• l’année dernière
Quelle journée pour la Groupama-FDJ ! En effet, l'équipe française a dévoilé une partie de sa sélection pour le prochain Tour de France (1er au 23 juillet). Si certains de ses coureurs, comme David Gaudu et Thibaut Pinot, sont satisfaits des choix effectués, d'autres sont beaucoup plus amers. C'est le cas d'Arnaud Démare, qui est le grand absent de cette composition et qui est "en colère et écoeuré" de cette situation. Dans cette période mouvementée, le manager général de l'équipe, Marc Madiot, s'est exprimé au micro de Cyclism'Actu.

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Transcription
00:00 Bon Marc, merci pour cet entretien rapide.
00:06 Il y en a un qui n'est pas content, c'est Arnaud Desmars.
00:11 Oui, normal, justifié.
00:13 Il a raison de ne pas être content, je le comprends.
00:17 On vous connaît, c'était un choix compliqué, c'était une décision difficile à prendre.
00:23 Oui, ça a été compliqué, difficile. Maintenant, au moment du choix final,
00:32 moi je devais prendre en considération que l'aspect sportif des choses,
00:36 pour que l'équipe soit la meilleure possible au départ du prochain Tour de France.
00:41 Ça a été une décision difficile parce que j'ai le plus grand respect pour Arnaud.
00:48 J'ai beaucoup de satisfaction avec lui sur toutes les années qu'on a passé ensemble.
00:53 On n'efface pas d'un revers de manche une centaine de victoires quand même avec lui.
00:57 Une bonne relation avec quelqu'un de professionnel, de sérieux, d'appliqué, de respectueux.
01:04 Comme je lui ai dit, je n'ai absolument rien à te reprocher.
01:08 Et je le confirme devant vous, je n'ai rien à reprocher à Arnaud Desmars.
01:12 Mon souci, c'est d'être au départ du Tour avec la meilleure équipe possible
01:15 pour être le meilleur possible dans le classement avec les garçons qui seront au départ.
01:21 Et malheureusement pour le Tour de France, il n'y a que 8 places.
01:25 C'est vrai qu'il y a quelques semaines encore, la présence d'Arnaud était toujours dans les tuyaux.
01:32 La situation de fin de Giro et les jours qui ont suivi le Giro avec la récupération
01:38 et l'état de forme de Thibaut a eu une influence.
01:43 Après, encore une fois, je fais un choix uniquement sportif par rapport à un objectif.
01:48 On parle du sportif du coup ?
01:51 On peut parler du sportif.
01:52 Thibaut Pinot, on a vu son Giro parce qu'en fait c'est un super Giro de Thibaut.
01:58 Il ne manque qu'une étape parce qu'on ne peut rien lui reprocher à Thibaut.
02:01 Qu'est-ce qu'il va apporter à David Goddou du coup ?
02:04 Si tu veux, après réflexion, on s'est dit qu'on va partir sur le Tour avec une équipe qui peut bouger
02:11 et qui peut rentrer dans une course de mouvement.
02:14 Je m'explique, quand on regarde le déroulé notamment du Giro,
02:17 tu vas me dire que ce n'est pas le Tour de France mais c'est quand même le Giro,
02:20 et l'état d'esprit qu'on a pu rencontrer sur des courses comme les classiques,
02:26 on s'aperçoit que ça dégoupille de loin et que la course a beaucoup de mouvement.
02:30 Alors, je sais que souvent le Tour est beaucoup plus verrouillé, contrôlé,
02:36 mais on n'est pas à l'abri de rencontrer plusieurs étapes où la course va se débrider et s'ouvrir,
02:42 comme on dit dans le jargon.
02:43 Et pour une course débridée et ouverte,
02:47 il nous faut des gens capables de passer les obstacles montagneux avec les meilleurs,
02:52 et c'est la raison pour laquelle des gens comme Madouasse ou Pinault
02:55 peuvent être extrêmement intéressants pour le déroulé de notre course
02:59 et mettre ainsi encore un peu plus en sécurité un coureur comme Goddou.
03:03 Il vaut mieux être poursuivi par la concurrence que d'être en permanence obligé de rouler derrière les autres
03:08 qui rentrent justement à une course de mouvement.
03:10 Je pense notamment à une équipe comme Ineos,
03:14 qui n'a pas de vainqueur potentiel du Tour sur le papier avant le départ,
03:17 mais qui va forcément rentrer dans une course où ils vont bouger,
03:20 et ils ont des éléments pour bouger.
03:22 Après, quel en sera-t-il de l'UAE et de la Jumbo, on verra sur le terrain.
03:27 A priori, on peut se dire qu'ils vont verrouiller,
03:30 mais ils peuvent aussi bouger pour essayer de déstabiliser l'adversaire avec un collectif.
03:36 C'est la raison pour laquelle on s'est un peu mis dans cette logique-là,
03:41 tout pour la montagne, avec des gens capables de bien passer la moyenne montagne ou la haute montagne.
03:45 Donc si on résume, Marc,
03:47 vous avez employé le mot au sein de la groupe Amav, Dijy,
03:50 le mot c'est déstabiliser,
03:52 c'est-à-dire que Thibaut Pinault se présente au départ du Tour,
03:55 sans jouer le général, quoi que ce soit, une victoire d'étape,
03:57 mais ça peut mettre le doute dans la tête d'un wing-guard de Pogacar
04:01 que Thibaut parte dans une échappée qui prend 5, 6, 7 minutes
04:06 et ça ferait le jeu de David Goddou du coup.
04:08 Tu schématises un peu, mais c'est un peu ces logiques-là qu'on essaie de redévelopper.
04:14 On l'a bien vu sur le Giro, ça ne s'est pas mal fait.
04:17 Ça s'est fait aussi par le passé dans le Tour.
04:20 On a vu aussi que l'année dernière dans le Tour,
04:22 pour déstabiliser Pogacar, c'est un petit peu sur ces terrains-là qu'était allé Jumbo,
04:27 en mettant du harcèlement et en dégoupillant de loin.
04:32 Donc je me dis, il va peut-être être mieux armé
04:35 plus pour la montagne que pour la plaine cette année
04:37 avec le parcours tel qu'il nous est proposé.
04:39 C'est un pari, c'est une option, elle vaut ce qu'elle vaut,
04:42 mais c'est celle que nous avons retenue et choisie.
04:46 Alors je suis extrêmement désolé par rapport à Arnaud,
04:49 encore une fois, j'insiste,
04:50 mais c'est le choix d'un moment, d'une sélection par rapport à une course.
04:56 Tu parles d'Arnaud, s'il y avait un mot à lui dire là ?
05:04 Si j'avais un mot à lui dire, je sais que les moments sont difficiles,
05:08 ils le sont encore plus pour toi que pour moi.
05:14 J'ai l'expérience qui me laisse dire que le temps fera son œuvre
05:19 et nous retrouverons des manières de travailler ensemble
05:23 pour les prochains jours et prochaines semaines
05:25 qui nous permettront de finir par le haut notre aventure commune
05:29 que je ne regrette absolument pas.
05:31 Compliqué de terminer les histoires finalement.
05:35 C'est la dure loi de ce métier.
05:38 Là, je suis confronté à une situation délicate avec Arnaud,
05:41 je la comprends et je la conçois pour lui.
05:44 Mais au long de ma carrière de manager d'équipe,
05:48 j'ai été confronté à des situations encore plus délicates et plus difficiles
05:53 dans des domaines personnels pour certains coureurs.
05:56 J'ai été confronté à ces situations difficiles
05:58 quand on est obligé de dire à un coureur
06:00 "écoute, tu n'es pas fait pour ce métier,
06:02 il vaudrait mieux que tu fasses autre chose"
06:03 surtout quand c'est un jeune coureur.
06:05 J'ai été confronté à ces situations quand un coureur est en fin de contrat
06:09 et qu'il est l'heure pour lui de prendre sa retraite
06:13 et que ce n'est pas toujours bien intégré pour lui.
06:15 Donc il faut aussi faire comprendre aux gens,
06:17 il est l'heure de faire autre chose.
06:18 Donc toutes ces situations sont délicates, difficiles,
06:22 mais ça fait aussi partie du job de patron d'équipe.
06:26 Une dernière question pour revenir au sportif.
06:29 On a pu lire, on a pu entendre que parfois le couple "Pinot-Godud",
06:34 ça peut être compliqué.
06:35 Là, ça va marcher sur le Tour de France 2023 ?
06:39 Alors le couple Pinot-Godud,
06:40 je n'ai pas de souvenirs particuliers que ça n'ait pas fonctionné.
06:45 Thibaut peut rouler pour Godud ?
06:47 J'espère bien, il me l'a promis.

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