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Transcription
00:00 Ce mot semble loin après les scènes de chaos hier. Parlons des profils à présent à la fois de Nahel et de ce policier.
00:06 Pour Nahel, selon nos informations, repas diffusé des hier soir, ce jeune était connu des services de justice.
00:12 On le rappelle, ce sont simplement des faits. 15 mentions au fichier des antécédents judiciaires.
00:16 Il a été interpellé à cinq reprises pour des refus d'obtempérer. 2021-2023, le dernier épisode est très récent.
00:23 Rien ne justifie, il faut le préciser, cela semble évident, la mort de ce jeune homme.
00:27 Mais est-ce que ces informations donnent une certaine coloration à l'enquête, apportent un élément dans le cadre de l'enquête ?
00:33 Alors l'enquête, elle permet de prendre tout. Il ne faut jamais prendre quoi que ce soit au pied de la lettre,
00:38 y compris sur la base de quelques images, quelques photos.
00:42 Les histoires deviennent très différentes au fil et à mesure qu'une vraie enquête est réalisée,
00:46 où on voit ce qui s'est passé avant, ce qu'on commence à faire maintenant, puisqu'on a désormais la version longue d'une des vidéos.
00:52 Il y a les vidéos de la ville qui vont donner une autre expression.
00:55 Il est dommageable qu'on ne puisse pas encore équiper les motards de caméras piétons à usage permanent.
01:01 C'est un désordre où le service de l'État sont lourdement responsables, à la fois pour protéger les policiers et éventuellement pour les sanctionner.
01:09 C'est un défaut majeur où la bureaucratie ne saurait expliquer l'incompétence.
01:14 Et puis, il y a une problématique qui est le mensonge, car en fait, il y a plusieurs affaires dans cette affaire.
01:19 Il y a les gestes techniques. Clairement, tous ceux qui ont vu ces images...
01:23 - Pardonnez-moi pour dire à nos auditeurs, vous Alain Baubart, vous formez aussi des...
01:28 - On forme à l'analyse, mais du coup, j'ai beaucoup d'anciens élèves qui sont des policiers, des gendarmes.
01:34 Et donc, j'en ai discuté avec eux. Je ne suis pas un spécialiste des postures de tir, mais je leur ai posé la question.
01:40 Et donc, ils considèrent que les gestes techniques sont mauvais.
01:42 C'est-à-dire que si ça avait été un exercice, le policier en question n'aurait pas eu la moyenne.
01:46 Il aurait été obligé de réapprendre un certain nombre de gestes techniques.
01:49 C'est lié à la mauvaise qualité de la formation, à la mauvaise qualité de la formation continue, à la mauvaise qualité de la formation au tir,
01:55 et à l'absence de formation à la loi de 2017, et surtout à la circulaire de la police nationale,
01:59 qui donne une interprétation de la loi de 2017 qui n'est pas la même que les gendarmes,
02:03 qui rappellent que la légitime défense, c'est l'élément 1, et ce n'est pas l'élément 12.
02:08 Donc, il faut bien prendre en compte... Enfin, 7 pour la police. Il faut bien prendre en compte ces éléments.
02:12 Et donc, il y a la partie technique. La partie technique, c'est le policier, d'un point de vue technique,
02:16 n'a pas eu les gestes normaux qui auraient permis d'éviter ce drame ou cette tragédie, même s'il s'était senti en danger.
02:24 Mais s'il s'était senti en danger, on aurait pu comprendre ce qui s'est produit.
02:28 Sauf que le mensonge qui vient après, la version mensongère, totalement contredite par les images, ruine l'ensemble de l'édifice.
02:36 - Vous l'affirmez aussi directement ce matin ? Elle est contredite directement ?
02:40 - C'est un mensonge. La voiture ne lui a pas roulé dessus. La voiture n'a pas foncé sur lui.
02:44 - Donc, il n'y a pas de légitime défense pour vous ?
02:46 - C'est pas ce que je dis. Je dis que le mensonge est inexcusable et impardonnable.
02:50 - Lui a mis en avant la légitime défense.
02:52 - Oui, bien sûr, c'est normal. Et d'ailleurs, à un moment ou à un autre, on le verra.
02:55 Et la légitime défense aurait pu fonctionner au moment où le véhicule redémarre et où il est couché sur le capot.
03:00 Mais d'abord, il n'aurait pas dû être couché sur le capot. Il n'aurait pas dû être dans un position de tir qui est celle-là.
03:05 En tout cas, disent les spécialistes de la technique. Je les écoute parce que c'est leur métier, ce qui n'est pas tout à fait le mien.
03:10 Mais je suis sensible à l'expertise. Et puis, le mensonge, c'est ce qui ruine tout dans cette affaire.
03:16 - Vous voulez dire que la vidéo est venue rendre visible un mensonge fragilisé.
03:21 La version, c'est cela qui a contribué à tout faire basculer.
03:25 - Sans le mensonge, le doute aurait pu être justifié.
03:28 - C'est-à-dire le doute, un réflexe, un tir qui serait parti par...
03:31 - Ou le mouvement du véhicule qui redémarre alors que vous êtes armé et en position de tir.
03:34 Bref, beaucoup d'éléments auraient pu être compréhensibles et entendus.
03:37 Et d'ailleurs, l'enquête nous montrera jusqu'à quel point.
03:39 Et il faut toujours rappeler, cette présomption d'innocence, ça marche pour les supposés coupables ou les présumés coupables.
03:46 Ça marche aussi pour les policiers. Il n'y a pas de doute dans mon esprit.
03:49 Il est même possible et probable qu'il ait eu tellement peur que le coup soit parti.
03:53 Je n'ai pas d'inquiétude.
03:54 - Le mot de peur, il est important à l'abord, parce qu'il y a le peur, la peur au moment, évidemment, de tout ce qui se passe, de cet événement.
04:00 Et puis, il y a aussi une peur, j'allais dire pérenne chez les policiers qui voient leur nom souvent et leurs adresses qui sont communiquées publiquement.
04:08 Est-ce que cette peur devient intrinsèque chez le policier ?
04:11 - Depuis l'assassinat de deux policiers chez eux, à domicile, devant leur enfant,
04:16 les policiers ont totalement intériorisé la capacité d'être assassinés, non seulement en mission, mais simplement du fait de leur fonction.
04:24 Cette situation s'est largement répandue. La police connaît une crise morale, sociale, psychologique.
04:30 Elle est dans un état de dégradation très important, malgré les efforts.
04:34 Je tiens à le souligner parce que c'est important de le dire du ministre de l'Intérieur, qui est un vrai ministre des policiers.
04:38 De ce point de vue-là, il a plutôt rétabli une forme de confiance avec ses services.
04:42 Il faut souligner qu'il y a aussi cette partie-là qui posait problème de la relation entre les policiers et leur administration au sens politique du terme.
04:49 Mais là, la situation est tellement dégradée dans leur quotidien, pour toutes les raisons que vous avez très justement signées,
04:55 y compris leur nom, leur adresse, leur téléphone, les menaces, les colibés, les agressions, même quand ils sont en civil et pas en service,
05:03 qu'il y a un large chaos dans le fonctionnement de la police nationale, un peu moindre fort heureusement dans la gendarmerie, mais ça ne suffit pas à se rassurer.
05:11 On va conclure Alain Bauer par ce qui s'est passé, et comme nous l'avons décrit avec Dimitri depuis ce matin, des scènes de chaos.
05:17 Il y a aussi une marche blanche à partir de 14h tout à l'heure. Clairement, si vous pouvez le résumer en un mot, quel peut être le risque ?
05:25 La dégradation, l'expansion 2005. C'est ça le risque. C'est le seul et unique risque d'un point de vue politique.
05:31 Pour le reste, on est malheureusement dans la tragédie et la peine aussi. Et puis, au-delà de l'émotion, éventuellement l'apaisement, mais de manière progressive.

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