Category
🗞
NewsTranscription
00:00 L'illettrisme, cette incapacité à lire et écrire est souvent considéré comme un handicap à part entière.
00:04 On sait aujourd'hui qu'il touche une personne sur dix.
00:07 C'est ce que révèle une étude très complète dévoilée aujourd'hui par la région Centre-Val-de-Loire.
00:11 Alors quelles sont les populations les plus touchées et les pistes pour mieux les accompagner ?
00:15 On fait le point avec notre invité.
00:18 Bonsoir Jean-Patrick Gilles.
00:19 Bonsoir.
00:20 Vous êtes vice-président à la région en charge de l'emploi, la formation professionnelle et l'insertion.
00:25 Alors on parle d'illettrisme quand on ne maîtrise pas la lecture ni l'écriture.
00:30 10% des habitants du Centre-Val-de-Loire sont concernés.
00:32 C'est plus de 150 000 personnes de nationalité française.
00:37 Je m'arrête sur le chiffre.
00:38 Oui, illettrisme, c'est quand on a été scolarisé et qu'on a perdu l'usage ou qu'on ne l'a pas acquis totalement.
00:43 Pas acquis ou intégré, effectivement.
00:44 Le chiffre peut paraître énorme.
00:46 Comment dans un pays où justement l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans,
00:50 cette forme de handicap perdure ?
00:53 Et quelles sont les failles ?
00:55 C'est malheureusement une constante.
00:57 On estime que la moyenne nationale est à 7%.
00:59 Il n'y a pas tellement d'études.
01:01 C'est pour ça que la région, on a voulu faire, c'est une première, une étude régionale et qu'il ne soit pas déclaratif.
01:06 Vraiment, les personnes, il y a eu 1675 personnes interrogées, mais plus qu'interrogées,
01:11 avec presque des exercices pour bien repérer les choses.
01:15 Et originalité aussi, on a fait sur l'électronisme, c'est-à-dire les personnes qui sont mal à l'aise avec tout le numérique.
01:21 Et ce n'est pas forcément tout à fait les mêmes.
01:23 Alors ça, c'est pour la méthodologie, mais sur le constat, c'est vrai que 150, 150 000 personnes, même, ça peut paraître énorme.
01:30 Oui, tout à fait. Et on se rend compte, puisque le seul haut test dont nous disposons, c'est les journées de préparation de la défense.
01:37 Et là où tous les jeunes doivent passer à 18 ans ou un peu après, et là, on est plutôt à un taux de 16%.
01:43 Donc, vous voyez, ça s'améliore un peu après.
01:46 Alors évidemment, ça ne touche pas les personnes de la même manière.
01:49 Ça touche plus les hommes que les femmes, alors que c'est l'inverse pour l'électronisme.
01:54 C'est étonnant. Ça touche plus les employés et les ouvriers.
02:01 Il y a un profil type.
02:02 Oui, enfin, il y a plusieurs choses.
02:03 Il y a aussi les zones en difficulté, que ce soit les zones urbaines sensibles, où là, on atteint 17%,
02:10 mais aussi les zones très rurales, où là, on est à 12 ou 13%.
02:14 Oui, donc ça touche à peu près toutes les populations, y compris les personnes qui travaillent.
02:22 On peut être illettré et avoir un emploi.
02:25 Oui, il y a à peu près, on estime, 9% des personnes qui travaillent qui sont en situation d'illettrisme
02:31 et donc qui sont dans des manières de le cacher.
02:33 C'est ça, la difficulté.
02:35 Ou dit autrement, une personne sur deux qui est en situation d'illettrisme travaille quand même.
02:41 Alors là, il y a un travail aussi à faire.
02:42 Nous, la région, on a une responsabilité, on a une compétence qui nous arrive
02:46 et qui est pour les personnes demandeuses d'emploi,
02:49 mais on va aussi faire un travail avec les organisations professionnelles pour qu'il y ait de la formation.
02:57 Parce que l'illettrisme, vous ne pouvez pas vous former de manière intensive.
03:01 C'est un travail qui est fait quelques heures par semaine, etc., qui est souvent fait par des bénévoles.
03:07 En fait, la journée que nous avions aujourd'hui, on rassemblait les associations de bénévoles
03:12 qui sont encadrées par des professionnels et puis aussi une structure qu'on appelle les CRIA.
03:16 Il y a dans chaque département et puis dans notre région, il y a une organisation régionale.
03:21 Vous avez à côté les organismes de formation qui sont spécialistes de l'ensemble des formations,
03:27 compétences de base, mais aussi les autres formations linguistiques.
03:31 Et déjà, on a réussi à rassembler toutes ces personnes-là pour être de plus en plus efficaces.
03:36 Et puis, on a une région assez en pointe sur ce sujet-là
03:40 parce qu'on a déjà maillé l'ensemble du territoire.
03:42 C'est-à-dire, dans chaque bassin d'emploi, on a un espace libre-savoir.
03:46 C'est-à-dire, on a missionné un organisme de formation
03:49 pour fédérer un petit peu tout le monde sur chacun des bassins d'emploi.
03:52 Encore faut-il que les personnes acceptent ce constat d'illettrisme.
03:56 C'est aussi toute la difficulté.
03:57 Voilà. C'est-à-dire qu'il n'y a pas simplement "former".
04:00 Ce n'est pas le plus compliqué, mais c'est le repérage et, comme vous le dites, une sorte d'acceptation.
04:05 Donc, on avait des personnes qui sont venues témoigner d'ailleurs
04:07 sur justement comment, à un moment, on finit par dire
04:10 "si, je vais à 50 ans me mettre à apprendre".
04:13 Et c'est très émouvant, très touchant.
04:16 Et en même temps, moi, je veux dédramatiser, finalement, la chose.
04:20 Voilà, il y a 10%, une personne sur 10, qui est touchée,
04:23 qui a pu être mal scolarisée ou qui a pu perdre aussi
04:27 parce qu'on ne pratique pas et puis on perd.
04:29 Alors, c'est encore plus vrai pour l'électronisme.
04:32 Si on ne pratiquait pas pendant un an, on s'est perdu.
04:33 14% des personnes ne savent pas ou peuvent se servir d'un ordinateur.
04:38 Ça aussi, c'est une nouvelle fracture qui risque de causer des risques.
04:40 C'est les premières études qui sortent, qui sont vraiment poussées.
04:43 Oui, alors là, c'est très, très net.
04:46 C'est plus vous êtes dans une petite ville, plus vous êtes touché
04:50 et plus vous êtes âgé, il faut bien avouer.
04:53 Et alors, on peut être à l'aise avec un smartphone, un ordinateur.
04:55 Oui, c'est pour ça.
04:56 Et être touché par l'électronisme.
04:57 Notamment, la population jeune peut arriver à compenser, à avoir une maîtrise.
05:01 Il y a aussi les messages vocaux, il y a des messages qui peuvent traduire à l'écrit, etc.
05:06 Parce qu'il y a une inventivité, si je puis dire, de la personne qui est en difficulté.
05:11 Il y a une ingéniosité pour inventer des manières de contourner.
05:16 On connaît tout ça, la personne qui arrive, qui dit "Ah non, là, je ne peux pas,
05:19 je n'ai pas mes lunettes", mais il y a un tas de subtilités comme ça.
05:23 Merci beaucoup, Jean-Patrick Gilles, d'être venu ce soir.
05:26 Juste pour dire qu'on lancera à l'automne, évidemment, un plan de lutte contre l'électrique.
05:30 C'était le diagnostic et il y aura une grande opération à l'automne.
05:33 La réflexion et les pistes.
05:34 Merci beaucoup, Jean-Patrick.
05:35 Merci.
05:37 Merci à tous !
05:39 [SILENCE]