• l’année dernière
On l’a connu traversant le monde à la recherche des origines des « choses de la vie » dans sa pastille pour Canal +, David Castello-Lopes monte depuis peu sur scène avec son spectacle "Authentique" bientôt à l’Olympia. Entretien par Etienne Campion.

Le magazine Marianne est en kiosques chaque jeudi et disponible en ligne.
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti". Albert Camus
Marianne TV : https://tv.marianne.net/
Marianne.net : https://www.marianne.net/
Facebook : https://www.facebook.com/Marianne.magazine/
Twitter : https://twitter.com/MarianneleMag
Instagram : https://www.instagram.com/mariannelemag/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 David Castello Lopez, bonjour !
00:05 Bonjour Etienne Campion !
00:07 C'est un plaisir de vous recevoir !
00:09 C'est vrai, vous êtes très invité en tout cas !
00:11 C'est un nouveau studio, comment vous le trouvez ?
00:13 C'est très classe, je suis arrivé et j'ai fait "Oh, on se fout pas de ma gueule chez Marianne !"
00:18 On peut faire des petits mouvements de caméra là, il y a des trucs, il y a un prompteur !
00:24 Il y a un prompteur, chics sobre...
00:27 Il y a une lumière un petit peu dramatique...
00:30 C'est bien, je peux vous dire que j'ai fait pas mal d'endroits, c'est dans le peloton de tête du plus chic !
00:37 Merci beaucoup, on va le garder dans cette tenue et avec cette déco !
00:41 Je vous reçois pour votre spectacle "Authentique" qui est un carton absolu !
00:47 Un carton absolu, il y a une petite hiérarchie...
00:51 Non, à mon échelle, par rapport à ce à quoi je pouvais m'attendre, oui !
00:55 C'est quand même un succès à la Gad Elmaleh !
00:58 Non, je pense pas, vraiment, on n'est pas du tout dans les mêmes ordres de grandeur !
01:03 C'est beaucoup plus que ce que j'imaginais, mais vraiment beaucoup moins que Gad Elmaleh !
01:10 Vous allez quand même remplir l'Olympia l'année prochaine ?
01:14 Je ne sais pas si je vais la remplir, j'espère, mais en tout cas je vais faire l'Olympia !
01:18 Vous allez faire l'Olympia avec votre nom de thug ?
01:21 Oui, vraiment j'aimerais tellement dire "ouais, le nom en rouge sur l'Olympia, c'est pas le plus important, je suis un peu au-dessus de ça, tout ça..."
01:28 Je suis pas du tout au-dessus de ça, je suis hyper content qu'il y ait mon nom en rouge sur l'Olympia, vraiment, c'est très bien !
01:34 C'est quand même cool !
01:36 Dans votre spectacle, j'ai eu la chance de voir, moi, puisqu'à l'époque il y avait encore des places,
01:40 vous partez d'une scène où Macron, sur un marché, se retrouve... c'était quelle ville déjà ?
01:48 C'est à Chalon-en-Champagne, c'est la foire de Chalon !
01:50 Donc il arrive, il est ministre de l'économie ?
01:52 Non ! Pardon, si, bien sûr, excusez-moi, bien sûr, il est ministre de l'économie,
01:56 il vient... il s'apprête à annoncer sa candidature à l'après... non, en fait, je pense qu'il vient de démissionner, c'est ça !
02:02 Il vient de démissionner de son poste de ministre d'économie, et il s'apprête très peu de temps après à déclarer sa candidature,
02:08 et c'est un peu la première fois qu'il sort publiquement pour faire un bain de foule dans un endroit un peu central pour les hommes politiques souvent, qui est la foire de Chalon.
02:15 Et donc il croit bon de dire, quand une télé l'interroge, "mais pourquoi vous êtes là, monsieur Macron ?"
02:21 Et il dit "moi je suis là pour voir les vrais gens".
02:24 Ouais, la vraie vie des vrais gens, ouais.
02:25 C'est quoi les vrais gens pour lui ?
02:27 Les vrais gens pour lui, et d'une façon générale pour nous tous, mais peut-être en particulier pour les hommes politiques, et les femmes politiques,
02:34 c'est les gens qui sont ni riches, ni connus, et qui habitent pas à Paris, voilà.
02:41 C'est une façon pour eux de désigner un peu l'ensemble de ces gens-là.
02:46 Et bien sûr, il y a un petit truc condescendant, quand même, c'est-à-dire les vrais gens, voilà, il y a une sorte de petite séparation comme ça.
02:56 Et par ailleurs, moi ce que je pense, c'est qu'il y a une sorte de bon point.
03:01 On s'excuse un peu de pas être un vrai gens en disant aux vrais gens que c'est un vrai gens.
03:05 En fait, c'est ça, c'est genre, on voit vraiment des gens qui sont en phase 2 et qui disent "non mais vous savez, moi j'ai pas beaucoup d'argent,
03:12 et je suis malade, et j'habite à Châlons-en-Champagne", et on leur dit "oui, mais vous êtes vrais".
03:18 Et ça, ça vaut tout l'argent du monde.
03:21 Et je pense pas que ça fait mouche chez les gens auxquels on dit ça, mais voilà, je pense que c'est ça en tout cas qui veut dire qu'on est des vrais gens.
03:28 Et donc c'est tout le thème de votre spectacle, identifier ce qui est vrai pour certains et faux aussi pour les mêmes.
03:36 Et à un moment donné, il y a un truc qui m'a marqué, c'est que vous identifiez cette façon qu'ont les humains à voir le vrai et le faux chez eux à partir d'un bébé.
03:45 C'est-à-dire que le bébé, en fait, il est capable de tromper sa mère quand il fait une colère et qu'il pleure,
03:51 parce qu'il fait une grimace quand il est face à elle, et quand elle le met sur son dos, et qu'il voit qu'il appuie sa mère face à lui, il arrête de faire une grimace.
04:02 C'est-à-dire quoi ? Que le bébé, il est super vicieux, en fait ?
04:05 Le bébé est complètement manipulateur, et il fait genre, quoi. Il fait genre, il est en difficulté, alors que non.
04:15 Et moi, j'ai vu cette scène-là, enfin, je vais raconter quelque chose de vrai, je l'ai vraiment vue dans le métro, cette scène,
04:21 et ça a été vraiment un tournant dans, je pense que, la façon dont je voyais les êtres humains.
04:26 J'ai dit, mais ça commence tellement tôt, tellement tôt de faire genre, quoi.
04:31 De faire genre, ben non, en fait, j'apprends que faire ce truc-là, ça a tel effet que je trouve agréable,
04:37 mais bon, si elle ne me voit pas, je continue à faire le cri, parce qu'il criait aussi, je continue à faire le cri, comme ça, elle entend,
04:43 elle n'a plus besoin de m'embêter à faire la gueule, quoi.
04:47 Ce style que vous développez dans votre spectacle, c'est un mélange de journalisme et d'humour, ça ?
04:54 Oui. Pour ceux qui connaissent ce que j'ai fait par ailleurs, il y a peut-être un peu moins de journalisme qu'ailleurs.
05:01 C'est-à-dire, il y a quand même, il y a plein de choses vraies, il y a des moments assez journalistiques,
05:06 mais dans l'ensemble, il y a quand même moins de journalisme que d'habitude, même s'il y en a, je pense, plus que pour la moyenne des gens qui font des spectacles.
05:12 Le mélange de journalisme et d'humour, il est un petit peu nouveau, un peu original.
05:16 Est-ce que c'est parce que les journalistes ne sont pas drôles ou est-ce que c'est parce que les humoristes ne sont pas intéressants ?
05:22 Comment te mettre mal avec les deux camps, quoi ?
05:24 Comment me mettre mal avec les deux camps ? Je les hais tous.
05:27 Non, non, je... Alors, il y a vraiment plein de journalistes auxquels on ne demande pas d'être drôles, et ce ne serait pas bien qu'ils le soient.
05:33 C'est-à-dire que vraiment, si le présentateur du Vite, Laurent Delahousse, Laurence Ferrari, des gens comme ça,
05:40 commencent à faire des blagues, ce n'est pas possible.
05:44 On leur demande, en fait, quand même, d'incarner dans leur ton, leur posture et la façon dont ils développent leurs phrases,
05:50 quelque chose qui ressemble à la neutralité.
05:53 Et vraiment, c'est assez dur de faire des blagues en transmettant l'idée d'une... enfin, une sorte de vibes de neutralité.
06:01 Donc c'est normal qu'ils n'en fassent pas.
06:03 Après, non, il y a des journalistes qui sont drôles.
06:07 Et même, il y en a plein qui font des blagues, quand même.
06:10 Je pense que Jean-Pierre Pernot, il faisait des blagues, un peu.
06:13 Un peu.
06:14 Des petites blagues honnêtes ?
06:15 Des blagues honnêtes, pas ouf, mais des petites blagues, vous voyez.
06:17 Et après, les humoristes... C'est vrai que souvent, j'ai peut-être été un peu...
06:23 Je peux rester sur ma faim en voyant du stand-up, parce que, en fait, j'ai passé un bon moment, j'ai rigolé,
06:31 puis j'en sors et je fais "attends, mais comment j'ai avancé dans ma perception du monde, mon exil ?"
06:37 Et en fait, c'est dur quand...
06:40 Enfin, voilà, en fait, je pense que j'ai été déçu, j'étais un peu, souvent, de ça.
06:43 Et en fait, quand je sors d'un spectacle de stand-up, j'ai souvent l'impression que c'est...
06:48 En fait, c'est comme si on m'avait fait un massage.
06:50 C'est agréable.
06:51 C'est diverti, mais on s'y croit.
06:52 Oui, mais j'ai pas avancé intellectuellement.
06:55 Souvent. Pas toujours, mais souvent.
06:57 Et j'espère que, dans mon spectacle, c'est pas le cas.
07:00 Et si vous parvenez à mêler ces deux registres, et que vous réussissez,
07:05 est-ce que c'est parce qu'il y avait une demande aussi populaire, au-delà de la vôtre,
07:09 à vouloir réfléchir un peu en rigolant ?
07:12 Bah, je peux qu'imaginer que c'est le cas.
07:14 Enfin, une demande populaire, encore une fois, on n'est pas dans des échelles incroyables.
07:19 En tout cas, pour l'instant, je crois qu'il y a peut-être 10 000 personnes qui ont vu le spectacle,
07:25 et puis il y en a encore, sans doute, un certain nombre de dizaines de milliers qui vont le voir,
07:28 vu ce que je peux voir.
07:30 Et en tout cas, pour ces gens-là, oui, il y avait clairement eu une demande.
07:34 Une demande de moi.
07:36 Une demande de vous, oui.
07:38 Je vais vous poser des questions sur votre vie.
07:40 Oui.
07:41 Parce que vous en parlez beaucoup dans vos spectacles et dans vos sketchs.
07:45 Vous avez raconté dans un média récemment que vous avez longtemps été un bangleur.
07:49 C'était quand, ça ?
07:51 C'était pendant très longtemps.
07:54 J'étais jusqu'à l'âge de 25 ans, quelque chose comme ça.
08:01 Après, encore une fois, il y a des hiérarchies dans les bangleurs.
08:04 Il y a des hiérarchies de bangleurs.
08:06 Moi, je n'étais pas le bangleur en fusion qui vraiment fait...
08:09 Un petit bangleur.
08:10 Voilà, oui.
08:11 Je ne jouais pas aux jeux vidéo en fumant des pétards toute la journée, en faisant rien.
08:15 Je suis allé à l'école, j'avais plutôt des bonnes notes.
08:19 Mais c'est surtout après le bac.
08:24 Pas foutu grand chose au lycée, mais bon, ça s'est passé.
08:27 Et après le bac, je n'ai pas fait des bonnes études, je ne savais pas ce que je voulais faire.
08:32 Justement, vous avez fait des études d'histoire.
08:35 Oui, très longues.
08:36 D.E.A.
08:37 D.E.A.
08:38 Pour personne, on ne sait ce que c'est un D.E.A.
08:39 C'est l'équivalent d'un master de recherche.
08:42 Donc, c'est le début d'une thèse.
08:43 C'était sur quoi ?
08:44 C'était sur la photographie amateur en France depuis 1965, mais pas dans les représentations.
08:51 J'ai étudié les images, c'était du point de vue de l'industrie et des techniques.
08:55 Comment est-ce que la France, en France, ce n'était pas mondial, comment s'est organisée l'industrie de la photographie amateur en France ?
09:02 Polaroïd, les premiers Instamatic dans les années 60, qui est un truc avec machin.
09:08 Je peux arrêter d'en parler ?
09:10 Si, mais c'est votre père qui était photographe.
09:12 Oui, mon père était photographe.
09:14 C'était la première chose que je voulais faire, j'aurais aimé être photographe.
09:18 Et je n'ai juste pas eu le courage de risquer d'échouer.
09:22 Je le voulais très très fort, c'était la chose la plus importante de ma vie.
09:26 Mais je me dis que si j'échoue à ça, je vais être détruit.
09:30 Donc, je ne voulais pas échouer.
09:32 C'est la grande émotion.
09:34 Mais je suis censé en faire de grands liens entre votre père et ce que vous avez fait ensuite.
09:40 Ces études de photos, elles vous ont aidé par la suite ?
09:44 Quand vous avez commencé à vous lancer dans la vidéo ?
09:47 Non, parce que ce n'est pas des études de comment on prend des photos.
09:50 C'est de l'histoire de l'industrie en fait.
09:53 Donc, j'aurais pu faire... Il se trouve que c'était sur un sujet général qui m'intéressait.
09:57 Mais je veux dire, j'aurais pu faire l'histoire de, je ne sais pas quoi, des fabricants de piscines.
10:03 Ça aurait été, du point de vue de la façon dont je traite le sujet, très voisin.
10:07 C'est l'industrie.
10:09 Des gens que personne ne connaît.
10:10 Je ne sais pas qui a été le premier importateur des pellicules Fuji en France dans les années 70.
10:14 Et qu'il y procédait ses quarantaines.
10:16 Des trucs comme ça qui ne sont pas aidés.
10:18 Bon, je n'insiste pas alors.
10:20 De ce point de vue-là, je n'ai pas eu de...
10:22 Vous avez été à Berkeley après ?
10:24 Oui.
10:25 C'est là où vous avez une super carte de visite.
10:27 Oui, la carte de visite.
10:28 Elle était comment cette carte de visite ?
10:30 Elle était genre un pas blanche.
10:33 Vous voyez ? Crème.
10:34 Oeuf un peu ?
10:35 Voilà.
10:36 Oui.
10:37 Je ne sais pas comment...
10:38 Je ne sais pas très...
10:39 Coquille d'oeuf peut-être ?
10:40 Oui, crème quoi.
10:41 Crème.
10:42 Blanc cassé.
10:43 Et avec un papier qui est épais mais qui fait comme ça.
10:47 Et l'encre un peu en relief, très légèrement.
10:51 Quand on passe son doigt, ce n'est pas la même texture.
10:54 Ça accroche un peu le doigt.
10:55 C'est cool, oui.
10:56 C'est vraiment...
10:57 C'est hyper beau.
10:58 Et j'étais hyper fier d'avoir cette carte.
11:00 Plus sérieusement, j'en parle parce que vous parlez de vos études à Berkeley,
11:04 dans le spectacle, à partir de cette carte de visite.
11:06 C'était comment Berkeley ?
11:07 C'était génial.
11:09 Ça a vraiment changé ma vie.
11:10 Et je ne dis pas ça de grand chose.
11:12 Mais j'étais un peu...
11:15 Oui, je veux être journaliste.
11:17 Je connaissais le journalisme français un peu, comme ça.
11:21 Je n'avais aucune exaltation particulière.
11:24 Et je suis arrivé à Berkeley et ça a tout changé.
11:26 J'ai découvert un journalisme que je n'avais jamais vu de ma vie,
11:30 qui était à la fois extrêmement précis et extrêmement littéraire.
11:35 Il y a vraiment ces deux choses qui sont incarnées par les plus grands magazines américains,
11:40 mais en particulier le New Yorker,
11:42 qui est intraitable sur la précision de l'information,
11:46 et en même temps extrêmement littéraire et très beau dans la façon dont c'est écrit.
11:51 Et j'ai fait "mais en fait, c'est grand".
11:55 De ce point de vue-là, et puis après tout un aspect technique aussi.
11:58 J'ai appris à faire du code,
12:00 parce que c'était le moment où on disait "oui, tous les journalistes doivent savoir coder et faire du graphisme".
12:04 C'est le moment des nouveaux formats.
12:05 Exactement.
12:06 La fin des années 2000, tout début des années 2010,
12:09 ça a duré très peu de temps,
12:11 mais c'était le moment où on disait "oui, le nouveau journalisme cool, c'est de faire des web documentaires".
12:16 Et les web documentaires, c'est fou à quel point c'est devenu ringard en trois minutes.
12:21 Alors que c'était le futur.
12:23 C'était quoi un web documentaire ?
12:24 Mais justement, voilà.
12:26 En fait, on galérait à dire ce que c'était.
12:29 Un web documentaire, c'était les trucs qui l'ont incarné le mieux,
12:32 c'était les documentaires dont vous êtes le héros.
12:34 Il y avait un truc qui s'appelait "Prison Valley", je me souviens, qui a eu un prix.
12:38 Et c'était un truc où genre, on rentre dans une pièce,
12:42 "est-ce que tu veux explorer le carnet du journaliste ?"
12:45 Et tu cliquais, et le carnet s'ouvrait comme ça.
12:47 Et on faisait "Waouh !"
12:49 Et en fait, on arrêtait assez vite parce que c'était chiant.
12:52 C'est juste qu'on n'avait jamais vu ça.
12:54 Et en fait, c'est pas parce qu'on n'a jamais vu un truc que c'est bien.
12:57 C'était spectaculaire, mais je pense qu'en fait, les histoires...
13:01 Juste, tes journalistes racontent une histoire du début à la fin, que tu as choisi toi-même.
13:04 Pas besoin de m'impliquer dans tes choix, en fait.
13:06 Donc vous rentrez de Berkeley.
13:08 Je peux pas vous laisser.
13:09 C'est le comeback américain.
13:11 Vous vous passez par l'agence Capa,
13:14 puis vous arrivez au service vidéo du monde.
13:17 Comment ça se passe là-bas ? Est-ce que vous vous introduisez un peu d'humour, ou non ?
13:21 En fait, moi quand j'étais à l'agence Capa,
13:25 alors j'ai commencé par être un larbin éditorial.
13:28 Ça m'a rendu très amer.
13:30 Et donc je me suis dit "Il faut que je fasse..."
13:32 Quand on est amer et un peu humilié,
13:35 dans certains cas, ça peut dégager une envie de "Vous allez voir ce que je..."
13:41 Et c'est ce que j'ai fait.
13:42 Vraiment, j'ai fait un pilote de trucs tout seul, dans mon coin, avec un ami à moi.
13:47 Ça a eu un peu de succès.
13:48 Et j'ai commencé à mettre des blagues à ce moment-là.
13:50 En fait, dès le début, j'ai fait des choses qui étaient vraiment ce que j'avais envie de faire.
13:55 J'ai mis de l'humour dans ce que je faisais.
13:57 Ensuite j'ai fait un truc sur Canal+ qui s'appelait "Le Chiffroscope" pendant des années.
14:00 Qui était une série en dessin animé,
14:03 qui répondait à des questions qui raisonnaient avec l'actualité,
14:07 avec des chiffres, en dessin animé, avec des blagues.
14:10 Et ensuite, quand je suis arrivé au monde,
14:12 quand j'ai été embauché, les gens connaissaient ce travail, déjà.
14:15 Donc en fait, on attendait de moi que j'allège un petit peu, peut-être,
14:19 ce qui se faisait au monde, en tout cas en vidéo.
14:22 Et je pense que, oui, c'est ce que j'ai fait.
14:25 Toujours avec cette idée, mais c'est...
14:28 Ça m'est arrivé de le dire, ça, déjà, mais en gros, il y a deux choses qui m'obsètent.
14:31 C'est genre, ce que j'ai dit sur le journalisme américain.
14:34 C'est, en gros, d'une part, la précision, les chiffres, la fiabilité, tout ça.
14:42 Et d'un autre côté, le divertissement, la blague.
14:45 Alors, j'ai parlé de l'aspect littéraire, quand c'était le New Yorker,
14:49 qui est une façon de créer un peu quelque chose de...
14:51 Enfin, de faire quelque chose de créatif.
14:53 Mais l'un des principaux vecteurs de la même chose, pour moi, c'est la blague.
14:56 Donc, c'est mêler ces deux choses-là.
14:58 Et c'est exactement ce que j'ai essayé de faire au monde
15:00 quand j'y étais avec l'équipe que j'avais avec Olivier Clarence.
15:03 - Et après, c'est l'époque de "Depuis quand ?" - Ouais.
15:05 - Et c'est là que vous m'étiez à questionner, en gros, les origines des objets
15:09 et de choses totalement anodines en apparence.
15:12 Genre le bruit du passe-navigo...
15:14 - Oui, je me suis posé la question, par exemple, déjà...
15:16 Oui, effectivement, de...
15:18 Tiens, quand je passe mon passe-navigo dans le métro,
15:20 ça fait une sorte de bruit qui fait...
15:22 [Bruit de passe-navigo]
15:23 Sauf quand le passe-navigo n'est pas valable,
15:25 auquel cas, ça fait... [Bruit de passe-navigo]
15:27 Et je me suis dit, il y a bien quelqu'un...
15:29 Il y a bien quelqu'un qui a inventé ces bruits-là.
15:31 Et je me suis débrouillé pour le trouver, et je l'ai inventé.
15:33 Il s'appelle Bernard, et je l'ai discuté avec lui.
15:35 Et je jubile, moi, quand je trouve Bernard.
15:38 Et je sais... Alors, il y a plein de gens,
15:40 quand j'ai commencé à faire ça, qui m'ont dit,
15:42 "Mais tu sais que t'es le seul."
15:44 Eh ben, non, parce que visiblement, il y a plein de gens
15:46 que ça exalte aussi de savoir que c'est Bernard
15:48 qui a inventé le bruit.
15:50 - À quel moment vous vous êtes dit, "OK, je vais aller chercher
15:52 l'origine des choses." C'était avec le passe-navigo
15:54 ou avec un autre truc?
15:56 - En fait, c'est depuis toujours, je pense.
15:58 Et c'est des questions d'ailleurs très enfantine, ça.
16:00 Beaucoup d'enfants qui se disent, "Eh, papa, qui c'est
16:02 qui a inventé le bruit?" - Oui, c'est ça.
16:04 - C'est juste que j'ai un peu peut-être continué à me poser
16:06 des questions que les adultes arrêtent de se poser.
16:08 Et le pilote de "Depuis quand?" sur Canal+,
16:12 c'était "Depuis quand ça existe, le café gourmand?"
16:16 Et j'ai retrouvé l'inventeur du café gourmand.
16:20 C'était ça le déclic, parce que j'avais vu...
16:22 Je pense que c'est aussi ça.
16:24 C'est que j'ai vu apparaître le café gourmand.
16:26 Le café gourmand, quand j'étais petit, ça n'existait pas.
16:28 En tout cas, c'était pas du tout mainstream.
16:30 Et brusquement, j'ai vu ce truc arriver sur le menu,
16:32 et à un moment, je me suis dit, "Mais c'est brillant.
16:34 Tu veux pas vraiment un dessert, mais tu veux quand même
16:36 un petit peu un dessert. Wow, tu prends le café gourmand."
16:39 C'est une invention strictement marketing.
16:41 C'est juste que tu fusionnes deux petites choses,
16:44 et tu leur donnes un nom, et tu dis maintenant ça existe.
16:47 Et j'étais... Et je voulais savoir qui c'est qui l'avait fait.
16:50 Et je l'ai trouvé. Il s'appelle Bernard Aussy.
16:52 - Non. - Ben si.
16:54 - Et qu'est-ce qu'il... - Bernard Woodbull.
16:56 - Comment ça lui est venu l'idée?
16:58 - En fait, c'était un consultant marketing
17:00 pour les restaurants. Et il y a une chaîne de restaurants
17:03 qui s'appelle "La Criée", qui est une chaîne de restaurants
17:05 qui fait du poisson. Et il cherchait une façon de...
17:08 C'était un peu un moment où il y avait un peu moins de...
17:11 C'était un peu dur économiquement pour les restaurants.
17:13 Et il cherchait une façon de pousser le café, comme il dit.
17:16 C'est-à-dire de vendre plus de café, parce que le café,
17:18 on fait des grosses marges dessus.
17:20 Et il a trouvé cette idée, Bernard Woodbull,
17:23 en association avec le directeur général de La Criée,
17:26 de dire, "Vas-y, or, vas-y, le café gourmand,
17:29 et ça, c'est la carte de nez." Ils n'ont rien déposé,
17:32 d'ailleurs, je pense... Je sais pas si c'était déposable en soi.
17:35 Mais voilà, en tout cas, c'est parti de là.
17:37 Le ground zero du café gourmand, c'est La Criée.
17:41 - Bon, eh bien, merci, Bernard.
17:43 C'est là que vous développez un vrai style
17:46 qui ressemble à un style d'humoriste,
17:48 dans la façon de faire du stand-up,
17:51 d'interpeller les gens. Moi, j'ai une question.
17:54 Quels étaient les... Quels sont toujours, d'ailleurs,
17:56 les humoristes qui vous ont fait rire ?
17:59 - Euh... En France, vous... - En France, ouais.
18:02 - En France, celui qui me fait le plus rire,
18:05 c'est Jérôme Niel. - Ah ouais ?
18:07 - Ouais, je sais pas si vous connaissez. - J'ai été voir son spectacle.
18:10 - Voilà. - Un peu fou. - Ouais.
18:12 Mais en fait, Jérôme Niel... Jérôme Niel,
18:15 pour moi, il est complètement hilarant.
18:17 Il y a des gens qui disent "c'est n'importe quoi",
18:19 ce qu'il fait. C'est tellement pas n'importe quoi.
18:21 Parce que quand vraiment, on fait n'importe quoi,
18:23 c'est pas drôle. Si je commence à faire
18:25 "guing, guing, guing", soulever la table,
18:27 "fabouééé", machin, c'est pas marrant, en fait.
18:29 - C'est gênant. - C'est qu'en fait,
18:31 il y a un propos.
18:33 Et je sais... Je lui en ai parlé un petit peu,
18:35 parce qu'on se connaît un petit peu maintenant avec Jérôme Niel.
18:37 Et je sais... Je pense pas qu'il fasse ça
18:39 pour avoir un propos,
18:41 mais il y en a un.
18:43 Quand Jérôme Niel, dans une de ses vidéos,
18:45 il fait... Il imite un barman,
18:47 qui... Un barman,
18:49 et c'est un barman qui fait des gestes
18:51 complètement inutiles, en faisant des trucs comme ça,
18:53 des machins, etc. Je veux dire,
18:55 c'est tellement un discours sur ce que c'est qu'être un barman,
18:57 et c'est tellement un truc où...
18:59 Genre, il m'a révélé,
19:01 par ses gestes,
19:03 on pourrait dire en exagérant les traits du barman,
19:05 il m'a révélé des choses
19:07 assez profondes sur les barmans, quoi.
19:09 Et il fait ça, et donc, pour moi, c'est à la fois
19:11 profond et super drôle, et super drôle
19:13 parce que c'est super profond, voilà. Et après,
19:15 sinon, le roi du monde entier
19:17 de l'univers, pour moi,
19:19 et c'est pas très original, c'est Louis Ciquet.
19:21 C'est-à-dire que j'aime pas énormément le stand-up,
19:23 c'est pas une chose que j'aime énormément,
19:25 mais je suis obligé de dire que
19:27 le type que je trouve le plus fort,
19:29 tout type d'art
19:33 confondu dans l'humour,
19:35 c'est Louis Ciquet, qui est dans une catégorie
19:37 que j'aime pas beaucoup, qui est le stand-up. Mais lui, c'est un stand-upper
19:39 pur, et c'est un...
19:41 Et pareil,
19:43 c'est... Normalement, souvent, on dit genre
19:45 "Oui, non, je peux pas être trop profond dans ce que je dis
19:47 parce que ça va nuire à la blague."
19:49 Eh ben lui, c'est le plus profond et le plus drôle
19:51 à la fois.
19:53 - Et dans les français un peu old-school ?
19:55 Les Déproges, les Colus ?
19:57 - Déproges très bons,
19:59 Déproges, bien sûr.
20:01 Déproges, il m'a marqué
20:03 un peu pour ce truc un peu
20:05 d'élégant dans la façon
20:07 de parler, dans un truc un peu
20:09 18e siècle. Du coup, hyper français, aussi.
20:11 C'est très spécifiquement
20:13 français, je pense que ça...
20:15 Contrairement
20:17 à beaucoup d'humoristes, je pense, qui font
20:19 un peu des Etats-Unis moins bien,
20:21 Déproges, c'était un peu, on pourrait dire,
20:23 fondamentalement français. Et qui d'autre, vous avez dit ?
20:25 - Oh, j'ai dû enchaîner sur...
20:27 Non, moi j'ai rien dit en fait. - Coluche, que pensez-vous des...
20:29 Bigard ?
20:31 - Bigard ? Ben, Bigard,
20:33 en fait, j'ai pas...
20:35 J'ai pas beaucoup écouté Bigard,
20:37 mais Bigard, il a fait
20:39 au moins un sketch
20:41 qui est brillant, quoi, qui est celui du...
20:43 C'est pour faire un tennis connard.
20:45 Je sais pas si vous vous souvienez.
20:47 C'est genre...
20:49 Et il révèle des trucs complètement
20:51 cons qu'on dit dans la vie
20:53 de tous les jours, et en particulier ce truc
20:55 de... T'arrives dans un restaurant
20:57 à 20h30 et on dit "c'est pour dîner".
20:59 - Non, c'est pour faire un tennis.
21:01 - C'est pour faire un tennis, connard. Et il trouve
21:03 un certain nombre
21:05 d'exemples comme ça, qui m'ont
21:07 marqué pour toujours. Et alors, il se trouve
21:09 que c'est vraiment un de ces seuls sketchs où y a pas
21:11 bitch chat, couille... - La chèque salope.
21:13 - Voilà, la chèque salope. Après,
21:15 j'avoue qu'il y a une telle
21:17 outrance dans sa vulgarité
21:19 et tellement assumée que
21:21 j'avoue qu'il y a des fois où genre...
21:23 Je rigole. - C'est grave. - Et en particulier,
21:25 y a quelqu'un qui a...
21:27 Y a quelqu'un qui a fait une sorte de
21:29 super cut. Super cut, c'est... On prend
21:31 plein de petits morceaux de choses qui se ressemblent et on les met
21:33 à côté, c'est un truc qui se fait sur Internet,
21:35 et y a quelqu'un qui a fait un super cut de Bigard avec...
21:37 [Rire]
21:39 - Vous savez pourquoi les Portugaises, elles pètent après la
21:41 sodomie ? - Avec des moments
21:43 ultra-bulgaires. [Rire]
21:45 Et je pleurais de rire,
21:47 quoi. Et à chaque fois que je le revois,
21:49 je ris et franchement, je crois que j'ai pleuré de rire
21:51 plusieurs fois. - Je vais vous demander de vous ouvrir le cul,
21:53 les filles, hein ! - Y a un truc,
21:55 c'est... Je sais pas ce que...
21:57 Pourquoi, mais c'est hilarant.
21:59 Alors c'est pas strictement Bigard,
22:01 puisque c'est pas lui qui a fait le cut, mais c'est...
22:03 C'est hyper drôle. - C'est le mec
22:05 qui bouffe le cul d'une pute, il arrive derrière,
22:07 il défouraille, lui met un doigt dans le cul,
22:09 il est mort les couilles !
22:11 Y a des boutons qui se mettent à sucer !
22:13 Ça part ! - En plein dans la chatte,
22:15 là ! - Tu veux me sucer ou que je t'encule ?
22:17 - Le mémoriste old school,
22:19 le mec qui arrive, qui fait
22:21 une heure et demie sur scène, avec
22:23 des blagues sans trop rentrer dans
22:25 des choses profondes. Est-ce que
22:27 c'est pas un modèle qui va, petit à petit,
22:29 décroître ?
22:31 L'impression face au nouveau format...
22:33 - Je pense...
22:35 Je pense pas, parce que, enfin,
22:37 ce truc que je disais que j'aimais pas énormément
22:39 dans le stand-up, c'est souvent genre
22:41 "On a passé un bon moment, mais on a pas avancé."
22:43 Y a plein de gens qui veulent ça.
22:45 C'est très agréable de se faire masser.
22:47 On va pas forcément avoir un spectacle
22:49 pour faire genre "Hm, ah,
22:51 tiens, je suis sorti quelqu'un d'autre."
22:53 Ben non ! J'ai eu une journée difficile,
22:55 ça m'a pas plu,
22:57 j'ai des soucis, des gens sont décédés
22:59 dans ma famille, hop, je vais voir
23:01 quelqu'un, j'ai passé un bon moment, et le temps
23:03 de ce spectacle, c'était cool, quoi.
23:05 Et je pense pas du tout que ça va s'arrêter.
23:07 Je pense même que ça va rester majoritaire.
23:09 - Bon, question un peu plus perso.
23:11 - Ouais ?
23:13 - Connaissez-vous un point commun avec le philosophe Spinoza ?
23:15 - Oui !
23:17 On est tous les deux
23:19 juifs et portugais. - Ah, bravo !
23:21 - Ouais.
23:23 Oui, oui, c'est...
23:25 Lui, c'était pas...
23:27 Il vivait à Amsterdam,
23:29 mais je crois pas que c'était un... - Ouais, un portugais.
23:31 - Mais je crois que c'était pas un portugais de première génération, non ?
23:33 Je crois pas qu'il a...
23:35 Il a jamais vécu au Portugal, Spinoza.
23:37 - Peut-être qu'il était en vacances. - Il était en vacances, oui.
23:39 - C'est important,
23:41 dans votre spectacle, cette dualité
23:43 de... - De...
23:45 - Juif portugais ? - Juif portugais.
23:47 - Bah, oui, je crois qu'il y a un...
23:49 En tout cas, je fais un certain nombre de blagues là-dessus.
23:51 Et...
23:53 Et effectivement, quand on veut faire un certain nombre...
23:55 - Surtout très portugais, les blagues sur les poils...
23:57 - C'est plutôt que je raconte
23:59 ma vie d'enfant portugais,
24:01 et surtout d'adolescent portugais en France,
24:03 où... Oui, en fait, il y a pas de problème,
24:05 on peut faire des blagues sur le fait que le portugais...
24:07 Enfin, il y a une sorte de... C'est une sorte de racisme,
24:09 mais c'est pas grave, en fait, sur la minorité portugaise.
24:11 - Un peu, un adresse. - Après, on pourrait dire que c'est pas un racisme,
24:13 parce que je suis pas une minorité visible.
24:15 En tout cas, c'est une petite... C'est des blagues
24:17 sur une communauté qui passent très bien.
24:19 - Et c'est marrant, la...
24:21 L'hymne du Portugal, en fait, c'est...
24:23 - Ouais. Faudrait pas parler de tout le spectacle, quand même,
24:25 non ? On va spoiler en entier.
24:27 - On le tease, alors, on le spoil.
24:29 - Ouais.
24:31 - Vous avez dit récemment, dans un article,
24:33 "Je suis un taré des archives, j'étiquette,
24:35 je scanne, je trie, j'ai le vertige du temps
24:37 qui passe, une vraie névrose."
24:39 Vous avez des tocs, en fait ?
24:41 - J'ai des tocs, mais ça, c'est pas...
24:43 Il se trouve que j'ai des tocs par ailleurs,
24:45 mais tout ce que vous venez de citer, je pense...
24:47 C'est pas des tocs, c'est des trucs... Bah, en fait, dans la vie,
24:49 il y a des choses qui nous tiennent à cœur.
24:51 Moi, c'est juste de ne pas oublier
24:53 et de pouvoir retrouver. Alors, sans doute que ça vient
24:55 d'une névrose,
24:57 mais qui est que j'ai peur
24:59 de décéder, mais ça, c'est
25:01 très courant, d'avoir peur
25:03 de décéder. Je pense que c'est assez universel.
25:05 C'est simplement que, bah,
25:07 il y a quelque chose qui me rassure
25:09 dans le fait que les choses
25:11 ne soient pas oubliées. Donc, je suis un peu
25:13 hypermésique, moi-même,
25:15 mais par ailleurs, effectivement,
25:17 je fais ça. C'est-à-dire que tout est classé.
25:19 Les photos, en particulier.
25:21 Toutes mes photos, j'en prends beaucoup, depuis toujours,
25:23 même bien avant l'iPhone.
25:25 Je mets... C'est tout
25:27 classé dans des petits dossiers, avec la date,
25:29 donc je peux retrouver les trucs assez facilement.
25:31 Mes archives sont
25:33 très bien classées. Oui, je garde
25:35 un grand nombre de choses
25:37 d'une façon un peu fétichiste.
25:39 Je me calme un peu avec le temps.
25:41 Quand j'étais petit, je gardais
25:43 des vieux paquets de gâteaux,
25:45 avec un gâteau dedans,
25:47 parce que je me disais...
25:49 J'avais vécu des bons moments liés à ce paquet
25:51 de gâteaux, et je voulais...
25:53 Et si je finissais le paquet de gâteaux, c'est comme si le moment s'arrêtait.
25:55 Donc je voulais que ça se poursuive indéfiniment,
25:57 et je gardais des paquets de gâteaux
25:59 avec un gâteau dedans. Exactement pour
26:01 cette raison. Donc je suis un peu moins taré
26:03 que quand j'avais 8-10 ans.
26:05 Dans une de vos vidéos,
26:07 vous acquérez un chat sans poils.
26:11 Oui. Vous l'avez toujours ?
26:13 Il va comment ?
26:15 Il va comment ? Il va bien.
26:17 Oui, je faisais... En fait, j'ai fait
26:19 "Quand ça existe, les chats sans poils",
26:21 et pour cet épisode, j'ai acheté un chat sans poils.
26:23 Pour une blague, donc.
26:25 Mais le truc, c'est qu'ensuite, qu'est-ce qu'on fait ?
26:27 C'est un être vivant, il faut le respecter.
26:29 Donc je l'ai gardé, effectivement. Il va bien.
26:31 Il est quand même
26:35 très laid.
26:37 Mais est-ce qu'il est gentil ? Il est adorable.
26:39 Mais franchement,
26:41 je pense que c'est un des chats
26:43 les plus adorables que j'ai vus.
26:45 Et donc ça va un peu avec.
26:47 C'est quelqu'un qui était un peu différent
26:49 comme ça, et qui dit genre "Mais je suis gentil".
26:51 Il y a des gens qui ont une réaction vraiment définitive
26:55 de genre "Je veux pas que cet être vivant
26:57 s'approche de moi
26:59 de près ou de loin", ce qui est quand même vraiment pas sympa.
27:01 Mais ils font ça. Il a été confronté à d'autres chats,
27:03 et genre les autres chats,
27:05 vraiment, ils sont racistes.
27:07 Ils sont racistes. Et genre toi, t'as pas de poils,
27:09 t'es pas mon ami, jamais. Je veux pas. J'aime pas
27:11 les chats comme toi. Tu dégages.
27:13 C'est triste. C'est hyper triste. Je sais pas s'ils
27:15 s'en rendent compte au degré où on s'en rend compte nous, mais...
27:17 Mais c'est...
27:19 Mais est-ce qu'il est doux, quand même, comme les autres chats ?
27:21 Bah il est doux comme quelqu'un
27:23 qui aime quelqu'un de glabre
27:25 peut être doux. C'est pas la douceur
27:27 de la fourrure. C'est la douceur
27:29 d'une peau nue, quoi.
27:31 Pas particulièrement douce, d'ailleurs.
27:33 Mais ça va.
27:35 Mais c'est vrai que si on recherche dans un stat genre
27:37 les côtés peluches, c'est mort.
27:39 Et apparemment, vous êtes
27:41 expert en chiens aussi. Vous avez dit être un
27:43 chasam à yinches. Chasam à yinches, ouais.
27:45 C'est quoi votre yinche préféré ?
27:47 Mon yinche ? Ah, bonne question.
27:49 Bonne question.
27:51 En fait,
27:53 j'ai eu un chien.
27:55 J'ai tanné mes parents pendant
27:57 toute mon enfance pour avoir un chien. Ils me l'ont donné trop tard,
27:59 au début de l'adolescence, j'en ai plus rien à foutre.
28:01 Et donc je pense que je suis pas occupé. Mais
28:03 il reste que j'aimais quand même beaucoup,
28:05 Sarah, c'est le beagle.
28:07 Le beagle, c'est...
28:09 C'est Snoopy. Alors,
28:11 c'est vrai que quand on dit Snoopy est un beagle, ça va pas vous aider à
28:13 reconnaître un beagle par ailleurs, parce que Snoopy est complètement
28:15 difforme, il a un corps grand comme ça et une tête
28:17 qui fait 60 fois la taille de son corps.
28:19 C'est pas le cas des beagles. Mais c'est un beagle.
28:21 Parce que le beagle, c'est un chien
28:23 qui est relativement petit.
28:25 Il fait cette taille-là, à peu près.
28:27 Mais il a une gueule de yinche, quoi.
28:29 Il est pas...
28:31 C'est pas genre...
28:33 C'est comme des petits jouets, quoi.
28:35 C'est un chien
28:37 qui a une vraie gueule de chien,
28:39 plus petit. J'adore ça.
28:41 Après, ils sont un peu cons.
28:43 Vous pensez quoi des Parisiens qui achètent tous
28:45 des chiens comme un accessoire ?
28:47 Genre les Shibas,
28:49 les petits chiens tout mignons, mais qui viennent du Japon.
28:51 Les Pumkis.
28:53 Le mélange de Husky et de Loulou de Pomerani.
28:55 Je pense quoi de ça ?
28:57 C'est devenu un truc,
29:01 si on parle d'authenticité, justement.
29:03 Oui, mais ça fait très longtemps, ça.
29:05 Avant, c'était Chihuahua, quoi.
29:07 Oui, mais ça fait...
29:09 Toutes ces races
29:11 qui sont nées au 19e siècle
29:13 pour des raisons esthétiques,
29:15 c'était des trucs de gens chics urbains
29:17 qui...
29:19 qui les utilisaient
29:21 comme accessoires.
29:23 Je pense pas du tout que ce soit nouveau.
29:25 Moi, c'est pas un truc...
29:27 Je le ferais pas, quoi.
29:29 Mais je me dis, pourquoi pas ?
29:31 C'est genre, oui,
29:33 t'as acheté une veste
29:35 et t'as un chien qui va bien avec ta veste.
29:37 Oui, c'est superficiel.
29:41 C'est peut-être pas une bonne raison d'acheter un être vivant,
29:43 mais c'est pas honteux, quoi.
29:45 Bon, je me lente, peut-être, au compréhendage.
29:47 Et Dieu dans tout ça ?
29:49 Et Dieu dans tout ça ?
29:51 Je crois pas personnellement
29:53 en Dieu,
29:55 mais je crois pas non plus,
29:57 je suis pas sûr non plus que y ait pas quelque chose de ça.
29:59 Enfin, vraiment,
30:01 c'est un peu...
30:03 C'est un peu présomptueux,
30:05 je pense, de penser que y a
30:07 rien qui ressemble de près ou de loin
30:09 à une volonté supérieure de faire des trucs.
30:11 Mais vraiment, alors après,
30:13 ce qui est sûr, c'est que j'ai l'idée que ce soit
30:15 un monsieur avec une barbe,
30:17 ou plutôt autre chose...
30:19 Ou peut-être qu'il a une moustache.
30:21 C'est ça qui me paraît...
30:23 Pour le coup, ça me paraît plus présomptueux,
30:25 encore, de penser que, bah non, il est comme ça.
30:27 Mais, voilà, en tout cas,
30:29 je dis pas qu'il existe pas.
30:31 - Vous êtes stressé sur scène, c'est une question qui me taraude,
30:33 parce que souvent, y a des gens qui ont l'air
30:35 super détendus,
30:37 et en fait, ils disent "non, je suis stressé sur scène".
30:39 Est-ce que vous êtes comme ces gens-là ?
30:41 - Non, je... Enfin, bien sûr,
30:43 la première fois que j'ai fait le spectacle,
30:45 j'étais, mais, ultra stressé,
30:47 comme très rarement je l'ai été dans ma vie.
30:49 C'est-à-dire que, genre, j'étais derrière,
30:51 je savais que je rentrais dans deux minutes,
30:53 et je sentais mon cœur qui battait, et il battait tellement...
30:55 Mais je me suis dit "mais en fait, il doit battre à 180, là".
30:57 C'est vraiment...
30:59 Il se passe rien.
31:01 C'est-à-dire que je suis pas en train de...
31:03 Je cours pas, c'est vraiment
31:05 juste le stress.
31:07 Et il battait tellement fort que je...
31:09 Ça appuie...
31:11 Je peux les compter les fois où ça m'est arrivé dans ma vie, ça.
31:13 Ou genre, ça tape, et ça appuie sur les poumons,
31:15 et je souffle un peu à chaque battement de cœur.
31:17 Donc là, oui,
31:19 terrorisé. Mais
31:21 maintenant, au bout d'une quarantaine
31:23 de représentations,
31:25 petit stress avant,
31:27 genre, pfff...
31:29 Faut y aller, mais non, je suis plus stressé
31:31 sur scène.
31:33 - Petite question, pour finir, vous avez
31:35 fait un interview avec Chad Gpitty.
31:37 Est-ce que c'était mieux qu'avec nous ?
31:39 - C'était beaucoup moins bien qu'avec vous.
31:41 Je fais une blague,
31:43 mais oui, c'était beaucoup moins bien.
31:45 Il était pas super fort, encore.
31:47 Après, le truc, c'est que j'ai vu que ça va très très vite.
31:49 Il s'améliore très très vite.
31:51 Donc je pense que
31:53 peut-être pas si longtemps, il pourra être...
31:55 - Il vous a fait une blague, je crois.
31:57 - Ouais. - Pour dire...
31:59 sur les donuts. - Ouais, ouais.
32:01 Rien n'allait, quoi.
32:03 - Est-ce que t'as...
32:05 Oui, j'ai dit à un ami de déclarer mes impôts,
32:07 il a déclaré ses impôts, mais il a pas
32:09 déclaré sa passion pour les donuts.
32:11 - Mais vraiment, tout était foiré
32:13 dans cette blague, quoi. - Peut-être qu'un jour,
32:15 l'intelligence artificielle fera mieux ?
32:17 - Non, mais, bien sûr.
32:19 C'est juste que je pense que c'est un peu un des derniers trucs.
32:21 Parce que y a un truc
32:23 dans l'humour,
32:25 je pense que c'est quand même
32:27 fin. Donc ça marche, en tout cas.
32:29 Il pourra faire des mauvaises blagues.
32:31 - Des blagues carambars, quoi. - Oui, des blagues carambars.
32:33 Les appeler, ils voient le mécanisme,
32:35 il leur prend.
32:37 Mais après, y a toujours le truc que ça peut être drôle,
32:39 parce que c'est pas drôle.
32:41 C'est-à-dire que, genre,
32:43 "C'est l'histoire de deux homosexuels
32:45 qui vont dans le..."
32:47 Tu vois, s'il fait une blague de comptoir
32:49 comme ça, mais avec cette voix-là,
32:51 ça serait drôle qu'il fasse des...
32:53 - Ça va me faire rire personne.
32:55 Mais on peut imaginer que ça le soit.
32:57 - Qu'il fasse des blagues de bigard.
32:59 - Oui, voilà. La chatte.
33:01 - Bon, merci beaucoup, David Castello-Lopez.
33:03 - On peut dire "chatte" ?
33:05 - On peut dire "chatte".
33:07 - Non, c'est plus lugaire. - On verra. On le fera peut-être.
33:09 - La pipe.
33:11 - Merci beaucoup, David Castello-Lopez.
33:13 Je rappelle que, bon,
33:15 vous êtes en tournée, mais tout est plus ou moins
33:17 complet. - Non, non, non.
33:19 Il reste plein de places à Bourg-les-Valences.
33:21 - Ah, ça, c'est très...
33:23 Autant dire qu'il y a plein de...
33:25 - Oui, non, mais plein d'endroits.
33:27 Au Havre, Besançon, il y a plein de villes
33:29 dont on peut aller.
33:31 À Paris, c'est, pour l'instant,
33:33 le 13 juin... Pardon, le 6 juin 2024.
33:35 - Le 6 juin 2024, oui.
33:37 - À l'Olympia, les places seront en vente
33:39 le 13 juin de cette année.
33:41 - Bon. Eh bien, merci beaucoup.
33:43 - Merci.
33:45 [Musique]
33:48 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

Recommandations