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  • 05/06/2023
À "La boutique" Patrick SIROT et ses élèves présente leur travail.
Images Anne, Valérie et Alain
Réalisation Alain PERRIER.
Transcription
00:00 On est ravis de recevoir Patrick Sirot et ses élèves.
00:03 Donc les élèves derrière, c'est les élèves de l'école supérieure d'art et de design de Toulon.
00:09 Et Patrick Sirot est donc leur prof.
00:12 C'est un module, alors un module c'est un peu les jargons de pédagogue qu'on peut avoir dans une école d'art.
00:18 C'est un temps passé, qui est à peu près d'une semaine et demie,
00:21 que je passe avec des étudiants et où on travaille sur la question un peu de,
00:28 à la fois du texte mais aussi de l'oralité.
00:30 Une école d'art, à un moment un diplôme se passe avec un jury qui est là,
00:34 il y a une exposition comme on peut voir ici,
00:37 et puis l'étudiant doit à un moment porter une parole sur son travail.
00:41 Ça c'est la première chose, donc il y a une vraie question sur l'oralité,
00:46 comment je peux parler moi, plasticien, de mon travail,
00:49 qu'est-ce qui est mis en jeu dans mon travail,
00:51 qu'est-ce que je questionne à l'intérieur de mon travail, ça c'est une des premières données.
00:55 Quand on passe effectivement au master,
00:58 là il y a un réel mémoire qui est à rendre,
01:01 qui doit faire à peu près une quarantaine de pages,
01:03 qui est déjà un objet plus construit, qui est même édité, voire publié.
01:09 Et donc l'écriture, la parole, l'éloquence,
01:12 la question d'ailleurs qu'on retrouve sans doute aussi dans les lycées,
01:17 lors du caloriage, je crois qu'il y a aussi un oral qui a été mis en place.
01:22 Donc cette question-là nous a été posée nous dans l'école d'art.
01:25 Comment à un moment par le langage j'arrive peut-être à exprimer quelque chose ?
01:29 Alors pour ça, il faut peut-être qu'à un moment montrer que le langage lui-même
01:34 est peut-être quelque chose qui est de l'ordre de la matière,
01:37 au même titre, si je prends une métaphore un peu facile,
01:40 au même titre que ce serait de la terre blaise, que je viens, que je roule, que je malaxe.
01:44 C'est-à-dire qu'on peut regarder le langage aussi comme quelque chose qui produit du sens,
01:49 bien évidemment, où les mots ont du sens, les phrases ont du sens, mais pas seulement.
01:54 Le langage c'est aussi des sons, c'est aussi des sonorités, c'est des "kakakakakakakakakakakak",
02:01 c'est des "pepepepepepepepepepe", c'est des "teuteuteuteuteuteu".
02:04 Donc on fait des tas d'exercices de respiration, on va commencer très bas, faire des "aah aah aah aah aah aah aah aah aah aah aah".
02:13 Et on monte comme ça dans les hauteurs, on arrive à crier, à parler avec le murmure,
02:17 on fait plein d'exercices, on tape sur les murs, on marche à quatre pattes, on fait le canard, on "blablabla", plein de choses.
02:25 Et puis un travail d'écriture à côté de ça, il propose des choses dans l'espace,
02:29 parce que c'est quand même des étudiants plasticiens, et la plasticité de l'espace,
02:34 comment je mets les chaises, comment je parle à un public, comment est-ce que je les mets en cercle,
02:40 est-ce que je les mets les yeux fermés, est-ce que je crée des diagonales dans l'espace, voilà.
02:47 Donc ils disent leur texte comme ça, à quatre, voilà, et puis petit à petit le travail avance.
02:52 Et à la fin, je leur demande, très simplement, de dire "ben maintenant, vous avez la boîte à outils,
02:58 vous avez des tautogrammes, vous avez la sonorité des mots, vous avez des jeux comme ça du langage, des choses qui sonnent,
03:05 on a fait des exercices de murmure, on a fait des exercices de voix qui sont extrêmement portés, des fois du cri, voilà.
03:11 Et maintenant, à vous d'écrire un texte qui vous concerne, qui vous appartient".
03:16 Vous n'allez parler que de ce que vous voulez, c'est vous qui décidez sur quel terrain, territoire,
03:22 vous allez mettre votre écriture. Et là, je leur propose de dire ce texte devant les autres, devant les copains qui sont là, qui écoutent.
03:30 Moi, c'est une chose qui m'intéresse, c'est comment la poésie et la création créent une distance suffisante
03:37 pour jamais prendre en otage le public et parler de choses qui sont extrêmement tendues,
03:43 mais avec une sorte de distance et d'écart qui nous met nous-mêmes dans un propre récit qu'elles nous énoncent et qui peut venir nous toucher au plus profond.
03:52 Si je les ai choisis, c'est aussi pour la diversité de leur proposition.
03:57 C'est ça ! C'est ça ! C'est ça ! C'est ça ! C'est ça ! C'est ça ! C'est que ça qu'on...
04:13 C'est ça qu'on... C'est ça qu'on demande... c'est ça qu'on demande...
04:19 C'est que ça, qu'on demande des mots, qu'on demande des mots, qu'on demande des mots, qu'on demande des mots, qu'on demande des mots, qu'on demande des mots, qu'on, qu'on, qu'on demande, trop de mots, qu'on sait que ça, que ça, que ça, qu'on demande trop de mots.
04:42 P-p-parler, p-p-parler, p-p-parler, p-p-parler...
04:46 Pa... pa... pa-parler...
04:49 Pa-parler, pa-parler...
04:52 Pa-parler...
04:53 Pa-parler, pa-parler, pa-pa...
04:56 Pa-pa-pa-parler, pa-parler...
04:59 "Peur de parler"...
05:01 "Peur de parler"...
05:10 "Tout au fond du grenier, dans une boîte en carton au milieu des chiffons,
05:14 habillée de sa jupe préférée, une poupée.
05:17 On connaît tous Poupée.
05:19 Petit papillon perdu, inapproprié pour le paradis,
05:22 Poupée plaît.
05:23 Dans ce monde où l'intelligence est morte face au paraître,
05:26 Poupée est toujours à prêter.
05:27 Par du beau temps comme du printemps,
05:29 Poupée, c'est la blondinette,
05:31 toujours coquette pour faire la fête.
05:33 Poupée, c'est la blonde à aimer.
05:35 Des yeux uniques et un teint de porcelaine,
05:38 des souliers jeunes qui la rendent si exceptionnelle.
05:40 Elle saupoudre la vie d'un peu de magie.
05:43 Dans ses mains, il y en a des centaines.
05:45 Je vous parle bien sûr de poésie.
05:47 Poupée, c'est elle.
05:49 Poupée, c'est moi.
05:50 Poupée, c'est elle.
05:51 Poupée, c'est moi.
05:53 Poupée, c'est elle.
05:54 Poupée, c'est...
05:56 Ces mots-là,
06:03 ces mots-là,
06:05 ces mots-là, ces mots-là,
06:07 qu'on dit pas, qu'on dit.
06:09 Ces mots-là, ces mots-là, là.
06:11 Ces mots-là, ces mots-là.
06:14 Ces mots-là, ces mots-là,
06:16 ces mots-là, ces mots-là,
06:17 ces mots-là, ces mots-là, là.
06:19 C'est là, c'est là, c'est macha, ami, macha, macha.
06:21 Ces mots-maché, macha, ces mots-maché, ami, macha.
06:24 Femme là, c'est macha, c'est là, c'est là.
06:26 C'est l'oie là, c'est l'oie.
06:27 C'est l'oiseau agonie, c'est l'oiseau agoniste,
06:29 c'est l'oiseau agonisant, c'est l'oie là, agonisant, l'oiseau, c'est l'oiseau.
06:33 C'est volé, c'est l'oiseau volé, c'est l'oiseau violé, voilé, violé.
06:36 C'est l'oiseau... C'est l'oie là, c'est l'oiseau,
06:39 c'est l'oiseau violé, voilé, voilé.
06:40 Ces mots-là, ces mots-là, ces mots-là, ces mots-là, ces mots-là, ces mots-là,
06:43 ces femmes-là violées, ces femmes-là violées,
06:45 vous violez les lois, c'est hors de tout ça, c'est là, c'est là.
06:48 Ces femmes-là, ces femmes-là, ces femmes-là,
06:50 ces femmes-là, ces femmes-là, ces femmes-là, ces morts-là, ces morts-là, ces morts-là.
06:55 Là, c'est mort.
06:57 J'ai les yeux ouverts, mais je ne vois rien.
07:01 Je n'entends rien. Tic.
07:03 Je crois qu'on m'a vendé les yeux. Tac.
07:05 Ou alors quelqu'un a alterné la lumière.
07:07 Allumez la lumière, s'il vous plaît.
07:09 Rallumez-la, rallumez-la, rallumez-la.
07:12 L'aiguille joue sans arrêt avec le temps.
07:15 Nous sommes dans le passé ou dans le présent.
07:18 Nous l'avions éloigné des années du rang.
07:20 Ce voile noir qui sourit depuis le purgatoire.
07:22 Tic. Nous avons senti sa présence.
07:24 Tac. Il y a longtemps déjà.
07:25 Tic. Nous devons le voir pour qu'il ne nous rattrape pas.
07:28 Tac. Pour qu'il ne nous déchire pas.
07:30 À force de tomber, nous aurions dû comprendre.
07:33 Cette guerre signe le début de nos plus sombres méandres.
07:36 La fenêtre dans laquelle je passe est de plus en plus étroite.
07:39 Tic. Tac. Tic.
07:43 Le temps s'arrête.
07:45 Il s'arrête.
07:46 Je sens qu'il me lorgne, qu'il me dévore.
07:50 Tac. Il lacerne mes homoplates.
07:52 Tic.
07:54 Je ne ressens plus rien, à part ces violents stigmates.
07:57 Tac.
07:59 La performance est annulée.
08:18 Annulée.
08:21 Le moustigre tigre a frappé.
08:24 Donc la performance est annulée.
08:27 La léthargie a émergé.
08:29 Donc la performance est rétrogradée.
08:32 Le moustique tic n'est pas gentil.
08:35 Il n'hésitera pas à vous piquer.
08:37 Restez sur vos gardes.
08:39 Le psychotique est malade.
08:41 Il est malade.
08:42 Il ne voit pas clairement la réalité.
08:45 La réalité, c'est la vérité de la population conforme.
08:49 Ne sortez pas de la conformité.
08:51 Si vous en sortez, vous êtes fous.
08:53 Soyez normaux.
08:55 N'inventez pas vos propres recettes.
08:58 Je suis nulle en poésie.
09:00 Donc la poésie est annulée.
09:03 Il est primordial de ne rien laisser transparaître.
09:06 Je ne vous donnerai rien.
09:07 J'annule. J'annule.
09:09 J'annule.
09:11 Les mots et les idées sont annulés.
09:13 Ça m'énerve d'essayer de vous complaire.
09:15 La performance est annue.
09:17 Je suis honnête.
09:18 La maladie n'existe pas.
09:21 Si je performe,
09:24 je performe des astres de moi-même.
09:27 Elle se laisse aller sur les astres.
09:29 Elle prévoit les guerres.
09:30 Quelle guerre ?
09:31 Celle des écoutis qui ne doit pas laisser passer les eaux du néant.
09:35 Finalement, je performe.
09:39 (Rires)
09:40 (Applaudissements)
09:44 (...)
09:49 (...)
09:52 [Musique]

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