Apolline de Malherbe reçoit Jérôme Pierrat, spécialiste du grand banditisme, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce vendredi 2 juin 2023.
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00:00 - Non, il ne s'est même pas... Il y a un phénomène de banalisation assez triste,
00:04 c'est-à-dire qu'au partir des années 2000, on a vu apparaître ces règlements de comptes,
00:08 et puis après, il y a le temps que ça se répande, en gros, que ça se banalise dans cette population,
00:12 et puis après, il y a ce qu'on appelle un effet d'escalade,
00:16 c'est comme dans une guerre classique entre deux États,
00:18 il y a un moment, celui qui appuie sur le plus gros bouton,
00:20 si vous voulez répondre, vous êtes obligés de s'y renchérir, appuyez sur le plus gros.
00:23 Donc en gros, ces règlements de comptes, ils ont commencé...
00:26 En 2005, on se tirait dessus dans les quartiers Nord, au fusil de chasse,
00:28 il y avait de rares morts, et un de tous les... je ne sais pas combien,
00:31 c'était des vieilles armes qu'on trouvait chez Pépé.
00:34 Elles ont apparu, ces armes de guerre, ils ont mis un petit peu de temps,
00:37 ils les ont regardées, ils se sont auto-célébrés avec devant leur glace,
00:43 et puis à un moment, il y en a un qui l'a sortie, et puis du moment où il y en a un qui l'a sortie,
00:46 enfin, si vous voulez continuer de jouer dans le grand trafic, vous êtes obligés de répondre,
00:53 sinon tout le monde se couche et puis vous laissez la place.
00:55 Donc le voisin a sorti la sienne, et puis voilà.
00:59 - Donc ça ne peut qu'empirer quand on l'a, et puis tout.
01:00 - Donc on a banalisé ça dans les grandes villes, et puis les petits gars,
01:03 dans les trafics un peu subalternes, de villes de petite moyenne importance,
01:08 ont commencé aussi à s'y mettre.
01:09 Il y a un phénomène de mimétisme là-dedans.
01:11 Alors à Marseille, on est bien loin maintenant du simple règlement de comptes,
01:15 parce que cette phase-là, ils l'ont dépassé il y a 10 ans.
01:17 Ils ont commencé par ça, après ils ont fait des espèces de tueries de masse,
01:21 c'est-à-dire qu'avant on visait un type, après on a visé des voitures avec 5 types,
01:24 après on a commencé à faire ce qu'on appelle des fantasias,
01:26 c'est-à-dire on allait dans les cités, on tirait en plein jour sur les façades d'immeubles
01:30 ou en l'air pour terroriser non pas la population,
01:33 mais les gens qui tenaient le point de deal qu'on voulait récupérer,
01:36 et puis maintenant on tire dans le tas directement sur le point de deal.
01:39 - Avec des victimes collatérales qui sont des personnes âgées, qui sont des mères de famille.
01:43 - Quand vous tirez à l'arme de guerre, vous avez 18 ans,
01:45 vous ne savez pas où vous en servir avec une Kalachnikov
01:47 qui porte à plus de 1000 mètres, oui forcément, avec 30 balles dans le chargeur.