• il y a 2 ans
Après une décennie passée à la tête de la CGT des Alpes-Maritimes, Gérard Ré passe la main. Vendredi 2 juin 2023, le congrès de l’union départementale a élu son adjointe, Céline Petit, pour lui succéder. Mais Gérard Ré n’a nullement l’intention de renoncer au syndicalisme. Élu au bureau confédéral, il milite désormais au siège de Montreuil (Seine-Saint-Denis), auprès de la nouvelle secrétaire générale, Sophie Binet. Et profite d’être invité de L’Interview à la une, le grand entretien hebdomadaire du groupe Nice-Matin, en partenariat avec Radio Émotion, pour battre le rappel de la 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce mardi 6 juin. Mot d’ordre : « Il est toujours possible de ne pas l’appliquer. »

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Bonjour à tous, bienvenue sur le plateau de l'Interview à la Une, l'émission de la
00:18 rédaction de Nice Matin en partenariat avec Radio Emotion, une émission que j'ai le plaisir
00:23 de présenter avec Frédéric Morisse, chef de l'édition Nice Métropole de Nice Matin.
00:27 Bonjour Frédéric.
00:28 Bonjour.
00:29 On va inviter aujourd'hui Gérard Rey, secrétaire général de la CGT dans les Alpes-Maritimes
00:35 et membre du bureau confédéral du syndicat.
00:38 Bonjour Gérard Rey.
00:39 Bonjour.
00:40 Gérard Rey, le congrès de la CGT des Alpes-Maritimes vient de se tenir ces trois derniers jours
00:45 à Caroz.
00:46 Qu'est-ce qu'il faut en retenir ?
00:48 Il faut en retenir des salariés, des délégués qui sont toujours mobilisés, qui ont tenu
00:56 à rappeler lors de ce congrès leur mobilisation et leur volonté de continuer à se mobiliser
01:00 dans le cadre de la réforme contre les retraites, mais aussi sur l'amélioration des conditions
01:04 de travail.
01:05 Je parle notamment aux salariés de Coroyant qui sont en grève actuellement depuis le
01:10 25 mai et qui sont venus nous rendre visite à plusieurs reprises pour nous témoigner
01:15 de ce qu'elles vivent au quotidien et donc demander la solidarité interprofessionnelle,
01:21 ce qui a été le cas, mais aussi de continuer à se battre contre cette réforme de retraite
01:25 et pour plus de justice sociale.
01:27 On va parler de la réforme des retraites, mais cette mobilisation galvanise les troupes
01:32 à la CGT ?
01:33 Oui, l'enjeu est de taille puisqu'il s'agit quand même de travailler deux ans de plus,
01:39 donc un impact sur notre vie à toutes et tous.
01:42 Frédéric, c'est une petite qui était jusqu'ici votre bras droit, votre adjointe,
01:48 vous succède, c'est ça ?
01:49 Oui, c'est ça.
01:50 Elle a été élue hier soir, je crois ?
01:52 Tout à l'heure.
01:53 Elle devient donc la première femme à diriger l'union départementale CGT des Alpes-Maritimes.
01:58 D'accord.
01:59 Alors justement, une femme patronne du département, une femme patronne de la Confédération,
02:04 toute cette féminisation de la CGT, c'est une révolution ça du syndicat ?
02:07 Non, ce n'est pas une révolution, c'est une évolution et puis c'est surtout aussi
02:13 des camarades qui prennent leur place dans notre organisation syndicale.
02:18 C'est la place que les femmes doivent tout naturellement occuper dans la CGT.
02:23 Ce n'est pas, comme l'a dit d'ailleurs Sophie Binet, ça ne doit pas être l'arbre
02:26 qui cache la forêt.
02:27 Il y a encore du travail à faire pour que les femmes prennent leur place dans la CGT
02:30 mais surtout pour que l'on gagne la réelle égalité au travail.
02:33 Et donc là aussi, on a encore du boulot et des revendications à faire aboutir.
02:37 Au-delà de la féminisation, vers quoi va la CGT ?
02:41 La CGT, elle a d'abord réaffirmé pendant ces trois jours, elle l'avait déjà réaffirmé
02:47 lors de son congrès confédéral à Clermont-Ferrand.
02:52 On souhaite remettre les questions sociales au centre du jeu.
02:55 C'est ce qui se passe d'ailleurs depuis maintenant quatre mois.
02:59 Les questions sociales intéressent les Françaises et les Français d'ailleurs, ils se mobilisent
03:03 largement.
03:04 Et donc on souhaite remettre ces questions au centre du jeu.
03:07 Mais la CGT s'intéresse aussi aux questions écologiques mais en les prenant par le bout
03:11 des revendications des travailleurs et des travailleuses parce que ce sont eux qui connaissent
03:15 leur travail.
03:16 C'est eux qui savent comment le transformer pour justement diminuer l'impact écologique.
03:19 Voilà, dans ce contexte de préoccupation forte du monde du travail, il y a tous ces
03:24 enjeux-là qui traversent notre organisation syndicale.
03:27 Alors vous vous quittez le secrétariat départemental.
03:30 Aujourd'hui, vous allez prendre la totalité de vos responsabilités, de vos charges au
03:36 sein du bureau confédéral.
03:38 Qu'est-ce que vous y faites concrètement là-haut à Paris ?
03:40 Alors à Paris, je m'occupe de ce qu'on appelle la qualité de vie syndicale.
03:44 Donc c'est comment on fait vivre notre organisation, comment on l'anime.
03:49 Et donc j'ai en charge notamment cette question-là et puis la question des travailleurs migrants
03:57 donc au sein de la CGT.
03:58 Donc vous êtes un proche de Sophie Binet, on féministe tout du coup, un proche de Sophie
04:05 Binet au bureau confédéral.
04:07 Quel portrait vous en feriez de cette nouvelle secrétaire générale ?
04:10 Je crois que vous avez tweeté l'autre fois que c'était une badass, donc une dure à
04:13 cuire.
04:14 Est-ce que vous pouvez la présenter ?
04:15 Oui mais c'est surtout une militante particulièrement pointilleuse qui travaille, qui a en tout
04:26 cas une grande capacité de travail mais aussi qui sait aller jusqu'au bout de ses convictions,
04:33 qui sait faire passer ses convictions avant tout et puis surtout qui sait organiser le
04:36 travail collectif parce qu'on en a besoin dans la période.
04:39 Et pourtant, ce n'est pas quelqu'un qui est issu du monde ouvrier quand même.
04:41 Là, on a affaire à une intellectuelle, une politique plutôt.
04:43 Oui mais c'est quelqu'un qui par contre a à cœur justement de faire en sorte que
04:47 le monde ouvrier ne soit pas effacé de la CGT par une sorte de remplacement, j'allais
04:54 dire, pour les cadres.
04:56 Et non, c'est bien de prendre en compte l'ensemble de la diversité du salariat.
04:59 Donc c'est bien ce qu'a à cœur ce bureau confédéral avec Sophie Binet.
05:04 Alors vous avez parlé du congrès confédéral à Clermont-Ferrand.
05:07 Ce congrès a infligé un camouflet sans précédent à l'ancien secrétaire général Philippe
05:14 Martinez.
05:15 Est-ce que la CGT a été injuste avec sa présidente de direction ?
05:19 Je ne sais pas si elle a été injuste.
05:22 Les délégués se sont réunis.
05:23 Moi ce que j'en retiens c'est d'abord la capacité des délégués avec effectivement
05:28 plus ou moins de violence d'ailleurs dans les débats mais la capacité des délégués
05:34 à avoir une analyse, une analyse critique d'ailleurs sur ce qu'a pu faire une direction.
05:38 Ce n'est pas une question d'hommes et d'ailleurs moi je refuse mais c'est également le bureau
05:42 confédéral qui est sur cette ligne et l'ensemble de la CGT.
05:45 On refuse que Philippe Martinez soit un bouc émissaire.
05:47 Il y a eu effectivement peut-être à un moment donné des décisions qui n'ont pas été
05:52 comprises par le corps militant, qui n'ont pas été acceptées.
05:55 Et c'est ce qu'on dit, les délégués tout naturellement pendant ce congrès, ils
05:58 ont voulu une feuille de route qui corresponde plus à ce qu'ils attendent de la CGT.
06:02 C'est ce qu'ils ont dit et c'est ce qui a animé les débats et donc avec beaucoup
06:06 d'amendements, beaucoup de débats parfois vifs, peut-être trop vifs par moments mais
06:10 en tout cas on en a ressorti une feuille de route très claire et une direction qui est
06:14 au travail déjà pour assembler l'organisation.
06:16 Mais qu'est-ce qu'on reprochait à cette présence de direction ? Pour qu'on comprenne
06:18 bien vers quoi on va en fait.
06:20 Qu'est-ce qu'on laisse derrière nous et vers quoi on va ? Vous avez expliqué, vers
06:23 quoi c'est aller effectivement davantage vers les relégations des ouvriers, des gens
06:27 qui sont sur le terrain, qui travaillent tout en accordant ça avec la nécessité de
06:32 prendre en compte le réchauffement climatique et l'adaptation.
06:36 Mais qu'est-ce qu'on reprochait à cette présence de direction ? Parce que vu l'extérieur,
06:39 on pensait qu'ils défendaient les intérêts de ces classes-là.
06:41 Non mais je n'ai jamais prétendu que Félix Martinez avait trahi les intérêts de classe.
06:45 Non, il y a des décisions, effectivement ce qui a été reproché, que des décisions
06:51 l'étaient, en tout cas sans assez consulter, sans assez lancer le débat dans l'organisation,
06:57 ce qui a créé des incompréhensions pour le moins.
07:00 Et donc c'est les débats qu'il a fallu éclaircir tout au long de son congrès.
07:04 Après ce congrès a pris un certain nombre de décisions en tenant compte de ces débats.
07:08 Nous on ne souhaite pas que ce qu'on retienne de ce congrès, c'est qu'on ait mis Félix
07:14 Martinez au pilori.
07:15 Félix a fait son travail, il l'a très bien fait pendant toutes ces années.
07:19 Alors votre combat contre la réforme des retraites continue.
07:23 Mardi, l'intersyndicale appelle à une quatorzième journée de mobilisation.
07:27 Il faudra combien de manifestants dans la rue pour que ça soit un réel succès ?
07:32 Il en faut le plus possible.
07:34 Il en faut le plus possible.
07:35 Ça va être dur de mobiliser non ?
07:36 Oui, mais c'est toujours difficile de mobiliser, surtout quand on a déjà laissé 13 jours
07:40 de grève derrière nous, surtout quand la répression est au plus haut en ce moment.
07:47 N'oublions pas que l'autre jour à Cannes, il y a des militants qui ont fini au poste.
07:51 Je pense aussi aux militants qui ont été aujourd'hui et qui sont d'ailleurs incarcérés
07:56 aujourd'hui à Marseille pour avoir protesté et organisé une mobilisation.
08:00 Vous êtes de ceux qui dénoncent des violences policières ?
08:03 Non mais la répression, on dénonce la répression qui s'abat actuellement dans ce pays contre
08:08 ceux qui...
08:09 Enfin la répression contre le mouvement social.
08:11 On l'avait vu à Sainte-Sauline, on l'avait vu dans un certain nombre de défilés.
08:15 Alors certes sur Nice, les mobilisations se passent bien, mais on a regretté quand même
08:19 des garde à vue abusives.
08:20 On a regretté des militants qui se retrouvent au poste alors que ce n'était pas forcément
08:25 justifié.
08:26 Et en ce qui concerne la police, est-ce que vous faites partie de ceux qui disent que
08:28 la police, si elle agit de façon trop violente, qu'il y a des violences policières caractérisées ?
08:34 Parce que c'est un débat qui, en particulier à gauche, qui est à court.
08:37 Non mais la police, ce sont des fonctionnaires, donc ils réagissent bien à des ordres qui
08:42 leur sont donnés.
08:43 Ce sont des ordres qui posent problème, ce n'est pas la police elle-même.
08:45 Donc ce qui pose problème, c'est ce qu'on fait de la police, des forces de police.
08:48 Je le redis, sur le département, ça s'est toujours très bien passé parce qu'on est
08:51 en capacité de dialoguer avec les forces préfectorales, mais on ne se cache pas derrière
08:56 notre petit doigt.
08:58 On sait qu'il y a une volonté de ce gouvernement de réprimer durement et le plus durement
09:02 possible ce mouvement social.
09:04 Mais c'est vrai pour le gouvernement, c'est vrai aussi pour les directions.
09:06 Un certain nombre de camarades se voient licenciés parce qu'ils ont participé à des faits
09:11 de grève.
09:12 Je reprends l'exemple de Corian.
09:14 Il y a des salariés qui se sont mis en grève et qui l'ont annoncé à leur direction,
09:17 qui voient leur contrat qui n'est pas renouvelé.
09:20 C'est absolument inacceptable.
09:21 Est-ce que vous soutenez les casserolades ? On en a vu récemment ici même, il y a deux
09:28 semaines lors de la visite de la ministre de la Culture.
09:32 On voit les images.
09:34 Est-ce que ça sert à quelque chose ?
09:35 Ça sert à se faire entendre, puisque visiblement on ne nous entend pas ou en tout cas on ne
09:40 veut pas nous écouter.
09:41 Donc c'est un moyen effectivement de nous faire entendre et puis d'animer aussi la
09:45 période, mais c'est surtout de dire à cet exécutif qui voudrait finalement tourner
09:51 la page et passer à autre chose.
09:53 On ne tournera pas la page et on ne passera pas à autre chose.
09:56 Plus rien ne peut être comme avant, tant qu'on n'a pas retiré cette réforme, et
10:00 elle est encore en temps, de ne pas appliquer cette réforme.
10:04 Et effectivement, si on veut passer à autre chose, remettons-la en retraite à 60 ans.
10:08 Mais vous croyez encore possible d'empêcher cette réforme ?
10:10 Il est toujours possible de ne pas appliquer une réforme.
10:13 Mais il faut un geste politique.
10:15 Ce n'est pas nous qui pouvons le faire, c'est Emmanuel Macron.
10:18 Il aurait déjà par exemple pu faire en sorte que le vote du 8 juin se passe dans de bonnes
10:24 conditions.
10:25 Ce n'est pas le choix qui a été fait.
10:26 On est dans un pays, quasiment le seul pays européen, où on est en capacité de faire
10:30 passer une loi de cette importance, deux ans de plus pour tous les travailleurs et
10:34 travailleuses, deux ans de plus pour les travailleurs et travailleuses, sans jamais qu'elle soit
10:40 votée nulle part.
10:41 Cela pose quand même un certain problème démocratique, y compris sur le plan international.
10:45 Mardi, vous vous appelez aussi à manifester, à faire la grève pour obtenir d'autres
10:50 avancées sociales.
10:51 Vous pensez auxquelles en particulier ? Au-delà même de la réforme des retraites ?
10:55 Même s'il y a un choix politique de modifier le système de retraite, il y a la question
11:04 de son financement.
11:05 Et donc déjà, pour parler du financement des retraites, il y a la question de l'augmentation
11:09 des salaires, compte tenu aussi de la période d'inflation qu'on vit depuis un certain
11:13 temps.
11:14 Donc nous, on appelle à mettre le SMIC à 2 000 euros, mais aussi de réévaluer l'ensemble
11:19 de l'échelle des salaires et surtout de réévaluer au long cours les salaires en
11:25 fonction de l'inflation.
11:26 C'est la première chose.
11:27 Il y a la question de la réduction du temps de travail.
11:29 Nous, on propose 32 heures par semaine.
11:31 Il y a un certain nombre de propositions d'amélioration des conditions de travail, notamment par l'abrogation
11:36 ou en tout cas en revenant sur les ordonnances de Macron qui a supprimé un certain nombre
11:40 d'instances, notamment celles liées à la suppression du CHSCT.
11:45 Je rappelle qu'une étude a montré que l'année dernière, notamment les cadres,
11:50 étaient absents.
11:51 L'absence des cadres a largement augmenté l'année dernière.
11:58 Donc il y a de quoi faire aussi sur ces questions-là.
12:00 Est-ce qu'il n'y a pas d'avantage à gagner en passant à autre chose que de rester
12:04 que bouté sur la contestation de la réforme des retraites ?
12:07 C'est un point central.
12:09 Comment on va faire pour passer à autre chose alors qu'on piétine la démocratie,
12:13 qu'on piétine la démocratie politique, la démocratie sociale ?
12:16 Donc on souhaite effectivement être entendus parce que la majorité de ce pays, 90% des
12:21 travailleurs, 70% de la population ne souhaitent pas cette réforme des retraites.
12:25 Donc il est important qu'on soit entendus.
12:28 Mais tous les autres sujets et d'autres que ceux que j'ai cités, nous continuerons
12:32 à les porter, voire même à les porter plus fort parce que je le redis, plus rien ne sera
12:35 jamais comme avant, ne serait-ce que sur la question intersyndicale par exemple.
12:38 Cette réforme est suite son cours malgré tout.
12:41 Est-ce un échec de l'intersyndicale, des syndicats ?
12:44 Qu'est-ce que vous avez raté ?
12:45 Non, ce n'est pas un échec.
12:47 Au contraire, je pense que la bataille idéologique, on l'a gagnée.
12:51 Moi, je salue les millions de travailleurs et travailleuses qui se sont mis en grève,
12:57 celles et ceux qui ont mis parfois 45 jours de grève.
13:00 Et parfois, le combat est très inégal quand on a en face de nous quelqu'un qui ne veut
13:05 pas écouter, qui se mûre dans le silence et qui utilise de subterfuges pour ne pas
13:09 faire voter une loi.
13:10 Donc à partir de ce moment-là, il en tirera les conséquences, nous en tirerons les conséquences.
13:15 Mais en tout cas, le pays ne peut pas être gouverné de cette façon.
13:19 Ce n'est pas possible.
13:20 Vous avez gagné la bataille de l'opinion, mais ce n'était pas le but quand même de
13:22 cette contestation.
13:23 Le but de la contestation, c'est d'obtenir quand même l'avogation de cette réforme.
13:26 La bataille n'est pas finie.
13:28 Moi, je suis sûr qu'on peut gagner.
13:30 Donc je donne vraiment rendez-vous aux salariés, de se mobiliser le 6 et après, parce que
13:34 ça va continuer.
13:35 J'en suis sûr et certain.
13:36 Vous parliez d'Emmanuel Macron il y a un instant.
13:39 Est-ce qu'on peut vous demander pour qui vous avez voté au deuxième tour de l'élection
13:41 présidentielle ?
13:42 Non, mais j'ai fait comme tout le monde.
13:44 J'ai été voté au deuxième tour de l'élection présidentielle.
13:47 Et je crois que dans ce pays, il y a un principe de confidentialité du vote.
13:51 Donc je fais comme tout le monde.
13:53 J'ai fait mon devoir en mon âme et conscience.
13:55 Je crois qu'Emmanuel Macron, par rapport à ce vote, avait dit "j'ai entendu ceux
14:00 qui ont voté pour moi".
14:01 Non pas pour mon programme, mais parce qu'il n'y avait pas le choix.
14:05 Il semblerait qu'il n'a pas entendu finalement.
14:07 Mais il disait aussi "je reporterai l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans".
14:13 Il l'a toujours dit aussi en même temps.
14:15 Oui, bien sûr.
14:16 Nous avons fait aussi notre travail.
14:18 Il aurait pu tenir compte effectivement du fait qu'aucune organisation syndicale
14:24 ne voulait de cette réforme et que nous avions par ailleurs fait un certain nombre de propositions
14:31 pour éviter cet allongement.
14:33 Ça ne peut pas être.
14:34 J'ai raison, tout seul, contre tout le monde, tout simplement parce que je l'ai dit dans
14:37 mon programme.
14:38 Certains à la CGT ont fait le choix de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle.
14:43 Est-ce qu'on peut militer à la CGT et voter Rassemblement National ?
14:47 Alors nous, on ne peut pas savoir ce qu'ont voté les adhérents de la CGT.
14:53 Personne ne peut le savoir.
14:54 Il n'y a pas plus vous que moi.
14:55 On ne peut pas militer à la CGT et militer au Rassemblement National, d'ailleurs évoqué
14:59 encore pendant ce congrès.
15:00 C'est impossible.
15:02 Donc ceux qui militent à la CGT et qui militent au Rassemblement National doivent quitter
15:06 notre organisation parce que ce n'est pas compatible.
15:09 Ce que l'on dit, c'est que l'extrême droite, et il n'y a pas que le Rassemblement National,
15:14 l'extrême droite est un poison pour le monde du travail.
15:16 Ils ne sont pas pour l'augmentation des salaires.
15:18 Ils ne sont pas pour la remise en cause du modèle néolibéral.
15:21 Et donc on souhaite attirer l'attention sur ce parti qui porte en lui légèrement du
15:25 fascisme et donc nous alertons.
15:29 Et d'ailleurs ce soir, nous sommes mobilisés sur la place Garibaldi à propos contre la
15:34 venue de Marion Maréchal-Le Pen.
15:36 Donc nous sommes très clairs, en tout cas à la CGT, pour alerter non seulement sur
15:41 les dangers de ces partis d'extrême droite, mais aussi pour militer contre ces idées-là.
15:47 Pour en finir sur la page nationale, est-ce que Emmanuel Macron est en bonne voie d'apaiser
15:53 le pays dans les 100 jours qu'il s'était imparti ?
15:55 C'est déjà bien mal parti parce que je n'ai pas compté le nombre de jours, mais
15:58 il y a eu quand même beaucoup de bruit dans le pays et surtout, je le redis, moi je suis
16:02 très inquiet aussi sur la montée de la criminalisation de l'activité syndicale.
16:08 Et donc on ne peut pas d'abord gouverner sans entendre le peuple, on ne peut pas gouverner
16:14 par la répression sans arrêt, à un moment donné ça ne tiendra plus.
16:18 Et en tout cas, il ne nous impressionne pas et il ne nous intimidera pas, nous continuerons
16:23 à nous mobiliser.
16:24 Pour terminer sur Emmanuel Macron, il a employé la semaine dernière le terme de "déscivilisation"
16:30 au sujet de la succession de faits divers.
16:33 Est-ce qu'il a eu raison ?
16:35 Oui, mais c'est une ficelle qui est un peu grosse en fait, à chaque fois qu'on est
16:39 en difficulté, en tout cas que les gouvernants sont en difficulté sur ces sujets sociaux,
16:45 ils rebondissent souvent sur les termes portés par l'extrême droite, c'est un peu une constante
16:50 dans ce pays malheureusement.
16:51 Moi je pense qu'il ferait mieux plutôt que d'utiliser ce genre de phrases de répondre
16:55 aux revendications des Français.
16:56 Revenons dans les Alpes-Maritimes.
16:59 Maintenant, lors du dernier festival de Cannes, la CGT a organisé des coupures de gaz en
17:08 charge du Palais des festivals, l'intention de tous les restaurateurs qui travaillent
17:11 dans le secteur.
17:12 D'abord, est-ce que vous appréhendez ces coupures, ces manières de faire ?
17:16 Écoutez, il semblerait qu'on ne veuille pas nous entendre dans ce pays, donc après
17:20 il ne faut pas s'étonner quand il y a des salariés qui décident des actions, parfois
17:25 radicales, parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens d'expression, parce qu'on ne leur
17:29 donne pas la possibilité, lors qu'ils s'expriment, de donner suite à leur expression.
17:35 Donc il ne faut pas s'étonner qu'il y ait de la colère qui s'exprime dans ce pays.
17:38 Mais on l'avait déjà dit depuis longtemps, je l'ai moi-même redit assez souvent.
17:43 Donc oui, d'abord, je soutiens effectivement les collègues et les camarades en lutte.
17:48 Mais je dis, ça va se répéter.
17:50 La semaine dernière, samedi dernier, la réalisatrice Justine Trier, qui a reçu la Palme d'or,
17:57 a violemment critiqué la politique du gouvernement.
18:00 On va l'écouter.
18:02 Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement
18:08 puissante, unanime, de la réforme des retraites.
18:12 Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante.
18:24 Et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs
18:29 domaines.
18:30 Gérard, est-ce que c'était le discours d'une enfant gâtée, comme l'a estimé
18:34 le maire Les Républicains de Cannes, David Lyssenaar ?
18:38 D'abord, je crois que M. Lyssenaar devrait réviser l'histoire.
18:43 Si le festival de Cannes, aujourd'hui, il existe, c'est parce qu'à un moment donné,
18:46 les travailleurs et les travailleuses de ce pays, voulant lutter contre l'ordre établi,
18:50 ont décidé, en considérant d'ailleurs que la culture est un élément fondateur
18:56 de l'émancipation de toutes et tous, ont décidé de constituer ce festival.
19:01 Déjà, il devrait s'en rappeler et avoir un peu plus de respect pour celles et ceux
19:03 qui luttent.
19:04 Et je trouve qu'une compte tenu du contexte dans lequel on est, des difficultés que se
19:11 posent dans ces professions pour travailler, moi je souligne le courage dont elle a fait
19:19 preuve lors de cette cérémonie.
19:21 C'était pas mal placé, à ce moment-là, de faire ce discours-là, alors qu'on a un
19:26 festival international qui s'adresse à tous, au moment où il y a des crises en Iran, en
19:30 Russie, en Turquie ?
19:31 Ce qui est déplacé, c'est que ce gouvernement n'entende pas la souffrance de ce peuple
19:36 qui se bat depuis maintenant plusieurs mois.
19:38 Et le cinéma, l'art, n'est pas déconnecté du mouvement social, de ce qui se passe dans
19:43 un pays.
19:44 Et effectivement, en France, il se passe ça.
19:46 Et c'est une réalité.
19:47 On ne peut pas la nier, on ne peut pas la cacher.
19:49 On est au Palais des Festivals, on est à Cannes, on est dans les Alpes-Maritimes, on
19:53 est en France.
19:54 Alors on va terminer sur une question un petit peu plus personnelle, Frédéric Morisset.
19:57 Oui, vous êtes arrivé dans ce studio avec une valise, parce que vous partagez votre
20:01 vie maintenant entre Paris, on l'a compris, et Nice, malgré tout.
20:04 Le plus clair de votre temps, vous le passez dans la capitale, vous le passez au bureau
20:08 confédéral.
20:09 Est-ce que vous regrettez, enfin, qu'est-ce que vous regrettez dans les Alpes-Maritimes ?
20:14 On sait que c'est un territoire qui n'est pas facile quand même pour un cégétiste,
20:17 c'est un territoire très ancré à droite.
20:18 Qu'est-ce que vous aimez dans ce territoire, qu'est-ce qui vous manque le plus ?
20:21 La mer.
20:22 Non mais c'est vrai que je ne suis pas originaire des Alpes-Maritimes, je me suis profondément
20:27 rattaché lorsque je suis arrivé sur mon lieu de travail à Cannes dans la boca, chez
20:31 Thalès Alenia Space.
20:32 Et donc c'est un territoire, effectivement, que j'aime profondément parce que c'est
20:37 varié, parce qu'il y a une couleur particulière, parce que je me suis attaché à un certain
20:41 nombre de gens, de collègues, de travail, de camarades de combat aussi, que j'y ai
20:47 beaucoup appris.
20:48 Et donc voilà, c'est une histoire intime entre ce département et moi-même, mais y
20:52 compris dans l'adversité de mes adversaires de classe.
20:55 J'ai appris aussi en côtoyant ces gens-là.
20:58 Donc voilà, je… alors ce n'est pas forcément que ça me manque, mais en tout cas j'aime
21:02 y revenir et donc j'ai fait le choix de travailler à Paris et de revenir le week-end,
21:07 me ressourcer ici sur les Alpes-Maritimes, même lorsque le temps n'est pas au beau
21:11 par accident.
21:12 Ce n'est pas banal quand même de venir d'un territoire aussi loin des valeurs de
21:15 la CGT, quand même, les Alpes-Maritimes, on dirait que c'est presque le contraste
21:19 absolu avec ce que vous défendez au quotidien.
21:21 Oui, mais par contre, il y a… d'abord, il y a une organisation syndicale, on le sait
21:27 peu, mais l'Union Départementale CGT des Alpes-Maritimes est l'une des plus grosses
21:31 unions départementales de France.
21:32 Ce n'est pas la première, mais ça fait partie, j'allais dire, du top 10.
21:35 Donc c'est une union départementale importante sur le territoire national.
21:40 Et puis, il y a quand même des entreprises qui sont des entreprises importantes.
21:45 Il y a Thalès, puisqu'il y a deux entreprises de Thalès.
21:47 Il y a Amadeus, mais il y a aussi des administrations qui sont très importantes où il y a beaucoup
21:52 de syndiqués.
21:53 Donc, il y a quand même sur ce territoire du combat syndical, du combat politique.
21:57 Et donc, on a aussi des amis et des camarades.
22:00 Donc, c'est une petite valeur du boulot encore.
22:01 Oui, tout à fait.
22:03 Merci beaucoup Gérardet.
22:05 Merci Frédéric Maurice.
22:06 Merci à tous de nous avoir suivis.
22:08 Merci à Sophie Danzé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission et
22:12 à Christelle Benjamin pour sa préparation.
22:15 Une émission que vous pouvez retrouver sur les réseaux sociaux et les sites internet
22:19 de Radio Emotion.
22:20 Et ni ce matin, on se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition de l'Interview
22:25 à la Une.
22:26 Bonne journée et bon week-end à tous.
22:27 Merci.
22:30 Merci.
22:31 Au revoir.
22:31 Au revoir.
22:36 [SILENCE]

Recommandations