• il y a 6 mois
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2024 et sortira en salles le 28 août prochain.
Transcription
00:00 Dans une compétition en manque de francs enthousiasmes et de grands emballements,
00:04 Jacques Audior est venu réveiller un peu tout le monde avec son nouveau film
00:07 « Soit la rencontre improbable » de la Comédie Musicale, sa toute première,
00:11 d'un film de cartel avec des vrais bandits mexicains dedans,
00:14 et d'un film sur la transidentité qui tient par ses rebondissements et son romanesque
00:19 vraiment du télénovela.
00:20 * Extrait de « Hablar » de La Comédie Musicale *
00:45 Autant dire que c'était un pari archi risqué, hyper casse-gueule.
00:49 D'ailleurs le film avance sur un fil.
00:51 On ne sait jamais trop si on est dans le ridicule ou dans le sublime,
00:53 et à la fin c'est plutôt le sublime qui l'emporte.
00:55 En tout cas une vraie émotion, parce que je pense qu'il y va premier degré,
01:00 même si le film ne manque pas d'humour, avec une empathie totale pour son personnage,
01:04 qui est quand même un narco-trafiquant qui décide de changer de sexe,
01:07 et fait appel pour ça à une avocate qui va l'aider à préparer sa nouvelle vie,
01:12 transférer ses millions bien mal acquis, et caser sa petite famille qui le croira mort.
01:17 Marie l'a dit, c'est un projet complètement fou de Jacques Audière.
01:20 Alors si vous êtes des lecteurs, des lectrices de télérama,
01:22 vous savez qu'on en parle depuis deux ans de ce projet-là.
01:24 On a suivi vraiment la genèse de ce film complètement fou.
01:29 Et on avait un petit peu peur quand même avant de découvrir le film hier soir,
01:32 parce que le projet était extrêmement alléchant sur le papier,
01:37 mais est-ce que ça allait donner quelque chose à l'écran ?
01:38 Et la réponse c'est un grand oui.
01:40 Il y a vraiment ce mélange très insolite de plein d'univers différents,
01:43 et avec, moi ce qui m'a beaucoup plu,
01:45 c'est la dimension mélo totalement assumée par Jacques Audière.
01:48 On est vraiment dans des rebondissements de télénovelas,
01:50 il ne faut pas avoir honte de le dire, mais ça marche super bien.
01:53 Ça marche aussi très très bien parce qu'il y a des actrices qui sont formidables.
01:56 Alors il y a la révélation Carla Sophia Gascon,
01:58 qui est un ancien acteur devenu actrice,
02:00 qui a demandé à Jacques Audière de jouer les deux rôles,
02:03 enfin les deux rôles, de jouer le personnage homme puis femme.
02:07 Et on a même du mal à le reconnaître d'ailleurs
02:09 entre la première partie et la deuxième partie.
02:11 Elle est vraiment très très bonne comédienne.
02:14 Alors chanteuse, un peu moins, mais ce n'est pas vraiment le problème.
02:18 Le pari du film et le pari de Jacques Audière,
02:20 c'était que les actrices chantent et dansent,
02:23 elles ne sont pas doublées, c'est leur propre voix.
02:26 Alors quand c'est Selena Gomez et Zoé Saldana, c'est bien,
02:29 elles se débrouillent très bien, elles dansent aussi très bien.
02:32 Carla Sophia Gascon, la voix est un peu hésitante,
02:35 la danse, elle le dit elle-même, c'est un peu robocop,
02:37 mais ce n'est pas grave, on est quand même emporté par ce personnage,
02:40 par cette actrice vraiment qui a une présence très très forte.
02:42 Ce qui est très beau, c'est qu'à chaque film,
02:44 ils cherchent un nouveau style, ils cherchent quelque chose à inventer
02:46 et ce qu'il fait ici correspond vraiment à tout ce que j'attends d'une comédie musicale.
02:51 C'est-à-dire, oui c'est artificiel et on va l'assumer complètement,
02:54 on va le prendre en charge, c'est ça qu'on vient voir.
02:56 On vient voir Mexico reconstituée dans un studio à Paris,
02:59 on vient voir des jeux de lumière,
03:00 on vient voir l'anti-naturalisme absolu de la comédie musicale,
03:04 c'est-à-dire des gens qui tout à coup au milieu d'une phrase
03:06 se mettent à chanter, se mettent à danser
03:08 et puis les femmes qui faisaient le ménage dans le tribunal sont les choristes
03:13 et puis les passants dans la rue sont les danseurs.
03:16 Et en même temps, c'est suffisamment original,
03:20 notamment grâce à la bande originale formidable qui est signée par Camille,
03:24 "Cœur sur Toit Camille" et Vincent Courcol.
03:27 On n'est jamais dans le pastiche de la comédie musicale de l'âge d'or, etc.
03:34 Il a cherché quelque chose de contemporain,
03:35 même dans les chorégraphies qui sont un peu heurtées,
03:37 qui ne sont pas du tout dans des démonstrations de virtuosité,
03:41 qui sont l'anti-La La Lande, j'adore La La Lande.
03:44 J'ai été aussi très souvent émue et je dois dire que je cache mes larmes aujourd'hui
03:51 parce que mine de rien elles sont souvent intervenues pendant les chansons.
03:54 Je trouve que les chansons et les mélodies sont très puissantes.
03:58 Alors évidemment tout le film est en espagnol avec des textes très forts.
04:03 Et alors la surprise du chef, il y a une chanson de Brassens
04:06 que vous entendrez à un moment dans le film, je ne vous dis pas laquelle.
04:09 On peut la fredonner peut-être.
04:10 Non, je ne vous ferai pas ça, il fait très beau.
04:12 Mais en tout cas, c'est une bonne surprise.
04:15 Il manquait, je trouve, un film comme ça, un peu étonnant en compétition.
04:23 C'était un début un peu calme, on va dire, avec des beaux films.
04:26 Et là, tout à coup, on se dit, qu'est-ce que c'est que ce film hyper casse-gueule ?
04:30 Il faut vraiment insister sur la qualité de la musique composée par Camille et Vincent Courcol.
04:34 Elle est très variée cette musique.
04:36 Il y a vraiment des sonorités quasi-rap par moment, très pop à d'autres.
04:40 Évidemment, des sonorités mexicaines, c'est normal, l'ambiance d'un orchestre mexicain.
04:44 Et puis aussi, il y a quand même des réminiscences de grands morceaux,
04:50 de grandes comédies musicales.
04:52 C'est vrai qu'il y a certaines mélodies qui font parfois penser à West Side Story, par exemple.
04:55 Et l'ensemble est très composite.
04:56 C'est un peu à l'image du film, en fait.
04:58 C'est vraiment le mélange des genres, le mélange des styles,
05:00 mais qui est presque toujours totalement harmonieux.
05:03 C'est vraiment une des grandes qualités d'Emilia Pérez.
05:06 Et l'autre grande qualité, effectivement, c'est ce potentiel d'émotion.
05:08 On sait que Jacques Audiard n'a pas peur de ça.
05:10 Quand il y va, il y va à fond.
05:11 Et bien là, il y est allé à fond.
05:13 Il a osé et il a réussi.
05:15 Emilia Pérez, les cloches sont avec nous.
05:17 C'est vraiment très bien.
05:18 Emilia Pérez, Concert de Louanges, c'est très bien.
05:21 ♪ Habla, esta gente habla, debabora lo ♪ (Parle, cette gent parle, déborda le)

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