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00:00 Clairement ce matin, pour l'avocat Thibaud de Montbrial,
00:02 est-ce que la légitime défense est juridiquement indéfendable ?
00:06 - Alors l'avocat Thibaud de Montbrial, il ne va pas vous surprendre, il va être très prudent.
00:09 D'abord pour une raison, c'est que je ne suis pas dans cette affaire l'avocat de quiconque,
00:14 donc d'aucun des deux policiers qui sont mis en cause.
00:18 Donc je vais vous faire une réponse d'avocat qui connaît ces questions,
00:23 mais uniquement sur la base d'éléments publics, avec donc toute la prudence qui s'impose.
00:27 D'abord d'expérience, je sais que quand on a une vidéo, on n'a pas ce qui se passe avant,
00:31 on n'a pas ce qui se passe après et on n'a pas ce qui se passe sur les angles morts de la vidéo.
00:35 Deuxièmement, et c'est intéressant de le dire parce qu'il y a une deuxième vidéo qui a commencé à circuler ce matin,
00:39 qui est prise par un véhicule qui était devant le véhicule contrôlé et qui est filmé dans le rétroviseur,
00:45 et où l'on voit manifestement qu'il y a une vive altercation,
00:49 dans laquelle le conducteur n'est pas inactif,
00:53 on ne distingue pas très bien, mais on voit qu'il se passe des choses
00:56 et qu'on n'est pas du tout dans le cadre d'un simple contrôle banal.
01:00 Et d'ailleurs, même dans la première vidéo, la façon dont la tension que l'on sent chez les policiers
01:05 démontre qu'il est en train de se passer quelque chose qui l'échappe à la vidéo.
01:08 - Est-ce qu'un policier arrive à mettre en joue un individu ? Pourquoi un policier en arrive là, Thibault de Montréal ?
01:14 - C'est une question qui est très intéressante, et les policiers ne mettent en joue lors des contrôles,
01:20 et je crois qu'un certain nombre de nos auditeurs ont déjà été contrôlés par la police,
01:24 peu d'entre eux sans doute ont déjà été mis en joue, pourquoi ?
01:27 Parce que le simple fait que le policier mette en joue,
01:31 montre qu'il y a des éléments en amont, et évidemment ce sera essentiel que l'enquête établisse lesquels,
01:36 qui ont déterminé ce policier à mettre en joue.
01:39 Or, l'un des critères de l'usage de l'arme lors de contrôle de véhicule,
01:44 c'est qu'il faut que le policier ait des raisons plausibles de supposer que dans sa fuite,
01:49 l'individu cause un risque pour lui-même ou pour autre chose.
01:51 - Quel était le danger dans ces vidéos ?
01:52 - Les policiers n'étaient pas sur la trajectoire, ça l'avocat, j'allais dire,
01:57 l'observateur d'une vidéo peut le dire sans empiéter sur l'enquête.
02:01 - Je vais finir mon raisonnement, c'est précisément là qu'intervient l'importance de ce qui s'est passé avant.
02:06 Parce que les raisons plausibles que la loi impose aux policiers pour utiliser son arme,
02:11 les raisons plausibles, elles trouvent leur fondement dans ce qui s'est passé avant,
02:14 puisqu'une raison plausible, elle ne tombe pas de nulle part.
02:17 - Et on ne sait pas ce qui s'est passé dans la voiture auparavant, c'est ce que vous dites.
02:19 - Ce qui s'est passé avant quand même, c'est qu'il y a eu un premier refus de tempérer de l'individu,
02:23 qui a fui les policiers et que les policiers l'ont rattrapé.
02:25 - Mais qui ne justifie en rien ce qui s'est passé.
02:27 - Bien sûr que non, je ne dis pas que ça se justifie, je donne un élément de contexte.
02:32 La question que vous m'avez posée c'est pourquoi est-ce que le policier,
02:35 qu'est-ce qu'il fait, vous vous demandez qu'est-ce qu'il fait qu'un policier peut mettre en joue lors d'un contrôle ?
02:40 Réponse, ce qui s'est passé avant.
02:41 Donc il s'est nécessairement passé quelque chose avant que l'enquête devra établir,
02:46 et sur la base de quoi, à un moment donné, un magistrat décidera si oui ou non ça a autorisé le policier
02:52 à considérer qu'il était dans le cadre de l'article 435-1 du code de la sécurité intérieure.
02:57 - Parce que Thibault de Montréal, ce policier auteur du tir, est actuellement en garde à vue,
03:00 il est à l'heure actuelle présumé innocent, il y a plusieurs enquêtes qui sont ouvertes.
03:05 La question quand même que l'on se pose c'est où en serions-nous aujourd'hui s'il n'y avait pas eu cette vidéo ?
03:11 Où ces vidéos nous en serions à la version des policiers, à une confrontation de version sur des dires aujourd'hui ?
03:18 - Mais la question aussi qu'on peut se poser c'est où en serions-nous si 25% des victimes de violences volontaires en France
03:25 depuis 2017 n'étaient pas des policiers ?
03:28 - On l'oublie ?
03:29 - On l'oublie beaucoup oui.
03:31 - Qui l'oublie ? Vous avez entendu le débat politique ?
03:34 Ce que dit Jean-Luc Mélenchon, une police incontrôlée aujourd'hui.
03:37 - Avant d'en revenir au débat politique, et je vais y revenir parce qu'il y a des choses qui sont choquantes et qui sont dangereuses,
03:42 je voudrais juste ajouter une chose, c'est que dans la plupart des refus d'obtempérer, ce qui se passe ensuite,
03:46 d'abord il y a souvent des policiers qui sont blessés, mais il y a souvent des citoyens qui sont blessés.
03:49 Sur les trois dernières semaines, il y a eu une petite fille et une femme âgée qui ont été renversées par des gens qui ont le même type de profil
03:56 que cet individu dont je rappelle qu'il avait 17 ans, qui n'en était pas son premier refus d'obtempérer,
04:00 qu'il conduisait une voiture de location immatriculée à l'étranger d'une valeur de plusieurs dizaines de milliers d'euros.
04:06 - Vous en faites un délinquant ce matin ?
04:09 - J'en fais pas un délinquant, je pose un contexte et vous me demandez où en serions-nous si,
04:14 et je vous renvoie à un autre "où en serions-nous si" qui est plus large et qui permet quand même de contextualiser ce qui se passe aujourd'hui en France
04:21 et la réalité de terrain à laquelle sont exposés les policiers, parce que s'ils contrôlent et s'ils tentent d'interpeller des chauffards comme ça,
04:29 c'est pas pour le plaisir, c'est certainement pas par racisme, c'est pour protéger la population.