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Tous les jours, du lundi au vendredi dans Saga, Solène Godin retrace la saga d'une entreprise française.

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Transcription
00:00 - La France bouge. Si vous nous rejoignez, merci d'être avec nous. C'est déjà la dernière partie de cette France qui bouge dans les métiers scientifiques, dans les filières technologiques.
00:15 On en parle avec Amel Kefi. Vous êtes la directrice générale de l'association Elle Bouge. Nous sommes toujours avec Florence Robin, présidente de l'entreprise Limatec, et Alice Memang, la cofondatrice de Delphox.
00:28 Justement, en France, moins d'un quart des ingénieurs sont des femmes. Des statistiques révélées en janvier dernier par l'association Femmes Ingénieurs.
00:37 Solène Godin, vous venez d'entrer dans le studio avec une enquête. Vous avez bien fouillé les choses. Comment expliquer, Solène, que ces femmes soient si peu nombreuses dans les disciplines scientifiques ?
00:48 - Eh bien, vous le disiez tout à l'heure, Amel Kefi, présidente de l'association Elle Bouge, dès l'école primaire, un cliché s'installe. Les disciplines scientifiques seraient plutôt destinées aux garçons.
00:58 Et ils persistent jusqu'aux études secondaires et supérieures, selon Mélanie Guenet, mathématicienne et vice-présidente de la Société Mathématique de France.
01:06 - Ça crée une ségrégation qui fait que plus on avance dans les études et moins il y a de filles dans les formations scientifiques, et d'autant moins qu'on se rapproche des formations dures, en fait. Donc, physique, infos, maths.
01:20 - Dans les écoles d'ingénieurs, 3 étudiants sur 10 sont des filles. Ce n'est pas une fatalité, selon Mélanie Guenet, si l'on compare ce chiffre à ceux des pays du Moyen-Orient.
01:29 - Dans les pays du Maghreb, on a presque une majorité de filles dans les écoles d'ingénieurie, ou en Iran, ou en Turquie.
01:36 - Alors, quel levier pour inciter les jeunes femmes à s'engager dans des études scientifiques, ici, en France, si dans les pays du Maghreb, ce n'est pas le cas ?
01:44 - Alors, au lycée, ne pas spécialiser trop tôt les élèves et leur donner accès aux sciences jusqu'à la fin de la scolarité. Le but, éviter les choix précoces.
01:53 - Et pour casser l'image du métier d'homme, il faut inciter à la parité en entreprise, selon Mélanie Guenet.
02:15 - C'est dans l'industrie et dans les secteurs tertiaires qu'on retrouve le plus de femmes ingénieures. Elles sont même plus nombreuses que les hommes dans l'ingénierie agricole.
02:22 - Revers de la médaille, ces métiers sont généralement moins rémunérateurs que dans les autres branches.
02:28 - Justement, Amel Kefif, vous êtes déléguée de l'association Elle Bouge, cette question des salaires, cet écart, persiste aussi ?
02:35 - Au sein de l'association, quand vous allez dans les écoles primaires ou dans les lycées, vous les alertez aussi, là-dessus ?
02:41 - Alors, on les alerte d'une certaine manière. C'est-à-dire qu'effectivement, il y a des écarts de salaire.
02:46 On les prévient que dans les industries, on est quand même mieux payé aujourd'hui, en France.
02:53 Et on fait des ateliers sur justement comment négocier son salaire, comment être sûr que son salaire est égal à celui des hommes, dans la société dans laquelle on est recruté,
03:03 par le biais d'ateliers qu'on organise dans le cadre de notre forum Réseau et carrière aux féminins, qui est un forum de recrutement 100% féminin dédié aux industries.
03:12 - Alors, l'entreprenariat, Solène Godin, peut-il être une solution pour changer ces idées reçues sur le métier d'ingénieur ?
03:18 - Eh bien, un de nos invités dans La France Bouge aujourd'hui l'ont fait. Monter son entreprise est un biais d'émancipation.
03:23 Mais quand on est une femme ingénieure, entrepreneur dans l'industrie, le bas blesse quand il faut trouver des financements.
03:29 - Là, on doit s'opposer à tout ce système de réseau qui fait qu'il y a une cooptation, alors qui n'est pas forcément volontaire, mais de fait, de cartes-peurs masculines.
03:38 Des incitations fortes, c'est-à-dire de valorisation assumée de la part des pouvoirs civiques sur le fait que ce soit une femme qui monte une partie d'ingénierie par rapport à un homme,
03:48 c'est-à-dire qu'elle va avoir un coup de pouce en plus, peut permettre de rééquilibrer.
03:52 - Merci Solène Godin pour ces chiffres.
03:56 Florence Robin vient de l'entendre, quand il s'agit de monter son entreprise, c'est un peu plus compliqué.
04:02 Est-ce que vous, quand vous avez lancé Limatech, vous l'avez vécu cela, en tant que femme ?
04:08 - Oui, clairement. En tant que femme, je ne sais pas, mais en tout cas, comme je le disais, homme-femme, déjà c'est difficile.
04:15 - De monter sa boîte, oui.
04:16 - Mais moi, ce dont je me souviens et qui m'avait un petit peu choqué à l'époque, c'était quand j'ai déposé le dossier pour monter la boîte à la Chambre des métiers à l'époque.
04:25 J'ai passé une demi-heure dans le bureau de quelqu'un qui m'a expliqué qu'il ne fallait pas que je fasse ça, parce que ce n'était pas fait pour les femmes.
04:35 - On vous le disait clairement comme ça ?
04:37 - Oui, clairement.
04:39 - Et c'était il y a combien de temps, ça ?
04:41 - C'était il y a 6 ans et demi.
04:43 - Ce n'était pas au siècle dernier.
04:45 - Non, non. Et puis voilà, essayer de me dissuader par tous les moyens, en me faisant peur, etc.
04:51 J'y suis allée quand même et après, ce que j'ai remarqué, c'est plutôt ce qu'on disait pour rechercher des financements.
05:01 J'ai lu des statistiques qui disaient qu'il y avait 0% de femmes qui avaient encore jusqu'à maintenant réussi à faire des séries C.
05:09 Donc, séries C, c'est 50 millions et de plus.
05:12 C'est des grosses levées de fond.
05:15 - Des grosses levées de fond.
05:16 - Donc ça, c'est les statistiques qui le disent. Donc, je me suis mis comme challenge de réussir.
05:21 - Et vous avez réussi ? Vous êtes en cours ?
05:23 - Pas encore, mais c'est sur la bonne voie.
05:26 - C'est sur la bonne voie.
05:28 On va retrouver Nathalie Carré qui est en charge de l'entrepreneuriat à la Chambre de Commerce et d'Industrie.
05:32 Bonjour Nathalie.
05:33 - Bonjour Elisabeth, bonjour mesdames.
05:35 - Vous aussi, c'est votre domaine d'expertise.
05:37 Justement, on voulait avoir vos lumières.
05:39 Qu'est-ce qui favorise l'apprentissage des femmes dans ces métiers scientifiques, dans ces métiers de la tech, dans ces métiers de l'aéronautique ?
05:46 - Déjà, on pourrait se demander pourquoi il faudrait valoriser ces métiers de la tech.
05:50 Parce que, tout le monde sait, les entreprises françaises sont dans une compétition mondiale.
05:55 Elles ont besoin de performances.
05:57 Or, plusieurs études démontrent que la diversité est une force pour les entreprises qui peuvent superformer jusqu'à 15%.
06:04 Alors certes, la diversité, ça ne concerne pas que les femmes.
06:07 Mais vu qu'on représente 51% de la population en France, faisons simple, il y a des femmes.
06:13 Alors comment on fait ?
06:14 Vous savez quoi ?
06:15 Si on avait une solution miracle qui serait appliquée depuis longtemps, il y a de nombreuses initiatives, notamment menées dans les écoles.
06:20 Vous en avez parlé.
06:21 Mais vous avez dit aussi que les parents sont les premiers prescripteurs des métiers des enfants.
06:25 - Oui, c'est ce que disait Amel Kéfif.
06:26 - Et bien oui.
06:27 Et en tant que parent, je me demande si ça ne s'agit pas de peur, tout simplement.
06:31 Comme un parent peut s'inquiéter d'un enfant qui lui dirait "je veux devenir comédien ou acteur",
06:35 parce que dans ces métiers, il y a beaucoup de candidats et peu d'élus.
06:38 Est-ce qu'il n'y aurait pas la même chose, finalement, vis-à-vis de nos filles, qui voudraient aller vers un métier traditionnellement masculin ?
06:43 En tant que parent, est-ce qu'on ne chercherait pas tout simplement à protéger nos filles ?
06:47 Et en faisant cela, de façon totalement inconsciente, parfois sans le dire de façon explicite,
06:52 est-ce qu'on ne les éloignerait pas de leurs rêves ou de leur potentialité ?
06:55 D'autant que 61% des femmes trouvent leur premier emploi avant la sortie de l'école d'ingénieur.
06:59 Donc, pourquoi ton inquiétude ?
07:01 Vous pensez que c'est ça, Amel ?
07:03 Ça peut être un biais aussi ?
07:05 Entre autres, effectivement. Mais il y a vraiment beaucoup de biais,
07:09 beaucoup de choses à mettre en place, énormément de pédagogie,
07:13 énormément d'associations à mettre en avant, de labels aussi,
07:16 comme par exemple ce label "French Tech 120", qui est un label du gouvernement,
07:20 qui met en avant les 120 entreprises de la tech.
07:23 Il y a eu un gros scandale, je crois, l'année dernière.
07:25 Absolument, parce qu'il n'y avait aucune femme.
07:27 Alors qu'aujourd'hui, sur votre plateau, il y a deux incroyables exemples
07:33 d'entrepreneuses et tech.
07:35 Donc là, ça a été rattrapé.
07:37 On a aujourd'hui 14 femmes représentées dans le French Tech 120.
07:40 Chez Elle Bouge, aujourd'hui aussi, on a lancé depuis 10 ans
07:43 un challenge qui s'appelle le "Challenge Innovatech",
07:46 qui met en place une rencontre avec des marraines, des lycéennes, des étudiantes,
07:53 qui pendant 5 heures vont travailler sur l'industrie du futur
07:57 et inventer un projet et le pitcher devant un jury.
08:00 Ça met en avant l'entrepreneuriat, la tech, l'innovation
08:04 et la puissance entre femmes de monter des projets.
08:07 Tout ça, ça donne envie.
08:08 Nathalie, en 15 secondes, c'est quoi les types d'investisseurs à rechercher en premier
08:13 quand on est une femme dans cet univers-là ?
08:16 Eh bien, la bonne nouvelle, c'est que les financiers sont des gens pragmatiques.
08:19 Les PME, les ETI pilotés par des femmes vont bien même mieux
08:22 que ceux dirigés par les hommes.
08:23 Donc, un réseau de femmes Business Angels a vu le jour.
08:26 Des fonds d'investissement agissent pour financer plus de femmes
08:29 comme Sista, Leïa Capital, Angel Square.
08:32 Et aujourd'hui, plus d'une dizaine de fonds sont dirigés par des femmes.
08:35 Ce n'est pas encore beaucoup, mais ça avance.
08:37 Ça avance.
08:38 En tout cas, dans tous les cas, le financement, comme beaucoup d'actions
08:41 quand on est entrepreneur, ça se concrétise
08:43 parce qu'on fait des rencontres au bon moment.
08:45 Donc, plus les femmes qui se lancent résotent,
08:47 plus elles ont de chance de faire la connaissance de personnes qui les aideront.
08:50 Et d'après les sciences cognitives, la chance, c'est un comportement
08:52 d'ajustement optimal aux circonstances qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
08:56 Il s'agit donc d'une compétence qui s'apprend, qui se développe.
09:00 Finalement, c'est assez simple.
09:02 - Merci Nathalie Carré.
09:03 Toujours les bonnes lumières.
09:05 Merci à vous.
09:06 C'est déjà la fin de votre émission.
09:08 Ça passe toujours trop vite.
09:09 Amalek et FIF, on était ravis de vous avoir.
09:11 Vous êtes la directrice générale de l'association All Bouche.
09:14 Vous allez mener des actions, si cet été ?
09:16 - On en mène tout l'année.
09:17 - Tout le temps ?
09:18 - Quand vous allez sur la plage, vous allez leur dire "allez faire des filières scientifiques" ?
09:21 - Absolument pas.
09:22 Par exemple, on mène 700 actions par an en français dans le monde.
09:26 Et cet été, par exemple, on va soutenir le Tour de France féminin
09:29 qui va passer dans les régions et accueillie par nos délégations régionales
09:33 qui auront des discours à l'ensemble du public en faveur de la mixité en entreprise.
09:37 - Ça fait du bien.
09:38 Merci à vous d'être venue aujourd'hui dans la France Bouche.
09:42 Je rappelle que vous êtes la directrice générale de l'association All Bouche.
09:46 Merci à Florence Robin, la présidente de Limatech,
09:48 ainsi qu'à Alice Mémang, la cofondatrice de Delphox.
09:52 A demain pour une nouvelle France Bouche.
09:54 Évidemment, vous restez sur Europe 1.
09:56 Il y a des rendez-vous Europe 1.
09:58 Retrouvez Raphaël Delvolvé dans Europe 1,
10:00 soir du lundi au jeudi de 19h à 20h.
10:02 Vous pouvez donner votre avis sur l'actualité avec le nouveau numéro d'Europe 1,
10:07 le 01 80 20 39 21.
10:10 C'est un numéro inclus dans votre forfait.
10:13 A demain, vous restez sur Europe 1.
10:15 À l'instant, le flash présenté par Émilie Dez, suivi de Christophe Ondelat.
10:19 [Musique]