Mardi 20 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Aurore Ruffier (Responsable des partenariats entreprises, Emmaüs Défi) et Antoine Guichard (Responsable RSE, Heppner)
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00:00 Le débat de ce Smart Impact, je vous présente tout de suite mes invités. Antoine Guichard, bonjour, bienvenue.
00:12 Vous êtes responsable RSE chez Epner, à vos côtés Aurore Ruffier, bonjour, et bienvenue à vous aussi, responsable des partenariats d'entreprise d'Emmaüs.
00:21 Défi Epner, on va commencer par présenter cette entreprise, entreprise de transport et logistique, une ETI familiale. J'ai lu, bientôt centenaire, c'est ça ?
00:29 Oui, bientôt centenaire, c'est la quatrième génération aujourd'hui, présidée par Jean-Thomas Schmitt. Nous sommes spécialistes de transport, des échanges internationaux au départ et à la destination de la France.
00:39 Aujourd'hui, Epner, c'est 3600 collaborateurs, près de 63 millions de colis qui sont livrés dans le monde.
00:46 Et puis, on a passé la barre symbolique du milliard d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière.
00:51 Avec tout ça aussi, quelque chose qui nous motive, c'est notre raison d'être aussi. On s'est doté d'une raison d'être il y a maintenant deux ans,
00:57 qui est encourager l'esprit d'entreprise auprès de toutes nos parties prenantes sur l'ensemble de nos territoires où nous sommes actifs.
01:03 Et donc, voilà, c'est aujourd'hui une fierté d'être là pour parler de Epner.
01:08 Avec des actions environnementales pour baisser le bilan carbone, on en dira un mot. Et puis, évidemment, un engagement sociétal, c'est pour ça que vous êtes là, tous les deux.
01:16 Aurore Ruffier, je veux bien que vous nous redisiez, on en a déjà parlé, mais quelle est la mission d'Emmaüs Défis au sein de l'association, au sein de ce mouvement
01:24 qui est devenu Emmaüs, l'association créée par l'AVP.
01:27 Emmaüs Défis, c'était une volonté en 2007 d'aller plus loin sur les causes de l'exclusion qu'a toujours combattue Emmaüs,
01:35 en pouvant justement aller inventer de nouvelles façons de contrer les problématiques dont on était témoins depuis longtemps dans notre combat contre la pauvreté, pour le logement, etc.
01:48 Et parmi ces innovations sociales, l'une d'entre elles, c'est la Banque solidaire de l'équipement. C'est sur ce programme-là qu'on s'est retrouvés avec Etner.
01:58 Alors, c'est quoi ?
01:59 Alors, la Banque solidaire de l'équipement, c'est un dispositif qui aide les personnes qui n'en ont pas les moyens à équiper leur logement.
02:07 Notre action, elle repose sur la collecte d'équipements de la maison invendus auprès d'entreprises, dans une démarche d'anti-gaspillage solidaire.
02:16 Et puis, elle va générer deux choses. D'une part, on va lutter contre la précarité matérielle qui cause du mal-logement et on va également créer de l'emploi en insertion.
02:25 Et on va y revenir évidemment en détail. Etner qui a décidé de soutenir Emmaüs des filles. Alors, grâce à quoi ? Quelles actions ? Quel engagement ?
02:34 En fait, c'est un partenariat qui commence à dater de 2017. C'est un de nos actionnaires qui avait pris contact avec Emmaüs, M. Christophe Schmitt.
02:41 Et on a commencé vraiment à s'engager dans la démarche en 2019. On a participé à l'opération qui s'appelle Super Noël.
02:48 On a collecté des jouets auprès de nos collaborateurs en Ile-de-France et on a commencé à collecter deux palettes de jouets qu'on a amenés à Emmaüs.
02:56 Et maintenant, le partenariat grandit. C'est près de 180 palettes qu'on distribue à titre gracieux ou à petit prix, prix solidaire pour l'association.
03:06 Pas seulement des jouets ?
03:07 Non, pas seulement des jouets. Il y a des besoins de transport, de mobilier, etc. Nous sommes là pour leur apporter un soutien logistique, mais aussi un soutien financier.
03:17 Il y a des dons financiers qui se font. Et on a également aussi engagé, depuis cette année, le mécénat de compétence.
03:24 C'est-à-dire qu'on a des collaborateurs qui vont donner du temps en tant que bénévoles.
03:29 À l'instant même où je vous parle, on a des collaborateurs qui sont chez Emmaüs pour participer à des actions de la journée qu'on appelle "canapé",
03:36 pour donner du temps à participer à des actions de manutention et de logistique dans les entrepôts d'Emmaüs.
03:41 J'imagine que c'est sur la base du volontariat. Il y a combien de collaborateurs d'Eppner qui participent finalement ?
03:48 C'est la première année qu'on lance, donc c'est un peu un test pour nous en Ile-de-France.
03:52 Ça va faire à peu près 30 collaborateurs qui vont participer sur trois journées.
03:56 Pour l'instant, c'est seulement en Ile-de-France ?
03:57 Pour le moment, oui. Dans tout ce qui est action RSF, c'est la politique des petits pas. Il faut tester et voir si ça marche.
04:03 L'idée ensuite, c'est qu'on développe ça au niveau national. Il y a Emmaüs aussi dans la région nord, dans la région de Toulouse, dans la région de Lyon.
04:11 On voudrait aussi déployer ça plus tard.
04:13 Pour nous, c'est aussi important parce que les collaborateurs aujourd'hui sont en quête de sens.
04:18 Ils veulent vraiment participer à ces actions de solidarité.
04:22 C'est vrai qu'aujourd'hui, on dit qu'un 50% des collaborateurs ne souhaitent pas travailler pour un employeur qui n'a pas d'engagement fort socialement et environnementalement.
04:31 Il faut aussi que l'entreprise soit là pour répondre à ce besoin.
04:33 Nous aussi, ça nous intéresse pour nous engager et pour contribuer à une société plus durable.
04:37 D'accord. Qu'est-ce que ça vous apporte, Aurore Ruffier ?
04:39 Ce partenariat-là, ensuite, on parlera plus généralement des entreprises.
04:42 Là, concrètement, puisqu'on voit bien qu'il y a une sorte de montée en puissance, c'est vous qui définissez vos besoins, qui les faites passer à votre interlocuteur chez Eppner ?
04:55 Oui. Il y a une belle écoute dans notre partenariat.
04:59 Globalement, aujourd'hui, quand on est confronté à un problème, on sait qu'on peut solliciter nos partenaires.
05:05 Ils n'auront pas forcément la solution, mais Eppner va toujours chercher au moins à regarder si, en interne, il y a quelque chose qui peut nous aider.
05:13 Ce qui est précieux dans notre partenariat, c'est qu'on ne s'en rend pas forcément compte, mais derrière un fonctionnement associatif comme celui de la Banque soviétique d'équipement,
05:23 il y a énormément de logistique, du stockage, du transport.
05:26 Avoir des professionnels de ces métiers-là derrière nous, c'est très important pour pouvoir mettre en place nos actions.
05:32 Ça représente quelle quantité d'objets à stocker, à transporter ?
05:46 On va être sur 2500 palettes à peu près par an aujourd'hui.
05:52 Sachant que c'est 2500 palettes, c'est autant de litreries, de mobilier, de petits équipements de cuisine, de salles de bain, etc.,
05:58 qui vont bénéficier à 5000 personnes aujourd'hui par an.
06:02 Depuis la création de la Banque soviétique d'équipement, c'est 28 000 personnes au total qui ont été accompagnées.
06:07 Et avec des objets qu'il faut parfois réparer, est-ce que ça fait partie de la mission des Moïses d'Effet ?
06:11 C'est une bonne question. Non. Dans le principe de la Banque soviétique de l'équipement,
06:16 l'idée était de permettre aux personnes qui ont connu la rue ou les hébergements temporaires
06:22 et qui enfin accèdent au graal d'un logement de pouvoir s'équiper le plus dignement possible.
06:27 C'est pour ça qu'on a été chercher les entreprises sur leurs invendus, leurs fins de série,
06:31 peut-être des petits défauts qualité ou des emballages abîmés, mais en tout cas des produits qui étaient encore neufs.
06:36 C'était le but de pousser plus loin une tradition ancienne au sein des Moïses, qui est celle des dépannages solides.
06:43 Est-ce que la loi vous aide ? Parce qu'on sait maintenant que de plus en plus de secteurs,
06:47 les entreprises ne peuvent pas détruire leurs invendus. Donc vous êtes une sorte de débouché naturel ? Est-ce qu'on peut dire ça ?
06:55 En vérité, c'est peut-être plus compliqué que ça.
06:59 C'est compliqué, oui, effectivement. Quand on s'est lancé, le gaspillage était massif.
07:04 Un de nos objectifs, c'était de réduire ça, de le détourner pour le bien commun.
07:11 Et aujourd'hui, avec la loi AJEC, il y a quand même eu une incitation pour les entreprises à s'organiser autour de ces produits
07:18 qui n'étaient pas valorisés. On va au contraire davantage les intégrer. On va essayer de les suivre mieux.
07:26 On va essayer peut-être de les revendre. Il y a aussi des entreprises qui créent leurs propres sites de seconde main, etc.
07:33 C'est très intéressant ce que vous nous dites. Ça tarie un tout petit peu votre flux.
07:38 C'est ce que je comprends bien. Je dis un tout petit peu, peut-être que c'est plus que ça, d'ailleurs.
07:42 En même temps, c'est le reflet d'une belle évolution sociétale.
07:45 Parce qu'il y a la limitation du gaspillage et de l'autre, ça montre aussi que la consommation a changé.
07:51 Ça devient acceptable pour un consommateur, mais aussi pour l'entreprise, de vendre quelque chose qui va être dégradé, mais à un plus petit prix.
07:57 Mais effectivement, pour les associations, ça réduit le gisement de dons.
08:02 Antoine Guichard, je voudrais qu'on parle aussi des actions environnementales d'Epner.
08:07 Parce que quand on est un groupe de logistique, j'imagine, je ne vais pas faire votre audite, mais vous avez dû le faire,
08:14 c'est les transports, c'est vos camions qui pèsent le plus lourd dans votre bilan carbone. Ça semble logique.
08:19 Oui, oui, c'est quasiment 80% de notre bilan carbone, c'est la route. 97% c'est le transport.
08:26 Donc c'est vraiment un enjeu. L'enjeu climat-énergie pour le secteur du transport, c'est vraiment ce qu'il y a de plus important en termes environnementaux.
08:34 Là, ça fait quatre ans qu'on fait notre bilan carbone. Et là, il y a des premières progressions qui sont palpables.
08:40 C'est qu'on commence à diminuer notre scope 1 et scope 2.
08:44 Vos émissions directes.
08:46 Vos émissions directes, celles de notre flotte et puis celles qui sont liées à nos bâtiments également.
08:51 Parce qu'on a mis en place un mix énergétique au sein du groupe et on a aussi dédié une direction de la transition énergétique qui pilote ça de façon très engageante.
09:01 Et on a aussi une responsabilité vis-à-vis de nos sous-traitants. L'un scope 3 aussi, c'est des émissions en direct.
09:07 Donc on a aussi mis en place un pacte de transition énergétique pour embarquer l'ensemble de nos sous-traitants dans cette transition énergétique.
09:14 Qui ne dépend pas uniquement des transporteurs mais qui dépend aussi des constructeurs, qui dépend aussi des collectivités.
09:20 Donc il faut, voilà, c'est un ensemble de la chaîne de valeur qui nous permettra de décarboner notre activité.
09:27 Alors je reprends le début, c'est-à-dire votre flotte de camions.
09:30 Ça se fait petit à petit, on ne va pas remplacer, je ne sais pas combien de camions vous avez ?
09:35 C'est 270 aujourd'hui.
09:37 On ne va pas tous les remplacer pour les passer, je ne sais pas d'ailleurs à quoi, à l'hydrogène.
09:40 C'est quoi la solution technique la plus efficace pour vous ?
09:45 Alors il n'y a pas de solution technique la plus efficace.
09:47 Ce qu'on s'aperçoit c'est vraiment le mix énergétique qui est vraiment la solution.
09:51 Aujourd'hui, en fonction du lieu où vous êtes implanté, il y a parfois des énergies qui sont disponibles d'autre part.
09:58 Donc il faut qu'on s'adapte, qu'on soit agile en fonction des territoires où nous sommes implantés.
10:02 Il y a aussi des contextes géopolitiques qui font qu'à un moment, par exemple le gaz, c'était assez compliqué.
10:08 Donc il faut s'adapter, il faut être agile.
10:10 On a du gaz, on a du biocarburant, du XTL.
10:13 On fait des tests aussi avec l'électrique, l'hydrogène.
10:16 On a rejoint une coalition il n'y a pas si longtemps que ça.
10:19 Donc voilà, on teste et puis on avance et on progresse et surtout on réduit.
10:23 Et dans vos entrepôts également, parce que ça aussi, ça participe du bilan carbone d'une entreprise.
10:28 Vous en avez beaucoup des entrepôts ?
10:30 Alors c'est près d'une centaine de sites aujourd'hui, Epner.
10:33 Donc oui, on a mis en place aussi tout un plan de sobriété énergétique.
10:38 Et donc pareil, il y a aussi des gains qui sont palpables aujourd'hui.
10:41 C'est quasiment moins de 14% de consommation d'énergie en moins par rapport à l'année dernière.
10:46 Donc on a en plus des référents énergie dans nos agences.
10:51 Et puis on a des outils de pilotage qui nous permettent de suivre en direct des consommations énergétiques,
10:57 de façon à les contrôler, à les maîtriser.
10:59 Dans le but, bien entendu, de réduire au maximum nos actions.
11:03 Mais ça prend du temps.
11:04 Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
11:07 On passe à notre rubrique Start-up tout de suite. C'est parti.