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00:00 Il était plusieurs fois milliardaire.
00:02 Il a tué tous ceux qui l'empêchaient de devenir le plus grand baron de la drogue.
00:06 Pablo était intouchable.
00:08 Je ne savais pas grand chose sur Pablo Escobar jusqu'à ce que j'entreprene des recherches pour mon livre "La chute du faucon noir".
00:15 J'étais en train d'interviewer un homme en cheville avec des forces spéciales quand une bombe a été tirée sur lui.
00:20 Il était un homme de la guerre.
00:22 Il était un homme de la guerre.
00:24 J'étais en train d'interviewer un homme en cheville avec des forces spéciales quand une photo sur le mur a attiré mon attention.
00:31 On y voyait le corps obèse et ensanglanté d'un homme mort sur le toit d'une maison.
00:35 Il était entouré d'hommes armés qui souriaient de toutes leurs dents.
00:38 Je lui ai demandé de qui il s'agissait et il m'a répondu "ça, c'est mon ami Pablo Escobar".
00:42 Je garde cette photo sur mon mur pour me souvenir qu'aussi riche que vous soyez dans la vie, vous pouvez toujours essuyer un revers de fortune.
00:50 La carrière criminelle d'Escobar a débuté de façon modeste dans les années 60, dans sa ville natale de Medellín, où il vendait de la marijuana et vivait de raquettes.
01:00 Au milieu des années 70, la cocaïne est devenue la drogue à la mode.
01:06 Une opportunité en or pour un contrebandier colombien.
01:09 Pourquoi s'encombrer d'un éléphant quand on pouvait mettre une souris dans sa poche ?
01:13 Pablo ne brillait pas par ses qualités d'entrepreneur et d'organisateur, mais il était plus violent et plus impitoyable que la plupart des trafiquants de drogue,
01:21 et c'est de cette façon qu'il a réussi à s'approprier la plupart des routes de la drogue très lucratives sortant de Colombie.
01:29 En 1990, Pablo Escobar a été arrêté en Colombie pour un crime de la drogue.
01:35 En 1975, Pablo Escobar s'engagea à vendre 14 kilos de cocaïne au baron de la drogue de Medellín, Fabio Restrepo.
01:44 Pablo a conclu son premier marché avec Fabio Restrepo, qui a commis la grave erreur de le sous-estimer et de ne voir en lui qu'un vulgaire voyou.
01:54 Trois semaines plus tard, Restrepo est retrouvé mort.
01:58 Les hommes de Restrepo ont appris sans ménagement que dorénavant ils travaillaient pour Pablo Escobar.
02:05 Pablo a introduit un niveau de violence sans précédent dans le commerce de la drogue.
02:12 Escobar prospéra en achetant la police et plusieurs juges.
02:17 Ses jeunes années de délinquants à Medellín lui ont appris que les forces de la drogue étaient plus puissantes que les armes.
02:25 Ses jeunes années de délinquants à Medellín lui ont appris que les forces de l'ordre pouvaient être achetées.
02:30 Ceux qui étaient déterminés à l'arrêter ou trop honnêtes pour être corrompus étaient tués.
02:37 Grâce à l'appétit exponentiel des Américains pour la poudre blanche, le pouvoir d'Escobar continua de s'étendre.
02:49 Il était devenu le roi de la cocaïne. Le chef du cartel de Medellín dont la réputation, à mon avis, on ne peut plus mériter,
02:57 était d'être le cartel le plus impitoyable, le plus violent et le plus meurtrier de toutes les organisations criminelles connues.
03:04 Ce sont les cartels colombiens qui ont introduit la drogue aux Etats-Unis pour la vendre dans les rues américaines.
03:12 Le marché était énorme.
03:16 Pablo a commencé à gagner de l'argent comme jamais personne n'en avait gagné avant lui en Colombie.
03:22 Il dépensait sans compter et se ferait tout ce qui lui faisait plaisir.
03:28 Il s'est fait construire un domaine extravagant qu'il a baptisé Naples au milieu de la vallée Magdalena.
03:36 Il avait un zoo dans son ranch, un zoo en Colombie. Il a fait venir des éléphants, des zèbres, des rhinocéros.
03:45 Il importait des animaux exotiques. Il avait aussi des avions, des hélicoptères.
03:53 Il était invincible. Il avait tout. Il avait la fortune. Il avait la célébrité.
04:01 Un style de vie que Pablo protégeait férocement.
04:06 Pour survivre dans le milieu de la pègre colombienne, il faut être craint davantage que ses rivaux.
04:14 Pablo entretenait sa réputation d'homme violent.
04:18 On m'a raconté qu'au cours d'une soirée organisée chez lui, ses hommes avaient surpris un serveur en train de voler de l'argenterie dans la cuisine.
04:28 Escobar a demandé qu'on attache les pieds et les mains du voleur, puis il l'a jeté dans la piscine à la vue de tous ses invités.
04:37 Il leur a ensuite annoncé que c'était le sort qu'il réservait à tous ceux qui le volaient.
04:44 C'était un criminel endurci. La Colombie n'avait jamais connu un terrorisme d'un tel niveau.
04:51 Pendant que le cartel de Medellín devenait puissant, les guérillas marxistes comme la FARC prenaient de l'importance.
05:00 Même si Pablo a pendant un temps adhéré à la rhétorique marxiste, il est vite devenu l'homme le plus riche de Colombie et une cible pour les guerrilleros extrémistes vivant dans les montagnes.
05:11 Pablo et d'autres trafiquants de drogue très riches ont alors décidé de former leur propre armée paramilitaire et de traquer ses unités de combat.
05:22 Fidel et Carlos Castaño faisaient partie des tout premiers chefs paramilitaires avec lesquels Pablo a travaillé.
05:29 Mon père a été kidnappé en 1979 par les guérillas Rosso. Il a été tué en 1981 par la FARC.
05:38 Notre vie a changé du tout au tout. Avant on était des paysans.
05:43 Devant l'incapacité du gouvernement à protéger les citoyens des guérillas marxistes, Carlos Castaño et son frère Fidel formaient une armée paramilitaire qu'ils appelaient A.U.C.
05:55 Quand ils ont lâchement tué mon père, j'ai décidé de me battre.
06:02 Les Castaños sont devenus des alliés de l'organisation d'Escobar.
06:09 Les paramilitaires étaient la branche armée des trafiquants de drogue.
06:16 Avec son armée privée et tout l'argent qu'il amassait, il est devenu très puissant.
06:24 Pablo était un homme ambitieux. Être le plus riche criminel de Colombie ne lui suffisait pas.
06:31 Il voulait être aimé des Colombiens et obtenir un pouvoir politique légitime.
06:39 Il a donc dépensé des millions de dollars dans des projets en faveur des pauvres de Médellín.
06:48 Contrairement au gouvernement de Colombie, il a financé des programmes sociaux privés et la construction de logements sociaux et de stades de football.
06:58 Les objectifs de sa campagne politique étaient simples, éviter l'extradition vers les Etats-Unis.
07:06 L'extradition était bien la seule chose qu'il redoutait plus que tout.
07:12 En Colombie, il pouvait manipuler le système judiciaire en tuant des juges, en les achetant ou en usant de moyens de coercition divers et variés,
07:21 mais aux Etats-Unis, rien de tout cela n'est possible. Il préférait mourir plutôt que d'aller aux Etats-Unis.
07:28 En 1982, il a été élu député suppléant au Congrès, mais le jour où il a essayé d'occuper son siège,
07:35 le ministre de la Justice Rodrigo Lara l'a accusé d'être un trafiquant de drogue et un criminel notoire.
07:43 Le passé criminel d'Escobar s'étala dans la presse colombienne et sa chute fut rapide.
07:49 Pablo fut banni de la scène politique et une grande partie de ses biens furent saisis.
07:56 Profondément humilié par la dénonciation de Lara, Pablo Escobar s'est considéré en guerre contre le gouvernement de Colombie.
08:06 L'ambassadeur des Etats-Unis a prévenu Lara que sa vie était en danger et il lui a donné un gilet pare-bas.
08:13 Le 30 avril 1984, un homme de main d'Escobar suit Lara dès la sortie de son bureau.
08:21 Un gilet pare-bas, cadeau du gouvernement des Etats-Unis, est retrouvé à côté de lui.
08:38 Vu le nombre de balles trouvées dans son corps, le gilet pare-bas ne lui aurait pas sauvé la vie.
08:44 La mort du ministre de la Justice Lara signa le début de la guerre entre Pablo et la Colombie.
08:50 Il lui restait encore à devenir une cible pour les Américains.
08:54 Au début des années 1980, la cocaïne commença à transformer le paysage urbain des Etats-Unis.
09:00 L'opinion publique a commencé à changer quand la cocaïne est arrivée aux Etats-Unis sous forme de craque et non de poudre à sniffer.
09:10 Le craque est extrêmement bon marché et il a rapidement conquis les classes américaines les plus pauvres.
09:17 Ce fléau s'est très vite répandu dans nos villes.
09:21 Le craque a profondément modifié la politique américaine.
09:28 Ce fléau touchait non seulement les consommateurs devenus dépendants du craque, mais aussi les citoyens,
09:34 parce que les drogués se mettaient à voler pour financer leur dépendance.
09:37 Dans les villes, le taux de criminalité et de violence a considérablement augmenté.
09:41 La plupart des meurtres commis aux Etats-Unis sont de façon directe ou indirecte liés au trafic de cocaïne.
09:48 En avril 1982, en réponse à l'envolée du taux de criminalité aux Etats-Unis,
09:53 Reagan signa la Directive de Sécurité Nationale 221 faisant du trafic de drogue une menace pour la sécurité nationale.
10:01 Pablo Escobar est alors devenu bien plus qu'un criminel, il est devenu une cible militaire, une menace pour la civilisation.
10:10 Dans ce temps, Escobar intensifia sa guerre contre le gouvernement colombien.
10:17 Il a fait assassiner un grand nombre de juges qui étaient contre lui.
10:21 C'était son combat. Il voulait montrer à la Colombie qu'il était plus fort qu'elle.
10:27 La politique de Pablo dans sa guerre contre le gouvernement était appelée "plomo o plata",
10:33 c'est-à-dire "accepter de l'argent ou du plomb". Libre à vous d'accepter l'argent de Pablo ou ses balles.
10:40 Les pots de vin de Pablo étaient très faciles à empocher.
10:43 Ils étaient généreux et fiables, mais surtout vous aviez le choix entre accepter ou être tué, ou être tué et votre famille.
10:49 Il devint donc très difficile de ne pas faire ce que Pablo incisait de vous.
10:54 Escobar était invincible. En d'autres termes, personne ne pensait pouvoir l'abattre.
10:59 Les gens avaient peur de parler. Ils avaient peur de s'opposer à lui parce qu'ils savaient qu'il se ferait tuer.
11:06 Pablo était intouchable. Il avait des contacts à tous les niveaux du gouvernement.
11:11 Il pouvait atteindre tout le monde en Colombie.
11:15 Dans ces circonstances, il fallait un grand courage et une grande honnêteté pour oser l'affronter.
11:24 Le général Miguel Massa faisait partie des rares à s'opposer publiquement à Escobar.
11:30 Le général Massa était à la tête de la DAS, l'équivalent colombien du FBI.
11:37 Il était probablement le seul à contrer sérieusement Escobar.
11:42 Pablo a essayé à deux reprises d'assassiner Massa avec de très grosses bombes.
11:49 Le 30 mai 1989, Escobar essaya de tuer Massa avec une voiture piégée.
11:59 La voiture de Massa était au centre de l'explosion. Les pneus ont fondu, mais il a réussi à ouvrir la porte d'un coup de pied et à sortir indemne du véhicule.
12:07 Beaucoup de personnes sont mortes dans cet attentat, mais j'ai eu la chance d'être épargné.
12:14 Pablo essayait de tuer Massa et Massa essayait de coincer Pablo Escobar.
12:19 Escobar tenait tellement à tuer Massa qu'il ne reculait devant rien pour y arriver.
12:26 Une bombe de 500 kg placée dans un bus a explosé devant le siège social de la DAS où Massa travaillait.
12:39 Des centaines de personnes ont été blessées et 70 autres tuées.
12:47 La carcasse du bus a terminé sa course au-dessus du 11ème étage du bâtiment.
12:53 Je suis ici à vous raconter cette histoire uniquement par la grâce de Dieu.
13:01 Escobar continue sa guerre contre le système judiciaire colombien.
13:07 Pablo a payé un groupe de guerrieros appelé le M19 pour envahir le palais de justice et kidnapper tous les membres de la Cour suprême de Colombie.
13:17 Le M19 est entré dans le palais de justice avec l'intention de détruire toutes les preuves amassées contre les trafiquants de drogue.
13:29 La plupart des juges de la Cour suprême ont été tués et les dossiers détruits.
13:36 Le gouvernement a riposté en envahissant le palais de justice.
13:40 L'opération s'est terminée dans un bain de sang au cours duquel 11 juges sur 21 ont été tués.
13:48 Aucune institution n'était à l'abri de Pablo Escobar.
13:53 L'extradition était au centre de la campagne présidentielle de 1989.
13:58 Gallan était le candidat le plus sérieux.
14:05 Gallan promettait de se servir de l'extradition pour débarrasser la Colombie des trafiquants de drogue comme Escobar.
14:14 Pour Escobar et ses hommes, Gallan était un obstacle.
14:19 Il ne devait pas devenir le président de la Colombie.
14:24 En août 1989, Gallan se préparait à prononcer un discours électoral à Sochoa, au sud-ouest de Bogotá.
14:36 Pablo Escobar le fit assassiner.
14:44 Pablo était responsable de la mort de trois des cinq candidats à la présidentielle.
14:49 L'homme qui a remplacé Gallan était son directeur de campagne César Gaviria.
14:56 C'était une période extrêmement difficile.
14:59 Escobar essayait de me tuer.
15:02 S'il en avait eu la possibilité, il n'aurait pas hésité une seconde.
15:09 Le 27 novembre 1989, César Gaviria devait prendre le vol 1803 de la compagnie Avantia Airlines pour se rendre à Cali depuis Bogotá.
15:20 L'un des hommes de main d'Escobar reçut l'ordre de monter dans l'avion avec une valise contenant soi-disant un dispositif d'écoute.
15:29 Il ignorait qu'en fait, la valise contenait une bombe.
15:41 Le vol 1803 s'écrasa dans les montagnes à l'extérieur de Bogotá.
15:46 110 personnes furent tuées. Il n'y eut aucun survivant.
15:51 En fait, Gaviria n'était pas à bord.
15:53 En piégeant cet avion, Pablo Escobar s'attira à l'inimitié des États-Unis qui lui conférèrent le statut de danger immédiat.
16:02 Deux citoyens américains sont morts dans cet avion.
16:05 Nous pouvions donc le traduire en justice pour ce crime.
16:10 Comme la cocaïne continuait à affluer aux États-Unis, les décideurs modifièrent leur politique anti-drogue.
16:16 Au lieu d'intercepter les cargaisons, ils s'en prirent directement aux chefs des cartels.
16:21 Nous nous sommes aperçus que nos attaques devaient être plus spécifiques.
16:26 Nous devions absolument changer de stratégie car les trafiquants devenaient de plus en plus puissants.
16:31 En 1988, quand George Bush est devenu président, il a changé la politique anti-drogue du pays.
16:37 Et il a pris pour cible les barons de la drogue, les hommes comme Pablo Escobar.
16:42 Et pour les trafiquants de drogue, la peine de mort.
16:47 La CIA a toujours été présente en Colombie.
16:50 Mais après l'explosion de l'avion d'Avianca, le gouvernement colombien a demandé aux États-Unis de l'aider à neutraliser Pablo Escobar.
16:58 Les États-Unis déployèrent une unité de surveillance secrète dont le nom de code était Centra Spike.
17:06 Centra Spike adressait un organigramme cartographique des 10 interlocuteurs téléphoniques les plus fréquents d'Escobar.
17:13 Il s'est ensuite intéressé aux 10 interlocuteurs téléphoniques réguliers de chacun de ces hommes.
17:17 Et en procédant ainsi de proche en proche, on obtient une carte très élaborée du fonctionnement interne d'une organisation.
17:26 Le noyau du cartel de Medellín comprenait Rodríguez Gacha, le Mexicain, les frères Ochoa, Fabio, José Luis, Juan David et leur chef Pablo Escobar.
17:40 Ils formaient une sorte de conglomérat où chacun empruntait les pistes d'atterrissage, les avions ou les labos des uns et des autres.
17:48 Ils fabriquaient des tonnes de coke à Mexico puis la convoyaient aux États-Unis.
17:53 Pendant que Centra Spike était occupé à survoler le territoire et à écouter les conversations,
18:02 les Colombiens détachèrent à Medellín une équipe aux ordres de Centra Spike.
18:07 Ils ont créé leur propre unité de soldats et de policiers d'élite qu'ils ont appelé "Bloc de recherche"
18:14 dont le but était de traquer les hommes comme Pablo Escobar.
18:19 Diriger le Bloc de recherche était un travail dangereux dans le pays le plus dangereux au monde.
18:26 C'était un travail dont personne ne voulait car celui qui acceptait ce poste devenait immédiatement une cible pour Escobar.
18:36 L'homme commandant cette unité était le colonel Hugo Martinez.
18:41 Dès la formation du Bloc de recherche, Pablo Escobar a annoncé qu'il allait tuer 60 membres de cette unité le premier mois.
18:48 Et il s'est ensuite acharné à respecter sa parole.
18:53 Il prétendait détruire notre unité en 8 jours.
18:57 Au cours de ces 8 premiers jours, il nous a attaqués avec deux voitures piégées.
19:05 25 officiers de police ont été tués.
19:09 Les premières semaines d'efforts du Bloc de recherche ont été marquées par la mort de beaucoup d'hommes.
19:16 C'était une guerre.
19:21 Une confrontation armée entre le cartel de Medellín et l'État.
19:26 Cherchant à tout prix à prendre l'avantage dans cette guerre contre l'État, Pablo commença à kidnapper des dignitaires colombiens.
19:35 On m'a enlevé le 19 septembre 1990.
19:39 C'était un enlèvement classique.
19:41 Trois voitures ont encerclé la mienne.
19:44 Ils ont tué mon chauffeur.
19:47 C'était une démonstration de force.
19:56 Il voulait montrer au gouvernement et aux citoyens colombiens qu'ils pouvaient atteindre qui ils voulaient.
20:02 Escobar se servait de ses otages pour négocier les termes de sa rédition.
20:07 Escobar pensait qu'il avait besoin d'une base d'opérations sécurisée et confortable
20:13 où il pourrait vivre avec ses associés à l'abri de leurs ennemis.
20:17 Les membres du cartel de Cali, le Bloc de recherche colombien, la police nationale colombienne et les États-Unis.
20:25 Il voulait se servir de nous pour négocier s'il était capturé.
20:32 Pendant qu'Escobar négociait avec le gouvernement colombien, les otages étaient entre les mains de ses tueurs à gage.
20:38 J'étais enfermé dans une toute petite pièce.
20:42 J'étais enchaîné à un lit.
20:44 Quatre gardes me surveillaient.
20:46 Chaque minute qui passait pouvait être la dernière.
20:48 Quand vous êtes entre les mains de Pablo Escobar, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
20:52 Vous pouvez très bien être mort la seconde suivante.
20:55 Je ne pensais pas survivre à cette expérience.
20:57 Je pensais que j'allais mourir.
21:00 Le 24 janvier 1991, Pablo exécuta un otage.
21:05 Quelques jours plus tard, un autre fut tué lors d'une tentative de libération.
21:14 C'était très dur, j'ai beaucoup pleuré.
21:18 Je me suis habitué au fait que le lendemain serait peut-être mon dernier jour.
21:22 Pablo changeait de cachette le plus souvent possible.
21:26 Car il savait que si le colonel Martinez le trouvait, il le tuerait.
21:30 Nous avions prévenu le président qu'il était dangereux de négocier avec Pablo Escobar.
21:36 Mais il ne nous a pas écouté.
21:38 Le marché conclu entre Pablo et le gouvernement de la Colombie était le suivant.
21:46 Escobar mettait fin à sa campagne violente contre le gouvernement.
21:49 Et en échange, on l'autorisait à construire sa propre prison, baptisée la cathédrale,
21:53 sur une montagne à l'extérieur de Medellín.
21:56 Le 20 mai 1991, Escobar montra sa bonne volonté en acceptant de relâcher les otages.
22:02 Je n'arrivais pas à le croire.
22:07 Ils m'ont laissé dans une rue avec de l'argent pour prendre un taxi.
22:10 Quand je suis monté dans le taxi, j'ai dit au chauffeur, conduisez-moi à la maison s'il vous plaît.
22:15 Conformément au marché conclu avec Pablo, le général Massa s'est vu retirer le dossier de la prison.
22:24 Pablo s'est vu retirer le dossier Escobar.
22:26 La construction de la prison avançait, mais il restait encore une condition à remplir.
22:33 Un congrès national a été organisé pour réécrire la constitution de la Colombie et interdire l'extradition.
22:42 Le jour où l'amendement à la constitution entra en vigueur,
22:52 Pablo Escobar se rendit.
22:54 Il a tenu une conférence de presse au sommet de la montagne, à l'extérieur de la prison,
23:00 où il a gracieusement annoncé qu'il avait décidé de mettre un terme à sa guerre contre la Colombie.
23:04 Il a envoyé ce message.
23:07 Dites au président Gaviria, je ne le laisserai pas tomber.
23:11 L'accord était conclu.
23:18 Et mes collègues qui l'avaient traqué, ce marché était un échec.
23:23 1992.
23:29 Le baron de la cocaïne Pablo Escobar purgeait sa peine dans sa propre prison, la cathédrale.
23:34 Mais personne en Colombie n'était véritablement soulagé.
23:38 C'était une prison différente dans le sens où il n'était pas obligé d'y rester.
23:43 On le voyait souvent assister à des matchs de football à Medellín ou faire ses cours de Noël à Bogotá.
23:49 J'ai visité beaucoup de prisons aux 26 ans, et la cathédrale ne méritait absolument pas le nom de prison.
23:56 Je pense que "camp de vacances" convenait mieux.
23:59 Il faisait venir un tas d'amis et de prostituées pour faire la fête.
24:10 Il avait même aménagé une discothèque à l'intérieur de la prison.
24:13 Dans ce marché, ce qu'il y avait de plus amusant, à mon avis, c'était l'interdiction pour la police,
24:20 c'est-à-dire le colonel Martinez et le bloc de recherche, de s'approcher à moins de 20 km de la prison.
24:26 Nous avons commis une grave erreur.
24:30 Nous avons sous-estimé ses possibilités de corruption et d'intimidation.
24:34 Un vrai désastre.
24:39 Négocier avec Pablo Escobar était impossible.
24:42 Pablo Escobar était un psychopathe, un individu mentalement instable. Il l'a prouvé.
24:49 Pablo s'est confortablement installé à la cathédrale et a repris le contrôle du cartel de Medellín.
24:56 Il est arrivé à remettre le réseau sur pied en un temps record et à exporter encore plus de cocaïne qu'auparavant.
25:05 Il avait repris ses anciennes activités, il assassinait ceux qu'il gênait et il continuait d'exporter de la drogue.
25:11 Rien n'avait changé si ce n'est qu'il était plus en sécurité.
25:14 Certains de ses hommes de main s'étaient mis à tirer avantage du réseau et à détourner une partie importante des profits.
25:22 Escobar a invité deux d'entre eux, les chefs de famille des clans Galeano et Moncado, à venir discuter avec lui à la prison.
25:33 Pablo les a fait exécuter tous les deux.
25:35 Comme il continuait à gérer ses affaires depuis la prison, j'ai ordonné qu'on le transfère à Bogota.
25:45 L'ambassadeur Maurice Bosby a pris la nouvelle alors qu'il était aux Etats-Unis.
25:51 Le téléphone a sonné, c'était Jeannette Christ, la conseillère politique.
25:58 Elle m'a dit "le président a décidé d'agir, il a envoyé une équipe militaire à Envigado pour le sortir de cette prison."
26:05 Il a décidé qu'il était temps de transférer Pablo dans une vraie prison.
26:12 Eduardo Mendoza, alors vice-ministre de la justice en Colombie, les accompagnait en tant qu'observateurs,
26:20 mais Escobar a été prévenu de leurs intentions bien avant leur arrivée.
26:27 Quand l'armée a appris qu'Escobar était au courant de leurs plans, elle refusa d'entrer dans la prison.
26:31 Mendoza a pris sur lui d'entrer dans la prison pour négocier avec Escobar
26:37 et essayer de lui assurer qu'il allait juste être transféré dans une autre prison.
26:41 Les choses ont mal tourné.
26:46 Escobar était furieux et accusait le président de violer l'accord conclu.
26:51 Il retenait Mendoza captif à l'intérieur de la prison.
26:55 Le ministre de la justice est gardé prisonnier dans les appartements d'Escobar.
26:59 Les hommes de Pablo menaçaient sans arrêt Mendoza de le tuer.
27:04 Comme la prise d'otages se poursuivait dans la nuit,
27:10 Gaviria fit appel aux forces spéciales colombiennes.
27:13 Le temps passait et nous devions agir.
27:16 Ils ont pris d'assaut la prison très tôt le matin.
27:20 Dans la confusion générale, Mendoza a été projeté à terre par l'un des sergents des forces spéciales
27:25 qui s'est littéralement assis sur lui.
27:27 Il lui a ensuite indiqué comment s'enfuir, ce qu'il a réussi à faire en sauvant sa peau.
27:32 Ce qui s'est passé était incroyable.
27:36 J'étais furieux parce que je ne comprenais pas et d'ailleurs, je ne comprends toujours pas.
27:40 Plusieurs heures après, Mendoza a été arrêté.
27:45 Il a été arrêté par la police.
27:47 Je ne comprends toujours pas.
27:49 Plusieurs heures après, Janet m'a rappelé pour me dire
27:52 "ça s'est mal passé, l'opération a été un échec".
27:55 Ils ont découvert qu'Escobar s'était pichapé.
28:01 Ce n'était pas une évasion.
28:04 Il est sorti de prison par la grande porte.
28:06 Il contrôlait les gardes.
28:08 Il contrôlait tout.
28:10 Je pense que douze de ses meilleurs tueurs sont restés avec lui.
28:14 Ils se sont tous échappés cette nuit-là.
28:17 Les Américains étaient ravis en apprenant l'évasion de Pablo
28:22 parce qu'en prison, ils ne pouvaient pas l'atteindre.
28:24 Mais maintenant qu'il était sorti, il redevenait une cible qu'ils pouvaient abattre.
28:28 J'ai demandé la coopération des Etats-Unis dans cette affaire.
28:33 Nous devions absolument retrouver Escobar.
28:35 La piste d'Escobar se refroidissant,
28:38 la décision fut prise de reformer le bloc de recherche
28:41 qui cette fois bénéficia de tout le soutien des Etats-Unis,
28:44 des forces de l'ordre, de la CIA
28:46 et des agences de lutte contre le terrorisme.
28:48 Par l'intermédiaire de ses avocats et de la presse,
28:52 Escobar tenta désespérément de renouveler le marché qu'il avait conclu avec le gouvernement,
28:56 mais en vain.
28:58 Aucune négociation n'était possible.
29:00 On n'arrêtait pas de dire qu'il ne pouvait qu'abandonner
29:04 parce qu'on ne lui accordait rien.
29:08 Tous ceux qui le poursuivaient savaient qu'il n'était plus question d'arrêter Pablo
29:11 pour le traduire en justice et l'envoyer en prison,
29:14 mais qu'il fallait le tuer.
29:16 Où pouvaient encore se cacher Pablo Escobar ?
29:19 Quels moyens pouvait-on utiliser pour le retrouver ?
29:22 Dans quelques instants,
29:27 la plus grande chasse à l'homme jamais organisée.
29:35 Pablo Escobar et son cartel étaient encore plus importants que son propre gouvernement.
29:39 C'était le Léonard de Vinci du crime, le plus gros des trafiquants.
29:43 Son empire était immense.
29:46 Il était invincible.
29:48 Il avait tout.
29:50 La richesse et la célébrité.
29:53 La puissance de Pablo Escobar était telle qu'il devait absolument mourir.
30:04 En 1992, protégé par le puissant cartel de Medellín,
30:07 le baron de la drogue Pablo Escobar restait insaisissable
30:11 en dépit des efforts déployés par les forces américaines pour le retrouver.
30:15 Pour réussir à capturer Pablo, il fallait avoir le sens du timing.
30:23 Parce que si on savait que Pablo était quelque part à soir,
30:27 il y avait de fortes chances qu'il n'y soit plus le lendemain.
30:32 Les américains et les colombiens ont compris que leur tactique de recherche ne fonctionnerait jamais.
30:39 Quelques jours après l'évasion d'Escobar en juillet 1992,
30:48 les policiers fouillèrent minutieusement sa prison privée, la cathédrale,
30:52 à la recherche d'indices pouvant les mettre sur la piste du baron de la drogue.
30:55 Nous avons fouillé la prison où il avait vécu.
31:00 Nous avons trouvé des informations très intéressantes.
31:03 En examinant ses appartements privés et ses souvenirs,
31:10 ils se sont aperçus qu'Escobar était particulièrement attaché à sa femme et à ses enfants.
31:15 J'ai toujours pensé que nous devions surveiller sa famille et l'attraquer.
31:26 Sa réputation d'homme impitoyable et sanguinaire était doublée d'un amour profond pour sa femme et ses deux enfants.
31:32 À ce moment, une mystérieuse unité paramilitaire appelée Los Pepes
31:40 prit pour cible l'organisation de Pablo ainsi que sa famille et n'hésita pas à tuer.
31:46 Los Pepes, dont le nom est l'acronyme de "persécuté par Pablo Escobar",
31:53 ont lancé une campagne offensive contre les biens et les personnes proches d'Escobar.
31:58 Cette opération qui au départ se voulait psychologique a très vite dégénéré en Bansan.
32:07 La liste des victimes de Los Pepes s'allongeait toutes les nuits.
32:15 Ils ont commis toute la gamme de crimes possibles.
32:21 Ils étaient devenus aussi impitoyables qu'Escobar.
32:24 Tous ceux qui avaient un lien avec Escobar étaient tués, arrêtés ou en fuite.
32:32 La police n'a jamais agi ainsi.
32:37 Quand les membres de Los Pepes sont arrivés, les règles du jeu ont changé.
32:41 Il n'y avait plus de règles.
32:43 Los Pepes jouait avec les armes d'Escobar.
32:48 Ils tuaient 5 à 6 personnes par jour.
32:51 Ils les assassinaient, puis accrochaient sur leurs victimes une pancarte où il était écrit "Los Pepes".
32:58 Nous ignorons toujours qui étaient Los Pepes.
33:07 C'est normal puisque c'était des meurtriers.
33:14 Carlos Castaño, un ancien collaborateur d'Escobar, est l'un des rares à admettre sa collaboration avec Los Pepes.
33:21 Au départ, Los Pepes était un mouvement soutenu par les organismes paramilitaires d'autodéfense.
33:28 Et en particulier par mon frère Fidel Castaño.
33:31 Mais c'était plus que ça.
33:33 Carlos Castaño et son frère Fidel faisaient partie des premières unités paramilitaires créées pour lutter contre les guerrilleros.
33:44 Quand Escobar se mit à exécuter des membres de son réseau à l'intérieur de sa prison privée, la cathédrale,
33:50 les survivants s'allièrent secrètement avec les paramilitaires contre le baron de la drogue.
33:55 Pablo Escobar a tué la plupart de ses amis et de ses alliés.
34:03 Mais ceux qui ont réussi à survivre à ce lunatique ont décidé de nous rejoindre.
34:12 Ceux qui se sont retournés contre lui connaissaient le fonctionnement de son réseau.
34:16 Ils savaient avec qui ils travaillaient et où se trouvait l'argent.
34:20 Los Pepes aurait reçu le soutien du concurrent direct de Pablo, le cartel de Cali.
34:26 Le cartel de Cali était très heureux d'aider Los Pepes, le bloc de recherche ou le gouvernement colombien.
34:35 Parce que Escobar était leur plus grand concurrent.
34:38 En éliminant le cartel de Medellín, ils récupéraient des parts de marché.
34:43 L'impact de Los Pepes sur Escobar et ses hommes était immense, parce qu'il ne respectait aucune règle.
34:49 Los Pepes était la première tactique employée contre Escobar.
34:56 Elle a été très efficace, puisqu'en très peu de temps, tous les proches d'Escobar,
35:01 les membres de sa famille, ses avocats, ses banquiers, ses comptables, étaient en fuite, morts ou arrêtés.
35:08 Pablo s'est vite rendu compte que la carapace qui le protégeait se fissurait.
35:13 En février 1993, Los Pepes avait éliminé plusieurs dizaines d'associés d'Escobar ou de membres de sa famille.
35:24 Pablo s'est mis à craindre que Los Pepes ne tue sa femme et ses enfants.
35:35 J'ai reçu un coup de fil du ministre de la Défense me disant
35:39 "La femme d'Escobar, ses enfants et 12 ou 14 autres personnes sont à l'aéroport de Rio Negro.
35:46 Ils sont en possession de visas pour les Etats-Unis et projettent de quitter le pays.
35:52 S'il réussit à faire évacuer sa famille, Pablo n'aura plus aucune inhibition et sera capable du pire."
36:04 La famille Escobar et ses gardes du corps furent interceptés à l'aéroport par des agents de la DEA.
36:09 Ils ont donc maintenu la part, c'est-à-dire la famille d'Escobar, en Colombie
36:16 pendant que Los Pepes continuait à mettre Escobar sous pression.
36:20 La réponse de Pablo fut rapide et sanglante.
36:30 Pablo a posé une bombe de 150 kilos à Bogota détruisant tout un pâté de maisons.
36:35 Quand nous avons resserré le nœud autour du coup de Pablo Escobar, nous savions qu'il deviendrait plus violent.
36:55 En deux mois, il a posé près de neuf bombes à Bogota et tué des centaines de personnes.
37:00 Los Pepes ont répondu en enlevant et en assassinant son avocat principal, Guido Parra, et son fils, un jeune adolescent.
37:12 Ils ont suspendu à leur coup des pancartes signées "Los Pepes" où l'on pouvait lire
37:17 "Que penses-tu de cet échange contre les bombes, Pablo?"
37:24 En dépit des accusations portées contre lui, le colonel Martinez fut maintenu à son poste de commandant du bloc de recherche.
37:30 Le colonel Martinez a relevé le défi et effectué un travail qui devait être fait mais que personne n'osait faire.
37:38 La famille Escobar étant sous surveillance policière à Medellín, le fils de Pablo devint le porte-parole de son père.
37:50 Il parlait tous les jours à son fils par radio-téléphone. Juan Pablo était devenu son homme de confiance, son porte-parole auprès du gouvernement.
37:59 Pendant que Pablo mettait au point sa stratégie avec son fils, le fils du colonel Martinez essayait de repérer la transmission.
38:10 J'étais certain d'arriver à repérer Pablo Escobar avec cet équipement.
38:15 Le 27 novembre 1993, Escobar organisa avec son fils Juan Pablo l'évacuation de sa famille en Allemagne.
38:32 L'ambassade a eu vent de ce projet parce que Central Spike écoutait toutes les communications de Pablo.
38:42 Nous avons appris qu'ils devaient partir pour l'Allemagne sur un vol Lufthansa.
38:47 Le gouvernement des États-Unis et le gouvernement colombien ont fait en sorte que les autorités allemandes refusent l'entrée à la famille Escobar.
38:56 La famille Escobar ne fut pas autorisée à rester en Allemagne et fut immédiatement renvoyée en Colombie.
39:04 A Bogotá, la famille Escobar a été installée à l'hôtel Tequendama, un grand complexe hôtelier appartenant à la police nationale colombienne.
39:12 Celle-ci a ensuite déclaré qu'elle protégeait la famille de Pablo, mais Escobar ne voyait pas les choses de cette façon.
39:18 Pour lui, sa famille était entre les mains de ceux qui pouvaient la supprimer.
39:22 Il ne se passait pas un jour sans qu'Escobar me téléphone.
39:27 La première fois qu'il a appelé, je me suis dit "c'est bon, il est foutu".
39:33 En décembre 1993, alors qu'il était en fuite et toujours en guerre contre le gouvernement de Colombie, Pablo Escobar essaya de protéger sa famille des Pepes, les escadrons de la mort.
39:45 Il tenait absolument à évacuer sa famille et il continuait donc à téléphoner à l'hôtel Tequendama.
39:55 Sandra Spike écoutait toutes les conversations de Pablo et repérait sa position dans un quartier de Medellín appelé Los Olivos.
40:04 Le colonel Martinez avait déployé un grand nombre de ses hommes dans les parkings du quartier pour qu'ils soient prêts à intervenir dès que Pablo appellerait.
40:13 Hugo Martinez Junior, le fils du colonel Martinez et le reste du bloc de recherche, attendait sur place le prochain appel d'Escobar.
40:22 Chaque fois que Pablo parlait à son fils par radio téléphone, Hugo Junior sillonnait les rues avec son camion télémétrique afin de repérer sa position exacte.
40:34 Mon père était très clair quand il disait que les opérations ne pouvaient pas continuer si Pablo ne parlait pas.
40:42 Pablo cherchait une voie de sortie et se tourna vers son fils Juan Pablo.
40:49 Le 2 décembre au matin, le lendemain de son 44ème anniversaire, Pablo s'est réveillé et après avoir pris des spaghettis au petit déjeuner, il a immédiatement appelé Juan Pablo.
41:00 Escobar demanda à son fils de répondre en son nom à une interview téléphonique.
41:05 Il a demandé à son fils d'accepter une liste de questions des journalistes.
41:11 Il comptait jouer avec l'accord de sensible de l'opinion publique en révélant aux Colombiens que le gouvernement se servait de sa femme et de ses enfants pour le capturer.
41:21 Il a dit à son fils qu'il se reparlerait dans quelques heures.
41:26 Et il a rappelé.
41:29 Nous nous étions installés dans une maison proche de la zone où il avait appelé la première fois.
41:34 Hugo, qui a tout de suite repéré le signal, était suivi de près par le bloc de recherche.
41:40 Dans le quartier de Los Olivos, le hasard leur a fait prendre la rue où Pablo se cachait.
41:45 Il s'est remis à parler et j'ai suivi le signal jusqu'à ce que mon matériel me fournisse sa position exacte.
41:54 J'ai fait demi-tour et je suis repassé devant la maison.
41:59 Ayant pris le récepteur à la main et le sortant par la fenêtre de la voiture, je l'ai orienté vers la fenêtre du deuxième étage.
42:09 C'est alors que j'ai remarqué la silhouette de Pablo Escobar en train de téléphoner.
42:14 Je l'ai regardé et il m'a regardé par la fenêtre.
42:18 Nous nous sommes vus.
42:22 Il m'a appelé et m'a dit "Je l'ai localisé sans aucune marge d'erreur possible".
42:28 Ensuite, il m'a dit "Je suis en train de le regarder".
42:36 Le colonel Martinez lui a dit "Surtout ne part pas".
42:40 Je leur ai dit d'attendre le bloc de recherche mais qu'ils pouvaient l'appréhender s'ils n'avaient pas le choix.
42:48 Hugo a pris position à l'arrière du bâtiment pendant que ses hommes surveillaient la porte d'entrée.
42:55 Pablo Escobar était très calme.
43:00 Il n'essayait pas de fuir.
43:04 Il ne bougeait pas.
43:06 Il attendait peut-être que la chance lui sourie encore une fois.
43:10 Mais maintenant il était encerclé.
43:14 L'équipe d'Hugo Aguilar arriva sur les lieux et donna immédiatement l'assaut.
43:24 Pablo n'avait rien remarqué de particulier.
43:28 Il était toujours au téléphone avec son fils quand une charge explosive a fait sauter la porte d'entrée.
43:34 Nous avons monté les escaliers.
43:39 J'étais en premier.
43:41 Pablo Escobar a dit "Il se passe quelque chose, je te rappelle".
43:45 Et il a jeté le téléphone.
43:47 Il s'est précipité à la fenêtre et a sauté.
43:56 Il avait activé la police et tiré à tout va.
43:59 Quand il longeait le mur, nous n'avions aucun angle de tir.
44:05 Mais quand il s'est mis à marcher devant, là où le toit remonte, on le voyait mieux.
44:11 Et c'est à ce moment là qu'il est tombé.
44:14 Quand la fusillade a cessé, je l'ai vu étendu sur le toit.
44:25 J'ai pris la radio et j'ai dit "Vive la Colombie, Pablo Escobar est mort".
44:30 Le criminel le plus puissant au monde était mort.
44:37 Mais les circonstances de sa mort resteront pour toujours un mystère.
44:41 Selon la version officielle, au moment où ils l'ont abattu,
44:50 il avait un revolver dans chaque main, il criait et il avectivait les policiers.
44:55 J'ai tiré.
45:01 Et la balle lui a traversé le coeur.
45:04 La balle du R-15, elle, est entrée par une oreille et sortie de l'autre.
45:11 C'est comme ça que nous avons clos le chapitre Escobar.
45:15 Est-ce que nous pouvons terminer la histoire de Pablo Escobar ?
45:19 C'est peut-être vrai, mais dans de telles circonstances,
45:26 la manière d'agir habituelle de Pablo n'était pas de riposter, mais bien de prendre la fuite.
45:31 Je pense qu'en entendant la porte d'entrée exploser,
45:35 il a essayé de s'enfuir en sautant par la fenêtre arrière.
45:40 Il est à mon avis plus logique de dire que Pablo a été tué quand il s'enfuyait par les toits.
45:45 On lui a tiré dessus trois fois, une première fois dans la jambe,
45:49 la deuxième fois dans le torse et la troisième et dernière fois dans son oreille droite.
45:54 C'est cette balle, la balle dans son oreille qui l'a tué.
45:59 Je pense que les balles qu'il avait dans la jambe et le torse l'ont arrêté net,
46:03 mais la balle qu'il a tuée a été tirée par quelqu'un qui se tenait juste au-dessus de lui.
46:09 C'est ce qu'on appelle un "over topple".
46:11 [Bruit de moteur de voiture]