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Chaque matin, Nicolas Delesalle nous livre son regard sur l'actualité internationale. La France a accusé mardi la Russie de mener une vaste opération d'ingérence numérique en publiant de faux articles de grands quotidiens français hostiles à l'Ukraine. Selon la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, il s'agirait d'"agissements indignes d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies".

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Transcription
00:00 l'édito international sur Europe 1 et on accueille Nicolas Deleuzelle, grand reporter pour Paris Match. Bonjour Nicolas.
00:04 - Bonjour. - Bienvenue sur Europe 1. Alors que la contre-offensive ukrainienne
00:07 basse son plein, il est quand même bien difficile de savoir ce qui se passe sur le terrain. En tout cas la France
00:12 a accusé hier la Russie de mener une vaste opération de désinformation
00:15 en publiant de faux articles hostiles à l'Ukraine sur des sites internet
00:20 clonant de grands quotidiens français. La ministre des affaires étrangères,
00:25 Catherine Colonna, a dénoncé des agissements, je la cite,
00:29 indignes d'un membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies, suivait sans regard la Russie bien sûr. C'est quand même très
00:35 spectaculaire comme réaction Nicolas. - C'est surtout pas un scoop Dimitri. Dans toutes les guerres, la première victime c'est la vérité.
00:41 Les belgirans ont toujours intérêt à masquer leurs intentions, manipuler les opinions publiques,
00:45 tordre les faits en leur faveur. La guerre en Ukraine évidemment ne fait pas exception.
00:49 Mais la fabrique des mensonges de guerre a pris ces derniers temps, et surtout avec les réseaux sociaux, une dimension
00:54 industrielle du côté russe avant tout. La propagande ukrainienne évidemment elle existe elle aussi, mais elle est plus difficile d'inventer, de mentir, d'affabuler
01:01 quand vous acceptez sur votre sol des dizaines de reporters dont je fais partie,
01:04 quand vous êtes une démocratie tout simplement et vous devez rendre des comptes.
01:07 Les autocraties comme la Russie n'ont pas ce problème. A ce titre, la campagne en ce moment, la campagne de propagande russe
01:13 est vraiment exemplaire. - Alors justement que dénonce précisément notre ministre des affaires étrangères Nicolas ? - Alors à l'appui d'un rapport du secrétariat
01:21 général de la défense et de la sécurité nationale,
01:23 Catherine Colonna dénonce une campagne de désinformation complexe et persistante ayant visé non seulement des sites de médias français,
01:29 mais aussi celui du ministère des affaires étrangères lui-même.
01:32 Le ministère accuse les ambassadeurs des centres culturels russes d'avoir plus activement participé à l'amplification de cette campagne
01:38 via leur compte institutionnel sur les réseaux sociaux. En clair, ils ont retuité des mensonges et en connaissance de cause. - Alors comment les Russes
01:45 opèrent-ils de manière très concrète ? - Alors leur opération elle est surnommée "Doppelganger"
01:50 par les occidentaux. Bon je ne parle pas allemand. - Ça veut dire sosie. - Ça veut dire sosie, double maléfique dans le folklore germanique.
01:56 Depuis le début du conflit, des agents pro-russes créent des sites jumeaux des grands médias occidentaux.
02:00 En France, au moins quatre quotidiens français ont été visés, le Parisien, le Figaro, Le Monde et 20 minutes.
02:05 Alors que font les hackers ? Ils produisent de faux articles très très bien écrits sur une page
02:10 absolument identique à celle du site officiel des médias, mais avec un nom de domaine différent qu'on ne voit pas,
02:15 .ltd au lieu de .fr. La copie est parfaite, un clic sur un lien hypertexte de la page renvoie vers les autres vrais articles du journal.
02:22 Et cette pratique ça s'appelle le typosquattage. Les faux articles qui dénoncent bien sûr la politique
02:28 ukrainienne ou mettent en cause ses alliés comme la France sont publiés sur les réseaux sociaux
02:32 en espérant qu'ils deviennent viraux. - Mais quel est l'objectif final de l'opération ?
02:36 - Et bien mettre en valeur les éléments de langage du Kremlin, évidemment,
02:39 faire croire qu'il y a un soutien populaire à la Russie au sein de l'Union Européenne
02:44 et plus généralement brouiller les cartes, on n'y comprend plus rien.
02:47 Les agents derrière ces manœuvres sont vraiment déterminés. Pour preuve, quelques heures après le coup de gueule du Quai d'Orsay, qui n'a pas l'habitude
02:54 de pousser des galantes comme ça,
02:56 et avant de se concerter d'ailleurs avec nos voisins européens pour trouver une parade,
03:00 une nouvelle volée de faux documents ont été publiés, cette fois-ci sur un faux site du ministère de l'Intérieur et qui dénonçait, devinez quoi,
03:06 un nouveau type d'escroquerie commise par des migrants ou des réfugiés et d'où venait-il à votre avis Dimitri ? - Bah d'Ukraine.
03:12 - D'Ukraine, évidemment. - Voilà, il y avait aussi un article évoquant l'idée de la création d'une taxe pour financer
03:19 l'aide à l'Ukraine. Vous imaginez les polémiques que ça peut vite générer. - Et la plupart du temps c'est tellement fin que le mot "Ukraine" n'est pas
03:26 prononcé, le mot "guerre" n'est pas prononcé. Vous voyez un ouvrier allemand qui se plaint de la crise et qui dit qu'il n'a plus de travail
03:31 derrière évidemment, c'est la crise en Ukraine.
03:34 - Signature européen, Nicolas de La Salle, grand reporter pour Paris Match. Merci Nicolas, on vous retrouvera demain. Et tiens, je signale,
03:41 "Valsorus", votre roman, alors c'est pas pour tout de suite, c'est pour le 23 août, mais comme vous en avez fait la pub tout seul
03:46 sur votre compte réseau, votre réseau social, et bien c'est authentique, et bien je me permets de le mentionner également.
03:52 - À 100% vrai. - À demain Nicolas.

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