Emmanuel Macron, le spectre du troisième mandat

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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse à l'hypothèse d'un changement de Constitution pour permettre un troisième mandat à Emmanuel Macron.

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Transcript
00:00 7h, 9h, Dimitri Pablenko.
00:03 L'édito politique sur Europe avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézet.
00:07 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:09 Alors on revient une fois de plus sur cette interview accordée par Richard Ferrand à votre journal Le Figaro.
00:14 Au cours de cet entretien Alexis, l'ancien président de l'Assemblée nationale,
00:18 s'étonne, s'indigne, s'inquiète, aimerait que la constitution change
00:26 afin que le président puisse accomplir plus que deux mandats successifs.
00:30 Alors depuis c'est la valanche sur les réseaux sociaux et dans l'opposition,
00:34 on accuse Richard Ferrand de préparer le terrain à une troisième candidature d'Emmanuel Macron.
00:39 Est-ce que c'est seulement possible Alexis ?
00:42 Sur le papier, je dis bien sur le papier Dimitri. Oui c'est possible.
00:46 Il suffirait de réviser l'article 6 de la constitution modifiée par Nicolas Sarkozy en 2008,
00:52 article qui limite à deux le nombre de mandats successifs pour qu'Emmanuel Macron puisse,
00:57 en théorie, se présenter une troisième fois.
00:59 Seulement voilà, la politique ce n'est pas de la théorie, elle ne s'écrit pas sur le papier,
01:03 elle se fait dans la vraie vie et dans la vraie vie il y a 0,0000, 100 sur 100,
01:09 qu'Emmanuel Macron, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain puisse faire aboutir ce type de révision.
01:15 Examinons une seconde le processus.
01:17 Déjà, il faudrait que le texte soit voté dans les mêmes termes à l'Assemblée au Sénat.
01:21 Or, je vous rappelle qu'Emmanuel Macron n'a pas la majorité absolue à l'Assemblée
01:24 et qu'il n'a pas la majorité du tout au Sénat.
01:27 Donc, d'entrée de jeu, l'affaire est cuite.
01:29 Il faudrait ensuite un référendum.
01:31 Vous imaginez Emmanuel Macron disant au pays,
01:33 « Je vous demande à tout état, tous, le droit de faire un troisième mandat ».
01:37 Mais par les temps qui courent, s'il fait plus de 10%, il aura de la chance.
01:41 Et s'il ne veut pas passer par le référendum, il doit passer par le congrès de Versailles
01:44 où il lui faudrait une majorité des 3/5ème de l'Assemblée et du Sénat.
01:47 C'est absurde, c'est totalement impossible.
01:49 Donc, si les cris d'orfraie contre la dérive monarchique,
01:53 la tentation tyrannique du pouvoir sont de bonne guerre,
01:56 le procès fait à Richard Ferrand est un mauvais procès.
01:59 C'est pas la peine de jouer à se faire peur avec le spectre du troisième mandat.
02:04 Dans la réalité, il ne peut pas prolonger Emmanuel Macron.
02:08 - Alors si Richard Ferrand sait tout cela,
02:11 pourquoi remet-il malgré tout cette question sur le tapis ?
02:14 - Parce qu'il dit ce qu'il pense, tout simplement.
02:16 En politique, on cherche des solutions compliquées,
02:19 on ne veut pas avoir l'air naïf, on joue les esprits forts,
02:21 des airs chèques, chaque déclaration publique,
02:24 on traque l'arrière-pensée, le double fond, le fin calcul, la subtile stratégie.
02:29 Mais en fait, les choses sont souvent beaucoup plus simples que ce qu'on dit.
02:32 Et en l'occurrence, Richard Ferrand a livré le fond de sa pensée.
02:36 Et il me semble, Dimitri, au risque de passer à vos yeux
02:39 pour un agent sournois avec l'andestin du macronisme,
02:42 qu'il ne manque pas d'arguments.
02:43 - Non, non, rassurez-vous, vous passez juste pour Alexis Brézet.
02:46 Vous voulez dire qu'on n'aurait pas dû limiter à deux
02:49 le nombre de mandats consécutifs qu'un président de la République peut effectuer ?
02:51 - Bah, d'abord, sur le plan des principes, c'est évidemment, comme le différent,
02:55 une limite imposée à la libre expression de la souveraineté populaire.
02:59 Après tout, si les Français, un jour, par miracle, étaient contents de leur président,
03:04 au nom de quoi ne pourrait-il pas le réélire autant qu'il veut ?
03:07 On peut réélire un maire, un député, un sénateur indéfiniment.
03:10 Pas un président. Pourquoi ?
03:13 Ensuite, très concrètement, et ça, Richard Ferrand ne le dit pas,
03:16 mais cette disposition a pour effet de saper en profondeur
03:19 l'autorité politique du président reconduit,
03:22 dont la succession, par le fait, se trouve ouverte le soir même de sa réélection.
03:26 Alors je sais bien, on nous dit "ah mais comme il ne se représente pas,
03:28 il est libre d'agir, de réformer".
03:30 Mais en vérité, il n'est pas libre. On n'est jamais libre.
03:33 Il est faible. Et chaque jour qui passe, l'affaiblit un peu plus.
03:37 Vous savez, on parle beaucoup, et à juste titre, de l'absence de majorité absolue.
03:41 Mais c'est surtout cette interdite constitutionnelle
03:44 qui bouche l'horizon politique du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
03:47 Disons que c'est en quelque sorte le cadeau empoisonné que lui fait Nicolas Sarkozy.
03:51 Merci beaucoup Alexis Brézet, l'édito politique sur Europe 1.
03:55 Et à la Une du Figaro ce matin, le grand découragement des maires de France.

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