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Jean-Luc Alexandre, fondateur et PDG de Naarea, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent au renouvellement du nucléaire français.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h41, Bruno Le Maire l'a redit en fin de semaine, le nucléaire est une ligne rouge absolue pour la France.
00:06 Le ministre de l'économie prévient que la France ne renoncera à aucun de ses avantages compétitifs
00:10 sur l'énergie nucléaire dans le cadre d'une réforme en cours du marché européen de l'électricité.
00:15 On s'intéresse ce matin sur Europe 1 à Narea, une start-up qui ambitionne de renouveler le nucléaire français. Votre invité Alexandre est Jean-Luc Alexandre,
00:24 fondateur et PDG de Narea.
00:26 - Bonjour Jean-Luc Alexandre.
00:27 - Bonjour Ambline, bonjour Alexandre.
00:29 - Bonjour.
00:30 - Vous êtes ingénieur de formation, vous êtes passé par Alstom et Suez notamment.
00:35 La technologie que vous développez avec Narea, elle est centrée sur des micro-réacteurs nucléaires.
00:41 Vous produisez de l'énergie également à partir de déchets nucléaires.
00:46 Comment est née cette aventure ? C'est une aventure toute récente du reste.
00:48 - C'est une aventure qui a démarré il y a 2-3 ans mais qui en fait est née il y a de nombreuses années avec le besoin de cette production énergétique qui devient prégnante
00:58 et dans le même temps d'arriver à concilier ça avec le développement durable.
01:01 Donc on a choisi cette technologie qui est donc du nucléaire de quatrième génération.
01:05 Nous avons choisi à sel fondu.
01:07 - Alors à sel fondu ça veut dire quoi ça ?
01:09 - Sel fondu c'est la sixième des six technologies de la quatrième génération.
01:13 Ce sont des générations différentes de réacteurs à eau pressurisée que nous avons partout dans le monde entier.
01:17 Donc c'est une nouvelle techno qui est beaucoup plus sûre parce qu'elle a ce qu'on appelle une sûreté intrinsèque.
01:22 C'est-à-dire que ce sont les lois de la physique et la nature qui assurent les fonctions de sûreté.
01:26 - Et sur les besoins au refroidissement, ce sont les mêmes ou pas du tout ?
01:30 - Alors dans cette période estivale et en grand stress hydrique, j'ai le plaisir de vous dire que Naria n'a pas besoin d'eau.
01:34 C'est uniquement de la convection naturelle.
01:36 Ce qui donne aussi un élément supplémentaire de sûreté.
01:38 Alors ensuite on est à neutrons rapides, c'est-à-dire c'est ce qui permet d'aller brûler des déchets nucléaires de longue vie et d'autres hautes activités.
01:45 Les fameux déchets qui vont durer jusqu'à 100 000 ans, ce sont ceux-là qu'on va aller brûler.
01:50 - Alors avantages de taille, ou outre cette question de l'utilisation des déchets nucléaires,
01:54 quels sont les avantages de ces micro-réacteurs par rapport à des...
01:58 Alors vous avez cité le refroidissement, mais est-ce qu'il y a d'autres avantages par rapport aux réacteurs classiques ?
02:02 - Déjà leur taille, parce que dès lors que l'on fait un micro-générateur, vous allez pouvoir vous installer au plus proche des industriels pour pouvoir décarboner.
02:08 La décarbonation doit se faire au plus proche de l'industrie parce que ce sont les industries qui polluent aujourd'hui.
02:14 Donc dans le même temps, on va leur assurer une souveraineté énergétique tout en décarbonant.
02:18 Donc ce côté petit réacteur de 40 MW pour nous, c'est grosso modo la consommation des plus grosses usines,
02:24 ou la consommation de 100 000 foyers occidentaux, grosso modo.
02:27 Et tout ça tient sur un container qui est grosso modo de la taille d'un semi-remorque.
02:31 Donc ça c'est un gros avantage.
02:33 - Donc sur une puissance maxi de... - 40 MW électrique.
02:37 Mais vous pouvez faire également de la chaleur, et là vous allez jusqu'à 80 MW thermique,
02:41 et là c'est bien parce que les deux tiers de l'énergie que nous utilisons aujourd'hui carbonée
02:46 est faite pour faire de la chaleur. Donc dès lors que vous pouvez faire de la chaleur décarbonée,
02:50 ou bas carbone comme l'on dit, vous allez pouvoir traiter directement les entreprises.
02:54 - Alors énergie décarbonée, énergie décentralisée, ce sont vos deux promesses.
02:59 Vous recyclez des déchets nucléaires, vous l'avez dit, est-ce que tous les déchets sont recyclables ? Pas tous ?
03:03 - Tout ce qui a une durée de jusqu'à 100 000 ans va disparaître, va être brûlé.
03:08 Et donc vous allez avoir des produits de fission classiques qui ont des durées de vie qui sont parfaitement gérables,
03:12 puisque ça va aller jusqu'à 250 ans, et qui ont des activités très différentes.
03:16 Le problème principal que nous avons tous eu depuis des générations, c'est de laisser ces déchets qui allaient jusqu'à 100 000 ans,
03:22 quand on ne savait pas trop quoi en faire. Alors on avait trouvé une solution très acceptable de les enfouir, bien entendu.
03:26 Mais tant qu'à faire, c'est une ressource. Ce ne sont pas des déchets, c'est une ressource.
03:29 Nous en faisons de l'électricité et de la chaleur pour le bien-être de l'humanité et de la planète.
03:34 Parce que du coup, vous nettoyez complètement la planète et vous sécurisez votre approvisionnement énergétique.
03:38 Parce que c'est un projet français, nous ne dépendons d'aucune technologie à l'étranger.
03:42 - Est-ce que ces déchets sont recyclables à l'infini ?
03:44 - Alors en fait, vous avez un recyclage à l'infini des déchets de vie longue, c'est-à-dire que cela disparaisse complètement,
03:50 et vous n'avez plus que des produits de vie courte, dont certains sont réutilisables dans l'industrie.
03:54 Et à l'heure où on va chercher une souveraineté énergétique qui sous-tend la souveraineté industrielle, numérique, etc.,
04:00 vous avez un outil extraordinaire qui vous permet de pouvoir produire sur des centaines d'années.
04:06 - Donc quand vous dites vie courte, c'est une durée de radioactivité résiduelle ?
04:10 - Quelques centaines d'années, 250 ans grosso modo, pour retrouver une radioactivité naturelle.
04:14 - Quelle est votre principale clientèle ?
04:15 - Aujourd'hui, nous avons principalement des industriels, des grands groupes industriels, qui cherchent plusieurs choses.
04:20 La première, bien sûr, c'est la décarbonation. La deuxième, c'est la sécurisation de leur approvisionnement énergétique.
04:26 Et donc, dans ce cadre-là, ils cherchent à avoir une énergie bien sûr le moins chère possible, et ça c'est important,
04:32 parce que cette technologie va permettre d'atteindre un niveau de compétitivité très important,
04:36 puisqu'elle est moins chère que les énergies classiques, et sur le long terme,
04:39 c'est-à-dire qu'on va pouvoir se passer de la volatilité du prix de l'énergie.
04:43 - Vous venez de décrocher une subvention de 10 millions d'euros de la part de l'État,
04:46 Jean-Luc Alexandre, dans le cadre du programme France 2030, vous vous développez rapidement ?
04:50 - Absolument. D'abord, je remercie les pouvoirs publics et l'État pour leur mobilisation autour du nucléaire,
04:55 et de nous avoir octroyé cette somme, et surtout de nous avoir labellisé France 2030,
05:00 qui pour nous est important parce que c'est la validation de notre stratégie.
05:02 Alors oui, nous allons très vite, puisque les premiers salariés ont été embauchés au mois de janvier de l'année dernière,
05:07 et nous sommes, à l'heure où nous parlons, 145 personnes, nous embauchons 10 à 15 personnes par mois.
05:11 Ça va très vite, mais on est sur un calendrier très court, même si on vient sur le marché d'ici 2030,
05:16 il faudra bien sûr énormément de travail, et donc encore beaucoup d'embauches.
05:20 D'ici 2030, c'est 2 milliards d'euros investis en France, et c'est à peu près 1 000 emplois.
05:24 - Bon, au-delà de 2030, 2050, objectif neutralité carbone,
05:27 vous allez trouver votre place dans le mix énergétique ?
05:30 - Alors, nous sommes parfaitement complémentaires du mix énergétique,
05:33 parce qu'un autre avantage, c'est ce qu'on appelle la pilotabilité,
05:35 c'est-à-dire c'est un réacteur qui est en phase liquide,
05:38 donc on peut piloter quasiment instantanément, ça c'est important.
05:41 Maintenant, le mix énergétique est nécessaire, mais surtout la croissance,
05:44 la demande énergétique va être multipliée par 4 d'ici 2050.
05:47 - En électricité ?
05:47 - Il faut beaucoup d'énergie, et nous sommes beaucoup à travailler dans ce sens,
05:52 alors il y a quelques sociétés comme les nôtres qui travaillent,
05:54 mais il y a de la place pour tout le monde, parce que le vrai problème,
05:57 c'est comment sera-t-on capable de fournir 4 fois plus d'énergie
06:00 et d'électricité probablement dans 30 ans.
06:03 - Il y a de la place pour tout le monde, merci Jean-Luc Alexandre, fondateur et PDG de NAREA,
06:07 vous développez donc ces micro-réacteurs nucléaires alimentés par des déchets radioactifs.
06:11 Merci à vous.

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