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Mercredi 14 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Patrick Guérin (Directeur de la Gestion, Bordier & Cie à Paris)

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00:00 [Musique]
00:10 Parlons marché, marché action à présent avec Patrick Guérin, directeur de la gestion de Bordier et compagnie à Paris, qui est avec nous en plateau également. Bonjour Patrick.
00:17 Bonjour Grégoire.
00:18 Merci beaucoup d'être avec nous. C'est la grande question technique du moment depuis que le S&P 500 notamment a repris 20% et plus par rapport à son point bas d'octobre 2022.
00:30 Est-ce qu'on est dans la fin d'un bear market rally qui aura été impressionnant ou est-ce qu'on est au début d'une nouvelle histoire qui s'appellerait « bull market » Patrick ?
00:41 La question n'est pas facile à répondre. J'ai l'impression que le marché a envie d'y croire. C'est clair qu'aujourd'hui la dynamique est clairement en faveur de la poursuite de la hausse.
00:52 Donc ça veut dire déjà concrètement que ne pas suivre cette dynamique nous mettrait en difficulté potentielle, même si en effet depuis le début de l'année le parcours, vous l'avez souligné, est impressionnant.
01:04 Et si comme ça a probablement déjà été dit ici, la hausse s'est concentrée sur un nombre extrêmement limité de valeurs, moins de 10, donc ça complexifie encore l'exercice puisque par définition quand on est gérant privé, notre métier, je dirais la base de notre métier c'est de diversifier nos risques.
01:27 Donc hors de question d'être exposé à seulement cette valeur dans un portefeuille, pour parler des Etats-Unis, ou à un indice, par exemple l'indice du luxe, je parle du CAC, qui serait effectivement quelque chose qu'on pourrait nous reprocher.
01:44 Bon, ça c'est le constat. Donc on fait quoi avec ça ? Déjà je pense que comme ça a déjà été souligné ici auparavant, les valeurs de la tech américaine, je parle des big, des méga cap, présentent ce caractère défensif qui fait qu'on peut difficilement rester à l'écart.
02:04 Oui, mais c'est un point important Patrick. Évidemment on ne peut pas tout mettre sur cette valeur, mais c'est quand même déjà important d'être confortable avec la valorisation, les perspectives, les prix qu'on peut avoir pour ce groupe de valeurs.
02:19 Bien sûr, on a tous en tête le parcours de ces valeurs en 2022.
02:24 Je les cite, c'est les GAFA, Microsoft, Nvidia, Tesla, voilà c'est les 7 magnifiques aujourd'hui qui font quasi 100% de la performance du S&P 500 depuis le début de l'année.
02:34 Juste peut-être pour préciser ce point, sur les 500 valeurs du S&P 500, mécaniquement ça veut dire qu'il y en a 493 qui font un parcours moins fluorescent on va dire, et si on résonne en équipes pondérées, parce que c'est aussi important de le voir, la performance est de 13% pour le S&P et elle est seulement de 4% en équipes pondérées.
02:56 Donc déjà ça resitue un peu le sujet, mais encore une fois la diversification elle est indispensable.
03:02 Donc on n'oublie pas, parce que quand on gère on a aussi un oeil sur le passé, on n'oublie pas les performances de 2022.
03:09 Donc les valeurs dont on vient de parler se sont crashées littéralement, donc ont perdu entre -40, -50, parfois même plus.
03:16 Donc on pourrait dire que finalement ce n'est qu'un phénomène de rattrapage, mais il se trouve que pour des raisons qui tiennent notamment à leur caractère défensif, qui tiennent aussi au fait que ce sont des entreprises qui délivrent de la croissance, qui sont cash, qui ont dans leur bilan, qui ont une diversification aussi à l'intérieur de leur business, ce sont des éléments qui rassurent.
03:42 Alors bien sûr on raccroche à ça l'actualité de l'intelligence artificielle évidemment, qui n'a fait que contribuer à apporter du carburant à ces valeurs.
03:53 Mais nouvelle perspective pour dire les choses.
03:55 Oui bien sûr, mais la hausse elle ne date pas du mois d'avril. Ce que je veux dire c'est que si on est aujourd'hui à peu près à 40% en moyenne de hausse duur to date sur ces valeurs, c'est un phénomène qui a été progressif et qui résulte, comme vous l'avez très bien dit tout à l'heure, d'un sentiment que quelque part on est au bout du chemin sur le parcours de resserrement monétaire de la Fed.
04:19 Et donc ça génère forcément quelque chose qui rassure pour les investisseurs par rapport à cette inquiétude de valorisation.
04:26 Très clair.
04:27 Donc ça c'est des éléments qui nous incitent, on n'est pas obligé, mais qui nous incitent à conserver des positions non nulles, pour le dire politiquement, sur la Tech US.
04:40 On gère le poids de ces valeurs dans les portefeuilles, on ne peut pas avoir des pondérations trop importantes, mais par contre on est toujours content de ce que peut apporter ce groupe de valeurs.
04:49 On est content de ce que ça peut apporter et en plus on se pose systématiquement la question bien sûr de dire que fait-on avec un portefeuille que l'on construit ? Est-ce qu'on inclut dans ce portefeuille aussi ces valeurs ?
05:02 La réponse est oui, parce que c'est impossible de faire autrement.
05:05 Après il y a certaines d'entre elles, pour ne pas la citer, Nvidia, où aujourd'hui compte tenu de son parcours depuis le début de l'année, il serait probablement un peu irréaliste de remettre encore un peu dans les portefeuilles, parce que là ce serait très très stable.
05:19 On ne s'est pas réveillé plus tôt et le faire maintenant c'est dire qu'on a raté quelque chose.
05:22 Bien sûr.
05:23 Voilà, ça c'est un premier point. Deuxième point, ce que je constate aussi c'est que, alors c'est un phénomène qui est relativement récent, mais la hausse notamment aux Etats-Unis a tendance un peu à concerner aussi d'autres segments de marché.
05:39 Par exemple, même si c'est très récent, les small et les mid-cap, le Roussel 2000 enfin se réveille.
05:47 La semaine dernière a été une semaine, alors est-ce que c'est un tournant durable ou pas, mais pour la première fois on a vu cet indice des valeurs moyennes américaines surperformer, même le Nasdaq.
05:58 Oui, donc on est à peu près sur cet indice des valeurs moyennes US, alors de croissance, on est à 9%, 8% et en year to date on monte 9%, mais c'est évidemment un retard très important par rapport aux autres indices américains.
06:14 Mais peut-être que c'est le moment pour nous de se dire, tiens les investisseurs ont envie finalement de répartir leurs risques et de ne pas rester simplement investis sur des superboîtes, mais qui dans la valorisation est un peu élevée.
06:28 Et dont les perspectives de valorisation future sont très incertaines, on ne sait pas. Le mouvement va peut-être se poursuivre, mais il n'est pas exclu que ce soit un peu moins le cas.
06:39 En termes de gestion des risques, la prime de risque n'est plus tout à fait suffisante sur ces valeurs-là aujourd'hui pour être totalement confortable.
06:46 C'est ça, et c'est aussi pour cette raison qu'on a vu les investisseurs s'intéresser récemment également aux valeurs de santé, qui sont elles aussi des valeurs défensives, mais dans une perspective beaucoup plus longue,
07:00 donc avec un retour sur investissement qui ne va pas être le même, mais néanmoins qui vont chercher à réduire leurs risques globalement.
07:09 L'exercice est un peu différent en Europe, parce que la comparaison entre l'indice par exemple CAC 40 et l'indice équipondéré, c'est moins parlant, c'est moins vrai.
07:19 Parce que d'autres sociétés ont aussi des performances importantes, mais je pense qu'on n'est pas arrivé au bout, et donc en tant que gérant privé, il est important d'être aussi présent sur le marché européen.
07:31 On voit effectivement que l'Europe sous-performe depuis quelques semaines maintenant, mais on peut à peine parler de correction, et le niveau des prix sur les indices reste quand même soutenu.
07:43 On n'a pas du tout abandonné ou lâché le momentum qu'on a vu sur les actions européennes depuis des mois et des trimestres maintenant.
07:50 Le thème de l'IA, spécifiquement, comment vous le regardez ?
07:56 Avec évidemment la ligne de conduite d'une maison suisse comme Bordier, c'est très enthousiasmant, on a tous un peu l'intuition que c'est quand même un thème puissant, sans doute assez large, assez global,
08:09 qui va nous accompagner peut-être sur des horizons de moyen-long terme désormais, et on sous-estime peut-être d'ailleurs à moyen-long terme l'impact de ce phénomène IA génératif, même jusqu'à un point macro.
08:21 Maintenant, il faut prendre des décisions aujourd'hui, quand on est investisseur pragmatique, comment on s'expose à ce thème sans prendre le risque de se brûler les ailes ?
08:32 Vous avez cité l'exemple d'NVIDIA en disant "si vous en aviez en janvier, très bien, si vous n'en avez pas aujourd'hui, est-ce que c'est vraiment le moment d'y aller ?"
08:40 C'est une question ouverte, sans doute que certains diront "oui, il faut y aller, il y a encore des perspectives", mais comment on est attentifs quand même à ces phénomènes d'engouement boursier qui sont légitimes ?
08:50 Il y a sans doute des fondements très légitimes à ça, mais on connaît tous l'exubérance possible de Mister Market.
08:57 Précisément parce qu'on mesure bien, on pèse bien la profondeur du thème, on ne peut pas rester à l'écart.
09:09 Et la meilleure manière d'être présent sur ce thème, c'est d'être investi à travers ces méga-cap, pardon je redis la même chose mais c'est important,
09:18 ces méga-cap qui ont une trésorerie ample, qui ont une diversification dans leur business, qui fait qu'elles sont ultra présentes,
09:26 elles investissent des dizaines de milliards, peut-être probablement un peu plus sur une durée un peu plus longue, de dollars sur le développement de l'intelligence artificielle,
09:35 et je pense que c'est la meilleure façon de faire. On ne va pas aller par exemple mettre de l'argent, juste petit clin d'œil, même si c'est sûrement une très belle boîte, dans Mistral...
09:43 - Ah oui, oui, oui, ça c'est le job des Vici, c'est ce que je disais ce matin, c'est normal, c'est à eux de mettre des tickets sur ces projets-là,
09:52 ça fait un mois que la boîte est créée, c'est pour des Vici, évidemment, je n'imagine pas que ce soit pour...
09:58 - Oui, mais pour autant, rester à l'écart n'aurait aucun sens, mais de toute façon même si on le voulait, on ne pourrait pas,
10:04 puisqu'on achète en Microsoft ou Alphabet, on achète aussi, on embarque aussi dans l'intelligence artificielle, donc très bien.
10:12 - Ce qui est fascinant, c'est quand ChatGPT a été révélé au monde en novembre dernier,
10:17 une des premières réactions que j'ai vues chez les investisseurs, ça a été de dire "Ah ça y est, disruption, et donc les leaders d'hier ne seront pas les leaders de demain".
10:26 - Parfaitement. - On se disait "Mais ça y est, Google, c'est fini, la rente du moteur de recherche Google va exploser avec ChatGPT".
10:35 Quelques mois après, j'ai l'impression qu'on est revenu à quelque chose d'un peu plus pragmatique, peut-être.
10:40 - Oui, peut-être. - Non mais ce n'est pas dit que ces boîtes-là n'arrivent pas à capter effectivement cette nouvelle thématique et toute la croissance que ça implique.
10:49 - Absolument, elles vont être capables de la capter, bien sûr. - Donc on en a pour dix ans encore avec les GAFA.
10:54 - Oui, mais c'est vrai que c'était très intéressant, parce que l'année dernière on avait envie de les plier, de dire "Merci, c'est fini, on n'est plus un centime sur ce sujet".
11:05 - On est en juin et on voit qu'on aurait quand même eu un petit peu tort pour employer une litote.
11:10 - Merci beaucoup Patrick pour votre éclairage sur cette situation de marché et ses recommandations, cette ligne de conduite en matière de stratégie d'investissement pour Bordier et compagnie.
11:20 Vous êtes directeur de la gestion de Bordier à Paris. Patrick Guérin qui était avec nous en plateau pendant cette demi-heure d'émission à la mi-journée.
11:26 On se retrouve à 17h pour la grande édition de Smart Bourse en direct sur vSmart.
11:30 [Musique]

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