L'interview de Marine Le Pen

  • l’année dernière
Présidente du groupe RN à l’Assemblée Nationale, Marine Le Pen, était l’invitée de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
Transcript
00:00 Bonjour Marine Le Pen. Bienvenue dans la matinale de CNews.
00:02 Emmanuel Macron est à Roubaix aujourd'hui pour rendre hommage
00:04 aux trois policiers morts dans une collision à Ville-Neuve-Dasque.
00:07 C'est important de lire leur prénom, Steven, Paul et Manon, 24 et 25 ans.
00:11 C'est une collision à Ville-Neuve-Dasque avec un conducteur, décédé lui aussi,
00:16 qui roulait à contre-sens sous l'emprise de l'alcool et des stupéfiants.
00:19 Il va leur remettre à titre posthume la légion d'honneur.
00:22 C'est important de soutenir les policiers.
00:24 Est-ce que le président Macron l'a assez fait depuis six ans ?
00:28 Évidemment que c'est important de les soutenir.
00:31 Ce qui est sûr, c'est que chez les policiers, il y a un sentiment de démoralisation.
00:36 Il y a un sentiment de ne pas avoir été soutenu.
00:37 Emmanuel Macron était celui, souvenez-vous, qui avait évoqué d'ailleurs les violences policières.
00:42 Donc on les a en quelque sorte désarmés moralement.
00:47 Alors on peut leur donner du matériel.
00:49 Si on les désarme moralement, on ne règle pas le problème.
00:52 Ça ne date pas d'Emmanuel Macron ?
00:54 Non, ça ne date pas.
00:54 Non, il faut être honnête, ça ne date pas d'Emmanuel Macron,
00:56 mais il n'a rien fait pour inverser cette tendance
01:01 qui fait qu'il y a des milliers de policiers aujourd'hui et hier
01:05 qui démissionnent de cette fonction
01:08 parce que les salaires ne sont pas mis au bol,
01:10 en seulement qu'on puisse dire que les risques sont de plus en plus importants
01:13 et surtout que la considération de la part de l'État n'est plus là.
01:18 Donc il y a toute une série de mesures à mettre en œuvre.
01:20 D'abord le renforcement des peines pour les atteintes
01:24 lorsqu'elles sont effectuées à l'encontre de policiers, de fonctionnaires,
01:28 d'ailleurs y compris des fonctionnaires de santé.
01:31 Il y a la présomption de légitime défense.
01:34 Pour les forces de l'ordre là ?
01:36 Oui, pour les forces de l'ordre qui est attendue de leur part
01:39 et qui devrait permettre précisément de les réarmer moralement.
01:44 Et puis, à un moment donné, il faut s'attaquer au laxisme de la justice
01:46 parce que c'est ça qui les rend fous.
01:48 Il faut être honnête, les policiers, ils ont le sentiment de faire...
01:51 C'est s'y gifle, quoi.
01:52 Ils montent la pierre en haut de la montagne,
01:55 elle redescend, ils la remontent, elle redescend.
01:57 Ils ont le sentiment de faire leur travail, d'arrêter des gens,
02:01 de faire leur travail d'enquête,
02:03 mais ils les revoient le lendemain matin en sortant du commissariat.
02:06 On va reparler de la justice dans un instant,
02:08 mais juste pour en revenir à Emmanuel Macron,
02:10 est-ce qu'il aurait dû par exemple aller au chevet du policier
02:12 qui a été blessé, brûlé par un cocktail Molotov lors d'une manif à Paris le 1er mai ?
02:15 Est-ce que ce sont des actes comme ça, symboliques,
02:17 importants, qu'il aurait dû faire et qu'il n'a pas fait ?
02:19 Oui, ça n'est pas suffisant, mais c'est évidemment nécessaire.
02:23 Il est nécessaire, physiquement, en image,
02:27 de montrer le soutien à nos forces de l'ordre.
02:29 Surtout en actes aussi.
02:31 Vous proposez, vous, en 2022, une augmentation massive
02:33 du budget de la sécurité et de la justice,
02:35 1,5 milliard d'euros par an,
02:37 créer 7000 postes de policiers et gendarmes,
02:39 3000 postes de personnel administratif
02:41 pour justement décharger les policiers de la paperasse.
02:43 Quand on regarde les chiffres, le ministère de la Justice,
02:45 là, le budget va s'élever à 9,6 milliards d'euros.
02:48 C'est une augmentation de 710 millions d'euros par an.
02:51 Emmanuel Macron a créé 10 000 postes de policiers et de gendarmes.
02:54 Il promet de doubler la présence sur le terrain d'ici 2030.
02:56 Il y a des choses qui ont été faites, c'est indéniable.
02:58 Oui, mais en réalité, on a bouché des trous
03:00 parce que les 10 000 policiers qui ont été embauchés
03:04 ne faisaient que compenser ceux qui avaient été supprimés
03:06 dans les mandats précédents et ceux qui n'étaient pas sur le terrain
03:11 parce que l'Union européenne nous a imposé
03:13 toute une série de respect de temps de travail.
03:16 Donc, on voit qu'en réalité, on ne fait,
03:21 c'est un peu comme la loi de programmation militaire,
03:22 on ne fait en réalité que mettre un sparadraph
03:25 sur quelque chose qui a été mal fait par le passé.
03:27 Il n'y a pas d'impulsion, mais surtout, encore une fois,
03:30 au-delà du nombre de policiers.
03:32 C'est ce qu'ils disent les policiers.
03:33 Ils disent, ce n'est pas tellement le nombre.
03:35 Ça compte quand même, le nombre.
03:37 Oui, mais c'est vrai.
03:38 Mais on pourrait faire beaucoup sans modifier le nombre de policiers sur le terrain.
03:42 Mais donnez-nous les moyens.
03:44 Voilà, c'est les moyens, c'est le soutien politique qu'ils n'ont pas.
03:48 C'est le sentiment, encore une fois, que de toute façon,
03:51 lorsqu'ils arrêtent des délinquants et des criminels,
03:55 la justice ne suit pas, le système pénitentiaire ne suit pas.
03:59 Il y a une forme de laxisme généralisé depuis des années
04:03 qui fait que l'impunité que ressentent les délinquants et les criminels,
04:08 ils en sont les premières victimes.
04:10 Mais vous dénoncez le laxisme et la justice.
04:11 Vous tapez sur les juges.
04:12 Ont-ils les moyens, encore une fois, d'envoyer des gens en prison
04:15 quand on sait qu'on est dans un taux de surpopulation carcérale qui est effarant ?
04:18 Il n'y a pas de place en comparution immédiate.
04:20 Vous savez bien, vous avez des cas à 10h du matin, parfois.
04:22 Vous avez parfaitement raison que d'abord,
04:24 j'ai réclamé une augmentation massive du nombre de magistrats
04:29 parce que nous sommes de plus en plus nombreux en France.
04:32 Il y a, même de manière disproportionnée d'ailleurs,
04:35 de plus en plus d'actes de délinquance et de criminalité en France.
04:39 Et pourtant, on a le même nombre de magistrats
04:43 et on a le même nombre de places de prison.
04:44 Ils sont en augmentation, en tout cas, pour les places de magistrats agréguées.
04:47 C'est vrai, moi j'ai été avocat et j'ai fait du pénal.
04:49 Je sais comment cela fonctionne.
04:50 Le magistrat, le matin, il demande combien il y a de places de prison disponibles
04:54 pour savoir quelle décision il va pouvoir prendre dans la journée.
04:57 C'est absolument malsain et c'est évidemment catastrophique sur les...
05:01 Donc ce n'est pas du laxisme de leur part ?
05:03 Pas obligatoirement. Il y en a.
05:05 Il y a des magistrats qui, engagés politiquement,
05:08 notamment à l'extrême gauche,
05:09 considèrent qu'il faut absolument tout faire pour éviter la prison.
05:13 On a vu d'ailleurs qu'au fur et à mesure des années,
05:16 la prison était devenue vraiment le lieu où personne ne devait plus aller
05:22 et on a multiplié les aménagements de peine jusqu'aux déraisonnables.
05:27 Aux déraisonnables en durée,
05:29 parce qu'aujourd'hui, quasiment la moitié,
05:31 six mois quasiment sur un an, peut être faire l'objet d'une baisse de la peine,
05:39 mais également en moyens mis en place pour aménager cette peine.
05:45 Les bracelets, c'est...
05:47 Les travaux d'intérêt général qu'on ne peut pas mettre en place dans les communes,
05:50 parce qu'il n'y a pas de personnel pour encadrer les délinquants.
05:53 C'est difficile de mettre en place des travaux d'intérêt général.
05:56 Il n'y a personne dans les mairies pour encadrer ceux qui sont en prison.
05:59 Oui, bien sûr, mais ce n'est pas moi qui les ai créés.
06:00 Il faut poser la question à ceux qui en ont besoin.
06:03 Ce n'est pas que du laxisme, c'est un manque de moyens aussi.
06:05 Oui, mais d'accord, mais quand on crée cela,
06:07 on sait très bien qu'il n'y aura personne en réalité
06:09 pour faire faire ce travail d'intérêt général.
06:13 Donc on se met dans la situation d'être totalement impuissant.
06:16 Et on a le sentiment que toutes les décisions qui sont prises
06:18 ont vocation à organiser l'impuissance de l'État.
06:23 Et l'impuissance de l'État, ce sont les Français les plus modestes
06:26 qui en payent les conséquences,
06:27 parce que ce sont évidemment eux en premier qui sont confrontés
06:31 à l'aggravation de la violence, de l'insécurité, de la criminalité.
06:35 On a parlé de ces trois policiers tués à Villeneuve-d'Ascq
06:37 par un conducteur sous l'emprise de stupéfiants.
06:39 Une petite fille a été fauchée à Trappes de la même façon
06:42 par une conductrice sous l'emprise de stupéfiants.
06:44 Gérald Darmanin souhaite le retrait du permis immédiat
06:47 pour toute personne testée positive aux stupéfiants.
06:49 Vous dites banco ?
06:50 Oui, banco, mais surtout il y a un fléau.
06:53 Là, on s'attaque aux conséquences en réalité de ce fléau épouvantable
06:57 qui est la drogue dans notre pays.
06:59 Un fléau sur lequel, je le dis clairement,
07:01 les pouvoirs publics ont quand même fermé les yeux.
07:04 Soit parce qu'ils ne savaient pas par quel bout prendre le problème,
07:06 soit parce que quand on ne le regarde pas en face ce problème,
07:10 on pense qu'il va disparaître.
07:11 Mais c'est un fléau, il touche toutes les catégories de la population.
07:16 Il touche toutes les zones territoriales de notre pays
07:20 jusqu'aux campagnes les plus reculées.
07:22 C'est un fléau épouvantable.
07:23 Il faut mener une grande campagne de lutte contre la drogue,
07:28 y compris contre le cannabis,
07:30 que certains encore considèrent comme étant distrayant, récréatif.
07:35 Qu'il faut même dépénaliser, légaliser, demandez la France Insoumise.
07:38 Il y a même des partis politiques, comme vous le dites,
07:40 notamment d'extrême gauche et écologiste,
07:42 qui réclament la légalisation.
07:44 C'est une folie de faire cela.
07:46 Donc il faut mener encore une fois ce combat
07:49 parce que la multiplication des accidents de voiture,
07:52 mais pas seulement, des accidents du travail
07:55 et des violences que peuvent induire la prise de ce type de stupéfiants
08:00 va avoir des conséquences extrêmement déstabilisatrices sur notre société.
08:04 Il y a le volet répression, vous avez raison de le souligner,
08:06 il y a aussi le volet prévention.
08:07 Je suppose que comme toutes les mères de famille,
08:08 vous avez eu peur à un moment que vos enfants ne tombent dans la drogue.
08:10 Est-ce qu'il ne faut pas en faire plus sur la prémation dans les écoles,
08:14 peut-être dans les collèges, dans les lycées,
08:16 pour montrer à quel point c'est désastreux l'utilisation des cannabis ?
08:20 Je pense qu'il est beaucoup plus urgent
08:22 de laisser une place importante à cette prévention dans les écoles
08:26 que l'obsession de M. Papandiaï
08:28 d'aller parler de sexualité à des enfants de 4 ou 5 ans.
08:32 Franchement, là pour le coup, nous n'avons pas du tout les mêmes priorités.
08:36 J'ai entendu d'ailleurs le témoignage d'un dealer il y a quelques jours
08:39 disant "je suis frappée",
08:41 évidemment il a abandonné cette activité criminelle,
08:45 mais il disait "je suis frappée de voir qu'en réalité
08:48 il n'y a pas de prévention sérieuse faite auprès des jeunes
08:50 pour leur expliquer les dangers de ces stupéfiants".
08:53 Et oui, il faut évidemment faire cela, c'est essentiel.
08:56 Il faut accroître la pression sur les consommateurs,
08:58 alourdir les amendes pour ceux qui consomment ou qui détiennent ce genre de substances.
09:01 Oui, mais il faut aussi qu'il y ait une réprobation de la société,
09:03 une réprobation morale.
09:05 Pardon, mais regardez l'alcool au volant, regardez la cigarette,
09:09 ce n'est pas seulement la sanction,
09:11 c'est qu'en réalité aujourd'hui, la société,
09:14 si quelqu'un sort une cigarette dans un restaurant,
09:16 vous avez l'ensemble du restaurant qui va le regarder de travers,
09:18 y compris si les gens sont fumeurs.
09:19 C'est-à-dire qu'il faut que ce soit accompagné par une véritable réprobation aussi
09:24 de la société pour que ces sanctions puissent être efficaces
09:27 et qu'on fasse baisser encore une fois le nombre de nos jeunes
09:30 qui peuvent être potentiellement touchés,
09:33 jeunes ou moins jeunes d'ailleurs,
09:34 qui peuvent être potentiellement touchés par ces addictions
09:37 qui, encore une fois, sont extrêmement déstabilisatrices pour la société,
09:41 terribles sur le plan physique,
09:43 parce que contrairement à ce qu'on dit,
09:44 ça n'est pas anodin, bien entendu, sur le plan physique,
09:47 et peuvent avoir des conséquences parce qu'ils font aussi des victimes.
09:51 Bien sûr, et notamment au sein des familles.
09:53 On va parler de la psychiatrie au CHU de Reims.
09:56 Une infirmière de 37 ans a été poignardée à mort par un malade schizophrène
09:59 qui avait déjà agressé au couteau en 2017 quatre personnes.
10:01 Il a affirmé en vouloir au personnel hospitalier en blouse blanche.
10:05 Il a été mis en examen, placé en détention provisoire
10:08 alors qu'il ne l'avait pas été auparavant.
10:10 Est-ce que vous y voyez là un signe d'une défaillance,
10:13 et côté juridique, puisqu'on a mis du temps à statuer sur son irresponsabilité,
10:18 et surtout du côté de la psychiatrie,
10:20 qui est la grande oubliée des plans santé ?
10:22 Ah oui, ça c'est terrible.
10:24 Et puis, pardon, mais on peut relier les deux sujets dont on vient de parler.
10:28 C'est-à-dire que la prise massive de stupéfiants,
10:31 et notamment d'un certain nombre de stupéfiants tels que le krach par exemple,
10:36 crée évidemment des troubles psychiatriques extrêmement lourds,
10:39 qui souvent débouchent sur des accès de violence.
10:42 Là encore, on se refuse à regarder cette réalité en face.
10:46 C'est vrai qu'il y a en liberté, dans notre pays,
10:49 beaucoup de gens qui ont des problèmes psychiatriques lourds,
10:53 et qui ont déjà d'ailleurs exprimé une violence à raison de ces troubles psychiatriques.
10:57 Il faut là encore se saisir de ce sujet.
11:00 Mais vous me dites que c'est une défaillance.
11:01 J'ai envie de dire que l'organisme France est un organisme en multi-défaillance.
11:06 Car où que vous regardiez, il n'y a rien réellement qui tient debout,
11:11 plus rien ne tient debout.
11:13 Et je comprends que les Français soient très inquiets de cette situation.
11:17 Le président Macron, hier en Conseil des ministres,
11:19 a parlé de décivilisation, c'est-à-dire un retour de la barbarie.
11:23 C'est un concept qui avait été mis en vogue par le sociologue Normer Elias
11:27 dans les années 30 pour montrer la montée de la barbarie qui aboutit au régime nazi.
11:31 C'est aussi une expression qui a été reprise par Renaud Camut,
11:34 théoricien du grand remplacement. C'est le titre d'un de ses livres.
11:37 Est-ce que vous partagez ce que dit Emmanuel Macron ?
11:39 On est dans une phase de décivilisation de la société française.
11:42 Moi, je parle d'ensauvagement depuis des années
11:44 et je me fais accuser de tous les maux pour avoir fait cela.
11:48 La décivilisation, c'est la barbarie.
11:50 C'est le retour vers la barbarie.
11:52 Donc en réalité, Emmanuel Macron vient une fois de plus,
11:55 si je puis me permettre, nous donner raison sur le constat que nous faisons.
11:58 Sauf que nous tirons la sonnette d'alarme depuis des années
12:01 et il n'entendait pas cette sonnette d'alarme.
12:04 Il se réveille au moment où la situation est déjà très obérée dans notre pays.
12:10 Donc il y a là aussi des décisions à prendre.
12:12 Pendant la campagne présidentielle, souvenez-vous,
12:14 j'avais dit il faut sacraliser l'intégrité physique des Français.
12:18 Aujourd'hui, de plus en plus de Français sont atteints dans leur intégrité physique
12:23 par des violences qui deviennent gratuites, qui deviennent systématiques.
12:27 Et donc, il y a des mesures à prendre sur le plan juridique.
12:29 Il ne faut plus, par exemple, qu'il y ait d'aménagement de peine possible
12:33 pour les peines égales ou supérieures à six mois
12:36 en cas d'atteinte volontaire à l'intégrité physique
12:39 ou en cas d'atteinte aux personnes.
12:43 Ça peut être des atteintes sexuelles.
12:45 Il faut dire, il faut lancer le signal que l'atteinte à l'intégrité physique
12:50 n'est pas admissible et, accessoirement, n'est plus admissible
12:55 puisqu'il semblerait que depuis des années, ce message ne soit pas passé.
12:59 Donc ça veut dire des sanctions immédiates, rapides et applicables.
13:02 Mais il faut des endroits pour pouvoir appliquer ces sanctions.
13:05 Il n'y a pas assez de centres d'éducation fermés.
13:07 Il n'y a pas assez de places en prison.
13:08 Qu'est-ce que vous faites ? Vous lancez un grand plan,
13:10 mais ça va s'étaler sur dix ans, cinq ans ?
13:12 Alors, ce n'est pas tout à fait vrai parce que vous savez que moi,
13:14 j'ai défendu l'idée, comme au Pays-Bas d'ailleurs,
13:16 qui est une idée qui a très bien fonctionné,
13:18 qui consiste à ne pas considérer justement la prison
13:23 comme quelque chose d'insupportable à éviter à tout prix
13:26 et plutôt axer vers des peines courtes.
13:29 Il est plus utile lorsqu'il y a un premier délit grave
13:33 de condamner à une peine courte qui est effectuée
13:36 que de condamner au bout de 18 fois à une peine plus longue qui sera aménagée.
13:41 Voilà, c'est ce que je crois et ça a fait ses preuves.
13:44 Et les peines courtes, elles peuvent très bien être, comment dire, effectuées.
13:49 - Depuis 3-4 jours ? 4-5 jours ?
13:51 - Oui, une semaine, 15 jours, en fonction évidemment, un mois,
13:54 en fonction de l'importance du délit et de l'opportunité décidée par le juge.
14:00 Mais si vous voulez, ces peines, elles peuvent s'effectuer
14:02 dans des structures qui sont beaucoup plus légères
14:05 que les prisons telles que nous les avons en France aujourd'hui.
14:09 Donc tout ça, c'est un plan, encore une fois, précis,
14:13 mais ça nécessite de changer de paradigme.
14:16 - OK, mais ces structures légères, elles sont à construire, on est d'accord.
14:18 Elles n'existent pas. - Non, pas obligatoirement.
14:19 - Vous réquisitionnez des bâtiments publics ?
14:21 - Oui, pas obligatoirement.
14:22 Vous savez, il y a des tas de bâtiments qu'on a d'ailleurs, hélas,
14:25 vendus bien souvent pour des prix dérisoires,
14:28 des anciens hôpitaux, des anciennes casernes,
14:30 qui sont des bâtiments qui avaient vocation à accueillir du public
14:36 et que l'on peut effectivement assez facilement transformer,
14:39 parce que si vous prenez 15 jours de prison
14:42 et que si jamais vous vous enfuyez, vous prenez 3 mois,
14:47 bon, moi, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de gens
14:49 qui chercheront à s'enfuir en l'occurrence de ces structures.
14:51 Mais c'est vraiment une autre vision, encore une fois,
14:54 que je porte face à l'échec flagrant, massif et terrible
14:59 dans ses conséquences de la politique pénale dans notre pays.
15:02 - Et il faut du personnel pour, j'imagine, encadrer ces lieux qui seraient...
15:06 Vous avez budgété tout ça ?
15:07 - Oui, mais on l'avait budgété pendant la campagne présidentielle.
15:10 Voilà, ce sont des choix, encore une fois.
15:13 On fait des choix.
15:14 Et puis, je l'ai toujours dit et on va, j'imagine,
15:18 je vais sauter sur le sujet d'après,
15:19 mais ça nécessite aussi de réduire massivement l'immigration,
15:23 dont nous disons depuis 30 ans qu'elle coûte beaucoup aux Français.
15:28 - Elle ne rapporte rien, l'immigration ?
15:29 Elle n'a rien apporté à la France ?
15:31 - Le problème, c'est est-ce qu'elle rapporte plus qu'elle ne coûte ?
15:34 La réponse est non, elle coûte beaucoup plus qu'elle ne rapporte.
15:36 Voilà. Et dans les études qui sont faites
15:38 et qui veulent nous faire croire qu'elle rapporte plus qu'elle ne coûte,
15:43 on voit bien qu'il y a toute une série de coûts qui ne sont pas intégrés.
15:47 Notamment, par exemple, le coût des 25 % d'étrangers qui sont dans nos prisons.
15:50 Voilà, qui, s'ils n'étaient pas dans nos prisons,
15:53 eh bien, libèreraient 25 % des places de prison.
15:56 Par exemple, vous voyez, donc il y a des coûts,
15:58 il y a des coûts financiers, il y a aussi des coûts sociaux
16:01 à l'immigration anarchique et dérégulée.
16:04 - Vous parlez de l'immigration illégale, pas l'immigration légale,
16:06 ou les figurés de travail et par leurs...
16:08 - Oui, mais vous voyez, moi, je ne fais pas comme M. Darmanin.
16:10 M. Darmanin, il parle tout le temps d'immigration illégale
16:13 parce qu'il ne veut pas que les Français sachent
16:15 qu'ils ont fait exploser le nombre de l'immigration légale.
16:20 Donc, il faut évidemment, l'immigration illégale être absolument intransigeante
16:27 et ça, ça nécessite des décisions fortes.
16:29 Si vous venez de manière clandestine en France,
16:30 vous ne pourrez pas être régularisé, voilà.
16:32 C'est ce que j'avais proposé pendant la présidentielle.
16:34 Vous devrez retourner dans votre pays et faire une demande,
16:36 comme le font ceux qui arrivent en situation légale.
16:39 Mais même en situation légale,
16:41 il faut restreindre les autorisations que nous donnons pour mille raisons.
16:47 - Dans tous les métiers en tension, on ne trouve personne
16:50 pour travailler dans l'hôtellerie, la restauration, le T.P.
16:53 Non, mais je vous pose la question.
16:54 - Mais Mme Ferrari, ça fait 40 ans qu'on nous vend les métiers en tension
16:57 pour justifier l'immigration.
16:59 Les métiers sont toujours en tension
17:01 et il y a 40% des étrangers dans notre pays qui sont inactifs.
17:05 Donc, ça pose un problème.
17:06 - 70% des Français, selon un sondage CSA pour CNews,
17:09 sont favorables à un référendum sur l'immigration.
17:12 C'est une idée que vous proposez.
17:13 Que proposent aussi les Républicains,
17:14 puisqu'ils ont deux propositions de là qu'ils vont déposer avant l'été ?
17:18 Le référendum.
17:20 D'abord, est-ce que les idées des Républicains, ce sont les vôtres ?
17:22 Ils vous ont copiées ?
17:23 - Oui, enfin... - C'est un plagiat ?
17:25 - Disons que le référendum que veut faire le projet
17:30 pour lutter contre l'immigration de LR,
17:33 c'est le projet du RN, mais commandé sur WISH.
17:35 C'est plus bancal, c'est plus petit, c'est moins efficace,
17:39 c'est moins complet, c'est moins tout ce qu'on veut.
17:41 - C'est peut-être constitutionnel.
17:44 - Mais ils ont été au pouvoir,
17:45 ils ont aggravé considérablement l'immigration avec Nicolas Sarkozy.
17:48 Aujourd'hui, ils se rendent compte qu'ils ont commis une erreur.
17:50 Mon Dieu, voilà, tant mieux.
17:53 Je ne peux pas m'en plaindre.
17:54 Mais encore une fois,
18:00 ils portent une responsabilité importante
18:02 dans la situation que nous vivons aujourd'hui.
18:03 - D'accord, mais ce référendum, il est souhaitable.
18:05 Quelles questions vous poseriez-vous ?
18:07 Qu'est-ce qu'on pose comme question aux Français ?
18:09 Si tenté qu'on puisse l'organiser ?
18:10 - Je vais vous le dire, mais est-ce que vous vous rendez compte
18:11 que ça fait 30 ans que les Français veulent moins d'immigration
18:14 et qu'on leur donne plus d'immigration ?
18:16 Voilà, qu'on leur impose plus d'immigration,
18:18 contre leur volonté.
18:19 Et c'est même pire que ça, le président de la République
18:20 vient dire "Ah mais moi, je suis d'accord pour faire des référendums
18:23 sur tous les sujets, sauf l'immigration."
18:25 Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce ainsi un tabou, l'immigration ?
18:29 C'est un sujet fondamental, essentiel, majeur.
18:32 Et les Français ont évidemment le droit de pouvoir s'y exprimer.
18:35 Qu'est-ce qu'il faut, sur quoi on va voter ?
18:37 On va voter sur une réforme constitutionnelle
18:40 associée à un projet de loi qui vise,
18:44 je le crois, je l'ai rédigé,
18:46 il n'y a plus qu'à le mettre dans le bulletin,
18:49 si on organise le référendum,
18:51 qui permette de maîtriser l'immigration
18:55 et donc de faire respecter la volonté des Français.
18:57 - Marine Le Pen, c'est exactement ce que disait Georgia Meloni
18:59 avant d'arriver au pouvoir.
19:00 Une fois qu'on est au pouvoir, la réalité,
19:02 c'est qu'on a énormément de mal à arrêter les flux d'immigration massive
19:06 et encore plus de mal à expulser les immigrés clandestins.
19:10 Vous n'êtes pas exactement dans le même cadre ?
19:12 Vous promettez avant et voilà.
19:13 Après, c'est compliqué.
19:15 - Non, je ne le crois pas.
19:17 Je ne crois pas du tout pour une raison simple,
19:18 c'est que moi, je souhaite, et je l'ai dit pendant la présidentielle
19:20 sur mille plateaux, que l'on inscrive dans la Constitution
19:25 que toute décision internationale qui serait contraire à la Constitution
19:30 serait inapplicable en droit français.
19:31 Mais je constitutionnalise le droit de l'immigration.
19:35 Parce que les LR, ils ne constitutionnalisent pas le droit de l'immigration.
19:38 Donc en réalité, ça ne sert à rien ce qu'ils veulent faire.
19:40 Il faut d'abord constitutionnaliser un certain nombre de décisions.
19:45 Et c'est là-dessus que les Français vont voter.
19:47 Donc très honnêtement, je pense que la situation de l'immigration légale
19:51 et illégale sont certes complémentaires à gérer,
19:54 mais pas exactement de la même nature,
19:56 mais qu'il y a énormément à faire dans ce domaine
19:59 pour que les Français soient enfin entendus.
20:01 Il faut aussi l'aval du Conseil constitutionnel.
20:03 Certaines de vos mesures pourraient être retoquées.
20:06 Je pense à la priorité nationale.
20:07 Comment est-ce que vous faites, encore une fois, pour que le Conseil constitutionnel
20:10 puisse valider son décision ?
20:11 Le Conseil constitutionnel ne valide pas le contenu d'un référendum.
20:14 Ça n'a jamais existé.
20:15 Donc si les Français, par référendum, disent,
20:18 nous souhaitons, entre autres, qu'il existe dans la Constitution
20:23 l'autorisation de donner un avantage dans certains domaines aux Français
20:27 par rapport à ceux qui n'ont pas la nationalité française,
20:29 le Conseil constitutionnel ne peut pas s'y opposer.
20:31 Et c'est heureux, voyez-vous, parce que dans notre Constitution précisément,
20:34 il est indiqué que le peuple est souverain.
20:38 Il exerce sa souveraineté par intermédiaire de ses représentants
20:41 et du référendum.
20:42 Emmanuel Macron a besoin des LR pour pouvoir faire adopter sa loi sur l'immigration
20:46 s'il ne veut pas utiliser le 49-3.
20:48 Vous pensez qu'il va accepter leurs conditions ?
20:50 Est-ce qu'il propose actuellement ?
20:51 Non, bien sûr que non.
20:52 Mais en réalité, tout ça...
20:54 Enfin, vous avez bien compris que la stratégie de LR,
20:56 c'est de faire oublier qu'ils ont refusé de s'opposer à la réforme des retraites.
21:00 Voilà, passons donc à autre chose, parlons donc de l'immigration.
21:02 Ah, mais ils se sont opposés, mais ils se sont divisés.
21:03 Parlons donc de l'immigration.
21:06 Non, non, ils ne s'y sont pas opposés.
21:07 Une partie s'est opposée, mais contre l'avis de leur partie.
21:11 Enfin, je veux dire, en allant à l'encontre des consignes de vote
21:14 données par la direction de LR,
21:16 qui évidemment souhaitait cette réforme des retraites.
21:18 Donc, je pense qu'on n'est pas prêts de voir le projet de M. Darmanin.
21:23 D'accord, parce qu'il n'y aura pas d'accord avec LR ?
21:28 J'espère pour eux, parce que là,
21:30 c'est même plus le dernier clou dans le cercueil.
21:32 C'est au-delà.
21:34 Est-ce que vous allez vous rendre au Danemark ?
21:35 Parce qu'il y a beaucoup de Républicains qui se rendent au Danemark
21:37 pour voir comment fonctionne cet État social-démocrate
21:39 qui a réussi à faire tomber l'extrême droite à 2,6%.
21:44 Alors, je suis déjà allée au Danemark il y a un certain nombre d'années.
21:50 Et c'est vrai que leur politique d'immigration est extrêmement dure.
21:53 C'est d'ailleurs intéressant de voir que,
21:57 alors qu'ils sont dans l'Union européenne,
21:59 soumis aux mêmes règles que nous,
22:00 ils arrivent à mettre en place une politique d'immigration qui est très dure.
22:03 Ça veut dire quoi ?
22:04 Ça veut dire qu'il suffit d'avoir la volonté politique de le faire.
22:06 Oui, mais vous prenez toutes les mesures qu'ils ont mises en place,
22:09 l'externalisation des droits d'asile,
22:12 casser les ghettos quand il y a plus de 30% d'immigrés.
22:14 C'est-à-dire que je n'ai pas besoin de l'externalisation des droits d'asile,
22:17 puisque moi, je considère qu'il faut que les demandes soient faites
22:20 dans les consulats et les ambassades,
22:21 dans n'importe quel consulat et ambassade de France dans le monde,
22:26 et que les dossiers soient analysés au moment de ce dépôt,
22:32 et que ne pourront rejoindre la France que ceux qui,
22:34 véritablement, justifieront qu'on les accueille au titre du droit d'asile.
22:39 Et quand il n'y a pas d'ambassade ou de consulat,
22:40 je pense à Syrie ou l'Afghanistan, on fait comment ?
22:43 On va dans un ambassade ou un consulat d'un pays d'à côté.
22:46 D'accord, donc ce n'est pas un sujet pour vous, ça ?
22:48 Non, ce n'est pas un sujet, parce que vous savez,
22:50 il y a un certain nombre de gens qui arrivent jusqu'aux rives françaises.
22:53 Donc je pense que s'ils trouvent une ambassade dans un pays qu'ils traversent,
22:58 ils en trouveront, évidemment, ils peuvent déposer leur demande d'asile.
23:02 Avec toujours la question des laissés-passer consulaires,
23:04 il faut encore que les pays soient d'accord pour récupérer leur ressortissant,
23:08 ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
23:10 Oui, ce qui n'est pas le cas, mais on voit qu'il n'y a aucune réaction
23:13 de la part de l'État français.
23:16 Prenons, laissant un peu de côté l'Algérie, dont j'ai déjà beaucoup parlé,
23:20 mais prenons l'Ecomor.
23:22 Je veux dire, l'Ecomor refuse de reprendre leur ressortissant.
23:25 Il n'y a aucune réponse diplomatique, ni budget, ni financière,
23:29 c'est-à-dire de couper les aides de la part de la France.
23:32 Au contraire, on accueille l'ambassadeur, on accueille le ministre,
23:36 qui au passage a fraudé nos services sociaux français.
23:41 Enfin, je veux dire, on arrive, on leur donne des chèques.
23:43 Enfin, c'est absolument inouï.
23:46 Et c'est l'effondrement de l'autorité de la France dans le monde.
23:51 Évidemment, la conséquence, c'est qu'on n'arrive pas à renvoyer,
23:54 ou très peu, les Comoriens au Comor.
23:59 Et Mayotte se retrouve dans une situation assez terrifiante.
24:03 Et pour y être allée de très nombreuses fois,
24:07 permettez-moi justement, ce matin, d'exprimer mon soutien total aux Mahorais.
24:13 Et aux Mahorais qui vivent dans des conditions que personne,
24:17 pas un seul Français, n'accepterait de supporter.
24:21 La proposition de loi Lyot arrive le 8 juin prochain,
24:25 normalement, à l'Assemblée nationale sur l'abrogation de la réforme des retraites.
24:29 Elle a une chance d'arriver dans l'hémicycle au vote ou pas ?
24:31 Oui, parfaitement. Oui, oui.
24:33 Oui, j'ai entendu les députés macronistes dire
24:35 "nous allons déclencher l'article 40".
24:37 Mais ils n'ont aucune possibilité de déclencher l'article 40.
24:40 Il y a une procédure. Cette procédure a suivi son cours.
24:44 Le bureau de l'Assemblée a considéré cette proposition comme recevable.
24:53 Aujourd'hui, le seul qui peut arrêter, c'est le président de la Commission des finances.
24:56 C'est-à-dire ?
24:57 C'est-à-dire M. Coquerel.
24:59 Donc la France insoumise.
25:00 Et vous voterez cette proposition de loi ?
25:02 Oui, bien sûr.
25:03 Hier, vous avez été entendu très longuement par la commission d'enquête parlementaire
25:07 sur le prêt russe octroyé au Front National à l'époque, en 2014.
25:11 Plus de 4 heures d'audition, éprouvante peut-être pour vous.
25:15 Vous voulez vraiment vous débarrasser de cette affaire qui vous a coûté cher politiquement ?
25:20 C'est ce que vous pensez ?
25:21 Je ne sais pas si elle m'a coûté cher politiquement, mais elle était odieuse.
25:25 Voilà, elle est odieuse.
25:26 La réalité, c'est que j'ai été victime d'une campagne de diffamation et de calomnie
25:30 qui a été enclenchée par le président de la République.
25:33 Vous défendez du pouvoir russe, vous dépendez de M. Poutine.
25:35 Voilà, ce qui aggrave vraiment considérablement, si vous voulez, la portée, bien sûr,
25:39 de cette diffamation et de cette calomnie.
25:41 Tout n'est pas possible dans un combat politique.
25:43 On ne peut pas user de tous les moyens, y compris les plus déloyaux et les plus mensongers.
25:48 Donc, qu'est-ce qui s'est avéré dans cette audition ?
25:51 C'est qu'en réalité, tous ceux qui ont porté ces accusations n'ont pas le début
25:55 d'un commencement d'éléments factuels pour indiquer que mes décisions,
26:01 mes prises de position seraient influencées par le fait d'avoir obtenu d'une banque tchéco-russe un prêt.
26:08 Voilà, c'est tout.
26:09 Et donc, cette...
26:10 La ressortie des déclarations où vous disiez que Vladimir Poutine, vous l'admiriez, 2011.
26:15 Non, mais quel est le rapport ?
26:17 En 2011, on est bien avant la guerre en Ukraine.
26:19 On est même avant, d'ailleurs, le référendum en Crimée.
26:22 Et j'expliquerai que la Russie, honnêtement, sortait de 70 ans de communisme,
26:27 de 10 ans de pillage par les oligarques,
26:29 et que la Russie avait réussi à redevenir une puissance importante dans le monde.
26:36 C'est vrai que de là où ils viennent, ce n'était pas tout à fait évident.
26:40 Mais à l'époque, tout le monde, je veux dire,
26:43 avait souhaité des relations correctes avec la Russie, une amélioration de la France.
26:47 Vous pensez que c'est une démocratie, la Russie aujourd'hui ?
26:49 Mais c'est une démocratie...
26:52 Ce n'est pas une démocratie, madame Le Pen.
26:55 Mais bien sûr que c'est un pays qui est autoritaire, bien sûr.
26:59 Mais il a une histoire autoritaire, vous comprenez ?
27:01 Mais alors ?
27:02 Oui, mais d'accord.
27:02 Mais vous croyez que l'Arabie saoudite, c'est une démocratie ?
27:05 Est-ce que ça empêche de leur vendre des armes ?
27:08 Est-ce que ça empêche de commercer avec eux ?
27:09 Est-ce que ça empêche de recevoir son dirigeant ?
27:11 Il ne me semble pas que ce soit le cas.
27:13 Non, mais quand ils envahissent un pays, c'est normal qu'on leur réagisse.
27:16 Mais encore une fois, je ne peux pas, en 2011,
27:20 porter un jugement sur des faits qui se déroulent 10 ans plus tard.
27:25 Vous voyez, je n'ai pas cette capacité-là.
27:26 J'en ai un certain nombre, mais pas celle-là.
27:28 Donc il faut être juste et honnête.
27:31 Ce prêt de 9,4 millions d'euros, vous le remboursez quand, en fait ?
27:35 En 2028 ?
27:36 Nous avons jusqu'en 2028 pour le rembourser,
27:38 mais nous allons essayer, bien entendu, de le rembourser assez rapidement,
27:42 ce que nous permet de faire les subventions qui sont accordées
27:47 en raison des résultats au législatif.
27:49 Donc vous voulez vous en débarrasser avant 2027 ?
27:51 Vous savez, qui paye ses dettes s'enrichit, dit-on.
27:56 Mais vous voulez vous en débarrasser ?
27:57 On veut régler nos dettes avec les moyens que nous avons aujourd'hui
28:01 et que nous n'avions pas hier.
28:02 J'ai été surprise que vous continuiez à dire que le référendum
28:05 qui a été organisé en 2014 en Crimée était acceptable à vos yeux,
28:09 alors que l'armée russe était présente à ce moment-là en Crimée.
28:12 Vous dites que la Crimée a toujours été russe,
28:14 elle a eu 60 ans dans la nation ukrainienne.
28:17 Encore une fois, un référendum organisé dans ces conditions-là
28:20 est acceptable selon vous ?
28:21 C'est ça, votre vision du référendum ?
28:23 Avec les bateaux russes à Sébastopol, les chars ?
28:27 Les avions russes ?
28:28 Refaisons juste un tout petit peu d'histoire,
28:29 parce que sinon je pense qu'on ne comprend pas la position que j'ai prise.
28:33 D'ailleurs depuis le début, ça fait 10 ans, on me le reproche aujourd'hui,
28:35 mais ça fait 10 ans que je dis ça.
28:36 Mais ça interroge sur votre notion du référendum.
28:38 Non, non, non, pas du tout.
28:39 À savoir que la Crimée a été russe pendant 200 ans.
28:43 Elle a été donnée par caprice par un dictateur soviétique à l'Ukraine.
28:50 Et au bout de 60 ans, ils se sentent encore russes.
28:52 Comment est-ce qu'ils peuvent exprimer le fait qu'ils se sentent encore russes ?
28:56 Je pense que le référendum est le meilleur moyen, de manière globale.
28:59 Oui, j'aurais préféré que les instances internationales
29:03 s'associent en fait à l'organisation de ce référendum.
29:07 Maintenant, si vous me dites,
29:09 est-ce que vous pensez que les résultats du référendum ont été invalidés
29:15 ou ont trahi la volonté des habitants de Crimée ?
29:19 Je vous dis non.
29:20 Je vous dis, quand il y a des trop-russes dans un pays
29:21 et qu'il y a une organisation d'un référendum,
29:23 il ne peut pas être acceptable, le résultat.
29:25 Vous avez raison, c'est extrêmement critiquable.
29:29 Mais y avait-il un autre moyen ?
29:31 Oui, il y en avait un autre.
29:32 Et je l'ai défendu dès 2011.
29:34 C'était la fédéralisation de l'Ukraine,
29:36 c'est-à-dire qui permettait de respecter les accords de Minsk
29:39 qui ont été signés trois ans plus tard
29:42 et qui permettaient à chacune des régions qui posent aujourd'hui un problème
29:47 d'avoir une forme d'autonomie tout en restant dans l'Ukraine.
29:51 C'était le moyen de préserver la souveraineté de l'Ukraine,
29:55 les frontières de l'Ukraine.
29:57 J'ai défendu cette position.
29:59 Les Minsk II m'a donné en quelque sorte raison,
30:01 M. Hollande, Mme Merkel, lorsqu'ils l'ont organisée.
30:04 Aujourd'hui, il est hélas trop tard pour cela.
30:07 Je continue à défendre la souveraineté et l'intégrité de l'Ukraine
30:11 et à condamner de la manière la plus ferme qui soit l'agression militaire russe.
30:16 Un mot du Rassemblement national.
30:17 Un autre leader a émergé au RN à vos côtés.
30:19 Il s'appelle Jordan Bardella.
30:21 Selon un sondage IFOP pour Paris Match,
30:22 36% des personnes interrogées disent qu'elle vous préfère,
30:26 mais que lui, il est à 31% derrière.
30:29 Il est assez complémentaire de votre image.
30:31 Il est très fort sur les jeunes et les urbains.
30:33 Quand vous êtes plus forte sur les classes populaires
30:35 et sur les zones rurales,
30:37 c'est dangereux d'avoir fait naître un dauphin
30:40 aussi proche de vous dans les sondages ?
30:42 Non, non, pas du tout.
30:42 Ces résultats, évidemment, me comblent de joie
30:46 parce que j'ai fait le pari de confier, il y a quelques années,
30:50 à Jordan Bardella la tête de liste aux Européennes.
30:52 Il avait à l'époque 22 ans.
30:54 Il est devenu, je crois, un grand dirigeant politique français.
30:57 Il a encore de très belles perspectives devant lui.
31:01 Et effectivement, nous travaillons main dans la main
31:03 en étant complémentaires,
31:05 ce qui, je l'espère, dessinera la victoire de demain.
31:08 Vous aviez dit à l'époque, si quelqu'un est mieux placé que moi
31:10 pour porter les couleurs du Rassemblement national,
31:12 qu'il y aille.
31:13 Si le cas se présente d'ici quatre ans,
31:15 parce que c'est long quatre ans, jusqu'à 2027,
31:16 vous lui cèderez la place ?
31:17 Oui, bien sûr.
31:18 Je céderai la place à celui qui permettra la victoire.
31:22 Vous ne préparez pas votre campagne présidentielle d'ores et déjà ?
31:24 Mais je suis candidate à la présidentielle,
31:26 tant que quelqu'un d'autre n'apparaît pas
31:28 comme étant susceptible de réunir plus de Français
31:31 que je ne suis capable de le faire.
31:33 Mais s'il faut que je m'efface devant quelqu'un,
31:36 je le ferai sans aucune difficulté.
31:38 L'avenir de la France est beaucoup plus important
31:40 que mon avenir personnel.
31:43 Et donc, si c'est Jordan Bardella qui s'impose dans les sondages,
31:45 vous direz, allez, on questionne les militants du RN,
31:47 on leur pose la question, on fait une primaire.
31:49 Mais pour l'instant, il apparaît que, comme vous le disiez d'ailleurs,
31:52 nous sommes complémentaires.
31:53 Et c'est cette complémentarité qui, je crois,
31:56 peut effectivement nous permettre demain
31:58 d'appliquer nos idées à la tête de l'État.
32:00 Il y a une toute dernière question concernant les violences
32:02 sur les élus cette fois-ci.
32:03 À Saint-Brévin, le maire a démissionné, vous le savez.
32:06 On vous a beaucoup reproché de ne pas vous être levé
32:08 à l'Assemblée nationale avec les autres députés RN
32:10 pour saluer, encore une fois, ces maires,
32:13 ces élus locaux qui se font agresser.
32:15 Pourquoi vous ne l'avez pas fait ?
32:16 Parce qu'il y a une dérive à l'Assemblée nationale
32:18 qui consiste à faire lever les députés
32:20 cinq ou six fois de suite par séance
32:23 pour se faire applaudir soi-même, en réalité.
32:27 Ce n'est pas tant les gens qu'ils citent qu'ils font applaudir,
32:29 c'est eux-mêmes.
32:31 Et là, honnêtement, on était confrontés à un excès,
32:34 un abus, si je puis me permettre.
32:36 Maintenant, évidemment, je soutiens les élus
32:38 qui sont victimes de violences, et je les soutiens d'autant plus
32:40 que nous avons, depuis 30 ans, été systématiquement,
32:43 nous autres, victimes de violences sans que ça n'émeuve personne.
32:47 Ce que je n'aime pas, c'est l'hypocrisie,
32:48 ce que je n'aime pas, c'est l'indignation à géométrie variable.
32:51 Défendre les élus, oui, tous les élus,
32:54 y compris ceux qui ne pensent pas comme vous.
32:56 Marine Le Pen était l'invitée de la matinale de CNews.
32:58 Merci beaucoup d'être venue ce matin sur notre antenne.
33:00 À vous, Romain Désarbre.
33:03 (Générique)
33:06 ---
33:07 [SILENCE]

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