Francesco Maselli, correspondant de l’Opinion en Italie, détaille les ambitions de Giorgia Meloni pour Forza Italia après la mort de son fondateur, Silvio Berlusconi
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00:00 pour le Parti populaire européen,
00:02 avoir un parti de Forza Italia qui explose
00:05 et donc avoir effectivement une hégémonie conservatrice en Italie,
00:08 ça pourrait être un problème,
00:10 parce que ça rend la position de Meloni
00:12 plus forte aux tables des négociations.
00:14 Le parti Forza Italia risque de disparaître
00:20 parce que c'est un parti personnel, charismatique,
00:22 axé sur la figure, sur la personne de Silvio Berlusconi.
00:28 C'est intimement lié à son parcours politique,
00:30 c'est le parti qu'il a fondé en 1994,
00:33 ça a été pour plusieurs années le premier parti d'Italie.
00:37 Et comme il n'y a pas vraiment un corpus idéologique
00:41 autour de Berlusconi,
00:42 mais c'est vraiment sa personne qui allait prendre les voix,
00:45 et bon, sans Berlusconi,
00:47 pour les électeurs, ça sera compliqué de voter
00:50 pour un coquille qui risque d'être vide.
00:52 Et en plus, c'est un parti que les analystes définissent
00:55 un parti de fils unis,
00:56 c'est-à-dire toutes les personnes qui avaient des rapports personnels
00:59 avec le leader,
01:00 qui changeaient les rôles,
01:02 pouvaient changer de bureau politique dans une semaine
01:04 sans rien demander à personne.
01:06 Et donc, il y avait cette relation personnelle,
01:07 mais entre eux, il n'y a pas forcément de communauté de destin.
01:11 Et donc, c'est ça un peu le problème de Forza Italia.
01:13 Et ensuite, il y a aussi le problème financier
01:15 parce que étant un parti personnel
01:17 presque propriété privée de Berlusconi,
01:20 c'était le cavalieret qui garantissait sa sauvabilité financière
01:23 autour de 100 millions d'euros.
01:25 Donc, il y a une dette de 100 millions d'euros
01:27 qui doit être remboursée par le parti à la famille de Berlusconi.
01:30 Et donc, ça sera maintenant la famille à décider
01:33 si l'investissement est encore un investissement profitable
01:36 à niveau politique pour la famille
01:38 ou s'il faut se désengager.
01:40 Aujourd'hui, Giorgia Meloni a un problème,
01:47 c'est-à-dire qu'elle doit garantir la stabilité de son gouvernement.
01:50 Son gouvernement se base sur trois axes,
01:52 sur trois parties de l'Alliance des droites
01:54 et son parti, Favaldi-Dalli,
01:56 qui est la partie plus conservatrice.
01:58 Il y a la Ligue, qui est un parti un peu plus populiste,
02:00 si vous voulez.
02:01 Et ensuite, il y a Forza Italia,
02:03 qui est la partie plus modérée, centriste, européenne.
02:06 Et la coalition marche
02:08 parce qu'effectivement, il y a ces trois jambes.
02:10 Donc, le risque pour Meloni,
02:11 c'est de voir une des trois jambes complètement explosée.
02:14 Et donc, ça pourrait poser des problèmes d'équilibre
02:17 à l'intérieur de la coalition.
02:19 Pour l'instant, Meloni voudrait garantir le statut
02:21 pour essayer de maintenir en vie,
02:23 avec Antonio Tajani,
02:24 qui est un peu le coordonnateur de Forza Italia,
02:27 jusqu'aux européennes Forza Italia,
02:30 pour essayer quand même
02:32 de récolter quelques députés européens
02:35 et pour montrer que, oui, Berlusconi est mort,
02:38 il n'est plus là, mais la coalition est solide.
02:40 Mais à plus long terme,
02:41 le projet de Giorgia Meloni, en fait,
02:43 c'est de transformer cette coalition
02:45 dans un grand parti conservateur
02:48 qui s'inspire un peu aux conservateurs britanniques,
02:50 mais aussi aux crétins démocrates allemands.
02:53 Donc, un parti de droite modérée,
02:55 capable de rester dans les cercles du pouvoir,
02:57 capable de garantir aussi l'establishment européen,
03:00 parce que Giorgia Meloni vient d'un parti
03:02 qui est un peu anti-système maintenant.
03:04 Elle est en train de se modérer,
03:06 mais elle a besoin d'une ultérieure évolution.
03:07 Donc, l'idée, c'est effectivement d'absorber Forza Italia,
03:10 de prendre l'héritage de Berlusconi
03:12 vers un parti plus modéré.
03:18 C'est intéressant ce qui se passe en Italie pour Bruxelles,
03:20 parce qu'en fait, le Parti populaire européen
03:23 avait dans Forza Italia
03:24 l'un des plus importants patrouilles de députés à Bruxelles.
03:28 Et le fait que Forza Italia risque de disparaître,
03:30 évidemment, c'est un problème.
03:32 Il y a aussi une question de négociation
03:34 qui se joue en ce moment, effectivement,
03:36 entre le Parti populaire européen
03:37 et notamment Manfred Weber et Antonio Tajani,
03:41 qui veulent élargir l'alliance
03:44 qui gouverne aujourd'hui l'Europe
03:46 aux conservateurs qui sont guidés justement
03:48 par Giorgia Meloni et le groupe Issiar,
03:51 où elle siège à Bruxelles avec les Polonais.
03:53 Et effectivement, pour le Parti populaire européen,
03:56 avoir un parti de Forza Italia qui explose
03:59 et donc avoir effectivement une hégémonie conservatrice en Italie,
04:02 ça pourrait être un problème,
04:04 parce que ça rend la position de Meloni
04:06 plus forte au tableau des négociations.
04:08 Et donc, ce sera intéressant de voir
04:10 si Forza Italia tient vis-à-vis des équilibres de Bruxelles.
04:13 Et c'est important aussi pour les libéraux,
04:15 parce qu'en fait, l'idée de Matteo Renzi
04:18 et des libéraux, des alliés de Renaissance,
04:20 de "New Europe", d'Emmanuel Macron,
04:22 c'était absorber une partie,
04:24 la partie plus centriste, plus modérée de Forza Italia
04:26 et essayer de prendre une partie de l'héritage de Berlusconi
04:30 pour faire un gros groupe centriste en Italie.
04:32 Or, pour l'instant, les centristes n'y arrivent pas
04:35 et ça sera intéressant de voir si, effectivement,
04:37 la mort de Berlusconi ouvre un boulevard aux centristes
04:40 pour absorber l'électorat plus modéré.
04:42 Pour l'instant, cela n'a pas été le cas,
04:44 mais la politique évolue rapidement en Italie
04:46 comme partout d'ailleurs.
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