Quelques heures seulement après la projection cannoise du film « Rien à Perdre », réalisé par Delphine Deloget, nous avons rencontré deux des acteurs principaux : Virginie Efira et Félix Lefebvre. Interview.
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00:00 Qu'est-ce que ça signifie pour moi d'être à Cannes avec ce film ?
00:10 C'est déjà qu'il a plu parce que je pense que le comité de sélection voit un nombre
00:15 de films tout à fait incroyables.
00:16 Je me demande comment ils font d'ailleurs, j'aimerais bien être une petite souris parfois.
00:19 Je ne sais pas exactement, il doit y avoir des 450 films et que votre film soit pris,
00:24 ça veut dire que c'est qu'on y voit quelque chose de particulier, qui appartient d'ailleurs
00:28 plus en général à la réalisatrice qu'aux acteurs.
00:31 Les acteurs, évidemment, ils contribuent à ce qu'est un film, mais c'est Delphine
00:35 de Loget, c'est le premier film qui a écrit le scénario et tout ça.
00:39 C'est vrai qu'il y a une particularité dans cette histoire et dans la manière qu'on a
00:44 eu d'essayer de la faire vivre ensemble et donc que ça soit vu.
00:48 Donc c'est déjà, je dirais même avant de venir le présenter, le fait que ça raconte
00:52 quelque chose sur le fait que le film est remarqué.
00:55 Et quand on fait un film, on a quand même plutôt envie qu'il puisse toucher au cœur
00:59 peut-être pas des millions et des millions de personnes, mais qu'il puisse rentrer en
01:02 connexion avec son public.
01:04 Donc c'est déjà l'assurance de ça.
01:05 Ensuite, à Cannes, les gens sont bien élevés, donc il n'y a pas une projection.
01:11 Mais si on essaye d'échapper un peu à sa vanité, ce n'est pas simple à Cannes, on
01:16 peut déceler quand même des applaudissements ou une écoute dans la salle particulièrement
01:23 prise ou moyennement prise.
01:24 Et là, j'ai senti que l'histoire allait à sa destination, aller vers les gens.
01:29 Je pense pas prendre de risques en disant que je l'oublierai jamais.
01:33 Et en plus, d'autant plus qu'il y avait des proches à moi dans la salle, il y avait
01:36 ma grand-mère, mes parents.
01:37 Et je pense que c'est vraiment un moment qu'on a vécu ensemble.
01:40 Et même d'ailleurs, je l'ai senti vraiment quand il y a eu une réaction commune à un
01:44 moment ou vers le milieu du film, de la salle.
01:47 On est vraiment en train de vivre quelque chose ensemble et ça transporte tout.
01:52 Et c'est vraiment un beau moment.
01:54 J'ai fait beaucoup de films, dernièrement, tout d'un coup je me disais je ne veux plus
02:02 tourner qu'avec des gens qui ont déjà une expérience et tout ça.
02:05 On a envie de tourner avec des gens qui nous plaisent, on a l'impression qu'ils ont quelque
02:09 chose de différent à raconter, à faire voir.
02:13 Moi, quand j'ai lu ce scénario, c'était il y a quatre ans, j'ai vu avec ma perception,
02:19 c'est pas un endroit qui est juste ou pas, mais je trouvais qu'il y avait là-dedans
02:22 quelque chose que j'ai lu quand même pas mal de choses qui étaient écrites de manière
02:26 particulièrement juste, sensible, avec un personnage intéressant, ambigu, complexe.
02:34 J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose qui se cherchait du côté de Ken Loach, d'un
02:38 film social avec une énergie vitale.
02:42 Donc tout ça me plaisait.
02:46 J'étais moi tout de suite bouleversé par Jean-Jacques et du coup je me suis vraiment
02:52 donné à corps perdu vers ce rôle et je l'ai un peu laissé faire.
02:58 Ça a été assez magique.
03:00 Je travaillais le rôle et je prenais du poids et au bout d'un moment, devant mon miroir,
03:05 je me suis regardé et j'ai vu Jean-Jacques apparaître.
03:08 Je me suis dit bon, maintenant, allons tourner et je me suis laissé porter.
03:14 Le village que j'ai joue souvent des mamans, donc ce n'est pas les premiers enfants que
03:22 j'ai au cinéma quand même, loin de là.
03:24 Mais ce qui était très impressionnant, d'abord Félix, celui qui joue mon fils le plus âgé,
03:30 Félix Lefebvre, est arrivé déjà sur le plateau avec 20 kilos de plus.
03:34 Ce qui raconte quand même un investissement de corps et de conviction très fort.
03:39 Donc on a envie de se mettre au niveau de cet investissement là.
03:44 Ce qui est génial, c'est que Virginie, quand je l'ai rencontrée, elle n'était pas du tout dans un rapport de
03:54 "Je suis Virginie Fiora, je vais t'apprendre à jouer, je vais te dire comment faire".
03:58 Qui aurait pu mettre un rapport de force qui n'aurait pas été lié au personnage,
04:02 qui n'aurait pas été lié au travail.
04:03 Moi, je l'observais beaucoup.
04:05 Donc elle me donnait des leçons, mais juste par son art, par son travail.
04:10 Et le rapport a été très simple tout de suite.
04:13 On s'est très vite compris.
04:14 On avait travaillé déjà dans notre coin, nos personnages et le scénario.
04:19 Et on avait un regard assez similaire sur cette histoire, sur l'énergie de ce film.
04:25 Et après, ça a été un plaisir immense de voir travailler une actrice comme ça.
04:31 C'est vraiment une chance extraordinaire.
04:39 Sous-titrage Société Radio-Canada
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