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Des organisations médicales dénoncent dans une tribune les essais de traitements contre le Covid-19 menés par l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée sur 30 000 personnes entre 2020 et 2021. La tribune pointe “la prescription systématique” et “sans bases pharmacologiques solides” de traitements, parmi lesquels l’hydroxychloroquine. Les experts médicaux réclament aux autorités des sanctions adaptées, face à ce qui est décrit comme “le plus grand essai thérapeutique sauvage connu à ce jour”.

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Transcription
00:00 C'est une affaire extrêmement regrettable parce que d'abord elle a divisé non seulement la France en deux, le milieu médical en deux, les pros et les contre Raoult,
00:09 alors qu'il y avait vraiment autre chose à faire et que tout ça a été au détriment d'une recherche efficace pour lutter contre...
00:15 Donc vous nous dites, excusez-moi, que même dans le débat il y avait vraiment d'autres urgences dont il fallait se gérer, qu'à se lancer dans une pareille...
00:22 Absolument, ça a démarré très tôt puisque une semaine après le confinement, c'était à la fin du mois de mars 2020, l'Académie de médecine associée avec l'Académie des sciences,
00:32 associée avec l'Académie de pharmacie, nous avons dénoncé justement cette attitude visant à prescrire un médicament qui n'avait pas fait ses preuves
00:42 et dont on pensait, on avait de bonnes raisons de penser qu'il était déjà inefficace parce que les drogues et chloroquines, on sait que ça marche très bien in vitro sur presque tous les virus.
00:51 Par contre, quand ça passe chez l'homme, ça marche plus. Et ça on le savait pour le SIDA, pour la grippe, pour le SARS, le premier SARS, pour tout état de maladies virales.
01:00 Donc ça aurait peut-être pu marcher sans la COVID, mais il n'y avait aucune preuve. Et surtout c'est la méthodologie parce que...
01:06 Mais il part d'où d'après vous, excusez-moi, parce qu'on doit toujours se mettre dans la tête de la personne qu'on a en face de soi, même si on la combat.
01:11 Il part d'une intuition, enfin comment expliquer ça ?
01:13 Un pari. C'est un pari. Je crois que le professeur Raoult, qui est vraiment une sommité médicale...
01:18 Ce que personne ne conteste.
01:19 Ce que personne ne conteste, c'est que ce que personne ne conteste, il se doutait bien que ça n'allait pas marcher, mais je pense qu'à mon avis il le savait.
01:26 Il ne pouvait pas l'ignorer parce qu'il était entouré de gens qu'il savait.
01:31 C'est un pari.
01:33 Pourquoi s'est-il enfermé là-dedans ? C'est un homme intelligent. Oui, il est méga-lourd, on l'a tous compris. Bon, mais voilà, ça ne suffit pas pour...
01:40 Il aurait pu essayer de s'en sortir plus tôt. Une fois qu'il s'est enfoncé dedans, il a eu beaucoup de mal et il dit toujours que ça marche plus ou moins.
01:46 Enfin bon, il refuse l'évidence qui maintenant est absolue. Tout le monde le reconnaît dans le monde entier.
01:51 On sait que ça ne marche pas, que ça n'a pas d'efficacité et que la balance bénéfice-risque est défavorable.
01:57 Bon, maintenant, ce qu'il faut dire, c'est que le non-passage devant un comité de protection des personnes, ça fait que la pertinence scientifique de cette recherche n'a pas été évaluée.
02:10 Elle n'a été évaluée que par M. Raoult et ses collaborateurs de l'IHU. Je voulais dire C. Sbire. Je le dis pour vous. Bon, merci.
02:19 Et donc cette phase essentielle ayant été sautée, eh bien finalement, il a dit "ça marche et puis je m'appelle Raoult".
02:30 Donc après, on est passé sur ce que j'appelle l'argument d'autorité. Le professeur Raoult était quelqu'un de nobilisable de l'avis de tous les microbiologistes dont je suis.
02:40 On considérait qu'il remplissait à peu près tous les critères pour pouvoir accéder à cette récompense suprême.
02:46 Et puis c'est peut-être ça, son pari. Il s'est peut-être dit "voilà, l'occasion ou jamais, le Covid, je vais sortir le médicament miracle et voilà, je vais accéder comme ça".
02:55 Ou peut-être il s'est dit ça, peut-être pas.
02:57 – Vous vous rendez compte de la gravité de vos propos ? – Bien sûr.
03:00 – Un homme qui a pour charge de s'occuper de la santé des Français, qui est reconnu, qui est très apprécié à l'échelle mondiale, vous le rappelez,
03:08 et en particulier dans sa région, puisque je rappelle une fois de plus qu'on faisait quand même la queue pour aller prendre l'hydroxychloroquine en pleine crise,
03:15 devant le bâtiment où il travaillait, a pu être tenté de jouer un coup avec la santé des Français pour obtenir un prix Nobel de médecine.
03:23 – Il a joué un coup parce que ses études, la première étude, celle qu'il a donnée en main propre au président Macron à Marseille,
03:30 c'était une étude qui ne valait rien scientifiquement parce que ça portait sur 25 patients.
03:35 – Et dans l'entourage de Macron, il n'y avait pas de groupe témoin.
03:38 – Il n'y avait pas de groupe témoin. – Emmanuel, excuse-moi, c'est totalement ridicule, regarde-moi ça, c'est pas possible.
03:42 – Une étude comme ça doit être contrôlée, c'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait un groupe témoin, randomisé,
03:48 c'est-à-dire qu'on tire au sort ceux qui vont prendre le médicament, ceux qui vont prendre le placebo, et en double aveugle,
03:54 c'est-à-dire que ni le patient ni le médecin ne sait qui a le placebo et quel médicament.
03:58 Bien sûr, il a sauté tout ça en disant "moi j'ai mieux, c'est les études observationnelles".
04:02 Alors au début on peut dire ça, mais lorsque deux ou trois mois ont passé,
04:06 il avait largement le temps avec le recrutement de l'IHU de mener une enquête, une étude clinique
04:11 répondant à tous les critères exigés au plan national et international pour des études de valeur.
04:17 Et ça il n'a pas voulu le faire parce qu'il voyait bien que s'il avait fait ce type d'études,
04:22 il aurait eu entre les mains la preuve de l'inefficacité de ce produit.

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