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C’est une trouvaille exceptionnelle. Une nécropole gallo-romaine du IIe siècle a été découverte dans le 14e arrondissement de Paris, en amont des travaux pour le RER B. Depuis le 6 mars 2023, ce groupement de sépultures non rattaché à un lieu de culte est l’objet de fouilles archéologiques. Cette nécropole gallo-romaine serait la plus grande de la ville de Lutèce, au IIe siècle après JC. Pour en parler, Virginie Girod reçoit Camille Colonna, archéologue, responsable des recherches archéologiques et anthropologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (l’INRAP). "Cette petite parcelle n’a pas été touchée par la construction du RER, ni par les constructions d’Haussmann, donc c’est vraiment un petit miracle", présente l’archéologue. Au total, une cinquantaine de sépultures ont été trouvées, accompagnées d’offrandes, comme des céramiques. Si l’on sait que la nécropole date du IIe avant JC, c’est notamment grâce à une pièce retrouvée dans la bouche d’un squelette, "la pièce du passeur". Cette dernière servait au défunt à payer "Charon", le passeur des Enfers, afin que leurs âmes traversent le fleuve des enfers. Selon les archéologues, ces inhumations étaient dans des cercueils. Pourtant, ils n’ont pas retrouvé de trace de bois : "Mais nous avons trouvé tous les clous qui ont servi à fabriquer les cercueils, et qui sont encore en place", explique Camille Colonna. Ces découvertes ont été réalisées alors que le site avait déjà été fouillé à l’époque des travaux d’urbanisation d’Haussmann, au XIXe siècle : "Ils ne fouillaient pas du tout comme nous. Ils ramassaient les beaux objets, mais ne regardaient pas les modes d’inhumation. Il n’y avait pas toute l’anthropologie et l’archéologie qu’on fait maintenant", ajoute l’archéologue.
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C’est une trouvaille exceptionnelle. Une nécropole gallo-romaine du IIe siècle a été découverte dans le 14e arrondissement de Paris, en amont des travaux pour le RER B. Depuis le 6 mars 2023, ce groupement de sépultures non rattaché à un lieu de culte est l’objet de fouilles archéologiques. Cette nécropole gallo-romaine serait la plus grande de la ville de Lutèce, au IIe siècle après JC. Pour en parler, Virginie Girod reçoit Camille Colonna, archéologue, responsable des recherches archéologiques et anthropologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (l’INRAP). "Cette petite parcelle n’a pas été touchée par la construction du RER, ni par les constructions d’Haussmann, donc c’est vraiment un petit miracle", présente l’archéologue. Au total, une cinquantaine de sépultures ont été trouvées, accompagnées d’offrandes, comme des céramiques. Si l’on sait que la nécropole date du IIe avant JC, c’est notamment grâce à une pièce retrouvée dans la bouche d’un squelette, "la pièce du passeur". Cette dernière servait au défunt à payer "Charon", le passeur des Enfers, afin que leurs âmes traversent le fleuve des enfers. Selon les archéologues, ces inhumations étaient dans des cercueils. Pourtant, ils n’ont pas retrouvé de trace de bois : "Mais nous avons trouvé tous les clous qui ont servi à fabriquer les cercueils, et qui sont encore en place", explique Camille Colonna. Ces découvertes ont été réalisées alors que le site avait déjà été fouillé à l’époque des travaux d’urbanisation d’Haussmann, au XIXe siècle : "Ils ne fouillaient pas du tout comme nous. Ils ramassaient les beaux objets, mais ne regardaient pas les modes d’inhumation. Il n’y avait pas toute l’anthropologie et l’archéologie qu’on fait maintenant", ajoute l’archéologue.
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue au cœur de l'histoire dans les interviews du vendredi, je suis Virginie Giraud.
00:04 C'est une découverte exceptionnelle.
00:07 Une nécropole gallo-romaine datant du IIe siècle après Jésus-Christ a été découverte
00:12 dans le XIVe arrondissement de Paris à l'occasion des travaux pour le RER B.
00:18 Et il s'agit de la plus grande nécropole gallo-romaine de l'Utès.
00:23 Depuis le 6 mars 2023, les archéologues mènent des fouilles pour mettre à jour de nouveaux
00:28 trésors historiques.
00:29 Pour en discuter, je reçois l'archéologue et anthropologue Camille Colonna, responsable
00:34 des recherches archéologiques à l'Institut National de Recherche Archéologique Préventive,
00:40 c'est-à-dire l'INRAP.
00:42 Bonjour Camille Colonna.
00:43 Bonjour.
00:44 Est-ce que vous pouvez nous raconter dans quel contexte cette nouvelle nécropole gallo-romaine
00:49 a été découverte ?
00:50 Oui, alors en fait, en archéologie préventive, c'est l'État qui fait les prescriptions
00:55 de diagnostics et de fouilles.
00:57 Et donc là, il y a eu un projet qui a été déposé pour construire une nouvelle sortie
01:02 du RER B à la station Port-Royal.
01:04 Et vu qu'on est dans Paris et l'emplacement, l'État a prescrit un diagnostic.
01:10 Donc un diagnostic, c'est l'étape avant la fouille, on fait des sondages à l'endroit
01:15 de la construction pour savoir s'il y a un potentiel archéologique.
01:19 Et donc on est venu faire un diagnostic l'année dernière.
01:22 Et dans les deux petits sondages qu'on avait fait, on a trouvé trois sépultures et on
01:27 a pu en fouiller une.
01:28 Et cette sépulture contenait une petite monnaie dans la bouche de l'individu, ce qui nous
01:34 a permis de la dater très précisément.
01:35 C'est l'avantage de l'eau bolle à caron.
01:38 Exactement.
01:39 Et grâce à ça, on a pu...
01:40 Qui est donc la pièce du passeur.
01:41 Exactement.
01:42 Et donc grâce à ça, on a pu rattacher ces sépultures à cette grande nécropole.
01:45 Et du coup, l'État a prescrit une fouille sur toute l'emprise des travaux.
01:50 Alors justement, Camille Colonna, rappelez-nous exactement la définition d'une nécropole.
01:55 Alors une nécropole, c'est comme un cimetière.
01:58 C'est un endroit où on enterre les gens.
02:00 Et en fait, on utilise le mot nécropole lorsque c'est un groupement de sépultures qui n'est
02:05 pas rattaché à un lieu de culte comme une église, par exemple.
02:07 Et pourquoi ce lieu a été choisi dans l'Antiquité pour devenir une nécropole ? Est-ce qu'il
02:12 avait des particularités ?
02:13 Oui, alors en fait, à l'époque antique, le monde des morts et le monde des vivants,
02:17 il est complètement séparé.
02:18 Et donc, les gallo-romains ont enterré leurs morts à l'extérieur des villes et le long
02:24 des voies romaines, qui étaient l'accès aux villes.
02:27 Et comme ça, les morts étaient vraiment regroupés tous ensemble et étaient visibles
02:33 le long des voies.
02:34 Et alors justement, en quoi consistent les rites funéraires dans l'Antiquité gallo-romaine ?
02:39 Est-ce qu'il y a de l'incinération, de l'immumation ?
02:42 Oui, alors...
02:43 Ou de la cohabit ?
02:44 Oui, exactement, ça cohabite.
02:45 En fait, jusqu'au deuxième siècle à peu près, les Romains pratiquent l'inhumation,
02:52 donc c'est enterrer les gens, et l'incinération, en fait, à partir du troisième siècle,
02:58 c'est l'inhumation qui prend le pas sur l'incinération.
03:01 C'est probablement dû à l'influence de la chrétienté.
03:05 Et dans le cas des incinérations, en fait, les corps sont déposés sur un bûcher, à
03:08 ciel ouvert, avec des offrandes, et puis ils sont brûlés, comme on fait nous aussi.
03:13 Et si je me souviens bien de mes cours d'archéologie, les cendres sont placées dans une urne cinéraire,
03:18 et il me semble que certaines ont été fouillées, et qu'on voit que les cendres ne sont pas
03:21 mises de manière éparce, mais qu'on trouve les pieds, les jambes, le bassin, ce qui reste
03:27 des autres, dans l'ordre du squelette.
03:30 Oui, alors ça, ça dépend des périodes, parce que l'incinération, il y a aussi les
03:34 Gaulois qui pratiquaient l'incinération.
03:36 Donc ça dépend des périodes, et en fait, l'étude des incinérations, c'est assez
03:40 compliqué.
03:41 Ça peut être dans un contenant, effectivement, dans un pot, mais ça peut être aussi un
03:43 contenant qui n'est pas conservé.
03:45 Ça peut être une vannerie, ça peut être du cuir, quelque chose comme ça, donc ça,
03:49 nous, on ne le retrouve pas.
03:50 Ou ça peut être juste dans un trou, dans une fosse, dans la terre.
03:54 Et il y a plusieurs gestes, ça peut être, ils n'ont ramassé que quelques poignées
03:58 du reste du bûcher, ou ils récupèrent vraiment l'intégralité des ossements qui sont brûlés,
04:03 pour les déposer dans un contenant.
04:05 Et là, sur cette nécropole parisienne du deuxième siècle, qu'est-ce que vous avez
04:08 retrouvé ? À quoi ça ressemble ?
04:10 Eh bien, cette nécropole, là, ce n'est que des inhumations.
04:14 Ils ont creusé des fosses, des grandes fosses, dans lesquelles ils ont déposé des cercueils,
04:20 parce que toutes les inhumations qu'on a trouvées, ce sont des inhumations en cercueils.
04:24 Donc, on n'a pas trouvé les traces de bois, parce que le sédiment ne le permet pas.
04:28 Par contre, on a tous les clous qui ont servi à fabriquer le cercueil, qui sont encore
04:32 en place, et donc on arrive très bien à voir les limites des cercueils.
04:35 Et puis, à l'intérieur, on a le squelette et parfois des offrandes qui vont avec.
04:41 Et donc, nous, on a trouvé une cinquantaine de sépultures, et parmi ces sépultures,
04:47 on a des hommes, des femmes et des enfants.
04:48 Et ça, c'est sur une parcelle d'environ 200 mètres carrés.
04:51 Alors, distinguer les enfants, c'est assembler les aides par leur taille, mais comment vous
04:55 distinguez les sépultures d'hommes et de femmes ?
04:57 Alors, en fait, c'est vraiment grâce au squelette.
04:59 Pour déterminer le sexe d'un individu, il faut que le los coxal, donc le bassin,
05:05 soit bien conservé.
05:06 Et maintenant, on a des méthodes vraiment très sûres, donc c'est une méthode métrique.
05:10 On fait une dizaine de mesures sur l'os du bassin et ça nous permet de déterminer
05:15 de façon certaine si c'est le squelette d'un homme ou le squelette d'une femme.
05:19 Tout simplement parce qu'un squelette de femme doit permettre à un bébé de passer
05:22 pour sortir lors d'un accouchement, ce qui n'est pas le cas dans un bassin masculin.
05:25 Voilà, les bassins, c'est le seul os qui a une différence entre les hommes et les
05:30 femmes.
05:31 Tous les autres, c'est pas la même.
05:32 Une femme peut être très grande, un homme peut être très petit.
05:35 Donc ça, la taille ou la robustesse ne permet absolument pas de déterminer le sexe d'un
05:41 individu.
05:42 Alors, qu'est-ce qu'on a retrouvé comme objet ? Parce que les morts sont toujours
05:45 accompagnés de divers petits objets.
05:47 Oui, alors pas tous.
05:49 Là, c'est à peu près la moitié où il y avait des offrandes.
05:52 En fait, c'est surtout des contenants.
05:55 Donc les contenants en céramique, ça peut être des plats, des bols, des gobelets, des
06:00 cruches, et ça peut être aussi des contenants en verre.
06:02 Et là, on en a retrouvé quand même de façon assez significative et surtout en très bon
06:07 état.
06:08 Et puis, dans une sépulture, il peut y avoir un seul contenant, mais il peut aussi y en
06:13 avoir beaucoup.
06:14 On a une sépulture où il y a huit vases, par exemple.
06:16 Et ces offrandes, elles servaient à accompagner le mort et elles contiennent généralement…
06:21 En fait, il y avait des restes de nourriture ou des liquides.
06:24 Donc les liquides, ça peut être pour boire, comme du vin, mais ça peut être aussi des
06:29 préparations pour pharmaceutique ou pour des préparations de beauté, donc des ongans,
06:34 des choses comme ça.
06:35 Et on a aussi retrouvé des restes de vêtements, alors pas de tissus, ça, ça ne se conserve
06:41 pas.
06:42 Par contre, on a retrouvé les traces des chaussures qui étaient en cuir.
06:45 Quand vous dites les traces, ça veut dire qu'elles ont laissé des marques dans la
06:48 terre qui s'est condensée autour du squelette ?
06:51 Alors en fait, non, c'est parce que les semelles des chaussures étaient faites avec
06:55 des clous.
06:56 Et donc nous, ce qu'on trouve, c'est tous les clous qui formaient la semelle de
07:01 la chaussure.
07:02 Et donc on retrouve vraiment, on peut voir la forme de la semelle.
07:05 Et donc ça, ça peut être les chaussures, parfois elles sont en position de port, donc
07:10 attachées au pied, mais elles sont aussi parfois déposées en offrandes.
07:13 Et il peut y avoir plusieurs paires de chaussures déposées en offrandes dans le cercueil.
07:17 Et puis quand on fait des fouilles, il y a quand même des objets qui sont extraordinaires,
07:21 ce sont les monnaies.
07:22 Qu'est-ce que permet une monnaie sur un chantier de fouille ? Pour vous archéologue.
07:26 Bah nous, vraiment, la monnaie, ça nous permet vraiment de dater de façon assez précise
07:31 parce que les monnaies, surtout en Antiquité, elles sont frappées à la tête des empereurs.
07:36 Donc ça nous donne une datation très précise, plus précise d'ailleurs que les céramiques.
07:41 Parce que nous, on date aussi la céramique, le type de céramique, la façon dont elle
07:46 est construite, la façon dont elle est cuite, la forme, la couleur.
07:50 Ça, c'est nos marqueurs vraiment spécifiques en archéologie.
07:54 La principale datation en archéologie, c'est fait avec la céramique.
07:57 Mais une monnaie, c'est beaucoup plus précis.
07:58 Alors justement, quel type de monnaie trouvez-vous ? Qu'est-ce qu'elle vous raconte sur l'histoire
08:02 de cette nécropole ?
08:03 Elle nous confirme que cette nécropole, elle a bien été utilisée au IIe siècle et que
08:10 au IIe, c'est le plus grande partie de son utilisation, c'est au IIe, qu'elle se
08:14 prolonge au IIIe siècle.
08:15 Et le mobilier qu'on a sorti pendant la fouille va être étudié maintenant qu'on a fini
08:21 le chantier, on va étudier tout le mobilier.
08:23 Et donc, ça va nous permettre de dater plus précisément, savoir peut-être qu'elle
08:27 a commencé à être utilisée un peu plus tôt que le IIe, et à quel moment du IIe
08:32 elle a été utilisée, et jusqu'à quand.
08:34 Parce que c'est au IIIe, mais le IIIe, c'est long, et puis peut-être qu'elle
08:37 a même été utilisée jusqu'au IVe siècle.
08:39 Donc, c'est vraiment toutes les données de terrain qui vont nous permettre d'affiner
08:42 ces datations.
08:43 Et je reviens sur les monnaies, parce que c'est un peu mamarotte.
08:45 Vous avez trouvé de la monnaie de bronze, des denis en argent, des oreillers en or ?
08:50 Oui, c'est pas... on n'a pas... en tout cas, nous, ce qu'on a trouvé, ça arrive,
08:54 on peut trouver des monnaies en or ou en argent.
08:56 Nous, c'est vraiment de l'alliage cuivreux, donc c'est plutôt du bronze ou allié.
08:59 Et est-ce que vous avez trouvé des bijoux aussi ? Alors, on imagine forcément des parures.
09:03 À quoi ça ressemble, les bijoux que vous avez trouvés ?
09:04 Alors, on en a...
09:05 Alors, je vais vous décevoir, parce qu'on en a très peu trouvés.
09:09 Donc, qui peut... c'est très fréquent dans les inhumations antiques de trouver des bijoux,
09:14 puisque, encore une fois, les personnes qui sont inhumées sont habillées.
09:18 Et donc, souvent, on met de la parure, des objets de parure.
09:21 Donc, ça peut être des colliers, ça peut être des bagues, ça peut être des fibules.
09:25 Donc, les fibules, c'est des broches qui servaient à tenir les vêtements et qui, en général,
09:30 étaient très joliment décorées.
09:32 Donc, nous, on a trouvé quelques fibules et quelques objets...
09:35 Alors, c'est pareil, ça, ça va être étudié.
09:38 Donc, pour l'instant, c'est...
09:39 Je peux pas être catégorique, mais c'est souvent des objets qui sont cousus sur les
09:43 vêtements.
09:44 Donc, ça peut être comme des boutons ou de la décoration.
09:48 Ça peut être en os et ça peut être en alliage cuivreux.
09:50 Donc, ça, on a trouvé des petits objets comme ça.
09:52 Mais, effectivement, nous, sur notre chantier, on n'en a pas trouvé beaucoup.
09:54 - Et alors, à quoi ressemblait Lutèce au IIe siècle pour avoir une telle nécropole ?
09:58 - Alors, Lutèce, au IIe siècle, en fait, elle se situe exclusivement sur la rive gauche
10:03 de la Seine.
10:04 Et donc, elle s'étend vers le sud jusqu'au Val-de-Grâce.
10:07 Donc, c'est quand même assez grand.
10:08 C'est pas du tout la plus grande ville de cette époque.
10:12 Lyon est une ville antique plus grande.
10:15 Mais c'est quand même au IIe siècle, c'est le moment où Lutèce est la plus grande.
10:20 Et c'est le moment où il y a encore tous les grands monuments publics, comme les arènes,
10:25 le Forum, les thermes.
10:26 Donc, tous ces monuments, ils ont été construits au Ier et IIe siècle.
10:30 Donc, c'est vraiment la ville romaine comme on peut se l'imaginer.
10:34 - Et cette nécropole qu'on appelle la nécropole de Saint-Jacques, si je ne m'abuse, elle
10:38 avait déjà été partiellement fouillée au XIXe siècle.
10:41 Donc, on la connaissait.
10:42 Qu'est-ce qu'elle avait livré à cette époque-là ?
10:43 - Oui, en fait, on dit qu'elle s'appelle la nécropole Saint-Jacques parce qu'elle
10:47 est installée le long de la rue Saint-Jacques, qui était le Cardo Maximus.
10:52 Donc, c'est l'axe principal de l'accès à Lutèce, l'axe nord-sud principal d'accès
10:55 à Lutèce.
10:56 Et donc, au XIXe siècle, il y a Haussmann qui fait des grands travaux dans Paris, comme
11:02 on le sait.
11:03 Et il y a une personne qui s'appelle Théodore Vaquet qui a suivi tous les travaux d'Haussmann.
11:09 C'était l'archéologue de cette époque-là et qui a noté, qui a fait des dessins, qui
11:14 a enregistré ce qui a été fouillé et sorti pendant les travaux de façon assez précise.
11:20 Grâce à lui, on savait qu'il y avait cette nécropole.
11:24 Ils ont trouvé à peu près 400 inhumations de cette nécropole au XIXe siècle.
11:30 Par contre, ils ne fouillaient pas du tout comme nous.
11:33 C'est-à-dire que, pour être clair, ce qui les intéressait, c'est les beaux objets.
11:37 Donc, ils ramassaient les beaux objets.
11:38 Mais par contre, ils ne regardaient pas les modes d'inhumation.
11:41 Ils n'étaient pas capables de dire si c'était un homme ou une femme.
11:44 Il n'y avait pas toute l'anthropologie et l'archéologie qu'on fait maintenant.
11:48 - Alors, ce qui est fascinant, c'est de remarquer que les Haussmann, justement, dont vous parliez,
11:52 qui n'intéressaient pas au XIXe siècle, sont quand même en très bon état.
11:56 On a trouvé beaucoup de petits objets.
11:57 Comment expliquer la qualité de la conservation de ces objets ? C'est le sol parisien ? C'est
12:02 la proximité du RER qui a fait qu'on n'a pas touché au terrain ?
12:05 - Eh bien, justement, c'est pour ça que c'est assez exceptionnel de fouiller cette
12:09 nécropole.
12:10 Premièrement, parce qu'elle est du IIe siècle et que c'est très rare de fouiller des
12:14 inhumations de cette période-là à Paris.
12:16 Et deuxièmement, parce que c'était bien conservé et qu'elle a été miraculeusement
12:20 sauvée parce que le RER, en fait, passe vraiment… c'est le bord du chantier.
12:25 En fait, le RER a été construit dans les années 1970.
12:28 Par le haut, en fait, maintenant, on construit en faisant des tunnels, en passant par en-dessous.
12:33 Donc, on ne détruit pas les niveaux qui sont au-dessus.
12:34 À cette époque-là, on construisait en passant par la surface.
12:38 Et donc, une partie de la nécropole a été détruite à cette période-là.
12:41 Et donc, nous, cette petite parcelle, elle n'a pas été touchée par le RER et elle
12:45 n'a pas été touchée par les constructions d'haussmann.
12:48 Donc, c'est vraiment un petit miracle.
12:50 Et en plus, après la nécropole, il n'y a pas eu de construction, à l'époque du
12:55 Moyen-Âge ou au postérieur, ce qui fait qu'elle a été conservée, en fait.
13:00 Et la conservation des haussemans, ça, c'est vraiment qu'une question de sédiment dans
13:06 lequel il reste.
13:07 Donc là, c'est plutôt sableux et ça nous a permis, ce sédiment a fait que les haussemans
13:12 étaient quand même assez bien conservés.
13:13 C'est formidable.
13:14 Vous avez trouvé une petite capsule temporelle qui va nous permettre d'en savoir plus sur
13:19 l'UTES au IIe siècle.
13:20 Merci Camille Colonna.
13:21 Je vous en prie.
13:22 C'était un échange vraiment passionnant sur ces fouilles de la nécropole Saint-Jacques.
13:25 Merci à tous nos auditeurs de nous avoir écoutés.
13:28 Au cœur de l'Histoire est un podcast original Europe 1 Studio.
13:32 Et moi, je vous dis à très bientôt sur votre plateforme d'écoute favorite.
13:36 [Musique]
13:38 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]