Le corps de Karine Esquivillon, disparue depuis le 27 mars, a été retrouvé dans un bois en Vendée, après les aveux de son mari. L'arme du crime, un fusil, a aussi été retrouvée. Michel Pialle plaide la thèse de l'accident.
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00:00 Retour sur le plateau de première édition, il est 8h20, c'est évidemment l'information de la nuit.
00:03 Le corps de Karine Esquivillon a été retrouvé il y a quelques heures après les aveux de son mari Michel Pial en garde à vue.
00:11 Mourad Batik, avocat pénaliste, est avec nous. Bonjour.
00:18 Bonjour.
00:19 Merci d'être là aux côtés d'Alexandra González du service Police-Justice de BFMTV
00:23 et nos envoyés spéciaux en Vendée, quelques heures donc après la découverte du corps de Karine,
00:28 disparue depuis le 27 mars dernier.
00:31 Maxime Brandstetter, vous êtes sur les lieux de la découverte du corps de Karine Esquivillon à Chaland.
00:37 On est en Vendée, on est à une dizaine de kilomètres du domicile conjugal.
00:41 Et c'est là que s'est rendu en pleine nuit un convoi de la gendarmerie
00:46 qui a quitté la gendarmerie de la Roche-sur-Yon sous vos yeux vers 3h cette nuit.
00:50 Exactement, un convoi. Vous en voyez un bout derrière moi.
00:55 Alors en fait, on ne peut pas aller plus loin.
00:56 Vous voyez, les gendarmes nous bloquent. Il y a des gendarmes qui empêchent les gens de passer.
01:00 Derrière, un peu plus loin, il y a des enquêteurs avec des brassards qui sont là en train de travailler.
01:05 Le convoi, il ferait semblablement qu'on a vu partir cette nuit.
01:08 Il est arrivé par là, derrière nous.
01:10 Derrière nous, il y a un bois, le fameux bois où a été retrouvé le corps de Karine Esquivillon cette nuit.
01:16 On sait que Michel Pial est passé aux aveux cette nuit, qu'il a expliqué.
01:21 Il raconte que c'est un accident, qu'il nettoyait son fusil et que le coup est parti tout seul.
01:26 Et a tué Karine Esquivillon.
01:29 Donc voilà, c'est suite à ces aveux que les gendarmes sont venus ici.
01:32 Les aveux, d'après nos informations, sont vers 2h du matin et le convoi part vers 3h.
01:37 Donc il y a fort à parier que c'est sur les indications de Michel Pial que les gendarmes ont pu se rendre ici.
01:43 On peut aussi vous informer qu'ils n'ont pas fait que retrouver le corps de Karine Esquivillon.
01:47 Ils ont aussi retrouvé l'arme du crime, un fusil qui était jeté dans une rivière.
01:52 Une rivière qui s'appelle La Vie, qui passe par Maché.
01:55 Donc voilà, ici, après avoir disparu le 27 mars, on a donc retrouvé Karine Esquivillon,
02:01 malheureusement le corps de Karine Esquivillon, dans le bois qui se trouve derrière moi.
02:05 Mais attention quand même, puisque à l'heure où l'on parle, évidemment Michel Pial, lui, parle d'accident.
02:11 Alors évidemment, les réactions sont déjà nombreuses,
02:14 beaucoup d'émotions évidemment dans les entourages de la famille de Karine et notamment de ses proches.
02:21 Même s'ils ont conservé très peu d'espoir,
02:24 c'est un choc ce matin, notamment pour le premier mari de Karine Esquivillon.
02:28 J'ai été informé par nos enfants à 7h ici, à 7h-5h, l'heure de Paris.
02:34 On était anéantis, tristes et très révoltés.
02:41 On gardait une lueur d'espoir, mais on savait, malheureusement,
02:46 on était conscients de la finalité de cette affaire depuis longtemps.
02:51 Dès le départ, dans la mesure où quand les enfants m'avaient prévenu,
02:56 ils m'avaient donné sa version, mais les versions étaient différentes.
03:00 Déjà, il y avait beaucoup de soupçons, c'est impardonnable ce qu'il a fait.
03:05 Depuis le départ, il a toujours menti.
03:07 Quelles que soient les circonstances, de toute façon, ça reste, comme je l'ai dit, monstrueux et impardonnable ce geste.
03:14 Il reste impardonnable.
03:16 Il laisse derrière lui, elle laisse derrière elle 5 enfants.
03:21 Et franchement, c'est vraiment difficile à vivre pour nous.
03:28 Et même n'ayant très rarement qu'une fois revu mon épouse ce matin, j'étais anéantie.
03:34 - 5 enfants. Malgré ces contradictions, Alexandra Pial a résisté quand même pendant 2 mois et demi.
03:41 Et à un moment, donc, en garde à vue, il craque.
03:44 Qu'est-ce qui le fait craquer ?
03:46 - On sait que des éléments de téléphonie ont été déterminants dans cette audition
03:52 lors de laquelle il a fini par craquer, par parler d'un accident.
03:56 C'est ce qu'il dit à ce stade.
03:58 Il dit que le tir était accidentel, le tir qui a tué Karine Esquivillon.
04:02 Ces éléments de téléphonie, il s'agit notamment d'un SMS qui, dit-il,
04:08 avait été envoyé depuis le portable de Karine Esquivillon le 27 mars, jour de sa disparition,
04:13 justifiant son départ volontaire.
04:16 Elle disait "J'en ai marre de vivre en couple, je pars".
04:19 C'est ce texto qui lui faisait dire ensuite à son entourage et aux gendarmes
04:23 "Regardez, elle est partie volontairement, elle me l'a dit, mais je m'inquiète,
04:26 ça fait plus d'une semaine qu'elle n'est pas revenue".
04:27 Or, en réalité, les enquêteurs ont découvert que ce texto a été envoyé bien avant, puis effacé.
04:33 Ça a forcément mis la puce à l'oreille des enquêteurs qui ensuite l'ont confronté,
04:37 notamment à cet élément de téléphonie, mais pas que.
04:39 - Des enquêteurs qui ont commencé à ne plus croire à cette thèse de la disparition volontaire.
04:43 Là encore, à cause d'une histoire de téléphone, quand le maire de la commune
04:46 avait retrouvé le téléphone portable de Karine dans un fossé, sans la carte SIM.
04:52 - Et en excellent état.
04:53 Il l'avait retrouvé, la vitre était intacte, absolument pas sale,
04:57 comme si le téléphone portable venait d'être posé là, alors que,
05:00 s'il s'agissait d'un départ volontaire, il aurait pu être là depuis un moment dans ce fossé.
05:05 - Alors maître Baptiste, il va falloir désormais démonter,
05:08 prouver que ce que dit évidemment Michel Pial est vrai,
05:12 l'accident, ce sera sa ligne de défense.
05:15 Comment va-t-on procéder pour vérifier si ça tient ou pas ?
05:18 - Effectivement, c'est presque là que tout commence maintenant pour l'institution judiciaire,
05:21 parce qu'il va falloir reconstituer le puzzle.
05:23 Il va falloir confronter la version du mis en cause à la réalité factuelle,
05:30 aux expertises qui vont avoir lieu.
05:31 Et donc les expertises, elles sont de deux ordres.
05:33 Il va y avoir les expertises techniques, où tout de suite on va le confronter
05:37 au résultat de l'expertise notamment sur le fusil, puisqu'il explique que c'est un accident.
05:41 Et donc là, très pragmatiquement, on va prendre le fusil et on va tester la gâchette
05:45 pour voir si effectivement il y a une résistance normale ou anormale,
05:49 si effectivement lorsqu'on appuie sur la gâchette, ça correspond et ça répond
05:53 à une résistance dite normale, ou si effectivement la gâchette part très rapidement,
05:58 pour le dire dans des termes très simples.
06:01 Ça, ça va être la première expertise qui va revenir.
06:03 Et puis parallèlement à ça, on va évidemment expertiser psychologiquement
06:07 et psychiatriquement la personnalité du mis en cause pour voir si le contexte
06:13 dans lequel il évolue psychologiquement est un contexte sain,
06:16 ou si effectivement il peut présenter des troubles qui pourront peut-être
06:20 altérer le discernement du mis en cause.
06:22 Ce qui va être important dans cette expertise psychiatrique,
06:24 c'est la fameuse notion de mythomanie.
06:26 La mythomanie est un trouble psychiatrique.
06:29 Est-ce que ça va être une des pistes dans l'expertise qui sera menée sur Michel Pial ?
06:35 Dans un cas spécifique comme celui-ci, c'est effectivement quelque chose
06:39 qui va être approfondi parce qu'on sait, dans le vécu du mis en cause…
06:43 - A priori, je vais vous le mettre, à l'arrivée au tribunal du convoi des gendarmes,
06:48 ces gendarmes qui depuis exactement 48 heures et 2 minutes,
06:54 ont interrogé Michel Pial, dont on imagine qu'il se trouve dans un de ses véhicules.
07:00 En arrivant au palais de justice de la Roche-sur-Yon, Alexandra González,
07:03 que va-t-il se passer ?
07:04 Il va être présenté aux deux juges d'instruction qui sont en charge de cette enquête,
07:08 qui vont l'interroger, c'est ce qu'on appelle l'interrogatoire de première comparution.
07:12 C'est là où il va devoir se défendre.
07:14 Peut-être va-t-il encore varier de version à l'issue de cet interrogatoire.
07:18 En tout cas, il sera mis en examen et, on l'imagine, placé en détention provisoire.
07:23 Là, il arrive donc dans ce convoi de gendarmerie.
07:27 Il est à l'intérieur de l'un de ses véhicules.
07:29 - Peut-être.
07:30 - Peut-être.
07:33 - En tous les cas, on est devant le tribunal judiciaire où il doit arriver pour être présenté,
07:39 je vous le disais, à ses magistrats qui sont en charge de ces investigations.
07:43 - Et devant le juge d'instruction, il aura trois possibilités.
07:46 Il pourra soit répondre aux questions, il pourra garder le silence
07:50 ou il pourra faire une déclaration spontanée, c'est-à-dire qu'il va déclarer
07:54 quelque chose spontanément et on ne pourra pas, les magistrats instructeurs,
07:57 en tout cas aujourd'hui, ne pourront pas lui poser de questions
08:00 et devront noter ces simples déclarations.
08:03 - Images en direct du palais de justice de La Roche-sur-Yon
08:05 où vient d'arriver le convoi de gendarmerie.
08:08 Vous êtes sur place, Dominique Marie ?
08:09 - Oui, effectivement, on a vu il y a tout juste quelques minutes arriver ce convoi à vive allure
08:16 avec visiblement un homme à l'arrière, sous une couverture.
08:19 Alors, on peut supposer évidemment qu'il s'agit du suspect Michel Piaille
08:23 qui, vous le disiez, va être présenté à un juge d'instruction sous peu.
08:26 La suite du parcours, on la connaît, elle ne fait pas vraiment de doute pour lui.
08:30 Il va effectivement être présenté à ce juge d'instruction, ça ne va pas durer très longtemps
08:34 et il sera nécessairement mis en examen et on suppose aussi,
08:37 vu la gravité des faits, puisque là on parle d'un meurtre possible,
08:42 que ce sera évidemment un placement en détention dans la foulée ici.
08:47 - Si on s'en tient vraiment au fait, Maître, lorsqu'on regarde la ligne de défense
08:51 qu'envisage de toute évidence Michel Piaille, il plaide l'accident,
08:56 un accident certes, mais pendant deux mois, il garde le silence
09:01 et il continue de dire que sa femme est partie, qu'il n'a pas d'explication.
09:06 C'est une défense qui va être, semble-t-il, difficile à tenir, non ?
09:10 - Oui, alors en réalité, c'est pour ça que les expertises vont être fondamentales dans ce dossier
09:13 parce que la réalité, c'est qu'il peut s'agir d'un accident
09:16 et après un individu peut mal réagir face à cet accident.
09:19 Il peut être pris de panique, ne pas avoir les bons réflexes,
09:22 se dire que peut-être il va être mis en cause et donc faire absolument n'importe quoi,
09:26 ne pas avoir les bons réflexes. Ça, c'est une hypothèse, c'est une piste.
09:29 La seconde piste, c'est la piste du meurtre ou de l'assassinat,
09:32 donc l'idée de préméditation, l'idée de prévoir à la fois le meurtre,
09:36 à la fois l'assassinat et de cacher le corps.
09:39 Et donc ça, ce qui va nous éclairer là-dessus, c'est les expertises qui vont rentrer au dossier,
09:44 notamment les expertises techniques.