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Dimanche 28 mai, Léo un petit garçon de 8 ans a été renversé par une moto lors d'un rodéo urbain à Beauvais dans l'Oise. Il est encore hospitalisé au CHU d'Amiens et demeure dans un état grave. Le conducteur, âgé de 20 ans, est présenté devant un juge en comparution immédiate à Beauvais. Trois jours après l'accident, le père de Léo témoigne sur BFMTV.

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Transcription
00:00 Papa de Léo, cet enfant blessé lors de ce rodéo sauvage à Beauvais,
00:04 est en direct avec nous, Anthony.
00:06 Bonjour, merci beaucoup de nous rejoindre
00:10 dans des circonstances que je sais très difficiles pour vous, bien sûr.
00:14 Comment va Léo, pour commencer ?
00:16 - Mieux, j'ai envie de dire, mais pas dans un bon état, non.
00:23 Dans un très mauvais état, oui.
00:25 - Vous pouvez nous donner des informations sur ses blessures ?
00:29 - Oui, il a eu le crâne fracturé, une commotion au cerveau,
00:32 il a de l'air et du sang dans le cerveau.
00:34 Il n'y a pas eu d'opération parce que la pression, par chance, là-dedans,
00:39 n'a pas été suffisamment forte pour qu'il ait besoin de rouvrir plus son crâne
00:44 pour retirer la pression du sang.
00:45 Mais là, 48 heures après, un peu plus de 48 heures après,
00:49 il n'y a pas d'arrangement au niveau de sa tête.
00:51 Il y a toujours de l'air au niveau du cerveau et du sang,
00:54 là où il ne devrait pas y en avoir.
00:57 Ensuite, il est gravement brûlé, ils ont essayé de le soigner.
01:00 Une première fois, ça a échoué, ils lui ont mis de la morphine, ça a échoué.
01:03 Ils ont dû le mettre au bloc hier pour pouvoir soigner ses blessures
01:06 à cause du goudron et des graviers qu'il a partout dans la peau.
01:10 Et il est complètement vanné, il a du mal à rester éveillé.
01:14 Il ne se nourrit toujours pas depuis dimanche.
01:16 Il a réussi hier soir à garder l'eau qu'il a bue,
01:20 ce qu'il n'arrivait pas encore à faire.
01:22 - Il est donc plus hospitalisé au moment où on se parle ?
01:26 - Oui, on est à Miamla.
01:28 - Et vous avez une idée du temps qu'il va rester à l'hôpital ?
01:33 - Une semaine au moins, et après on ne peut pas nous donner de jour exact.
01:36 On ne peut pas nous donner, savoir s'il y aura des séquelles.
01:40 Les médecins se veulent confiants, mais ils ne peuvent rien affirmer.
01:43 Donc il faut qu'il reste en observation pour qu'on s'assure
01:46 qu'il n'y ait pas de séquelles dangereuses au niveau de son cerveau.
01:49 - Il y a aussi, j'imagine, des conséquences psychologiques.
01:53 Qu'est-ce qu'il exprime par rapport à l'accident,
01:56 par rapport à ce qui s'est passé ?
01:58 - Pour le moment, pas grand-chose.
02:00 Il se rappelle d'être parti de chez tonton, d'avoir fait le toboggan,
02:04 et après, ça ne revient pas encore.
02:07 Il n'a pas encore les images.
02:08 Donc je ne sais pas ce que ça va donner,
02:10 s'il se rappelle de la scène un jour, on ne sait même pas ce que ça va donner.
02:14 - Et vous, Anthony, qu'est-ce que vous ressentez ?
02:18 Qu'est-ce que vous avez ressenti ?
02:20 - Ma petite et moi, on est traumatisés, clairement, oui.
02:23 Quand vous essayez de fermer les yeux et que vous voyez votre enfant
02:26 se faire percuter par une moto, il y avait une haie juste à côté,
02:29 donc on l'a vu se faire percuter, il a disparu.
02:32 Et là, donc, on a couru, et on était à quoi ? À 5 mètres de lui.
02:36 Mais j'ai vu des... Je ne veux pas aller sur les réseaux,
02:40 mais j'ai entendu qu'il y a des parents qui disent "Où étaient les parents ?"
02:42 Les parents, ils étaient avec leur enfant sur une aire de jeu,
02:44 là où il ne doit y avoir aucun véhicule.
02:46 Aucun véhicule. Donc pourquoi je devais demander la main de mon fils
02:49 pour traverser un trottoir où il ne doit pas y avoir de véhicule ?
02:54 - Bien sûr. Et surtout sur une zone qui était une zone piétonne,
02:59 où une moto ne doit pas circuler.
03:03 - Non, à la limite, un vélo, si c'était fait percuter par un vélo,
03:06 ça serait... À la limite. Mais c'est tout.
03:09 Et encore, dès qu'il a commencé à passer le truc, je l'ai appelé.
03:13 Donc il m'a regardé, sauf qu'on a entendu la moto au même moment,
03:15 et je n'ai même pas eu le temps de lui dire "Recule, bébé, recule",
03:18 la moto l'a emmené.
03:21 - À ce moment-là, vous avez le réflexe d'immobiliser le conducteur
03:26 qui était tombé lui aussi ?
03:28 - Ce qui s'est passé, c'est quand...
03:30 Là, je suis arrivé tout de suite auprès de mon fils,
03:32 la moto était renversée, le gars était là.
03:35 Quand j'ai vu la position dans laquelle se trouvait mon fils,
03:37 je sais qu'il ne faut pas déplacer un corps,
03:39 mais je l'ai quand même pris délicatement pour l'allonger dans l'herbe juste à côté.
03:42 Et là, je suis allé sur le gars et je l'ai attrapé par le col,
03:45 et je lui ai dit "Tu as renversé mon bébé, tu as renversé mon bébé".
03:47 Je n'arrêtais pas de répéter ça, je ne sais pas combien de temps ça a duré.
03:50 Et là, ma femme m'a dit "Viens Léo, il a besoin de toi".
03:52 Donc, je me suis levé, j'ai mis un coup de pied,
03:54 je l'ai touché lui et la moto en même temps,
03:55 parce que je me suis raflé la jambe sur sa moto.
03:57 Et je suis allé m'allonger, me mettre à genoux à côté de mon bébé
04:01 en lui demandant de revenir parce qu'il avait les yeux à moitié fermés,
04:05 révulsés, il émettait des sons...
04:08 Il émettait juste des "euh, euh, euh".
04:10 Et voilà, c'était ça en continu.
04:12 J'ai cru que mon fils était en train de partir et qu'il était en train de mourir.
04:16 – Donc là, vous êtes dans un état second, j'imagine, à ce moment-là,
04:20 face à la violence de cette scène.
04:24 – Oui, on a du mal à redescendre.
04:28 – Néanmoins, vous gardez le conducteur avec vous
04:32 jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre.
04:33 Vous avez senti qu'il fallait...
04:35 Voilà, sinon il risquait de s'enfuir.
04:38 – Les forces de l'ordre, elles n'étaient pas loin par chance.
04:41 Du coup, après, c'est comme j'ai expliqué,
04:45 une fois que je me suis mis à côté de mon fils,
04:47 j'ai vu qu'il y avait des policiers un peu plus loin,
04:51 mais je ne me suis pas dit "je vais jouer le policier",
04:53 non, je voulais aller voir mon fils.
04:56 Donc voilà, j'ai vu qu'ils arrivaient,
04:57 mais je me suis précipité à voir mon fils.
05:02 – Il a 20 ans, cet homme qui a renversé votre fils,
05:05 il a été placé en détention provisoire et il va être jugé aujourd'hui.
05:10 En comparution immédiate, qu'est-ce que vous attendez de la justice ?
05:15 – La justice, je ne vais pas vous mentir, j'ai peur,
05:18 je la trouve trop gentille, c'est toujours trop gentil,
05:21 ce n'est pas suffisant pour amener une réflexion à ce genre de personne.
05:27 Clairement, ils n'en ont rien à faire,
05:29 et même s'il va en prison, quand il va sortir,
05:31 voilà, ça va l'embêter d'être enfermé quelques temps,
05:33 mais quand il va sortir, je ne suis même pas sûr
05:35 que ça lui fasse changer son état d'esprit.
05:39 – Et vous avez, et honnêtement, je pense que beaucoup de gens
05:43 qui nous regardent aujourd'hui vont comprendre ce geste,
05:47 vous-même, vous l'avez un peu secoué, comme on dit.
05:56 – Je lui ai dit "tu as écrasé mon bébé, tu as écrasé mon bébé",
05:59 et quand ma femme m'a appelé, je me suis levé,
06:02 et là je lui ai donné un coup de pied,
06:04 et non, il n'a même pas pris mon coup de pied, c'est la moto,
06:06 je me suis raffé la jambe sur la moto,
06:08 parce que je ne l'ai même pas regardé pour le frapper,
06:12 c'est mon bébé qui m'a occupé tout l'esprit,
06:17 je voulais juste lui, je ne sais pas,
06:19 j'avais envie de lui crier "tu as renversé mon fils",
06:21 c'est ce que je lui ai dit, je ne me suis pas acharné sur lui,
06:26 j'étais trop traumatisé, vraiment la seule chose qui me préoccupait,
06:29 c'était l'état de mon fils, je ne voulais pas qu'il meure.
06:32 – Est-ce qu'avant ce drame, vous étiez sensibilisé
06:37 à cette question des rendez-vous urbains,
06:39 c'est quelque chose auquel vous aviez déjà assisté ?
06:44 – Oui, j'ai grandi dans un quartier,
06:47 mais comme je disais hier à votre journaliste,
06:49 dans mes souvenirs d'enfants, parce qu'avec le temps,
06:51 on a toujours tendance à embellir les souvenirs,
06:52 mais ce dont je me rappelle, c'est qu'à l'époque,
06:56 ils avaient quand même la jugeote de ralentir
06:58 quand ils arrivaient dans une zone où il y avait des enfants,
07:00 et ensuite ils allaient faire les cons plus loin,
07:02 mais là maintenant c'est terminé, les quartiers ont changé,
07:05 ils ont pris une très mauvaise direction,
07:10 et là maintenant il n'y a plus aucun respect,
07:11 il y a des enfants à côté, parce que le square en question,
07:14 là c'est devant l'entrée de l'aire de jeu sur le trottoir,
07:17 mais il leur arrive aussi de traverser cette aire de jeu à fond,
07:22 donc ils ne se posent même plus la question de savoir s'il y a des enfants,
07:26 ils mettent en danger délibérément,
07:28 oui, je ne peux pas dire qu'il n'a pas foncé sur mon fils pour le rembourser,
07:32 mais il ne pouvait pas ignorer qu'il y a des enfants qui traînent dans le coin.
07:37 – Ce qui serait insensé, c'est que lui-même porte plainte contre vous,
07:43 par exemple, parce que vous l'avez attrapé, vous y avez pensé ?
07:50 – Il a renversé mon fils.
07:52 Qu'est-ce que ça va amener au tribunal ?
07:54 Il m'a crié "tu as renversé mon bébé",
07:57 il a voulu me mettre un coup de pied, il a tapé sur ma moto,
07:59 quelle condamnation je risquerais, je ne comprends pas,
08:03 je suis sous le choc, je ne sais pas,
08:07 dans des moments comme ça, quand on n'est pas concerné,
08:10 plusieurs personnes diraient "je laisserais faire la justice,
08:13 moi je le tuerais", et en fin de compte, non, vous êtes sous le choc,
08:16 moi ça a été mon fils, je voulais que mon fils ouvre les yeux,
08:19 je voulais que mon fils me dise qu'il était là,
08:21 pas qu'il me dise "papa tout va bien",
08:22 parce que vu l'état dans lequel il était, il était complètement disloqué,
08:26 j'ai l'impression que toutes ses oeufs étaient cassés,
08:28 il n'y a pas de chance non, mais la position dans laquelle il était là,
08:31 j'ai l'impression que toutes ses articulations avaient été barriées.
08:35 – Merci Anthony pour votre témoignage, merci beaucoup,
08:40 je rappelle que votre fils âgé de 8 ans est toujours au CHU d'Amiens,
08:44 où vous vous trouvez d'ailleurs,
08:46 et il y aura donc cet après-midi la comparution immédiate
08:48 de ce conducteur de moto qui abovait ce dimanche
08:55 à renverser votre petit garçon.
08:57 Merci pour votre témoignage,
08:58 et évidemment on vous souhaite beaucoup de courage pour les prochains jours.

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