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Si elle veut retrouver le pouvoir, "la gauche doit rassurer", et de ce fait "parler à tout le pays, pas seulement à sa fanbase", estime le député La France insoumise (LFI) François Ruffin, jeudi 1er juin sur franceinfo.

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Transcription
00:00 d'Espagne, François Ruffin, votre allié, le parti Podemos,
00:02 Podemos a pris une claque aux élections locales,
00:05 3% des voix seulement.
00:07 Certains électeurs ont semble-t-il considéré que Podemos,
00:09 qui gouverne avec les socialistes, avait mis en place
00:12 des lois trop clivantes, comme par exemple la loi
00:15 qui permet de changer librement de genre à 16 ans
00:17 sans l'accord des parents.
00:18 Est-ce que vous feriez la même chose en France ?
00:21 -Je vous l'ai dit que pour moi, le cœur du sujet,
00:25 c'est le travail, c'est le partage des richesses,
00:26 c'est la démocratie. -C'est pas les lois de société ?
00:29 -Je pense qu'on a une société qui est profondément fracturée
00:32 en France et que les résultats des dernières élections,
00:34 ils sont pas le fruit du hasard.
00:36 Il y a un bloc libéral central qui s'effrite dans la durée,
00:39 il y a un bloc d'extrême droite, il y a un bloc de gauche.
00:43 Dans ce climat-là de tension, d'épuisement des esprits,
00:48 qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'apaisement,
00:50 il faut de la stabilité, il faut reconstruire les ponts,
00:52 réparer les fractures et pas les creuser davantage.
00:55 Donc je pense que dans ce cadre-là, on ne devra pas faire
00:59 tout ce qui nous passe par la tête, tout ce qu'on souhaite,
01:01 tout ce qui est peut-être même bon en soi,
01:03 mais il faudra chercher les chemins qui permettent de réconcilier
01:06 la société avec la société.
01:07 -Pas de loi qui fracture la société, ça veut dire par exemple pas de GPA ?
01:11 Pas de loi sur le genre ?
01:12 -Je ne suis pas favorable personnellement à la GPA,
01:16 mais je pense que c'est pas ça qu'on doit placer au cœur de notre projet,
01:20 c'est clair, c'est clair.
01:22 Maintenant, je pense qu'il y a des choses sur lesquelles
01:24 on doit pouvoir avancer.
01:25 Il faut avancer avec précaution, il faut avancer avec sagesse,
01:29 il faut avancer avec tendresse,
01:30 il faut avancer avec compréhension des oppositions.
01:32 -Ca veut dire que si vous étiez au pouvoir,
01:33 vous ne feriez pas la loi sur la fin de vie ?
01:36 -Si.
01:37 En tout cas, ouvrir la réflexion sur la loi sur la fin de vie,
01:41 écouter les avis des Français, demander ce qu'ils en pensent,
01:44 comment ils vivent la fin de vie de leurs parents,
01:47 comment ils appréhendent leur propre fin de vie,
01:49 est-ce qu'il y a des choses à aménager dessus ?
01:50 Bien sûr que si.
01:51 -Il faut bien aboutir à quelque chose.
01:53 -Bien sûr, pour aboutir avec quelque chose à la fin,
01:55 mais je pense qu'il y a des tas de sujets sur lesquels
01:58 on peut chercher, vous voyez là, Macron, Emmanuel Macron,
02:01 fait des lois qui reposent sur un tiers ou un quart des Français.
02:05 Non, il faut chercher les deux tiers ou les trois quarts des Français.
02:07 Il faut chercher à avancer avec l'ensemble de la société,
02:10 une société qui a déjà beaucoup...
02:11 Vous savez, il y a un sujet sur lequel je pense
02:13 que la société recule depuis 40 ans, c'est le travail.
02:16 Ca recule depuis 40 ans, à cause, pour moi, de la mondialisation.
02:19 Mais je veux qu'on montre aussi tout ce sur quoi la société,
02:23 elle avance, elle avance avec des limites,
02:25 mais la reconnaissance de l'homosexualité dans la société,
02:29 ça a avancé, les lois sur le handicap, ça a avancé,
02:33 la place des femmes dans la société, ça a avancé,
02:35 même des choses comme la sécurité routière, ça a avancé.
02:38 Je veux pas qu'on ait une vision de ce qui se passe en France
02:40 depuis 40 ans ou 50 ans comme étant de la régression sur tous les terrains.
02:44 -Ca veut dire, François Ruffin, que pour vous,
02:45 la gauche, si elle veut arriver au pouvoir, doit rassurer,
02:49 y compris ceux qui ne votent pas ou plus pour elle.
02:51 -Je pense que oui, la gauche doit rassurer.
02:53 On doit parler à tout le pays, pas seulement parler à sa fan base.
02:57 On doit chercher à parler à tout le pays.
02:59 Il y a des gens qui voteront pas pour vous,
03:01 mais ils sont pas obligés de vous considérer
03:02 comme des adversaires nés.
03:04 Et donc, on vient proposer des choses, on va faire des choix.
03:08 Il y aura des... Voilà.
03:09 Qui rassembleront jamais 100 % de la population,
03:13 mais à ceux-là, on n'impose pas une humiliation,
03:16 on ne les méprise pas, on parle avec eux, on discute.
03:18 -Donc faire moins peur, être moins bruyante, moins agressive.
03:22 Vous savez que ce sont les reproches qui ont été faits
03:24 à Jean-Luc Mélenchon à chaque présidentielle.
03:27 -Je pense que Jean-Luc Mélenchon, dans le cadre des présidentielles,
03:30 il sait, au contraire, tendre la main
03:33 et se montrer dans l'apaisement.
03:36 Donc moi, c'est...
03:38 Quel profil on doit présenter aujourd'hui ?
03:40 Quel profil on doit présenter aujourd'hui
03:41 pour franchir le cap du 1er tour,
03:44 mais aussi pour gagner au 2e, c'est-à-dire pour, au 2e tour,
03:47 faire moins peur que l'adversaire qu'il y aura,
03:50 qu'il s'agisse d'une émanation de la Macronie,
03:54 Philippe Darmanin, je ne sais pas trop quoi, ou Marine Le Pen.
03:56 -Mais qu'est-ce que vous faites, vous, en vous présentant
03:58 comme un social-démocrate, pas du tout comme un membre
04:00 de l'extrême-gauche, de la gauche radicale ?
04:03 -Je n'ai jamais accepté... -Vous adoucissez votre image.
04:05 -Mais personnellement, je n'ai jamais accepté
04:06 qu'on me parle de moi comme étant d'extrême-gauche.
04:08 Je suis de gauche. Je suis de gauche dans une longue tradition
04:11 qui part de la Révolution française, qui part par Jean Jaurès,
04:14 qui passe aussi par le programme
04:16 du Conseil national de la Résistance, par Mai 68,
04:19 par François Mitterrand en 1981,
04:21 et je suis là pour poursuivre ce fil de l'histoire. Voilà.
04:24 -Vous venez de lancer un appel aux dons en expliquant
04:26 que ça vous servirait, je cite, "à changer de division".
04:29 C'est quoi, la division au-dessus ? C'est la Ligue des champions
04:31 ou c'est la présidentielle ?
04:32 -Ecoutez, moi, je suis un supporter du Racing Club de Lens.
04:35 Donc vous voyez comment ne pas vivre...
04:36 -Qui est en Ligue des champions la saison prochaine.
04:38 -La période actuelle, quand même avec un peu de bonheur.
04:41 -Donc votre idéal, c'est la Ligue des champions.
04:43 C'est passer au-dessus. -Ils vont jouer la Ligue des champions.
04:46 Eux, c'est fait, mais vous ? -Bah j'essaye.
04:48 J'essaye et je sais que dans ces cas-là,
04:49 il y a un mercato à faire.
04:51 Vous savez, la politique, c'est comme vous ici.
04:55 Ça repose pas que sur vous-même.
04:57 Il y a des tas de gens qui sont derrière,
04:59 qui bossent, les petites mains invisibles,
05:01 qui allument les micros, qui viennent passer la serpillière,
05:04 qui viennent faire tout ça,
05:05 où on était au salon de maquillage avant.
05:07 Eh ben, c'est pareil. Il ne faut pas croire
05:08 que la politique, ça soit juste un homme tout seul.
05:09 -Donc vous avez besoin de moyens aujourd'hui
05:11 pour commencer à vous lancer dans la campagne présidentielle.
05:14 -Il est très clair que je cherche à étendre mon équipe
05:17 et j'ai un souhait qu'on ne constitue pas
05:21 un homme ou une femme présidentiel.
05:22 Je dis toujours qu'il faudrait 60 millions d'hommes
05:24 et de femmes présidentielles dans ce pays,
05:27 mais que j'ai pour idéal, en effet, qu'il y ait une équipe plurielle.
05:32 Vous savez, la gauche plurielle, ce qu'elle a produit,
05:35 j'en suis pas forcément fan, je peux avoir un regard critique,
05:37 mais qu'on ait un gouvernement dans lequel il y a à la fois
05:40 Dominique Boinet et Jean-Pierre Chevènement,
05:41 il me semble que c'était une séquence intéressante
05:44 pour la gauche.
05:45 -Mais là, par exemple, ça pourrait aller jusqu'où ?
05:46 Une Dream Team version 2027 ?
05:48 -Ce qu'il y a dans la NUPES me convient très bien.
05:50 -Pas au-delà ?
05:51 -Non.
05:52 Je pense que ce qu'il y a dans la...
05:54 -Mais vous ne vous rassemblez pas.
05:56 -Ca rassemble déjà là.
05:57 La question, c'est comment on parle au pays avec ça.
05:59 Mais je pense qu'aujourd'hui, à l'intérieur de la gauche,
06:03 et puis ceux qui veulent rejoindre cette NUPES,
06:07 à l'intérieur de la gauche, il y a des visages d'hommes et de femmes
06:11 qui sont extrêmement intéressants
06:12 et qui peuvent très bien constituer une équipe plurielle.
06:14 -Il faut un candidat unique à gauche ?
06:16 -A la fin, il en faudra un, oui.
06:18 Il vaudrait mieux en avoir un que 5, 6, 7,
06:20 comme on a un certain savoir-faire.
06:21 -Et c'est vous ou Fabien Roussel ?
06:23 -Non, mais ça, je veux dire...
06:24 Franchement, je sais tout ce qu'il y a à faire aujourd'hui
06:28 comme boulot, d'abord pour constituer une équipe
06:31 et pour parler aux Français.
06:33 Que les Français, ils se disent "Celui-là, celle-là, ceux-là,
06:37 ils viennent parler de ce que sont mes soucis aujourd'hui",
06:40 et pas de leur petite popole, de leurs guéguerres internes,
06:45 de leurs égaux et ainsi de suite.
06:46 -Un tout petit détail, dans cet entretien, depuis une vingtaine de minutes,
06:48 vous avez prononcé 15 fois le mot "Macron"
06:50 et à un moment, vous vous êtes repris tout à l'heure pour dire "Macron, pardon".
06:53 Emmanuel Macron, ça fait partie de ce processus ?
06:55 -Oui, en effet, ça en est peut-être une mini-marque.
06:58 Maintenant, je n'ai jamais dit que j'étais social-démocrate, personnellement.
07:01 J'ai dit "Je suis social et démocrate".
07:03 Et au fond, il y a un problème, ça ne fait que 40 ans
07:05 qu'on ne fait plus vraiment des choses vraiment sociales,
07:08 c'est-à-dire qu'ils passent par le travail
07:09 et qu'on ne fait plus des choses vraiment démocrates,
07:11 c'est-à-dire que quand les gens parlent, on doit les écouter,
07:14 on doit les entendre et si nécessaire, on doit changer.

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