«Fonds Marianne, épisode 4»

  • l’année dernière

Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il a décidé de revenir une nouvelle fois sur l'affaire de l'attribution des Fonds Marianne.

Retrouvez "Télescopages, Bruno Donnet décrypte l'actualité vue par les médias" sur : http://www.europe1.fr/emissions/telescopages

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00:00 Mais reste aussi une émission YouTube.
00:01 Mais d'abord, c'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet.
00:03 Bonjour Bruno !
00:04 Bonjour Philippe !
00:05 Tous les jours Bruno, vous observez ici la Fabrique médiatique.
00:07 Et ce matin, vous poursuivez l'exploration d'un feuilleton avec lequel vous nous tenez en haleine depuis son tout démarrage.
00:14 Vos télescopages ont donc pour titre « Fonds Marianne, épisode 4 ».
00:18 Oui, alors le Fonds Marianne, vous commencez à le savoir Philippe,
00:20 c'est cette grosse enveloppe d'argent public que la ministre Marlène Schiappa a octroyée à plusieurs associations,
00:26 dont deux en particulier qui ont touché plus de 300 000 euros pour « promouvoir la laïcité »
00:31 juste après le meurtre du professeur Samuel Paty et dont la presse a révélé qu'elle n'aurait finalement pas effectué un travail très intense.
00:38 Depuis ces révélations, Marlène Schiappa est suspectée de favoritisme, elle se défend pied à pied dans les médias.
00:43 Et si j'ai eu envie de vous reparler de cette affaire ce matin, c'est parce qu'il y a du nouveau. Vous savez combien j'aime observer ici la communication politique et ses télescopages.
00:52 Et figurez-vous qu'en matière de télescopage précisément, un contraste totalement spectaculaire m'a sauté aux yeux.
00:58 À ma gauche, une ministre, Marlène Schiappa. Elle est rompue à la communication politique, hyper à l'aise dans les médias,
01:04 et lorsqu'elle vient ici, par exemple, dans le studio d'Europe 1, répondre à Sonia Mabrouk, elle n'est pas du genre à se laisser démonter.
01:09 « Pour qui vous vous prenez ? Bah je me prends pour Marlène Schiappa, c'est déjà beaucoup. »
01:14 Ses interventions sont préparées, millimétrées, voilà pourquoi avant-hier encore, sur le plateau de TV5Monde, sa défense était calée au petit poil.
01:22 « On m'a dit que j'aurais fait du favoritisme et que j'aurais donné des subventions à des amis. Il est démontré aujourd'hui que ce n'est pas le cas. Mais pardon, c'est le procès de Kafka. »
01:30 Le procès de Kafka, c'est parfait, très bien trouvé, bravo. Seulement voilà, à ma droite maintenant, voici Sébastien Jalet.
01:36 C'est l'ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, un garçon, comment vous dire, nettement moins rompu aux interventions télévisées, et qui est apparu hier extrêmement mal à l'aise.
01:50 « Il me paraît délicat d'être dans cet exercice. »
01:53 Il faut dire que Sébastien Jalet a passé un sale quart d'heure, car dans le cadre d'une commission d'enquête sénatoriale qui tente de faire la lumière sur l'utilisation du fond Marianne,
02:02 l'ancien bras droit de Marlène Schiappa a été auditionné. Le problème, c'est que contrairement à la ministre lorsqu'elle s'exprime dans les médias,
02:09 Sébastien Jalet, lui, a dû prêter serment, juré qu'il dirait la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
02:16 Le sénateur LR Delameuse qui l'interrogeait, un certain Jean-François Husson, lui a posé une question simple à propos du CIPDR,
02:23 c'est le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation.
02:28 « Le CIPDR s'était prononcé pour accorder une subvention de 100 000 euros à une association, mais sur une décision du cabinet,
02:37 l'association n'a finalement rien obtenu, est-ce que vous pouvez nous en expliquer les raisons ? »
02:43 Voilà, il lui a demandé d'expliquer pourquoi une association, on sait aujourd'hui grâce aux révélations de Mediapart qu'il s'agit de SOS Racisme,
02:49 s'est finalement vu retirer les 100 000 euros que les équipes de la ministre avaient pourtant accepté de lui allouer.
02:55 La question était simple, mais la réponse nettement moins.
02:58 Je vous laisse apprécier les circonvolutions et je vous fais la traduction en français juste après.
03:03 « Nous avons sur cette association une réserve de la ministre en raison d'un historique de relations assez ancien,
03:14 et par ailleurs dans les jours qui précèdent ou qui suivent, à la fin du mois de mai,
03:20 une mise en cause par voix de presse d'un membre de l'association vis-à-vis de la ministre. »
03:28 Voilà, alors une réserve de la ministre en raison d'un historique de révélations par voix de presse, c'est merveilleusement talambiqué,
03:35 mais en français dans le texte, ça veut simplement dire que Marlène Schiappa a bien eu les boules que le président de SOS Racisme,
03:41 Dominique Soppo, la critique sur l'antenne de France Info. Et donc, vas-y Sébastien.
03:46 « Nous avons une décision de non-sélection sur cette association. »
03:52 « Il y a eu une décision de non-sélection sur cette association, ça, ça veut dire que Marlène Schiappa a dit
03:56 "arrêtez tous les gars, mois vivantes, plus jamais on filera un Copec à ces salopards de SOS Racisme". »
04:01 Et donc, vas-y Sébastien, tu vas y arriver.
04:03 « Il y a bien eu sur les décisions arrêtées en comité de sélection, pour l'un de ses lauréats, une affirmation par la ministre. »
04:13 Voilà, c'était long, mais l'ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa a fini par l'avouer devant la commission d'enquête du Sénat.
04:20 Oui, celle qui convoque les grands auteurs sur les plateaux de télévision
04:24 « Mais pardon, c'est le procès de Kafka ! »
04:26 est bien intervenue dans les grandes largeurs sur le choix des associations.
04:30 Il est, cher Philippe, en matière de communication politique, des télescopages cruellement kafkaïens.
04:36 Merci beaucoup Bruno Donnet, à demain.

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