Projet de loi immigration : Jean-Philippe Tanguy (RN) anticipe un « texte Frankenstein »

Public Sénat

l’année dernière

Le député (Rassemblement national) de la Somme est convaincu que le durcissement du projet de loi immigration, porté par la droite sénatoriale, ne survivra pas à la lecture à l’Assemblée nationale. Il doute par ailleurs que LR aille jusqu’au dépôt d’une motion de censure, en cas d’insatisfaction sur le texte final. Il était l'invité d'Audition publique, ce 26 juin 2023.

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00:00 - Alors on va continuer à parler de ce projet de loi immigration.

00:02 Il y a un alignement du gouvernement sur la position du Sénat,

00:05 puisqu'ils vont reprendre le texte de la commission à l'automne.

00:08 Vous y voyez un début d'alliance entre LR et le gouvernement ?

00:12 - C'est plus qu'un début d'alliance.

00:13 Au Sénat, ça commence à faire un bout de temps qu'il y a une belle alliance,

00:16 si je puis dire, entre les Républicains et le gouvernement.

00:20 On l'a déjà vu sur la trahison, un texte par exemple,

00:22 où les Républicains auraient dû voter contre.

00:23 Le texte sur les énergies renouvelables, en particulier l'implantation des éoliennes.

00:27 Les Républicains s'étaient engagés auprès des maires ruraux

00:29 et qui vont d'ailleurs sans doute les sanctionner.

00:31 - Ça a été amendé ?

00:32 - Non, ça n'a pas du tout été amendé.

00:33 Très faiblement.

00:34 On avait parlé d'un droit de veto des maires, d'une consultation obligatoire,

00:37 de protéger par exemple un département comme le mine à la Somme,

00:39 qui objectivement tout le monde le reconnaît,

00:41 y compris le gouvernement, saturé d'éoliennes.

00:43 Et bien finalement, le Sénat s'est couché pour une raison simple.

00:47 Les Républicains, comme parti, comme intérêt de parti,

00:51 sont terrifiés par la dissolution.

00:53 - Sur l'immigration, c'est pas le cas.

00:55 Sur l'immigration, c'est pas tout à fait le cas.

00:57 Alors on continue à du tout coucher.

00:58 - On va voir, on va voir.

00:59 - On les attend.

01:00 S'ils ne se couchent pas, j'en serais ravi.

01:01 Ils ont promis une motion de censure, éventuellement sur la loi immigration.

01:04 - Vous pensez qu'ils la déposeront ?

01:07 - Ce sera l'idjustice de gouvernement de savoir si oui ou non,

01:12 ils vont au bout, des Républicains pardon,

01:14 de savoir si oui ou non, ils vont au bout de leur prétention.

01:17 - Vous en pensez quoi ?

01:18 Est-ce qu'il peut y avoir une majorité ?

01:19 C'est ce que vous vouliez demander.

01:20 - Est-ce qu'il peut y avoir une majorité du coup à l'Assemblée ?

01:21 - La ligne rouge, c'est censé être la régularisation

01:24 pour les Républicains d'un pas et pour Mme Borne d'autre part.

01:27 L'un n'en veut pas, l'autre le veut absolument.

01:29 Des clandestins qui travaillent.

01:31 Donc si les Républicains sont cohérents, le texte ne peut pas passer.

01:33 Si Mme Borne est cohérente, elle ne soutiendra pas son propre texte.

01:36 - Il y a aussi le changement d'attitude.

01:38 - Alors, une question.

01:40 Parce que le texte a été considérablement endurci par le Sénat

01:43 sur la question des quotas, sur l'aide médicale d'État

01:46 qui est transformée en aide médicale d'urgence,

01:49 sur le resserrement des critères pour le regroupement familial.

01:51 Tout ça, là-dessus, vous seriez d'accord ?

01:53 Vous pourriez voter toutes ces mesures ?

01:55 Vous pourriez voter ce texte ?

01:56 - Absolument.

01:57 Mais l'Assemblée nationale, je pense, en tout cas la majorité,

01:59 enfin la minorité présidentielle, va rétablir un autre texte.

02:01 Là, sans doute, pour ce qui est de l'aide médicale d'État,

02:04 pour interdire les quotas,

02:06 toutes les mesures de restriction,

02:08 la minorité présidentielle, la Macronie,

02:11 va sans doute rétablir le texte précédent avec l'aide des socialistes et des Verts

02:15 et tenter de faire passer d'autres choses avec les Républicains.

02:18 Et au final, on aura un texte...

02:19 - Donc il n'y aurait pas d'alliance entre le gouvernement et le Sénat ?

02:20 C'est contraint de ce que vous nous avez dit au début.

02:23 - Un texte Frankenstein ?

02:24 - Oui, ce sera un texte Frankenstein qui ne donnera pas la route.

02:26 Et à la fin, ni la gauche...

02:27 - C'est une expression qui a été trouvée...

02:29 - Ni la gauche, ni à l'instant.

02:31 C'est ce que ça m'inspire quand j'élue effectivement les trouvailles du Sénat.

02:35 Mais ne soyons pas dupes sur le fait que le Sénat fait des effets d'annonce,

02:39 sachant très bien que ce ne sera pas suivi par l'Assemblée.

02:41 Ils veulent refiler le mystic gris de la responsabilité de ce bazar

02:45 et de cette incohérence au gouvernement

02:47 après avoir assumé leur impopularité sur les retraites,

02:50 puisqu'on sait que l'essentiel de l'inspiration du texte

02:52 sur le justicement des retraites venait lui-même du Sénat.

02:55 Donc le Sénat essaie de faire oublier...

02:57 Parce que je vous rappelle qu'il y a eu des élections sénatoriales

02:58 dans quelques semaines...

02:59 - Ah bah vous avez toute une théorie !

03:01 - Mais oui, parce que je connais mes grands électeurs

03:04 et je connais les Républicains que j'ai quand même trop fréquentés par le passé.

03:07 Donc ils essaient de faire oublier ça en se faisant passer pour des gros bras.

03:11 Je pense que les électeurs et les grands électeurs ne sont pas dupes

03:14 et qu'à la fin, on se rendra compte que les Républicains sont en fait

03:18 paralysés, tétanisés par toute perspective de mise en minorité frontale du gouvernement,

03:25 donc d'une motion de censure et donc d'une possible dissolution.

03:27 - Je ne veux pas que leur motion de censure passe !

03:28 - Je ne veux pas que leur motion de censure passe !

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