Lundi 12 juin 2023, SMART JOB reçoit Florence Emanuelli (Déléguée nationale, CREPI)
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00:00 [Musique]
00:12 Bien dans son job, on parle aujourd'hui de l'insertion, de l'accueil, de l'insertion professionnelle des primo-arrivants,
00:18 de toutes ces femmes et hommes qui arrivent de pays étrangers, qui arrivent de loin parfois pour rejoindre la France
00:24 et qui peinent, on va en parler, à trouver un emploi et à rencontrer d'ailleurs un chef d'entreprise.
00:30 On en parle avec Florence Emanuely. Bonjour Florence.
00:32 Bonjour.
00:33 Ravie de vous accueillir. Vous êtes déléguée nationale du CREPI.
00:35 Alors d'abord un mot sur l'institution CREPI qui est une association créée en 1993.
00:40 Tout à fait. Créée en 1993 par le groupe EFage et nous fêtons nos 30 ans dans quelques jours.
00:45 Le CREPI c'est un réseau d'associations, c'est clubs régionaux d'entreprises partenaires de l'insertion,
00:52 créée il y a 30 ans autour d'une idée simple, aider des gens à retrouver un emploi en s'appuyant sur des membres
00:58 qui sont les entreprises, des grands groupes et surtout des TPE, des PME.
01:02 Alors on fera pas de politique mais n'empêche, projet de loi sur l'immigration qui arrive, un débat tendu,
01:09 ce texte devait arriver, pas arriver. D'abord il y a un premier sujet dont vous êtes victime et vous n'y pouvez rien,
01:14 c'est qu'il faut avoir 5 ans de présence sur le territoire pour pouvoir accéder à un emploi.
01:18 On se souvient de la grève de la fin de ce boulanger qui pendant des semaines a dit "je veux garder cette personne africaine de mémoire".
01:26 Vous vous attendez beaucoup de cette loi en disant finalement qu'il faudrait mieux les accompagner et que la loi soit mieux adaptée ?
01:34 Nous j'ai envie de vous dire que c'est un sujet que l'on traite depuis 2018,
01:37 donc l'accueil et l'intégration des personnes primo-arrivantes et une loi de plus ou de moins,
01:43 nous on se base sur ce que l'on sait faire, c'est à dire à un moment donné on a des personnes qui sont sur le territoire français depuis 5 ans,
01:50 qui sont en situation régulière, qui ont signé le contrat d'intégration républicaine,
01:53 donc en fait qui ont un tampon de l'Etat qui les autorise à travailler.
01:57 Donc moi ce dont je peux vous parler ce sont ces personnes là qui sont prêtes à travailler, motivées, désireuses,
02:04 qui ont des compétences à offrir à notre pays et nous on va leur donner ce coup de pouce dont elles ont absolument besoin.
02:10 Le coup de pouce c'est la relation avec l'entreprise, c'est à dire voilà celle-ci peut embaucher.
02:14 Celle-ci peut embaucher. En fait ce coup de pouce apparaît nous dire que notre méthode elle est simple,
02:19 parce qu'elle est basée sur la rencontre directe entre des entreprises et des personnes qui cherchent.
02:22 C'est essentiel.
02:23 C'est essentiel, c'est simple, mais ceci étant c'est très insuffisamment le cas de nos institutions en France
02:29 et de toutes les structures qui aident dans la recherche d'emploi.
02:31 C'est un sujet général.
02:32 On a plutôt tendance à aider les gens derrière un bureau avec un ordinateur et pas les mettre dans les entreprises.
02:37 Nous, notre credo depuis 30 ans et c'est pour ça qu'on a un taux de placement de plus de 50% à chaque fois
02:43 et là pour les personnes étrangères plus de 80% retrouvent un emploi après notre action Destination Emploi,
02:49 c'est que cette mise en relation elle est absolument fondamentale pour leur permettre de découvrir les métiers,
02:54 de découvrir des dirigeants, de se présenter, de faire tomber tous les stéréotypes, les a priori, etc.
03:01 Un mot quand même, quelques chiffres intéressants d'une enquête ÉLIPA qui est la vague 1 2019,
03:07 parce qu'il y a plusieurs vagues de cette enquête.
03:09 Les voies d'accès à l'emploi des réfugiés en France, ça vous concerne ?
03:12 Alors on parle de primo-arrivants, on parle de réfugiés, vous évoquez des gens qui sont en situation régulière.
03:17 Ils ont coché toutes les cases.
03:20 La relation ou la recommandation à 44%, la candidature spontanée à 13%, elle est très très faible.
03:25 L'offre d'emploi à PEC mission locale, alors là c'est 11%, c'est très faible.
03:30 Les agences d'intérim, toc toc toc, seulement 9,6%.
03:34 L'accompagnement d'une assistante sociale ou d'une association à 4,4%.
03:38 On voit bien que le bouche à oreille, cette recommandation elle est fondamentale.
03:42 Et nous on fait office de recommandation, parce que si vous me permettez de dire quelques mots de notre programme Destination Emploi.
03:47 Absolument.
03:48 En fait ces personnes déjà, c'est pas toujours évident d'aller à la rencontre,
03:52 parce qu'on passe par l'OFI qui est l'institution qui permet d'accéder à ces personnes, à qui on présente notre programme.
03:59 Généralement, il y en a 9 sur 10 qui disent "Ok, je pars avec vous".
04:02 Ces 9 sur 10, on leur propose un accompagnement de 4 à 6 mois.
04:06 En disant "On va prendre le temps de faire connaissance, on va vous suivre en individuel".
04:09 Mais aussi toute la force de notre accompagnement, c'est de proposer de l'accompagnement collectif.
04:14 En groupe, on va mélanger les nationalités.
04:17 Donc en fait vous avez un "melting pot".
04:19 Tous ces gens, ils ont quitté leur pays pour des raisons diverses et variées.
04:23 Leur destination, c'est l'emploi en France.
04:25 Et nous, pourquoi Destination Emploi ? Ce qu'on leur propose, c'est l'emploi.
04:28 Quand même sur les métiers en tension, parce que ça c'est un enjeu très fort.
04:31 On voit le top 10 de l'APEC.
04:33 On a la cuisine, on a l'aide à la petite enfance, on a des métiers manuels.
04:38 Je pense aux maçons, aux électriciens, aux couvreurs.
04:41 Pour faire matcher l'offre et la demande, j'imagine qu'au départ, vous demandez à ces jeunes,
04:45 qui en grande partie sont des jeunes, "Tu faisais quoi dans le pays d'origine ?"
04:49 Comment ça se passe ça ?
04:51 Alors, on a nous dans nos statistiques, on répertorie ce qu'ils faisaient dans leur pays d'origine.
04:57 Leur diplôme, s'ils ont fait des études.
05:00 On leur demande à l'arrivée dans notre programme, "Qu'est-ce que vous souhaitez faire ?"
05:03 Déjà, il y a une différence.
05:05 Et ensuite, on regarde ce qu'ils obtiennent à l'issue de notre parcours.
05:09 Je peux vous dire que les parcours linéaires, on n'en a pas.
05:11 C'est-à-dire que, entre...
05:13 Alors, je ne parle même pas des professions réglementées ou des médecins.
05:16 Parce que là, autant vous dire qu'en France, c'est très compliqué.
05:19 Mais il peut y en avoir, il faut le préciser.
05:20 Il peut y en avoir, mais les reconversions, les dispositifs des BAE sont très compliqués.
05:24 Donc, en fait, on voit qu'en face, nous, ce que ça nous montre de ces personnes,
05:27 c'est qu'elles sont prêtes à travailler et un petit peu à prendre...
05:30 Il y a un sentiment d'urgence à travailler.
05:32 Donc, une fois qu'on les a mis en emploi,
05:34 puisque pour elles, l'urgence, c'est quand même d'avoir une situation financière
05:37 qui leur permette d'avoir leur autonomie.
05:39 - De subsister, oui. - Ça, c'est la base pour elles.
05:41 Ensuite, on réfléchit quand même à se dire, pour les gens qui sont diplômés,
05:45 comment est-ce qu'on peut faire mieux ?
05:46 Parce qu'honnêtement... - Diplômer dans leur pays d'origine.
05:49 - Diplômer dans leur pays.
05:50 - Et gâcher des compétences et des talents. - Évidemment.
05:52 - Et faire un tel déclassement, je ne suis pas sûre.
05:54 - Comment vous faites ? Vous dites, moi, j'ai un bac +5, j'ai un ingénieur.
05:57 Il a, pour des raisons économiques, dû quitter son pays,
05:59 parce que globalement, il y a des raisons politiques,
06:01 mais il y a aussi beaucoup de raisons économiques.
06:03 Comment vous faites ?
06:04 - Alors, on a des exemples de réussite.
06:06 Ça dépend aussi du niveau de la langue.
06:08 Par exemple, je pense à un jeune Algérien qui avait un Master 2,
06:11 qu'il est venu finir en France.
06:13 Donc, c'est une des causes aussi d'installation en France,
06:15 via un visa touristique.
06:17 Il a pu être embauché à Lyon, dans une entreprise.
06:19 Voilà, donc, ça s'est passé.
06:21 Donc, il n'y a pas trop de déclassement.
06:22 - Parce que maîtrise du français.
06:23 - Oui, maîtrise du français.
06:24 Voilà, pays proche culturellement.
06:26 - Francophone. - Francophone.
06:28 C'est vrai que la maîtrise de la langue,
06:29 même ce qui nous a surpris au démarrage,
06:31 c'est qu'elle ne posait pas...
06:33 Ce n'était pas un frein pour accéder à l'emploi.
06:35 Il n'empêche que ça reste un frein pour accéder à des emplois plus qualifiés.
06:39 - Bien sûr.
06:40 - Donc, c'est un travail dans la longue durée.
06:41 Ce qu'il faut dire à ces personnes, c'est qu'on ne va pas vous lâcher.
06:44 Posez-vous, exercez votre job.
06:46 - C'est 6 mois au maximum.
06:47 - C'est 6 mois. Après, nous, on a un engagement moral.
06:49 Ce qui est l'avantage au CREPI, c'est qu'on n'a pas de numéro surtaxé.
06:52 Vous pouvez appeler, vous avez le portable du responsable
06:55 ou décharger une mission.
06:56 Et on a vraiment cet engagement dans la durée.
06:58 - Ça veut dire que, assistantes sociales et l'ensemble du réseau,
07:01 vous êtes connectés avec eux.
07:02 Vous le dites sur ce plateau, n'hésitez pas.
07:04 Contactez-nous lorsque vous avez un cas qui dit,
07:07 je veux trouver un emploi, je ne trouve pas, je n'ai pas de contact.
07:10 - C'est ce qu'ils vous disent.
07:11 - Et nous, on a les entreprises.
07:12 Nous, ce qu'on va leur permettre, c'est d'aller visiter des entreprises,
07:15 de tester des métiers, de faire des stages, de rencontrer des patrons.
07:19 - Avant de nous quitter, combien d'emplois sont à pourvoir ?
07:21 Vous avez une idée de cette offre-là qui tend les bras
07:25 à ces primo-arrivants, à ces réfugiés ?
07:27 - De manière globale, en France, on parle d'un demi-million d'emplois.
07:31 De là à faire le vase communiquant avec ces personnes,
07:35 je ne saurais pas me prononcer.
07:36 En tout cas, de l'emploi, il y en a.
07:37 Des personnes en face, on en a.
07:39 C'est comment est-ce qu'on les prépare et on les présente aux employeurs.
07:42 - Ce sera le thème de notre débat tout à l'heure,
07:44 le retour du métier Emmanuel, et qui pose évidemment la question
07:46 de comment pourvoir ces métiers sous tension.
07:49 Peut-être une des solutions pour eux.
07:51 Tendons la main et accompagnons, ça c'est votre boulot,
07:54 les demandeurs d'asile, les réfugiés.
07:56 D'ailleurs, ils ne sont pas demandeurs d'asile, ils sont réfugiés et primo-arrivants.
07:59 Merci Florence Emmanuel d'être venue nous voir.
08:01 C'est les 30 ans, on est bien d'accord ?
08:02 - Les 30 ans.
08:03 - Les 30 ans du CREPI, qui est une association importante,
08:05 déléguée nationale du CREPI.
08:07 Merci de nous avoir rendu visite.
08:09 On tourne une page, on va parler d'intelligence artificielle.
08:12 On ne parle que de ça, mais sur le plan juridique, c'est très complexe.
08:15 Et notamment sur le plan des droits d'auteur.
08:17 On en parle avec une spécialiste, c'est Smart & Reglo.