Plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre : «La transition énergétique doit être unie et partagée», estime Jean-Christophe Repon

  • l’année dernière

Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Il a été reçu à Matignon dans le cadre du plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, Elisabeth Borne a évoqué la fin des chaudières à gaz.
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00:00 La planification écologique dévoilée le 20 août de mai par le gouvernement prévoit la fin des chaudières
00:04 au fioul et à gaz et leur remplacement par des modes de chauffage moins polluants.
00:10 Levé de bouclier du côté des artisans, ils jugent les échéances intenables.
00:14 Votre invité Alexandre et Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB,
00:18 la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.
00:21 - Bonjour Jean-Christophe Repon. - Bonjour.
00:23 - Vous avez été reçu la semaine dernière à Matignon, au lendemain de la présentation
00:27 par la première ministre de son plan de réduction des gaz à effet de serre.
00:30 La fin des chaudières à gaz en fait donc partie.
00:33 Vous dites qu'Elisabeth Borne a évoqué devant vous la date butoir de 2026, c'est bien ça ?
00:39 - Oui, il me semble que 2026 est bien trop proche et qu'il ne faut pas stigmatiser la chaudière
00:44 et c'est plutôt le tuyau qui alimente la chaudière qu'il faut regarder avec attention.
00:48 - 2026, le remplacement des chaudières, en tout cas le remplacement par d'autres modes de chauffage,
00:52 vous savez pas faire, le délai est trop court.
00:54 - C'est pas tant qu'on sait pas faire, c'est surtout qu'il y a beaucoup de techniciens
00:57 qui maîtrisent cette capacité de pouvoir rallier la chaudière
01:01 et puis il y a surtout un système intégré du gaz qui est une valeur ajoutée.
01:04 Il me semble qu'on revit en fait un peu dans le siècle dernier
01:07 quand on a supprimé l'ensemble des tramways du site urbain
01:10 et que depuis maintenant 30 ans on recommence à poser des tramways sur l'ensemble du territoire.
01:14 Donc il nous semble qu'une plus-value d'un service intégré comme le gaz,
01:18 notamment pour le site urbain, et en plus avec la capacité qu'on a de fabriquer
01:23 quasiment en Europe les chaudières alors que les pompes à chaleur
01:27 pour la partie compresseur vient uniquement de Chine,
01:30 il faut qu'on passe le bilan carbone exactement.
01:32 - Bon, mais concrètement qu'est-ce qui bloque ?
01:33 C'est la question de la formation des chauffagistes par exemple
01:36 pour la pompe à chaleur d'ici 2026 ?
01:39 - Également, également. Mais je pense qu'il y a une valeur carbone
01:42 et une plus-value d'un essai comme ça d'annonce qui ne peut paraître pas valable.
01:45 Alors je comprends bien que quand on gouverne la France,
01:47 on a l'obligation de donner des grandes directions
01:50 et que bien évidemment le statu quo et le fait de continuer à avoir du fossile
01:55 dans nos énergies nous paraît pas pertinent.
01:58 Mais on peut travailler, me semble-t-il, sur un système intégré gaz,
02:02 pure gaz et hybride pour pouvoir amener à des résultats
02:06 et relever le défi de la condition énergétique.
02:08 - Le remplacement des chaudières à gaz, alors ça se compte par millions,
02:11 du point de vue des carnets de commandes,
02:12 c'est plutôt une bonne nouvelle pour votre secteur Jean-Christophe Repond ?
02:15 - Oui, mais nous pour le moment, ce que nous voyons,
02:19 ce n'est pas une vision corporatiste, une défense d'une profession ou d'une autre,
02:23 c'est plutôt de faire un bilan thermique, un bilan économique
02:26 et un bilan de transition énergétique.
02:28 Et il nous semble que c'est peu pertinent que d'aller aussi vite dans une obligation 2
02:32 et puis surtout de ne pas opposer.
02:34 La transition énergétique et le défi que l'on a devant nous,
02:37 il doit être uni, il doit être partagé.
02:39 Et j'ai la sensation que régulièrement on oppose.
02:42 Et si on oppose, on n'arrive pas à avoir des résultats.
02:44 Et pour avoir des résultats, il faut aller dans la même direction ensemble
02:47 et faire des bilans de chaque installation à tout moment.
02:50 - La pompe à chaleur en tout cas, c'est un mode de chauffage moins polluant
02:53 que la chaudière à gaz ou fuel Jean-Christophe Repond ?
02:57 - Bien évidemment que la partie fuel est déjà quasiment réglée
03:02 et qu'on est en train de relever les défis de la transition énergétique.
03:06 Bien évidemment qu'il faudra aussi, je pense, quelques EPR
03:09 pour pouvoir répondre à la commande générale en France du besoin électrique qu'on aura.
03:13 - Alors des EPR, pardonnez-moi, je vous arrête un instant.
03:16 Vous voulez dire qu'il faut attendre l'arrivée du nucléaire de nouvelle génération
03:20 pour pouvoir fournir suffisamment d'énergie pour les pompes à chaleur
03:23 qui fonctionnent à l'électricité, c'est bien cela ?
03:25 - Il me semblait que j'ai écouté attentivement les gouvernants
03:27 qui nous disaient qu'on risquait d'avoir l'hiver dernier un blackout
03:31 et des arrêts d'électricité.
03:32 Donc il me semble que si nous devions d'ici deux ans
03:35 basculer l'ensemble de la partie énergétique et gaz sur une partie électrique,
03:40 on ne serait pas en capacité d'avoir la fourniture électrique qui nous permet de le faire.
03:43 Mais après je ne suis pas assez pointu technicien pour pouvoir le dire.
03:47 Donc qu'on donne une direction, qu'on donne des ambitions,
03:49 nous en sommes tout à fait d'accord,
03:51 mais qu'on cristallise comme ça toute une technique et toutes les compétences,
03:55 aussi en deux ans, on ne forme pas des personnes qui vont poser de la pompe à chaleur en majorité
04:00 parce qu'on voit bien qu'actuellement la froide la plus massive
04:04 à la transition énergétique et donc à MatrimRénov' et au RGE
04:08 se sent sur les pompes à chaleur.
04:10 La fraude à la pompe à chaleur, la fraude à l'installation,
04:12 est-ce que c'est un mode de chauffage qui a fait ses preuves ?
04:15 Je pense aussi à cette enquête de 60 millions de consommateurs
04:17 publiée il y a tout juste un mois.
04:19 Beaucoup de témoignages de clients mécontents de leur pompe à chaleur,
04:22 à la fois des problèmes d'installation, de fonctionnement.
04:25 On voit que ce n'est pas tout à fait au point encore.
04:27 On voit bien que la technique au niveau énergétique est valable
04:29 puisqu'on a des coefficients de consommation d'électricité en institutions en énergie,
04:33 mais on voit bien également qu'on aura des difficultés à avoir un confort d'été
04:37 ou avec une baisse d'énergie.
04:39 Il est important de rappeler qu'on est sur une baisse de la consommation d'énergie
04:43 et que la pompe à chaleur, par exemple, réchauffe l'hiver,
04:46 mais elle fait aussi du froid l'été.
04:47 Cela veut dire qu'en termes de transition énergétique,
04:50 je ne suis pas sûr que les vendeurs de pompes à chaleur
04:52 vont nous vendre de la pompe à chaleur qui ne fait que du chaud.
04:55 On aura aussi des pointes en été de consommation assez fortes
04:59 pour pouvoir refroidir.
05:00 Il me semble qu'au niveau de la transition énergétique,
05:02 ce n'est pas dans la direction dans laquelle on doit aller
05:04 pour être moins énergivore et avoir le moins de consommation
05:08 sur la durée de l'année entière.
05:10 Un autre point de friction que vous avez, Jean-Christophe Repond,
05:13 au-delà des chaudières à gaz sur la transition énergétique,
05:16 au sens plus large, transition écologique,
05:18 c'est la mise en place depuis le 1er mai
05:20 des nouvelles filières de recyclage des déchets du bâtiment.
05:24 Qu'est-ce qui ne va pas sur ce point ?
05:26 Il se passe ce que nous avions prédit, malheureusement,
05:28 c'est que les éco-organismes sont là depuis le début de l'année
05:32 et devaient promettre des points de collecte
05:34 et qu'actuellement, nous sommes officiellement à 500 points de collecte,
05:38 ce qui fait à peu près même pas un quart de ce qui devait être proposé
05:41 et que par contre, l'éco-taxe va être payée dès le 1er mai
05:45 et donc, en fait, on a des éco-organismes qui nous proposent
05:48 un calendrier qui n'est pas en avéculation avec la taxe qu'on va poser.
05:52 En gros, on n'a pas le service rendu attendu,
05:54 c'est-à-dire normalement un point de collecte tous les 10 km
05:57 pour chaque artisan sur l'ensemble du territoire.
05:59 Donc on a, comme d'habitude, demandé une démarche qui est vertueuse
06:03 et nous la validons, mais avec un calendrier qui ne correspond pas
06:06 à la réalité économique et donc des artisans qui vont payer une éco-taxe
06:10 alors qu'ils n'ont pas le service demandé dans l'agrément de l'État
06:13 auprès des éco-organismes.
06:15 Donc on avait demandé un report au moins d'un an pour qu'on ait
06:19 au moins les points de collecte sur un maillage territorial de qualité.
06:22 On s'aperçoit maintenant, fermé, qu'on n'a pas ce point de maillage de qualité
06:26 et que du coup, on aura des crispations sur l'ensemble du territoire
06:29 pour savoir où on pose nos déchets pour les retraiter et les recycler.
06:32 Merci Jean-Christophe Repond.
06:34 Merci à vous.
06:35 Président de la CAPEB, Confédération de l'Artisanat
06:38 et des petites entreprises du bâtiment, merci à vous.
06:40 Merci.

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