La déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police, Linda Kebbab, était l’invitée de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 -Laurence, vous recevez ce matin Linda Kebab.
00:02 -Bonjour. Bienvenue dans la matinale de CNews.
00:05 Emmanuel Macron est donc à Marseille pour 3 jours.
00:07 Il a évoqué hier la sécurité.
00:09 Il était en visite à la prison des Momètes
00:11 et il a rencontré les policiers.
00:13 Les moyens investis sont conséquents.
00:15 On parle de 300 policiers de plus sur le terrain,
00:17 25 enquêteurs affectés à la cellule criminelle
00:19 et la brigade de répression du banditisme
00:21 et, piqûter justice, 32 magistrats supplémentaires.
00:23 Est-ce que le comptier est au pas pour vous ?
00:25 -Le comptier, on ne sait pas.
00:26 On verra de toute façon factuellement,
00:29 concrètement, objectivement, dans quelques mois déjà,
00:31 l'arrivée des effectifs,
00:33 qui ne se fera pas au mieux, je pense, avant l'automne.
00:36 Puis ensuite, il faut mettre en place les différents mouvements.
00:37 Je ne vais pas rentrer dans les données techniques
00:38 qui ne sont pas très intéressantes,
00:40 mais ça ne sera pas effectif tout de suite.
00:42 Et donc, évidemment, après, il faudra un retour sur expérience
00:44 pour voir si c'est efficace.
00:46 Ce qui est intéressant, c'est de renforcer aussi bien la police
00:49 que la magistrature, parce que le problème souvent qu'on rencontre,
00:52 c'est qu'on appelle à avoir des effectifs supplémentaires
00:54 sans que la justice, elle, ne soit renforcée.
00:56 Donc, il faut espérer que le package soit suffisant.
00:59 Mais avant ça, il y a aussi l'éducation nationale.
01:01 De ce côté-là, on n'a pas un mot.
01:02 -Sur le fait que... -Le renforcement des professeurs,
01:05 notamment, des éducateurs, des acteurs sociaux dans les quartiers.
01:08 -Il y a une annonce qu'a faite Emmanuel Macron
01:09 qui concerne une ouverture des écoles de 8h à 18h,
01:12 d'abord dans les quartiers prioritaires de Marseille,
01:14 mesure qui sera ensuite étendue à tous les quartiers prioritaires de France.
01:18 Ce n'est pas une façon quand même de garder les enfants
01:20 dans l'enceinte de l'école, au moins jusqu'à 18h ?
01:23 -Oui, bien sûr. De toute évidence, on sait très bien que,
01:26 notamment en matière de trafic de stupéfiants,
01:27 parce que c'est un sujet à Marseille,
01:29 avec des règlements de compte qui, parfois, aussi,
01:31 concernent de très jeunes adolescents,
01:34 eh bien, il y a le problème du décrochage scolaire
01:36 qui suit tout simplement le fait que ces enfants-là,
01:39 à la sortie de l'école, sont laissés seuls
01:41 avec des familles qui ne sont pas forcément présentes,
01:43 soit parce qu'elles ont démissionné, soit parce qu'elles sont débordées.
01:46 Et donc, oui, c'est une manière de faire de l'école une crèche.
01:48 Alors, les activités périscolaires, ça existe depuis longtemps,
01:50 Madame Ferrari. Néanmoins, de systématiser,
01:53 peut-être que ça va protéger ces enfants.
01:55 La priorité d'une société, c'est de protéger les enfants.
01:57 Mais il faut aussi responsabiliser les parents.
01:59 -Effectivement. Vous dites de très jeunes enfants utilisés par les dealers.
02:03 On parle de quel âge ? On parle de 11, 12 ans ?
02:05 -Oui, même 8, 10 ans.
02:06 Dans certains quartiers, on leur demande de faire le chouffe,
02:09 puisqu'ils ne craignent absolument rien d'un point de vue pénal.
02:13 Et donc, on leur demande d'alerter dès qu'il y a une voiture de police qui arrive.
02:15 À partir de là, on les fait entrer dans un engrenage
02:18 qui fait d'eux des acteurs complètement actifs
02:20 du trafic de stupéfiants.
02:21 Et donc, des cibles, des règlements de compte.
02:23 -Avec une rémunération conséquente à l'accueil.
02:24 -Avec une rémunération conséquente,
02:26 mais avec un risque extrêmement important pour leur vie,
02:28 parce qu'il y a certes des fois les têtes de réseau
02:30 qui sont ciblées dans les règlements de compte.
02:31 Vous savez, il y a aussi des mercenaires
02:34 qui sont rémunérés, particulièrement à Marseille,
02:36 pour aller attaquer des têtes de réseau.
02:38 Mais les premières cibles, les premières victimes
02:40 des règlements de compte, ce sont d'abord les guetteurs.
02:42 -23 morts depuis le début de l'année à Marseille.
02:44 C'est un chiffre qui est historique.
02:45 Emmanuel Macron a appelé à ne pas glorifier
02:48 la consommation récréative de stupéfiants.
02:51 Effectivement, on se demande bien qui pourrait avoir cette idée-là.
02:54 -Aujourd'hui, la consommation de stupéfiants,
02:56 malheureusement, enfin, c'est pas nouveau,
02:58 mais il y a toujours eu ce côté un petit peu romantique,
03:01 romantico-révolutionnaire quant à la consommation de stupéfiants.
03:04 Sauf que consommer du stupéfiant,
03:05 c'est déjà pas se faire du bien à sa santé,
03:07 mais c'est aussi participer activement au trafic
03:10 d'êtres humains, d'armes, de stupéfiants, évidemment,
03:13 mais de toute la criminalité qui va tourner autour.
03:15 Et penser que fumer un joint,
03:16 ça n'a pas de conséquence pour les autres,
03:18 ça en a énormément.
03:19 Alors déjà, il y a le risque pour les usagers de la route,
03:23 quant aux consommateurs de stupéfiants qui prennent le volant,
03:25 il y a le risque sanitaire,
03:26 parce que ça a des conséquences sur la santé,
03:28 particulièrement sur le long terme,
03:29 et je pense notamment au cannabis,
03:31 qui est un des facteurs qui provoque la schizophrénie,
03:35 notamment chez les adultes.
03:36 Et puis, il y a évidemment tout le financement des trafics autour.
03:39 Quand il y a un règlement de compte, quand il y a un jeune qui meurt
03:42 et qu'on prétend, en fait,
03:43 notamment attacher à des valeurs humanistes
03:45 en pensant que fumer un joint, ça fait pas de mal,
03:47 eh bien, on a quand même financé le Kalachnikov qui tue.
03:49 -Absolument. Alors, parmi les idées que le président a avancées hier,
03:52 il y a cette histoire d'amende forfaitaire délictuelle
03:55 qui va donc être appliquée aux consommateurs de drogue,
03:59 ceux que vous attrapez, qui ont de la drogue sur eux.
04:01 Et là, surprise, ce sont les policiers qui vont être chargés
04:04 de percevoir l'argent de l'amende, parfois en chèque,
04:07 en carte bancaire, pardon, ou en liquide.
04:10 Qu'est-ce que ça vous inspire, Linda Kebab ?
04:12 -Alors, il faut recontextualiser pourquoi l'amende forfaitaire délictuelle,
04:16 donc l'AFD, est arrivée.
04:17 Elle est arrivée parce qu'on a constaté en France
04:19 une forme de dépénalisation de fait de la consommation seule de stupéfiants.
04:23 Je vous explique.
04:25 Sur un nombre d'à peu près 100 000 ou 120 000 constatations
04:28 d'usage de stupéfiants en France,
04:30 on avait, d'un point de vue de justice,
04:31 à peu près les deux tiers qui finissaient en rappel à la loi et en sans suite.
04:35 Et puis après, pour le reste, on avait des compositions pénales,
04:38 c'est-à-dire des injonctions thérapeutiques, des suivis thérapeutiques,
04:41 et donc, au final, il n'y avait pas de sanctions punitives,
04:43 et donc une forme de dépénalisation.
04:45 D'ailleurs, on n'arrivait pas à lutter contre, finalement,
04:47 la consommation de stupéfiants d'un point de vue coercitif.
04:50 C'était extrêmement chronophage pour les services de police
04:52 parce qu'une procédure, c'est entre 2 et 7 heures,
04:54 et en plus, on engorge les tribunaux de la même manière
04:56 qu'on a engorgé les services de police,
04:58 pour une finalité proche de zéro, un résultat proche de zéro.
05:01 Et donc, du coup, lorsque l'AFD a été proposée en 2020 par des députés,
05:05 nous, à l'époque, on avait dit... -Vous étiez d'accord ?
05:08 -Non, on avait prévenu que, en fait, certes,
05:11 ça allait permettre aux policiers de prononcer une sanction immédiate,
05:13 c'est-à-dire que le policier, finalement, devient le constatateur,
05:16 l'enquêteur immédiat, mais également le juge,
05:18 puisqu'il inflige une sanction pénale immédiate,
05:20 sanction qui n'existait pas autrefois.
05:22 Mais on avait dit "attention, les seuls qui paieront ces amendes
05:25 seront des personnes qui, de toute manière,
05:26 sont en général insérées dans la société,
05:28 qui sont solvables, qui ont des rémunérations..."
05:29 -Toujours les mêmes, les 35 % qui paient leurs amendes.
05:31 -Les 35 % qui paient.
05:33 Ce qui va se passer, Mme Ferreri,
05:34 c'est que ce seront toujours les 35 % qui paieront, en fait,
05:38 ces AFD à la demande des policiers.
05:41 En revanche, on parle là d'une annonce du président de la République.
05:44 Et vous savez ce que notre administration fait de mieux
05:46 des annonces politiques ? Elle en fait de la politique du chiffre.
05:48 Ce qui va se passer, c'est qu'il va y avoir ce défi,
05:50 notre administration policière,
05:52 qui va vouloir faire mieux que les 35 %,
05:54 et qui va faire peser sur les épaules des policiers
05:56 cette nécessité d'atteindre un au-delà de 35 %.
05:59 Et donc, ça va se transformer en politique du chiffre
06:00 avec une pression auprès des chefs de service,
06:03 et donc auprès des agents.
06:04 Et on va demander aux agents de non plus constater, enquêter
06:07 et mettre à la disposition de la justice
06:09 ou d'infliger une sanction pénale,
06:10 qui, normalement, ensuite, est du ressort du Trésor public,
06:13 qui, lui, a des moyens, vous savez.
06:14 De pouvoir faire des saisies sur les comptes,
06:16 de pouvoir faire des recoupements sur les adresses,
06:17 de pouvoir trouver les moyens de financement,
06:20 enfin, les rémunérations, les salaires des auteurs.
06:23 Mais on va demander aux policiers d'aller faire l'agent de recouvrement.
06:26 Donc moi, j'ai une proposition à vous faire, Mme Fary,
06:28 et je trouve ça tellement dommageable
06:30 de demander aux policiers, finalement, qui sont déjà surchargés,
06:33 qui ont énormément de matériel,
06:34 de protection, de constatations, les tablettes, l'armement intermédiaire,
06:38 eh bien, on va leur demander de devenir des agents du fisc.
06:41 Donc moi, j'ai une chose toute simple,
06:43 c'est-à-dire que nos collègues policiers aujourd'hui,
06:45 qui sont des policiers, des agents et des officiers de police judiciaire,
06:49 on va leur demander, en fait, de devenir des agents du fisc.
06:52 Parce que c'est tout simple, la responsabilité, aujourd'hui,
06:55 qui est celle du Trésor public, de recouvrir ces amendes,
06:58 elle va incomber aux policiers.
07:00 Alors, je propose aussi qu'on ajoute,
07:02 dans la dotation matérielle des policiers,
07:04 le sac banane, vous savez, pour pouvoir rendre la monnaie,
07:07 et puis les petits rouleaux pour les facturettes
07:09 qu'on va mettre dans les TPE.
07:10 Enfin, ça n'a pas de sens, Mme Fary,
07:12 parce que les seuls qui continueront à payer,
07:14 ce sont ceux qui payent aujourd'hui.
07:16 Il n'y aura aucun moyen coercitif,
07:17 ce que le président de la République ne dit pas,
07:18 c'est qu'il n'associe à cela aucun moyen coercitif,
07:20 et d'ailleurs, vous ne pouvez pas imposer aux gens de payer.
07:23 -Voilà, vous êtes face à quelqu'un qui ne veut pas payer,
07:26 vous n'avez aucun moyen de le faire payer.
07:27 -On n'aura aucun moyen de le faire payer,
07:28 donc au moins aucun moyen coercitif, ce qui va se passer,
07:30 c'est que ceux qui, de toute manière, auraient payé
07:32 dans les conditions actuelles, paieront,
07:35 avec des contraintes supplémentaires pour les policiers,
07:37 et puis ceux qui ne veulent pas payer, qui ne sont pas coopératifs,
07:40 au revoir, monsieur l'agent.
07:41 -Oui, mais alors, Gérald Darmanin, qui était l'invité ce matin
07:43 de nos conférences d'RTL, dit que l'autorité du policier
07:45 est à rétablir entièrement, c'est ce que nous faisons,
07:47 avec cette proposition que les policiers puissent percevoir
07:50 directement l'argent par carte bancaire ou en cash.
07:52 -Non, en fait, on va juste donner l'occasion à des personnes
07:54 qui se rient de l'autorité de rire encore plus,
07:56 parce que quand un policier va demander à payer en cash,
07:59 en fait, finalement, l'usager, ou l'auteur en tout cas de l'infraction,
08:02 lui, va bien prendre le policier à la rigolade.
08:04 En réalité, le vrai moyen de réinstaurer l'autorité,
08:07 c'est de la rappeler, notamment par des sanctions pénales,
08:10 et d'apporter à la justice des moyens,
08:12 de dire aux auteurs de la défiance permanente,
08:15 et notamment violente et agressive à l'égard des forces de l'ordre,
08:18 de poser une limite.
08:19 Et c'est pas en demandant aux policiers de payer une amende,
08:20 de faire payer une amende à des personnes qui n'ont que faire
08:23 de toute façon de l'autorité policière,
08:25 et bien qu'on y arrivera.
08:26 C'est impérativement auprès de la justice qu'on trouvera la réponse,
08:28 c'est impérativement auprès de la justice,
08:30 enfin, à la justice qu'on doit donner les moyens,
08:32 de dire aux auteurs d'infractions à l'égard des policiers, "Stop".
08:35 -Gérald Darmanin dit aussi, mais c'est pas illogique de demander,
08:38 quand on trouve de l'argent liquide sur un consommateur de drogue,
08:42 de lui prélever une partie de cet argent-là ?
08:44 -Oui, bien sûr, c'est pas anormal que l'État prenne sa part, on va dire.
08:48 Écoutez, madame Ferrer, le problème du stupéfiant, en réalité,
08:50 c'est ce sujet-là qui est à la limite risible,
08:53 et qui va pas être efficace.
08:55 C'est juste la résultante de notre inefficacité.
08:57 La France est un des plus gros consommateurs de produits stupéfiants,
09:00 avec supposément un code pénal des plus stricts.
09:04 Et pourtant, on n'y arrive pas. Pourquoi ?
09:05 Parce qu'on n'arrive pas à empêcher le cannabis d'entrer
09:07 sur le territoire métropolitain.
09:09 Il y a évidemment une production en France,
09:11 mais elle reste extrêmement marginale.
09:12 Le plus gros arrive de l'étranger,
09:13 notamment d'Amérique latine via la Guyane et du Maroc.
09:17 On n'arrive pas à empêcher le cannabis d'entrer.
09:19 -Pourquoi ? Parce qu'il y a un manque de plan de production ?
09:20 -Parce qu'il y a un manque de moyens aux frontières,
09:22 parce qu'il y a un manque aussi peut-être de coopération
09:26 de la part des transporteurs dans les ports,
09:29 et parce qu'aussi, on a un manque de moyens de justice.
09:32 En fait, on travaille, et moi, je vois les collègues
09:34 qui travaillent énormément dans les offices
09:36 pour faire tomber les réseaux de stupéfiants.
09:38 C'est très compliqué, ça demande beaucoup de temps,
09:41 mais surtout, derrière, il n'y a pas forcément de réponse.
09:43 Et puis, il y a aussi la question de la prévention, de la communication.
09:47 On a littéralement, Mme Ferrari,
09:48 "démantelé" la filière des policiers formateurs antidrogues.
09:53 Ce sont des binômes de policiers qui allaient dans les écoles françois,
09:56 qui faisaient de la prévention auprès des enfants,
09:59 qui les prévenaient sur les risques...
10:00 -Très tôt, très jeunes. -Très tôt, la primaire, le collège,
10:03 avant que les capacités cognitives soient complètement formées
10:06 et que, du coup, il n'est plus possible d'éduquer ces jeunes
10:09 et de les prévenir sur les risques à consommer du produit stupéfiant.
10:12 On les a démantelés pour des raisons budgétaires.
10:14 C'est-à-dire que la question de la prévention et de l'éducation,
10:17 on a considéré que ça n'était pas un sujet.
10:18 Et aujourd'hui, on vient nous faire croire
10:20 que dans ce contexte-là, où on n'arrive pas à empêcher le produit
10:22 d'entrer dans le pays,
10:24 où on a refusé de mettre des moyens dans la prévention
10:26 et de mettre de la communication auprès des jeunes,
10:27 que c'est le policier au bout de la chaîne
10:29 qui va parvenir à endiguer le phénomène.
10:30 Je vous dis tout de suite, dans un an, dans deux ans,
10:33 la seule chose qui va se passer,
10:35 c'est qu'on va rendre responsables, à nouveau,
10:36 et je préviens mes collègues,
10:37 on va les rendre responsables de l'échec
10:40 dans la lutte contre le stupéfiant
10:41 et de l'échec du taux de recouvrement
10:43 des amendes de forfaitaires délictuelles.
10:45 -Et on parle de 5 millions d'usagers en France,
10:47 ce qui est énorme.
10:48 On est pratiquement le pays où le marché du cannabis
10:51 est le plus important,
10:53 avec un chiffre d'affaires à la clé, on parle en milliards d'euros.
10:55 On est d'accord.
10:56 -Oui, bien sûr, on parle en milliards d'euros.
10:58 On a parfois des points sur certains quartiers
11:01 qui génèrent des dizaines de millions d'euros par an.
11:04 En chiffre d'affaires, parfois même, on bénéficie.
11:06 Et puis, là, on a vraiment le sentiment, quand même,
11:09 qu'avec cette histoire d'AFD,
11:10 où on veut infliger une sanction pénale,
11:12 ce qui, en soi, n'est pas une mauvaise chose,
11:13 même si ça a des conséquences quand même assez vicieuses,
11:16 je pense notamment à la lutte contre la consommation des mineurs.
11:20 Vous savez, c'est une question sanitaire en France
11:21 qui est extrêmement importante.
11:23 Les 15-24 ans sont la tranche d'âge
11:25 qui consomme le plus en Europe, en France.
11:27 Eh bien, quand on a mis en place l'AFD,
11:30 l'amende forfaite à l'art délectuel,
11:31 les mineurs ont été exclus de l'AFD,
11:33 c'est-à-dire qu'on ne peut verbaliser que des majeurs.
11:35 Je vais vous le donner en mille.
11:37 Je suis fonctionnaire, j'ai été policière longtemps sur le terrain,
11:40 et entre un majeur à qui je peux infliger
11:42 une sanction pénale immédiate,
11:43 rapide, une amende en l'occurrence,
11:45 et un mineur qu'il faut amener au poste,
11:47 garder 5 heures, dont il faut appeler les parents,
11:49 pour lesquels il faut faire une procédure
11:50 qui va se terminer en sans suite,
11:52 je vous le donne dans le mille.
11:52 Le mineur, je ne le vois plus, je vais verbaliser le majeur.
11:55 Ce qui veut dire qu'on a complètement abandonné les mineurs.
11:57 Donc, une fois encore, on est complètement en échec,
12:00 il faut impérativement aller cibler à nouveau les mineurs,
12:02 prévention, communication et des moyens de justice à leur égard.
12:05 -Deux questions. La question du recrutement.
12:07 Est-ce qu'aujourd'hui, on recrute de moins en moins de policiers ?
12:10 Il y a une vraie crise des vocations, vous le constatez ou pas ?
12:13 -Alors, on recrute, les chiffres sont là,
12:14 mais il y a une crise des vocations.
12:16 Il y a encore 15 ans, on avait 10, 15 candidats
12:18 en fonction des promotions et des années.
12:21 Pour un poste.
12:22 Aujourd'hui, on est à 4 candidats.
12:24 Alors, il y a toujours des policiers qui sont motivés,
12:25 il y a toujours des policiers qui sont de bonne qualité,
12:27 mais aujourd'hui, on est moins sélectif.
12:28 On fait avec ce qui se présente.
12:30 C'est aussi un désamour général pour la fonction publique,
12:33 pour les services publics.
12:35 Le métier de professeur, malheureusement,
12:37 connaît aussi le même phénomène.
12:38 Il y a évidemment les prétentions salariales qui ne sont pas à la hauteur,
12:41 notamment quand on sait qu'on va être affecté en grande agglomération.
12:44 Mais il y a aussi, et puis c'est les sondages BVA qui le disent,
12:47 l'absence de reconnaissance de l'administration.
12:49 Et aujourd'hui, avec les réseaux sociaux
12:51 et les chaînes d'infos en continu comme la vôtre,
12:52 qui nous permettent, nous, de nous exprimer,
12:54 les gens ont conscience que quand on rentre dans la police,
12:56 c'est un véritable sacerdoce.
12:57 On rentre par conviction, vocation, mais c'est un véritable sacerdoce
13:00 qui, parfois, peut être très difficile à porter.
13:02 Et on constate, et c'est la Cour des comptes qui le dit,
13:04 une hausse des démissions en cours de carrière,
13:06 notamment dans le premier tiers, avec des jeunes adultes
13:09 qui ont une certaine expérience dont on ne va pas confiter sur le long terme
13:12 et qui quittent les grandes agglomérations,
13:13 un, pour des raisons salariales,
13:14 deux, pour l'absence de reconnaissance,
13:16 souvent aussi par manque de la région natale.
13:20 Bref, on n'a pas mis en place une véritable RH
13:21 dans la fonction publique et particulièrement dans la police.
13:23 Et je pense qu'avant de penser au recrutement,
13:25 il faut d'abord penser à ceux qui sont à l'intérieur,
13:26 qui pourraient être la meilleure vitrine pour amener des candidats.
13:29 -Encore une question à propos de Marion Cotillard,
13:31 l'actrice française célébrissime.
13:33 Les policiers se sont émus de ses déclarations de soutien
13:36 au mouvement "Les soulèvements de la terre"
13:38 qui a été dissous par Gérald Darmanin.
13:40 Elle estime que ce qui se passe dans notre pays est extrêmement grave,
13:42 qu'il y a des violences policières.
13:44 Elle utilise le mot "violences policières"
13:46 contre les militants écologistes qui lui donnent la nausée,
13:49 qu'on est dans une dérive sécuritaire.
13:50 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
13:51 -Je sais pas si elle a fait ce tweet depuis son yacht
13:54 ou depuis sa gated community, sa grande maison,
13:56 surveillée par un policier sur les hauteurs de Los Angeles,
13:58 mais je pense qu'elle est vraiment complètement déconnectée.
14:00 Parce que ça veut dire qu'elle fait fi complètement des violences
14:03 que notamment ont essuyées les gendarmes à Saint-Sauline.
14:05 Elle fait fi des bombes artisanales que nos collègues essuient
14:08 lorsqu'il y a des mobilisations.
14:09 Alors la question de l'écologie, je pense qu'aujourd'hui,
14:11 elle fait consensus, il y a un vrai sujet,
14:12 il y a un sujet climatique, il y a un sujet écologique.
14:15 Mais passer par la violence, pour nous, c'est pas acceptable.
14:17 De toute manière, quand on est légitimiste
14:19 et quand on est attaché aux régaliens,
14:20 on ne peut pas accepter qu'une revendication,
14:23 aussi noble soit-elle, passe par la violence.
14:25 Et ce que Mme Cotillard fait volontairement,
14:27 c'est qu'elle est dans le déni de cette violence
14:29 à l'égard des forces de l'ordre.
14:30 Et qu'elle fait passer, finalement, les forces de l'ordre
14:32 qui sont victimes de ces violences volontaires,
14:35 elle fait passer leur usage de la force de légitime
14:37 comme quelque chose d'illégitime.
14:38 Je pense que c'est extrêmement dangereux,
14:40 particulièrement quand on n'est pas la plus grande écologiste du monde,
14:42 de s'exposer comme ça,
14:44 parce que je pense que la prochaine, ça risque d'être elle.
14:46 - Linda Kebab, le coup de gueule de Linda Kebab,
14:48 ce matin dans la matinale de CNews, secrétaire nationale, unité SIP.
14:50 Merci beaucoup d'être venue ce matin à Bourg-Molles-les-Armes
14:52 pour la suite de l'info.
14:54 (Générique)
14:57 ---