"Je suis moi même impatient que la justice parle", Gaël Perdriau

  • l’année dernière
Le maire de Saint-Étienne s'est exprimé en longueur, ce mercredi, sur France Bleu Saint-Étienne Loire, après sa mise en examen dans l'affaire dite du chantage à la vidéo intime. Au lendemain de nouvelles manifestations pour demander sa démission, Gaël Perdriau a répondu à nos questions.
Transcript
00:00 Il est 7h45, au lendemain d'un conseil municipal particulièrement agité à Saint-Etienne,
00:06 le maire Gaël Perdriot répond à nos questions jusqu'à 8h.
00:09 Bonjour Gaël Perdriot.
00:10 Bonjour.
00:11 La ville va porter plainte après l'intrusion hier à l'hôtel de ville de plusieurs dizaines
00:15 de personnes qui réclament votre démission.
00:17 Les manifestants ont fait éruption jusque dans la salle du conseil municipal où vous
00:21 étiez en séance.
00:22 Vous évoquez des dégradations, il y a beaucoup de dégâts ?
00:25 Bien sûr, en tout cas beaucoup trop, parce que jamais ce genre d'événement ne doit
00:30 se produire lors d'un conseil municipal ou d'ailleurs tout simplement parce que finalement
00:33 on a eu affaire à la même bande qui, les samedis de manifestation, pénètre dans les
00:38 commerces, détruisent le mobilier urbain et ce genre de violence est bien sûr inacceptable.
00:43 Donc oui, il y a eu deux agents municipaux blessés, le hall de l'hôtel de ville qui
00:48 a été refait à neuf il y a un ou deux ans qui a été fortement dégradé donc bien
00:52 sûr que la ville va porter plainte.
00:53 Vous ne vous dites pas finalement que ces personnes ont le sentiment de ne pas être
00:57 entendues et que du coup elles sont venues essayer de vous interpeller directement en
01:01 conseil municipal ?
01:02 Non, enfin madame, 80 personnes qui viennent avec une volonté de violence, manifestées
01:09 dans une salle du conseil municipal, 80 personnes dans une ville de 170 000 habitants.
01:14 Vous ne dis pas que ça ne représente pas grand monde ?
01:15 Je dis simplement que jamais la foule ne doit prendre le pas sur le peuple et ce qui s'est
01:24 passé hier soir est effectivement extrêmement grave parce qu'on parle ces dernières semaines
01:28 de violence sur les élus.
01:30 Le gouvernement s'en est ému, ça dure quatre jours et puis on passe à autre chose.
01:34 Mais ce qui s'est passé hier soir finalement c'est une autre illustration, sauf qu'elle
01:38 est même suscitée par des élus.
01:40 Je rappelle que Pierre Ecobon hier soir n'a pas, comme d'ailleurs aucun autre élu de
01:45 l'opposition, n'a dénoncé ce qui s'est passé.
01:48 Ils l'ont même justifié.
01:49 Je rappelle que le conseiller départemental Régis Jouannicot sur les réseaux sociaux
01:53 dans Le Point il y a quelques jours lançait un appel à ce qui s'est passé hier soir.
01:59 Le suppléant de la députée Madame Torigna était présent dans les 70 personnes qui sont
02:04 rentrées de force dans l'hôtel de ville.
02:06 Vous dites aujourd'hui que les opposants municipaux et d'autres personnes qui demandent
02:11 votre démission vont trop loin, certains politiques vont trop loin dans la loi.
02:14 Ce que veulent les personnes qui se sont exprimées au conseil municipal hier soir, je parle des
02:17 élus ou ceux qui ont manifesté avec violence, veulent finalement que la justice passe par
02:25 les médias, veulent que la justice passe par les réseaux sociaux.
02:28 Pourquoi n'entend-il pas le cours des choses et que la justice soit la justice ?
02:33 Gaël Perdrieux, le temps de la justice, on le sait, on le répète souvent que ce soit
02:36 ici à France Bleu ou dans d'autres médias, il est assez long.
02:38 Qu'est-ce qu'on fait en attendant ?
02:39 Et alors, qu'est-ce que vous proposez ? Madame Ankovia, vous proposez un tribunal populaire
02:43 sur la place de l'hôtel de ville ?
02:44 Ce n'est pas ce que je propose, je vous demande qu'est-ce qu'on peut faire dans ce contexte.
02:46 Mais on le sait.
02:47 Vous ne croyez pas que je suis moi-même impatient que la justice parle ?
02:49 Vous savez, ma mise en examen a eu deux vertus.
02:53 La première, c'est que je suis passé de sept accusations ignobles à une qu'il reste
03:00 évidemment à combattre.
03:02 Mais on peut être plus tranquille, il y a une inculpation dans le même.
03:05 J'y viens, j'y viens.
03:06 De sept à une.
03:07 Ce n'est plus du tout l'histoire qu'on nous a racontée.
03:09 D'ailleurs, je suis surpris que les journalistes, de manière générale, ne fassent pas un
03:14 focus sur cette question-là.
03:15 Je rappelle que l'origine de l'histoire, c'est un premier adjoint qui est drogué,
03:20 abusé dans une chambre d'hôtel à cause d'un guet-apens en bande organisée d'un
03:29 complot politique.
03:30 Personne, à ce jour, n'est mis en examen pour ces faits-là.
03:36 Ça devrait quand même interroger.
03:38 Mais personne ne se pose la question.
03:39 Moi, je vous la pose.
03:40 Comment se fait-il ? La deuxième vertu, c'est qu'effectivement,
03:49 la mise en examen a accès à la totalité du dossier.
03:51 Et ce que je peux vous dire, c'est que les éléments qui ont été diffusés par les
03:56 médias et relayés par d'autres ne sont que très parcellaires et parfaitement bien
04:02 choisis.
04:03 Ce qui explique votre sérénité, puisque vous dites "je suis serein, même après
04:07 cette mise en examen, et j'attends le temps de réagir".
04:09 Et je pense que c'est la raison pour laquelle certains qui font de ce sujet un combat politicien,
04:15 ce qu'ils n'ont pas eu dans les urnes, ils cherchent à l'avoir aujourd'hui, quel
04:18 qu'en soit d'ailleurs le prix, parce qu'ils ont compris que manifestement, la vérité
04:26 était très loin de ce qu'on nous avait raconté jusqu'à présent.
04:29 Pourquoi cet empressement a violé le secret de l'instruction ? Parce qu'on sait qui
04:34 est à l'origine de ces diffusions des bonnes lignes et des bonnes pages.
04:40 La justice le sait, oui.
04:41 France Bleu, Saint-Etienne, Loire-Illée, 8h moins 10, Gaël Perdriot, le maire de Saint-Etienne
04:45 et président de Saint-Etienne-Métropole.
04:47 Et notre invité jusqu'à 8h.
04:49 Alors c'est peut-être une minorité qui demande votre démission, en tout cas ces
04:52 demandes elles existent, Gaël Perdriot, elles sont portées notamment par la famille de
04:57 Gilles Hartigues, ses enfants, trois de ses enfants étaient présents hier au conseil
05:00 municipal.
05:01 Je propose d'écouter ce que disait l'une des filles de Gilles Hartigues, Claire-Marie.
05:05 On veut être face à eux, on veut montrer qu'on est là, qu'on aime notre papa et
05:10 on veut laver son honneur.
05:11 On aimerait rappeler qui est la victime, parce qu'ils ont détruit notre vie en fait.
05:17 Ils ont failli tuer notre papa et pour ça aujourd'hui on est là face à eux et on
05:20 se tiendra là debout jusqu'à ce qu'il y en ait un qui parte.
05:23 Vous comprenez cette volonté des proches de Gilles Hartigues, votre ancien premier
05:27 adjoint de vous voir partir ?
05:28 Vous me permettrez madame de ne pas commenter l'instrumentalisation d'enfants.
05:32 Je pense juste qu'ils ne connaissent pas non plus eux la vérité, j'en dirai pas
05:36 plus.
05:37 Vous pensez qu'ils ne sont pas au fait ?
05:38 Je n'en dirai pas plus.
05:39 Est-ce que vous reconnaissez du moins le statut de victime de Gilles Hartigues dans cette
05:42 affaire ?
05:43 Je n'en dirai pas plus, c'est à la justice de déterminer.
05:44 Est-ce qu'aujourd'hui vous avez le sentiment d'exercer normalement votre mandat de maire
05:49 Gaël Carburet ?
05:50 Tout à fait.
05:51 Malgré ce qui s'est passé hier soir au conseil municipal ?
05:52 Bien sûr, parce que je peux vous dire que je suis pleinement concentré à ma tâche,
05:55 d'ailleurs comme l'ensemble de l'équipe municipale.
05:56 Et si hier soir les deux ou trois élus d'opposition ne mettent pas ce sujet sur la table, le conseil
06:03 municipal se déroule normalement avec plus de 60 dossiers dont certains très importants
06:07 dont j'aurais d'ailleurs préféré vous parler ce matin que de cela.
06:11 On va y revenir.
06:12 Ça veut dire que l'équipe municipale remplit le mandat que nous ont confié les Stéphanois,
06:17 nous appliquons le plan de mandat et effectivement le travail se déroule normalement.
06:20 Dès lors qu'il y a, je dirais d'ailleurs, une séance qui peut effectivement se dérouler
06:25 normalement, on a quelques agitateurs parce qu'en fait ils n'ont pas d'argument sur notre
06:29 programme.
06:30 On l'a vu hier soir au fil des dossiers, c'est d'une platitude mais affligeante.
06:35 Il n'y a pas de propositions, même les critiques sont d'un niveau désolant.
06:40 Il n'y a rien, c'est vide, c'est creux.
06:42 Donc ils s'attaquent évidemment à ce à quoi ils peuvent s'accrocher, c'est-à-dire
06:47 ma personne, c'est-à-dire cette affaire.
06:49 Mais quel empressement !
06:50 Je vous pose quand même la question que certains Stéphanois se posent.
06:53 Vous faites quoi au quotidien Gaël Padréo ? C'est quoi votre journée type ?
06:56 Ah mais elle n'a pas changé depuis que je suis maire.
06:59 Ce sont des semaines entières.
07:01 Même si on vous voit un peu moins dans certaines manifestations ?
07:03 Bien sûr, parce que ça c'est la partie émergée de l'iceberg.
07:06 Je dirais même que c'est la partie, en tout cas pour moi, la plus plaisante d'être au
07:09 contact, mais ce week-end, le week-end dernier, j'étais à Plage Chavanel, j'étais avec
07:15 les Stéphanois dans des associations et l'accueil d'ailleurs est très bon.
07:18 Les élus de Saint-Etienne-Métropole, vous êtes aussi président de Saint-Etienne-Métropole,
07:23 on ne l'oublie pas, même s'il y a eu cette mise en retrait depuis le mois de décembre,
07:26 ils ont voté la semaine dernière une diminution de votre indemnité de moitié parce qu'il
07:31 y a cette mise en retrait.
07:32 Vous comprenez, vous acceptez cette décision ?
07:34 Oui, pour moi ce n'est pas le sujet.
07:36 Le sujet c'est d'imaginer que des élus de la République puissent finalement se laisser
07:43 emporter par un tribunal populaire et médiatique.
07:47 C'est ça la question.
07:48 Nous sommes en République aujourd'hui, toujours, et ça veut dire qu'une accusation, une présomption
07:57 d'innocence continue d'être la règle.
08:00 Enfin, je n'ai pas été jugé coupable.
08:03 Non, vous êtes mis en examen, on le rappelle, il n'y a pas eu de jugement.
08:06 Ça veut dire qu'en fait on bafoue complètement ce droit qui est central dans un état de droit.
08:14 Et ça effectivement, c'est très grave.
08:16 Parce qu'on peut finalement détruire quelqu'un, on peut détruire son travail, son engagement
08:21 sur des présomptions qui n'ont à ce jour aucune vérification.
08:27 Et encore une fois, la justice, évidemment, est très longue, même si son travail en
08:34 huit mois a été important.
08:36 Et encore une fois, huit mois plus tard, l'histoire qu'on nous a racontée au mois de septembre
08:42 n'a plus grand chose à voir avec celle d'aujourd'hui.
08:44 Une dernière question quand même sur votre attitude Gaëlle Perdriot.
08:47 Pourquoi il y a une différence finalement entre la métropole et la ville ?
08:51 A la métropole, vous avez accepté de vous mettre en retrait sous pression de certains
08:57 de vos collègues, autres maires.
08:59 A la ville, vous continuez à suivre ?
09:01 Parce qu'il y a une différence, c'est qu'à la ville, je suis le chef d'une équipe.
09:05 Le chef d'une équipe municipale dont j'ai choisi chacun des membres et à qui j'ai confié
09:11 à chacun des responsabilités pour accouplir le plan de mandat.
09:14 A la métropole, je suis avec des pairs que je n'ai pas choisis.
09:18 Et donc forcément la nature des débats est différente.
09:21 Pour autant, je rappelle que jamais un esprit aussi constructif n'avait présidé à la
09:28 métropole de Saint-Etienne avec un projet de mandat voté à l'unanimité, quelles
09:34 que soient les sensibilités politiques, avec un exécutif qui représente également la
09:37 diversité géographique et politique.
09:40 C'était justement ce qui était mis en difficulté ?
09:42 Je pense surtout que c'est ce qui a effectivement dérangé certains parce que finalement il
09:49 y avait un climat extrêmement serein et constructif qui laissait d'ailleurs peut-être pas assez
09:54 de place à la politique politicienne et certains se sont vite engouffrés dans cette brèche.
09:58 7h55 sur France Blow, Saint-Etienne Nord, jusqu'à 8h, Gaëlle Perdriault, maire de
10:01 Saint-Etienne et présidente de Saint-Etienne Métropole, est l'invité de la rédaction.
10:04 Parlons de dossier alors Gaëlle Perdriault.
10:06 Avec plaisir.
10:07 Il y a une question quand même qui se pose et c'est le cas dans toutes les collectivités
10:10 aujourd'hui, je vous la pose telle quelle.
10:11 Est-ce qu'il y a encore de l'argent aujourd'hui à la ville de Saint-Etienne pour mener des
10:14 projets ? Parce qu'on a l'impression qu'il y a surtout beaucoup de suppression de services,
10:19 ça peut être l'école de voile, la fermeture des serres municipales, ce genre d'exemple,
10:22 ça peut inquiéter les Stéphanois.
10:24 Alors en fait, si ce sont la fermeture des services que vous venez d'évoquer, ce ne
10:29 sont pas la suppression des services parce que l'école de voile il y en a toujours
10:33 une à Saint-Etienne.
10:34 Et vous avez remarqué que j'ai décidé de fermer les serres municipales à contre-coeur
10:39 mais que notre ville est toujours autant fleurie.
10:44 Nous sommes dans une situation, comme toutes les villes de France, vous l'avez rappelé,
10:48 collectivité extrêmement tendue et particulièrement cette année.
10:51 Tout simplement parce qu'on a une conjonction de dépenses exceptionnelles, à la fois en
10:55 matière énergétique, de matière première liée à la guerre en Ukraine, qui a eu une
10:59 explosion des coûts, c'est valable pour les entreprises, c'est valable également pour
11:02 nous, avec une augmentation également des salaires des fonctionnaires qui a été décidé
11:06 par l'État, qui augmente nos charges sans que nous puissions le décider ou le contre-carrer
11:11 de plus de 20 millions d'euros.
11:13 Donc il faut chercher des marges de manœuvre.
11:15 Mais contrairement à ce que vous avez dit, on investit non seulement toujours autant
11:19 mais cette année est finalement le point culminant en matière d'investissement tant
11:23 à la ville qu'à la métropole.
11:24 Ceux qui disent "la ville est à l'arrêt", c'est totalement faux.
11:27 La situation n'est pas plus inquiétante à Saint-Etienne qu'ailleurs alors Gaëlle
11:30 Perdrieu ?
11:31 Non, et grâce au travail que nous avons fait ces dernières années pour redresser les finances
11:35 de la ville, ce qui va nous permettre de passer le cap au moins de 2023.
11:39 Et effectivement on attend 2024 et ses tendances avec impatience parce que si on a une année
11:45 à l'identique de 2023, il y a certainement d'autres décisions qui devront s'imposer.
11:48 On ne pourra pas continuer à faire comme nous l'avons fait cette année en faisant
11:52 le dos reporté.
11:53 Il y a des projets qui devront être abandonnés ou interrompus ?
11:54 Ou reportés, oui c'est possible.
11:55 Mais également en matière de fonctionnement parce que c'est ce qui évidemment est le
11:59 plus difficile pour retenir.
12:00 Parce que je rappelle que contrairement à l'État, une collectivité ne peut pas être
12:03 en déficit sur son fonctionnement.
12:05 Toutes les factures doivent être payées cash, j'ai envie de dire.
12:09 On ne peut pas faire un emprunt pour payer le fonctionnement.
12:12 Et si on se projette si l'année 2024 est meilleure, est-ce que les associations seront
12:16 aidées un peu plus ?
12:17 Parce qu'elles s'inquiètent ces associations.
12:20 Elles s'inquiètent et en même temps globalement elles n'ont pas trop souffert.
12:24 Parce que je rappelle quand même que pendant les deux années Covid, nous avons pris une
12:26 décision assez forte.
12:28 C'est de maintenir 100% des subventions à toutes les associations, quel que soit leur
12:33 niveau d'activité.
12:34 Donc elles ont pu améliorer leur fonds propre, ce qui va les aider aussi à passer cette
12:40 année.
12:41 D'ailleurs c'est le discours que je leur ai tenu, c'est "Nous avons été là lors
12:44 d'un moment difficile pour vous, on a payé les subventions alors que vous n'avez pas
12:48 rempli la totalité de vos missions.
12:49 Et bien maintenant c'est la ville qui a besoin de vous.
12:52 C'est un moment qui est difficile à passer pour tout le monde.
12:55 Mais vous savez, parmi les 1500 associations que nous soutenons, j'ai été en contact
13:01 avec moins d'une dizaine d'entre elles.
13:04 Et on va trouver des solutions pour celles-ci.
13:06 Et les autres ont compris le message.
13:08 Il y a aussi des gens responsables, bien heureusement, dans les associations.
13:10 Merci Gaëlle Pedrillo, nous avons pris le temps malheureusement.
13:13 Merci de nous avoir accordé ces quasiment 15 minutes d'interview.
13:16 Gaëlle Pedrillo, maire de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne-Métropole.
13:20 Bonne journée.

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