Espagne : Hermel "pas rassuré" par rapport au niveau global de cette génération

  • l’année dernière
L’Espagne a remporté la Ligue des nations en venant à bout de la Croatie en finale, ce dimanche à Rotterdam. Au terme d’un match cadenassé, conclu aux tirs aux buts (0-0, 5 tab à 4), la Roja a remporté son premier trophée depuis 2012. Mais pas de quoi rassurer Fred Hermel quant au niveau global de cette génération.
Transcript
00:00 0-0, l'Espagne qui gagne un nouveau titre.
00:03 Fred Hermel est là. Salut Fredo !
00:05 - Ça faisait longtemps. Hola chicos !
00:07 - Tu sais quoi, c'est depuis 2012 que l'Espagne n'a pas gagné un titre.
00:10 - Bah oui, c'était les trois titres de la grande époque.
00:13 L'Euro, le Mondial, l'Euro. Après, des illusions, des illusions.
00:18 Et ce soir, une équipe d'Espagne, on va dire courageuse, avec pas mal de vétérans
00:23 qui l'étaient, on va dire, peut-être moins belle à voir techniquement que la Croatie.
00:29 Mais ça fait un petit titre et ça permet à celui qui allait être viré s'il ne gagnait pas,
00:35 Luis de la Fuente, le sélectionneur, de continuer l'aventure à la tête de la sélection,
00:39 même si au sein de la fédération, beaucoup de gens voulaient s'en débarrasser.
00:42 - C'est important, cette Ligue des Nations d'Espagne ?
00:44 - Non, non, non. Après, depuis 2012, ça fait un moment maintenant.
00:50 Ça fait 11 ans sans titre, donc ils sont ravis.
00:52 Mais surtout, ça rassure sur le management de Luis de la Fuente.
00:57 Il semblait qu'il y avait des... En tout cas, c'est ce que filtraient les légendes de la fédération à la presse,
01:03 des joueurs qui n'étaient pas d'accord avec ses méthodes de travail, etc.
01:07 Sincèrement, sur le terrain, on a vu des joueurs totalement impliqués et totalement derrière leur coach.
01:12 Donc c'était sûrement des fausses rumeurs, comme certains dirigeants dans les clubs et dans les pays
01:16 s'affairent pour essayer de savonner la planche des entraîneurs.
01:20 Mais voilà, je ne suis pas rassuré par rapport au niveau global de cette génération.
01:26 Ce soir, on voit quand même que celui qui met le penalty, le tir au but,
01:31 gagne en C. Carvajal, qui est un vétéran.
01:34 Et tout comme l'Italie, le 11 de départ, la ligne de défense, c'est deux Français,
01:38 et un joueur de 34 ans et un joueur de 37 ans.
01:41 Donc voilà, on est très, très loin d'une grande génération espagnole.
01:46 Voilà, on fait... Luis de la Fuente, le sélectionneur, fait ce qu'il peut avec ce qu'il a.
01:51 - T'as un vieux terrain de classe mondiale avec Rodrigue, Gaby, Péry.
01:54 Mais le problème, c'est que les autres postes, c'est quand même dévasté.
01:57 Offensivement, c'est d'une tristesse.
01:59 - Mais est-ce que ce n'est pas le problème, d'ailleurs, numéro un,
02:01 parce que tu en as souligné certains avec ta description de la défense,
02:05 à l'exception du milieu, comme a dit Jonathan.
02:07 Mais on retrouve ces moments, même quand il y a de la possession très correcte,
02:11 stérile, avec toujours cette idée de...
02:14 On retrouve en gros ce défaut de ne pas tirer, de ne pas conclure.
02:18 Et alors, finalement, ça s'est fini avec quoi ?
02:20 Ça s'est fini par moment avec les centres d'Alba et une tête de Morata et une autre de...
02:26 J'ai oublié.
02:27 Et voilà, quoi.
02:29 Au final, c'est que les occasions, c'est pas forcément sur les actions les moins construites.
02:33 Et les actions les moins construites sont jamais terminées par un tir ou par un truc décisif.
02:37 - Ce soir, les actions construites et les combinaisons, elles étaient cotées crottes.
02:41 - Et est-ce que, Fred, tu penses pas que vous êtes en train de payer, avec un peu de retard,
02:45 un retard qui, somme toute, est logique, le fait d'avoir basculé à un moment
02:48 dans cette ère de jouer sans numéro 9 et que, du coup, ça a créé, avec du retard,
02:52 une espèce de très gros vide générationnel à ce poste-là ?
02:55 - C'est vrai qu'il n'y a pas de grand numéro 9 en Espagne, là, depuis un moment.
03:00 - Depuis David Villa ?
03:01 - Bah, ouais, enfin, Thorez, David Villa, depuis Thorez Villa.
03:05 Après, depuis, il n'y a plus de numéro 9 de joueur à France.
03:08 - Mais c'est un problème de formation avec ce dogme du faux 9 ou c'est vraiment...
03:12 - Non, je pense que c'est une baisse globale du niveau de la formation,
03:18 enfin, de la génération spontanée, voilà.
03:20 C'est-à-dire qu'on travaille toujours bien dans les clubs,
03:23 mais il y a moins de bons joueurs qu'avant, c'est tout.
03:26 Ça se sent en club aussi, je veux dire.
03:29 C'est pas parce que l'Espagne a moins d'argent qu'elle attire moins de grands joueurs étrangers,
03:32 qui est une des raisons de la baisse de niveau de ces dernières années.
03:35 C'est aussi que le niveau moyen du genre espagnol a baissé par rapport à certaines années.
03:40 - Tu ne penses pas que ce n'est pas le niveau qui a baissé,
03:42 mais plutôt le paradigme de jeu qui a changé,
03:44 le fait qu'on ait basculé dans une ère avec un football qui est quand même beaucoup plus physique et rapide,
03:48 que ça ne correspond pas aux caractéristiques intrinsèques classiques du joueur espagnol ?
03:52 - Pourquoi ? Parce qu'en Espagne, on a toujours misé sur les petits joueurs techniques.
03:56 Voilà, oui, il y a peut-être un retard dans ce choix-là aussi.
03:59 Après, physiquement, les Espagnols, c'est aussi génétique,
04:03 ils sont moins grands que les autres.
04:05 Enfin, bon, ça se compense aujourd'hui avec les joueurs plus récents.
04:08 Mais voilà, les Espagnols sont naturellement moins grands et moins forts physiquement.
04:15 Et puis surtout, il y a un goût pour la technique qui fait qu'on préfère un petit joueur technique.
04:18 Je rappelle que Griezmann avait été refusé en France et qu'il a été accueilli des bras ouverts en Espagne.
04:24 Donc oui, l'Espagne a dominé le monde avec un certain type de joueurs,
04:31 et on est passé à une toute autre période.
04:34 Moi, je pense que le basculement, c'est qu'en Liverpool, il est champion d'Europe.
04:37 Là, on est vraiment dans le football de transition.
04:42 Je pense que là, on a vraiment autre chose.
04:44 Un football beaucoup plus vertical, aujourd'hui, l'Espagne reste horizontale,
04:49 mais avec beaucoup moins de talent qu'avant pour pratiquer ce jeu-là.
04:52 Et puis voilà, Asensio est un bon joueur, par exemple.
04:55 Je ne comprends pas pourquoi ce soir, il n'essaye pas de tirer.
04:58 Il a essayé un petit peu, mais alors que c'est vraiment l'une des meilleures frappes de cette équipe d'Espagne.
05:03 Et puis Morata, il fait ce qu'il peut, mais Morata est un bon joueur.
05:07 Si vous regardez cette équipe-là ce soir, aujourd'hui où on parle,
05:11 il n'y a qu'un seul joueur qui est dans le top 3 mondial, voire le top 5 mondial, c'est Rodri.
05:16 Qui est d'ailleurs, une nouvelle fois, assez impressionnant,
05:19 parce que par rapport, je voulais faire un point, Jules Gilbert, sur le fait de ce 0-0,
05:23 qui n'était pas un très bon match.
05:25 Ça va, après un match de fin de saison, ça allait quand même.
05:28 Oui, mais c'est...
05:29 Tu l'as pas aimé ?
05:31 Non, j'ai pas aimé, mais non, si tu as ton curseur normal, là vous dites,
05:35 pour un match de fin de saison, c'est justement là où je voulais en venir.
05:38 Je pense que c'est quand même un peu dévastateur.
05:40 Moi, j'étais content de voir des matchs de foot Ligue des Nations,
05:43 parce que là, on avait arrêté d'en voir.
05:45 Le mois de juin, foot international, t'as vu, on est en train de dire,
05:50 "Waouh, c'était pas trop mal pour un mois de juin."
05:52 Franchement, match international entre la Croatie et l'Espagne,
05:55 une Croatie qui a bien pas mal joué, mais pas très dangereuse,
06:00 et qui défend beaucoup, y compris Modric, les joueurs offensifs défendent beaucoup.
06:04 C'est une culture qui est d'ailleurs intéressante.
06:06 Et l'Espagne, on vient d'en parler, qui ne sait pas finir ses actions,
06:09 t'as 0-0, mais honnêtement, avec plein de déchets techniques,
06:13 alors que t'as des équipes techniques.
06:15 Oui, alors ça, pour moi, c'est...
06:17 Moi, c'est très international, le mois de juin.
06:19 Je suis d'accord.
06:20 Moi, ce qui m'inquiète en Espagne, c'est la baisse du niveau technique
06:24 du joueur moyen espagnol.
06:26 On a quand même baissé.
06:28 [SILENCE]

Recommandée