Julien Dray : «Ça fait trente ans qu'on fait semblant de s'occuper des gens en banlieue»

Julien Dray : «Ça fait trente ans qu'on fait semblant de s'occuper des gens en banlieue».

Transcript

00:00 vous vous dites, il y a 40 ans, tout ça, c'est l'antiracisme, etc.

00:03 Et c'est là que moi j'ai un désaccord.

00:04 - Un antiracisme dévoyé, l'antiracisme en soi.

00:06 - Voilà, c'est là que j'ai un désaccord.

00:08 C'est qu'en fait, depuis 30 ans, grosso modo,

00:11 on a fait semblant de s'occuper de ces gens-là.

00:13 On a fait semblant, mais on s'en est jamais occupé.

00:16 On a nourri, vous allez me dire,

00:17 on a dépensé beaucoup d'argent dans les banlieues ?

00:19 Oui, on a nourri le bâtiment public et les architectes.

00:22 Mais les gens eux-mêmes, on s'en est pas occupé,

00:25 on s'en est méfié.

00:25 - On les a invisibilisés, parce qu'il n'y a que l'écran sur lequel on projetait nous.

00:31 - Voilà, mais je m'excuse, on a une différence d'âge,

00:34 mais on s'est battu pendant des années pour expliquer,

00:37 justement, que la question qui était posée, c'était les éducateurs,

00:40 que la question qui était posée, c'était la protection judiciaire de la jeunesse,

00:43 que la question qui était posée, c'était la police de quartier,

00:46 c'était une police judiciaire de quartier pour faire tomber les réseaux, etc.

00:50 On n'a jamais été entendu là-dessus.

00:52 Pas moi, parce que c'était de droite et de gauche.

00:55 On était un certain nombre d'élus, on leur disait "mais vous êtes à côté de la plaque".

00:59 Alors ils nous ont fait, ils étaient très forts, vous savez pourquoi ?

01:01 Pour faire des maquettes.

01:02 C'était les champions des maquettes.

01:04 "Regardez, on va renouveler vos quartiers, etc."

01:07 Mais les gens eux-mêmes, et les gens en ce moment, c'est eux qui payent tout.

01:11 Vous savez, parce qu'on est en train de faire des reportages,

01:13 mais moi je vous conseille d'aller faire un reportage,

01:15 et je suis prêt à y aller avec vous, sur toutes les mères de famille,

01:18 et toutes les familles qui, chaque soir, en ce moment,

01:21 sont aux côtés des élus, pour empêcher la casse.

01:25 Ceux-là, on n'en parle pas.

01:26 On les a invisibilisés aussi.

01:28 Mais ils sont là, ils ne sont pas en train d'appuyer.

01:30 [Musique]

01:34 [SILENCE]