Julien Dray, ancien député, revient sur le procès de Marine Le Pen : «C’est la faute des politiques depuis plus de 20 ans».
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00:00C'est la faute des politiques, d'abord, et c'est la faute des politiques depuis plus de 20 ans.
00:05Parce qu'il y a deux choses différentes et on a mêlé la justice à des choses qui sont complètement différentes.
00:10Et elle ne sait plus où elle en est. Je vais vous expliquer pourquoi.
00:14Ce qu'on appelle un emploi fictif, c'est quand quelqu'un ne travaille pas, ne fournit aucun travail.
00:20Et là, il y a détournement de fonds publics, enrichissement personnel, etc., etc.
00:25Ça existait dans le temps, un peu moins aujourd'hui, mais il y a eu, dans le cadre des collaborateurs,
00:30ce qu'on appelait des emplois fictifs, c'est-à-dire des gens qui ne travaillaient jamais.
00:34Et là, effectivement, il fallait sanctionner. Des fois, ça s'est sanctionné, y compris par des démissions.
00:38Je vous rappelle, il y a même un ministre, je m'appelle, qui avait démissionné parce qu'on avait découvert que...
00:42Voilà, ses enfants, je crois. Ça, c'est une première chose.
00:44La deuxième chose, c'est une confusion qui est totale à partir de là parce qu'on est en train de faire des procès
00:51dans un dispositif qui est un dispositif politique. Et je ne vois pas comment la justice peut s'en sortir.
00:59Pourquoi ? Quand j'avais, par exemple, des collaborateurs, l'Assemblée nationale me donnait 3 contrats
01:05et c'était moi qui étais responsable de mes collaborateurs. Et je peux vous dire, pour être honnête,
01:10qu'ils ne faisaient pas 35 heures, mais qu'ils faisaient tout ce dont ils avaient besoin ensemble.
01:17Ça veut dire qu'il y avait une complémentarité entre mon travail politique, en tant que responsable politique,
01:23et mon travail parlementaire. L'un alimentait l'autre. Et qui pouvait aller...
01:28Qui peut, à partir de là, déterminer que ça, c'est trop politique et c'est pas parlementaire,
01:32et ça, c'est trop parlementaire et c'est pas politique ? C'est impossible.
01:36Alors c'est d'autant plus impossible qu'à aucun moment, tout ça n'avait été codifié par la loi, par les textes.
01:41Et ce n'est pas codifié. Pourquoi ? Parce que si on codifie, c'est très compliqué.
01:46L'Assemblée nationale va codifier le travail de mes collaborateurs, et c'est plus mes collaborateurs à ce moment-là.
01:53Et quelle est mon indépendance en tant que parlementaire si l'Assemblée nationale a une autorité
01:58qui vient contrôler le travail de mes collaborateurs ? Donc vous voyez, il y a eu superposition des deux choses,
02:05et là, maintenant, on ne sait plus où on en est. Et donc vous avez des procès qui n'ont plus aucun sens.
02:09Alors après, il y a eu une erreur qui a été commise, qui s'est rajoutée, qui a compliqué.
02:13C'est que ceux qui avaient fait des vrais emplois fictifs, ils ont essayé de faire croire que ce n'étaient pas des emplois fictifs,
02:20donc ils ont fabriqué des fausses preuves. Alors là, oui, c'est vrai. À partir du moment où il y a un emploi fictif constaté,
02:26ça ne sert à rien d'aller faire des rapports bidons et de faire croire que ces rapports ont été fabriqués.
02:31Mais en l'espèce, là, la confusion, elle est totale. Et donc je crois... Moi, je pense que les avocats de Marine Le Pen,
02:39je ne suis pas les avocats de Marine Le Pen, mais je n'aurais pas fait du tout cette défense-là.
02:43J'aurais dit, écoutez, comment vous pouvez juger qui fait quoi ? À partir de quoi ? À partir de quel moment ?
02:50Est-ce que ces gens travaillaient ? Oui, ils travaillaient. Personne ne remet en cause.
02:55Ah, ils faisaient de la politique. D'accord. Mais quand on est parlementaire, on ne fait pas de politique.