«Cette petite musique que personne n’entend» : Clarisse Fontaine et Joey Starr sont les invités de Culture médias

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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.

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00:00 - Sculpture média jusqu'à 11h sur Europe 1, Philippe Vandel avec vos invités, vous recevez Clarisse Fontaine et Joe Estard.
00:06 - Bonjour Clarisse Fontaine. - Bonjour.
00:08 - Comédienne, ancienne mannequin, réalisatrice notamment de clips, productrice.
00:11 Votre actus c'est un seul en scène écrit par vous, cette petite musique que personne n'entend.
00:16 Les questions de violence faites aux femmes, psychologiques mais aussi physiques.
00:20 Vous êtes allé chercher pour la mise en scène, Anissa l'a dit, quelqu'un qu'on n'attendait pas sur ce projet, surtout pas lui. Bonjour Joe Estard.
00:25 - Bonjour.
00:26 - Est-ce qu'il faut vous présenter figure du rap français avec NTM, comédien qui compte dans le paysage.
00:30 De plus en plus de films se font avec vous, des séries, même des séries que vous portez comme le remplaçant sur la Une.
00:36 Mais aussi l'univers du théâtre que vous avez découvert il y a 4-5 ans avec une pièce sur l'éloquence.
00:39 Et vous serez bientôt à l'affiche de Cyrano au Théâtre Marigny et Cyrano ce sera vous.
00:45 Première question pour vous Clarisse Fontaine, que raconte le spectacle ?
00:48 Quelle est cette, je reprends le titre, cette petite musique que personne n'entend, des coups, des claques ?
00:53 Et se faire traîner par les cheveux, ce que vous racontez, c'est davantage qu'une petite musique.
00:57 - Oui, alors c'est davantage qu'une petite musique mais c'est aussi cette petite musique qui est bien dans nous, qu'on ne veut pas voir.
01:03 Parce que dans notre intimité on sent les choses aussi, on ne veut pas les voir, on pense lutter, y arriver, on a toujours l'espoir d'eux.
01:10 Et aussi au niveau de la société c'est aussi cette petite musique contre laquelle on ne veut pas forcément lutter, qui est là, qui est présente, c'est l'encinant, la misogynie, elle est toujours un petit peu là.
01:19 Il y a des actions qui sont menées mais pas encore jusqu'au bout, voilà, donc c'est vraiment en référence à ces deux niveaux.
01:25 Et de quoi traite la pièce ?
01:27 Ça traite effectivement de femmes sous emprise, de libération, de pervers narcissiques, d'amour, de sexe, de masculinité, d'éducation.
01:35 Et alors c'est une pièce féministe mais qui est avant tout humaniste et ça on y tient parce que l'idée ce n'est pas de détruire les hommes,
01:42 c'est parce qu'on les aime aussi et puis on en a besoin, et puis d'être honnête aussi sur nous, nous les femmes.
01:47 On entend la bande-annonce et on en parle.
01:49 C'était facile avec lui, j'étais en confiance.
01:51 Je tombe, je tombe amoureuse.
01:55 Et vient le mariage !
01:57 Je ne pensais pas que ça pouvait être comme ça l'amour !
02:07 Une fois c'est un malheur, au bout d'un troisième on commence à dire qu'on se néglige.
02:13 J'ai grandi en regardant la vie par le tronc de la serrure.
02:18 L'apprentissage de la liberté.
02:20 Enfin marcher dans mes propres pas.
02:23 Ce n'est pas juste de jouir !
02:25 Méagite, aplatie, perte de la vue, perte de l'ouïe.
02:30 Je peux vous aider peut-être ?
02:32 Non merci, je n'ai plus besoin qu'un homme me sauve.
02:35 Je sais faire toute seule maintenant.
02:37 Extrait de cette pièce, cette petite musique que personne n'entend, c'est plutôt un sol en scène qu'une pièce.
02:42 Quoiqu'il y a beaucoup de personnages, en parlant on va parler de la mise en scène.
02:44 Justement, le Parisien, c'était en décembre, écrivait ceci.
02:48 Les violences faites aux femmes, la misogynie.
02:50 Voilà bien un terrain sur lequel on n'attendait pas vraiment Joey Starr,
02:52 condamné par deux fois pour des violences sur d'ex-compagnes.
02:55 Justement, Clarisse Fontaine, pourquoi être allée chercher,
02:58 pourquoi avoir contacté Joey Starr pour la mise en scène ?
03:01 Et question subsidiaire, comment s'est passé votre rencontre ?
03:03 Après je demanderai à Joey Starr.
03:05 Alors, pourquoi être allée chercher ?
03:06 Parce que d'abord c'est quelqu'un que j'admire artistiquement.
03:08 Je trouve qu'il a un vrai sens, une intelligence artistique.
03:12 Et puis, c'est aussi quelqu'un qui milite à sa façon en tant qu'homme,
03:16 pour le respect de la femme.
03:18 Et ça, ça m'a plu, parce que je pense que le respect de la femme,
03:21 il l'a à faire de toutes parts, ça ouvre des portes.
03:23 Et c'est aussi pour ça que je suis allée vers lui.
03:26 Et la rencontre, ça s'est fait sur l'idée d'une amie,
03:29 où j'ai présenté un petit peu le projet.
03:32 On s'est vu dans un café, il m'a dit "Bon écoute, je te rappelle quand j'ai lu,
03:35 je n'étais même pas rentrée, il m'a dit "Ouais, je suis page 17, je kiffe".
03:40 J'ai envie que la suite soit Joey Starr qui la raconte.
03:42 Comment vous avez réagi à cette proposition Joey Starr ?
03:44 Au départ, j'ai clairement dit "Mais moi j'ai jamais fait ça, mais pourquoi moi ?"
03:52 Un peu comme si il y avait un doigt délateur pointé sur moi, par exemple.
03:58 Non, non, j'ai lu, j'ai lu, j'ai adoré ce que j'ai lu.
04:04 Alors je ne sais pas si moi j'ai toujours milité pour le tac,
04:07 mais moi j'ai toujours milité un peu pour l'égalité totale.
04:10 C'est pour ça que je me suis aussi retrouvé dans les propos de Clarisse.
04:14 Et puis surtout, je pense qu'il y a tout le cheminement de son personnage principal,
04:18 dans lequel je me suis retrouvé aussi, tout en étant homme.
04:23 Ce côté seul contre le monde entier aussi,
04:27 le poids du regard de l'autre, de l'œil de l'autre,
04:31 le besoin de validation, tout ça.
04:34 Je me suis retrouvé au travers de tout ça, donc j'ai eu envie de dire oui.
04:37 Et puis comme je ne fais pas le métier le plus compliqué au monde,
04:41 c'est-à-dire que si j'accepte de sortir de ma zone de confort,
04:45 c'est pour faire des choses intéressantes.
04:47 Et puis je suis toujours très flatté quand il y a des doux dingues qui viennent à moi,
04:50 parce que ce n'est pas tout le temps le cas.
04:52 Et là, pour faire un truc particulier, quelque chose que je n'avais jamais fait.
04:56 Il faut savoir que le théâtre, c'est neuf pour moi.
05:00 Il y a 4-5 ans que j'ai touché du bout des doigts le théâtre.
05:04 Donc voilà, j'ai eu envie d'en faire partie.
05:08 - Vous l'avez dit, tu sais bien que si moi je monte avec toi sur ce projet,
05:11 on va se faire démonter. Eh bien non !
05:13 - Oui, je lui ai dit ça, oui.
05:14 - Pour West France, la presse a beaucoup aimé,
05:16 parce que le spectacle arrive à Avignon,
05:18 mais il avait déjà été joué à Saint-Malo à sa création.
05:21 West France dit un texte et une mise en scène entre poésie et crudité.
05:24 Paris Match, un spectacle décorché,
05:26 vif sur les violences faites aux femmes.
05:27 Et le Parisien, voilà une petite musique qui mérite qu'on tende l'oreille.
05:31 Tendez l'oreille, Culture Média continue.
05:33 Clarisse Fontaine, Joé Star sont nos invités.
05:35 A tout de suite sur Europe 1.
05:36 - Culture Média sur Europe 1, Philippe Vandel avec la comédienne Clarisse Fontaine
05:41 et le metteur en scène Joé Star.
05:43 - Joé Star qui met en scène cette petite musique que personne n'entend.
05:47 Ça sera joué à Avignon cet été, c'est en juillet.
05:50 Je vous donnerai les dates dans quelques instants.
05:51 Sur scène, c'est Clarisse Fontaine.
05:53 Et c'est Clarisse Fontaine qui a écrit ce texte.
05:55 Vous racontez, même si c'est transposé, vous racontez un peu votre vie personnelle.
05:58 Je passe tous les détails, la découverte de l'amour à l'adolescence.
06:01 Vous tombez amoureuse d'un garçon à un moment donné absolument formidable.
06:05 Il est beau, il est intelligent, il est attentif.
06:07 Vous êtes folle amoureuse de lui.
06:09 Il vous demande en mariage.
06:11 Peu à peu, il vous demande de couper les ponts avec votre famille.
06:14 Ce que vous faites parce que vous êtes totalement enamouré
06:16 et subjugué par ce garçon qui vous rend bien votre amour.
06:20 Mais un mariage avec simplement deux témoins que vous ne connaissiez pas.
06:24 Et là, il vous fait une annonce.
06:26 - Oui, il m'annonce qu'il a une fille en fait.
06:29 Juste après l'avoir épousée, je me rends compte que je ne connais pas du tout cet homme.
06:33 Et je le savais, je le sentais, c'est ce qu'on disait il y a quelques minutes
06:36 dans cette petite musique que je ne voulais pas entendre.
06:38 Je sentais qu'il y avait quelque chose, mais l'emprise était déjà là.
06:42 Ça paraît énorme quand on le raconte comme ça.
06:45 C'est comme quand on se prend la première claque,
06:47 on reste, on reste, et puis on en prend une autre, on reste, machin.
06:49 Et tout le monde se dit "c'est pas possible, t'avais qu'à partir, fallait partir".
06:52 Seuls, je pense, ceux qui vivent vraiment la situation comprennent
06:56 qu'il y a déjà une situation d'emprise qui est mise en place.
06:59 Il y a tout un fonctionnement, un schéma qui s'est installé de chaud-froid,
07:03 de choses qui font qu'on est rentré dans sa logique
07:07 et qu'on a l'air d'être complètement coincé dans quelque chose
07:11 dont on ne peut pas sortir en fait.
07:13 Et même si on se rend compte que ça ne va pas, que ce n'est pas normal,
07:16 je n'aime pas trop ce mot-là, mais on se rend compte qu'on n'est plus dans une normalité.
07:19 Et on n'arrive pas à se détacher de ça, c'est ce que je dis à un moment dans la pièce.
07:22 Il est devenu ma drogue et je suis devenue sa chose.
07:25 Et on y retourne et on a besoin, le déclic viendra nous-mêmes à un moment donné.
07:29 - J'allais justement en parler. Il est devenu ma drogue.
07:33 Une drogue, quand on n'en a plus, on est en manque.
07:35 Donc vous étiez en manque quand il était absent,
07:38 quand bien même quand il était présent, il vous faisait subir le martyr.
07:41 Il vous a supprimé la contraception, enfin l'accès à la pilule.
07:44 Niveau argent, vous deviez lui verser tout ce que vous gagnez,
07:47 parce qu'en plus vous aviez un travail, vous étiez mannequin, vous gagnez de l'argent.
07:50 - Et en fait, tout ce que j'avais, c'est une façon de couper de la société.
07:54 Donc il coupe de la famille, des amis, du monde extérieur.
07:57 Petit à petit, mes cours, parce que je suivais des cours à côté,
08:00 je devais les suivre plutôt à la maison, à distance, etc.
08:03 Donc on rentre dans un truc où on est complètement fermé,
08:06 on n'a plus la capacité de réfléchir et à terme, il m'a réveillé toutes les nuits.
08:10 C'était vraiment ce harcèlement qui fait qu'on n'a plus de cerveau,
08:13 on est dans une dépendance totale et on a du mal à s'en sortir.
08:18 - Avec ce texte-là, Joey Starr, comment vous avez abordé la mise en scène ?
08:22 - Déjà, moi aussi ce qui m'intéressait,
08:27 le pourquoi j'ai voulu suivre Clarisse, c'est qu'il y avait un aspect performance
08:32 où elle joue ses différentes époques, ses différents personnages,
08:35 c'est elle qui les joue.
08:36 Il y a peut-être des intervenants sonores qui amènent à la narration,
08:41 mais c'est surtout elle qui en fait déjà ça,
08:43 donc ce principe-là me plaisait plutôt pas mal.
08:46 En partant de ça, j'ai vu quelque chose de très épuré,
08:50 donc comme c'était la première fois, je me suis dit "bon, ça devrait le faire".
08:53 Et puis surtout, pour agrémenter, parce que c'est de l'album du Vien,
09:00 moi j'entends toujours de la musique quand il y a de la narration,
09:05 je lis les choses même en musique,
09:07 je ne suis pas un musicien qui sait lire de la musique,
09:10 mais j'aime le cinéma, j'aime le sonore comme le visuel,
09:16 donc j'ai tout de suite entendu les ambiances qu'elle avait,
09:20 donc j'ai appelé un de mes acolytes, DJ Cut Killer.
09:25 Au fur et à mesure qu'on s'est mis à répéter, à mettre en place,
09:30 il y a des choses qui paraissaient évidentes,
09:33 et surtout qui me paraissaient accessibles,
09:36 parce que moi j'ai déjà réalisé des clips, des choses comme ça,
09:39 donc j'ai commencé à visualiser les choses,
09:42 et puis en essayant de les mettre en place,
09:44 en se disant qu'au départ on est partis tous les deux,
09:46 on n'avait pas de moyens,
09:47 donc on a répété dans des bureaux, dans des salons,
09:51 David Bobé qui nous a prêté un théâtre un jour,
09:54 on avait l'impression d'avoir une Ferrari dans les mains,
09:57 donc tout s'est un peu mis en place comme ça,
10:00 et le caractère très épuré était évident dès le départ,
10:05 parce que le texte, parce que le jeu, c'est ça qu'il fallait mettre en avant,
10:10 donc voilà comment ça s'est mis en place dans ma tête.
10:12 Joestar, Clarisse Fontaine, avec nous, cette petite musique que personne n'entend,
10:16 on continue à entendre leur musique, Culture Média continue sur Europe.