Éric Naulleau : "La décivilisation, c'est le mot qui représente les 10 derniers mois d'actualité."

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Transcript

00:00 - L'édito, comme chaque vendredi à 8h15, c'est avec vous, Eric Nolot. Bonjour Eric.

00:06 - Bonjour.

00:08 - Eric, c'est votre dernier éditorial de la saison, on vous retrouvera à la rentrée, mais vous faites le bilan justement aussi de 10 mois d'actualité.

00:16 - Oui, je donne en effet ce matin mon dernier éditorial de la saison, une saison qui s'est écoulée au rythme trépidant d'une actualité souvent tragique.

00:24 Il paraît donc difficile qu'un mot la résume tout entière, il en est un pourtant qui selon moi y parvient, c'est celui de décivilisation.

00:31 Un mot, on le sait, emprunté par le président de la République, au sociologue Norbert Elias,

00:35 qui a le mérite de coller une étiquette commune sur des phénomènes très divers, des banales incivilités, aux crimes les plus révoltants en passant par les agressions d'élus.

00:44 Une partie du lent et long travail de la civilisation semble se défaire sous nos yeux pour nous ramener vers des temps et des comportements plus primitifs.

00:53 La fine couche de sublimation accumulée au fil des siècles s'aide sous nos pas et nous précipite dans les eaux glacées des instincts primaires.

01:00 Alors on pourra évidemment reprocher à Emmanuel Macron d'être meilleur commentateur qu'acteur de cette crise qui menace les fondements même de notre société,

01:08 mais du moins est-il parvenu à la nommer, ce qui revient à reconnaître son existence.

01:12 Aussi consternant que cela puisse paraître, tout le monde, et loin sans faux, n'est pas parvenu à ce niveau de conscience.

01:18 On peut même dire qu'à la culture du délit chez les uns correspond symétriquement une culture du déni chez les autres.

01:25 La plus récente actualité vient hélas le confirmer.

01:28 - A quoi pensez-vous plus précisément, Eric ?

01:30 - Prenons par exemple la révoltante agression cette semaine d'une grand-mère et de sa petite-fille à Bordeaux.

01:35 On pourrait croire que l'adjectif révoltant qualifiait l'acte en lui-même la violence abjecte déployée contre deux personnes vulnérables.

01:42 Mais non, Patrick, vous n'y êtes pas. Ce que certains trouvent révoltant, c'est l'émotion causée par un événement,

01:48 prestement balayé sous le tapis avec la poussière des innombrables faits divers précédents.

01:53 L'indignation devant le spectacle d'une vieille dame jetée sur le trottoir par un voyou

01:58 suffit désormais à vous classer à l'extrême droite, ou pire encore. Non, vous n'y êtes pas du tout.

02:03 Ce que d'autres trouvaient révoltant, c'est qu'on puisse se demander

02:07 comment un délinquant multirécidiviste pouvait ainsi en toute liberté semer la terreur dans une rue de Bordeaux.

02:14 Pas de récupération, tel était le mot d'ordre immédiat.

02:18 Interdiction de s'émouvoir, interdiction de réfléchir, tel était le programme du parti des cœurs secs et des têtes vides.

02:26 Le parti Europe Écologie Les Verts se fendit d'un tweet qui souhaitait un prompt rétablissement aux deux victimes

02:32 et assurait dans le même temps de son soutien le maire écolo de Bordeaux, je cite,

02:36 "pris pour cible après avoir dénoncé les récupérations politiques abjectes de l'extrême droite,

02:42 comme si les deux souffrances étaient équivalentes".

02:44 Le même parti Europe Écologie Les Verts hurla à la censure politique

02:49 quand fut annoncée en Conseil des ministres la dissolution pour cause d'écoterrorisme

02:53 du groupe d'activistes violents Les Soulèvements de la Terre.

02:56 A les entendre, pas plus d'écoterrorisme que de beurre en branche.

03:00 On pourrait pourtant s'entendre sur le fait que quiconque théorise une violence politique

03:05 allant jusqu'au jet de cocktail Molotov sur des gendarmes dans l'intention de les brûler vifs,

03:10 ainsi qu'on le vit à Sainte-Seline, est un terroriste.

03:12 Fin du débat.

03:14 À travers cette actualité aussi trépidante que surabondante,

03:18 il est cependant un moyen de ne jamais se perdre,

03:21 ça consiste à ne jamais oublier que le bon sens est près de chez vous et loin de chez eux.

03:25 Merci Éric Nolo.

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