundi. Un très net recul des violences par rapport à celle de samedi à dimanche. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé la reconduite du même dispositif que lors des nuits précédentes pour ce lundi soir, soit 45 000 policiers et gendarmes mobilisés.
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00:00 Vous me demandez si on arrive à parler avec ceux qui font des violences.
00:04 300, on les a comptés à Corbeil-Essonne, 56 000 habitants, 300 jeunes qui se sont donnés à des violences.
00:10 Non, c'est très difficile, au moment où surtout il y a des violences, de parler avec eux.
00:15 C'est que ces jeunes, il n'y a plus personne qui peut leur parler entre la police et eux-mêmes.
00:21 Et donc, il y a quelque chose, je le dis tranquillement, d'assez insupportable de stigmatiser les parents, sincèrement.
00:29 Alors est-ce que vous arrivez à parler avec les parents ou pas ?
00:31 Bien sûr, on arrive à parler avec les parents. Corbeil-Essonne d'ailleurs, ils ont été invités sur vos plateaux et d'autres.
00:35 Nous avons dans le quartier des Tarterelles des mamans, des mamans qui vivent toutes les difficultés.
00:41 Et j'étais avec elles samedi matin et les élus du quartier, Asadou Kouré, Sophia Luz, je le dis parce que nous avons des jeunes élus
00:49 qui prennent la République en main et qui veulent encore y croire.
00:52 Et nous discutons avec ces mamans qui sont les premières à souffrir des violences,
00:57 qui pour certaines d'elles ont sûrement des jeunes qui disent "non, sort pas ce soir".
01:01 Mais il y en a, d'abord je dirais ça à tous les adultes, est-ce qu'à l'adolescence on arrive tous à tenir nos ados ?
01:07 Soyons humbles parce que c'est compliqué. Et là, il y a un sujet, vous savez...
01:12 Là, c'est un peu particulier quand même.
01:13 C'est un peu particulier.
01:14 Parce que là, ce qui s'est passé, c'est quand même des jeunes qui sortent, qui vont piller directement les magasins.
01:18 Mais bien sûr, mais d'abord...
01:19 Entre tenir des ados et les dérapages qu'on a vus.
01:23 Oui, mais d'abord, ça voudrait dire qu'on a 300 jeunes.
01:27 Bien sûr qu'il y a du pillage.
01:28 Mais vous voyez, dès qu'on essaye de comprendre, ça ne veut pas dire qu'on excuse.
01:32 Mais moi, je veux essayer de comprendre.
01:33 Je pense qu'il y a une jeunesse.
01:35 Et au départ, les premiers jours, ils étaient très jeunes, 16-17 ans.
01:38 Je pense qu'il s'agit de leur dire, bien sûr, qu'il ne faut pas piller.
01:42 Voir certains devront répondre pénalement, bien sûr.
01:46 Mais si on ne comprend pas, je vous assure, dans six mois, on va se retrouver sur le même plateau à faire les mêmes constats.
01:51 Il y a une jeunesse, je finis là-dessus, qui concentre un sentiment de mépris,
01:55 qui concentre toutes les angoisses de leur vie et celles de leurs parents.
01:59 Et à un moment donné, ils expriment, ce n'est pas des révoltes, ils expriment de la rage.
02:03 Et si on ne comprend pas cette rage, alors...
02:06 Et d'ailleurs, on dit, moi, je voudrais dénoncer ces 80 personnes à Lyon qui crient "on est chez nous".
02:13 Les jeunes de Corbeillessen qui se sont donnés à des violences sont tous français.
02:18 Tous français. D'accord ?
02:20 Donc il appartient à la République de leur assurer l'égalité, la liberté et la fraternité.
02:26 Est-ce que la République répond à toutes ces promesses ?
02:28 Mais qu'ils assument aussi leurs devoirs.
02:30 Tout à fait.
02:31 La République, elle n'est pas là pour donner, elle est là pour partager.
02:34 Quand on est mineur, on est un enfant, monsieur l'ancien Premier ministre.
02:38 Et donc la République, elle a des droits à l'âge de la majorité.
02:42 Vous pensez à l'âge de la question de la majorité.
02:44 Vous ne pensez pas qu'on devrait être majeur avant les 18 ans ?
02:47 Quand on est capable de piller à 12 ans, est-ce qu'on ne peut pas être majeur à 16 ou à 17 ans ?
02:51 Mais vous savez, le maire que je suis subit les pillages.
02:57 J'ai reçu un SMS du ministre de l'Intérieur, comme certains maires ce matin.
03:05 Il dit "voilà, monsieur le maire, on va vous apporter des moyens pour réparer les dégâts causés à la police municipale et aux caméras de vidéosurveillance".
03:14 J'ai cru que c'était un gag. Je me suis dit "il y a quelqu'un qui se fait passer pour le ministre de l'Intérieur".
03:19 Sincèrement, il faut saisir l'occasion, la tristesse de ce que nous sommes en train de vivre, pour repenser ce que doit être sincèrement notre République.