Tout en carton, des centaines de bras pour la construction monumentale éphémère des Bains Dunkerquois. Samedi et dimanche, c’était l’apothéose du grand projet proposé par le Bateau Feu pour fêter la fin de saison. Avec ce long format, découvrez les mois de projet participatif qui ont précédé ce grand moment de joie.
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00:00 Il est un peu plus de 21h ce beau samedi de juin quand on peut enfin contempler la réplique
00:12 tout en carton des bains d'un carquois sur le parvis du bateau-feu.
00:16 Une ambiance de fête réunit tous ceux qui ont participé à la construction de l'édifice
00:22 éphémère, l'aboutissement d'un travail qui a commencé six mois plus tôt.
00:34 Tout en carton, un projet participatif, un vrai.
00:37 Dès le mois de novembre, la scène nationale de Dunkerque a invité différentes structures
00:42 à travailler sur la proposition artistique d'Olivier Grosstet.
00:46 Toutes ont imaginé, chacune à sa manière, un projet architectural idéal en lien avec
00:52 le territoire.
00:53 A l'IME de Rosendal, les volontaires ont eu du flair en pensant au bain d'un carquois.
00:59 Et pour être plus efficace, l'Institut a collaboré avec un collège.
01:03 C'est des enfants qui ont à peu près le même âge, les enfants de l'IME et la classe
01:08 de 4ème.
01:09 Et il nous semblait super intéressant de faire un projet inclusif, c'est-à-dire de
01:14 travailler ensemble sur ce projet.
01:15 Et vraiment la collaboration elle est hyper intéressante parce que quand on arrive au
01:20 collège, pour eux c'est une découverte le public des enfants de l'IME.
01:25 Ils sont heureux de nous accueillir, ils ont quelque chose à transmettre.
01:30 Nous ici on a des objectifs à atteindre, des choses à leur apprendre.
01:34 Et du coup tout le côté travail manuel, on a fait du papier mâché, du plâtre, tout
01:40 ça c'est aussi de l'apprentissage mais c'est ludique.
01:43 Et ça ils aiment.
01:44 Ce que les enfants de l'IME ont aimé aussi, c'est de participer à un concours, de jouer
01:54 et pour le coup de gagner.
01:55 Le jour du jury est arrivé, le 8 mars, Olivier Grossteedt à distance et des représentants
02:01 du territoire regardent défiler les différentes propositions.
02:05 La symbiose se fait déjà.
02:07 Même dans ses prémices, le projet est fédérateur.
02:11 Il y a plusieurs collèges, il y a aussi un IME, il y a une maison de quartier, il y a
02:16 des écoles supérieures, donc l'ESA et l'IRTS, les constructions monumentales participatives
02:22 en carton.
02:23 C'est un projet qui a vocation à être vraiment ouvert à tous les habitants d'une ville pour
02:26 qu'il y ait une espèce d'énergie collective qui se forme pour que chacun trouve sa place
02:30 dans le collectif.
02:31 Et après avec les étapes qu'on a ajoutées en amont, il y avait aussi cette idée d'être
02:35 dans la continuité d'ouverture à tous.
02:37 Plus de suspense.
02:43 La bâtisse choisie par l'artiste, le jury et le public, ce sont les bains d'un quai
02:47 recouag.
02:48 La semaine qui précède le jour J, c'est parti.
02:51 Il faut préparer 1300 cartons pour le grand assemblage et tout le monde participe.
02:56 Là c'est l'aboutissement du travail de toute l'année en fait.
03:01 C'est pas mal, on peut construire en s'amusant.
03:04 C'est joyeux, c'est festif, c'est bien.
03:06 C'est cool, en plus on voit beaucoup de personnes différentes.
03:10 C'est l'occasion de partager aussi avec différents âges et différents publics,
03:14 c'est très intéressant.
03:15 Construire une œuvre monumentale comme celle-ci, ça ne s'improvise pas.
03:23 C'est de l'architecture, même si c'est du carton.
03:26 C'est technique, c'est très technique en fait.
03:32 On a des professionnels qui sont là pour nous aider.
03:34 On nous dit comment il faut faire, après on plie, on scotche.
03:37 On leur montre une découpe et à partir de là ils vont faire les 4, 5, 6, 60 pièces
03:43 qui sont nécessaires dans cette espèce de Lego géant en fait.
03:48 C'est un peu de la dentelle l'immeuble qu'on est en train de faire.
03:51 Donc il y a beaucoup de pièces différentes, il y a beaucoup de découpes particulières.
03:54 Il peut y avoir un petit peu certaines difficultés mais du coup nous on essaye de voir en fonction
04:00 des extérités des uns et des autres ce qu'on peut proposer aux gens.
04:04 C'est sûr que ça ne sert à rien de mettre les gens dans l'échec.
04:07 Ce n'est pas le but, c'est plutôt prendre plaisir à faire quelque chose ensemble.
04:12 Nous on essaye de dispatcher ça pour les ateliers puis après pour la construction,
04:16 c'est beaucoup plus facile.
04:17 Nous on va disposer les pièces, les gens ils scotchent, ils soulèvent, ils scotchent,
04:20 ils soulèvent.
04:21 Le voici venu, ce moment d'ériger l'édifice monumental.
04:25 Pour Olivier Grosstecht, la journée sera dense.
04:28 A lui de mener ce grand ballet participatif.
04:31 Un temps de joie, de partage mais aussi un beau message, un acte politique.
04:37 La toute première construction de carton que j'ai faite, j'étais au Beaux-Arts à
04:43 Valence et au fin de compte j'ai voulu rajouter des tours en carton sur une mairie.
04:47 Donc c'était un peu l'idée de m'accaparer l'image du pouvoir avec quelque chose qui
04:52 est clairement dérisoire et le symbole du faux.
04:54 L'architecture c'est un des instruments du pouvoir.
04:56 Un HLM c'est moche, une mairie c'est beau.
05:00 Quand tu rentres dans un tribunal t'es déjà coupable même si t'as rien fait parce que
05:04 le bâtiment il t'écrase.
05:05 Et donc du coup ça vient questionner ça.
05:07 Et moi quand j'ai mis ça la première fois, j'ai fait ça dans mon coin mais pour le mettre
05:12 en place j'avais besoin de beaucoup de monde.
05:13 J'ai demandé à tous mes potes de m'aider.
05:15 Ça n'a pas très bien marché parce qu'il y avait du vent et puis je me suis amélioré
05:18 depuis.
05:19 Mais il y a plein de gens qui sont venus nous aider de façon spontanée.
05:22 Ça ne marchait pas.
05:23 Pour moi ça m'a bien plu de voir l'engouement que ça pouvait susciter.
05:28 Quand il y a un besoin les gens y répondent.
05:30 Il y a un petit peu un inversement comme ça.
05:32 J'ai l'impression que de demander de l'aide c'est en fin de compte une façon de donner
05:35 beaucoup de choses aussi à la personne.
05:37 De dire "j'ai besoin de vous".
05:39 Du coup les gens sont indispensables et ça fait du bien.
05:43 On leur fait confiance, ils sont responsabilisés.
05:46 Je crois que c'est pas forcément ce qu'on vit actuellement au niveau du politique où
05:52 on déresponsabilise les gens, on leur fait peur, on ne leur fait pas confiance et du
05:55 coup ça devient la misère.
05:57 Ici c'est tout le contraire, c'est la solidarité, la confiance et l'entraide qui
06:02 montent à mesure que le bâtiment s'élève.
06:04 Nous on a monté une maquette qui faisait 50 cm au départ et là ça va faire près
06:10 de 17 mètres de haut.
06:11 Donc ça fait drôle quand même.
06:14 Ce qui m'emballe c'est l'aspect collaboratif d'abord, d'être ici tous ensemble.
06:18 Un gamin que je ne connaissais pas à deux minutes, on a mis des scotches ensemble et
06:22 quand on agit ensemble, ça y est, on se sent proche.
06:24 C'est pour la télé, c'est une bonne ambiance, c'est dynamique avec le sourire.
06:30 Faire partie d'un collectif et d'une aventure comme ça c'est enrichissant.
06:34 Là c'est vraiment le côté cathédrale en 3D qui moi m'impressionne le plus.
06:39 Ça se passe admirablement bien, c'est assez spectaculaire, c'est gigantesque et tout
06:43 le monde participe, c'est vraiment impressionnant.
06:46 Je ne suis pas d'ici et je suis très heureux de partager ce moment avec les Dinkarcois.
06:50 C'est l'énergie participative, c'est tous ensemble, on peut déplacer des montagnes
06:55 et finalement c'est plein de gens qui ne se connaissent pas et qui font un truc sympa
07:00 ensemble et qui demain vont revenir voir cette œuvre tomber au sol et fêter cet événement
07:09 comme il se doit.
07:10 C'est vraiment un beau projet.
07:11 C'est magistral, on se dit à chaque fois comment il a fait pour démarrer un tel projet.
07:15 Cet artiste c'est vraiment quelque chose de… c'est une espèce de casse-tête chinois
07:21 en même temps, à se demander chaque pièce comment il fait pour les concevoir et faire
07:25 qu'à la fin elle ressemble à l'édifice qu'on voit là.
07:28 C'est une super performance.
07:30 Et puis le côté éphémère renforce le côté exceptionnel et de se dire qu'on participe
07:35 à quelque chose qui ne va durer que 24 heures, c'est vraiment sympa je trouve.
07:39 Un, deux, trois !
07:42 Le monument s'élève une dernière fois, tous les bras réunis soulèvent sans peine
07:48 la tonne et demie de carton qui le constitue.
07:50 Dernière finition, dernier moment de fête avant le lendemain.
07:54 Le dimanche c'est la fin de l'aventure à Dunkerque.
08:09 Une émotion parcourt le public aussi forte que celle de la veille.
08:13 Pour Olivier Grossteedt, c'est au moins la 250ème fois qu'il vit un moment comme
08:18 celui-là et pourtant il ne s'en lasse pas.
08:20 Moi en tout cas, j'y trouve toujours de l'intérêt autant dans la construction
08:25 que dans la démolition.
08:27 Moi je suis toujours fasciné de voir que ça marche parce que c'est quand même à
08:33 chaque fois un des paris.
08:34 La construction elle est chaque fois différente donc je ne sais pas si ça va marcher.
08:38 Moi j'imagine des choses mais quand ça se confronte à la matière il y a toujours
08:45 des surprises et il y a plein d'émotions, plein de vécu à plein d'endroits différents
08:50 et voilà, moi c'est de l'anti-spectacle parce que c'est vraiment une expérience
08:56 collective que je propose aux gens autour d'un jeu.
09:00 C'est un grand jeu de construction et il se passe pas mal de choses.
09:03 Moi ça me fascine à chaque fois.
09:05 Les cartons démantelés, écrasés dans la bonne humeur, rejoignent une benne pour être
09:11 recyclé, probablement en nouveaux cartons d'emballage et peut-être, qui sait, en
09:16 un futur monument éphémère, quelque part ailleurs dans le monde.
09:19 C'est vraiment un jeu de passion.